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Fécondité des adolescentes en RDC: recherche des facteurs explicatifs

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par Frédéric POUMBOU
Université de Yaoundé II - Cameroun - Diplôme d'études supérieures spécialisées en démographie 2008
  

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II.1.2.5. Les caractéristiques individuelles de l'adolescente

a) Le niveau d'instruction

L'instruction dans la mesure où elle expose les individus à d'autres modes de pensées, raisonnements, modèles et valeurs, influence leur comportement et peut à terme transformer les comportements socio-démographiques. Le niveau d'instruction de l'adolescente est donc un facteur de modification de sa perception du rôle traditionnel de la femme, ses références n'étant plus simplement limitées à la seule sphère de la société traditionnelle africaine ; plus l'adolescente sera instruite plus elle aura tendance à aspirer aux modèles « modernes » qui peuvent modifier son comportement de procréation.

De nombreuses études ont déjà montré le rôle du niveau d'instruction de la femme comme facteur explicatif des comportements reproductifs, notamment la relation négative entre éducation et fécondité des femmes ; les femmes les plus instruites ont moins d'enfants que celles qui ont peu ou pas du tout d'instruction (Evina, 1998 ; Rwenge, 1999, UNFPA, 2005b). Pour les femmes les plus instruites, ce lien s'opère notamment à travers une moindre exposition au risque de grossesse dû à un mariage tardif, une plus grande disposition à utiliser les méthodes contraceptives modernes et à une propension à avoir des activités économiques modernes (difficilement conciliables avec une descendance nombreuse). Cependant, l'étude de l'UNFPA (2005b) sur différents pays africains au sud du Sahara montre qu'au Burundi la proportion d'adolescentes déjà entrées en vie féconde augmente avec le niveau d'instruction ; tandis qu'au Ghana et au Gabon, l'effet du niveau d'instruction sur la fécondité des adolescentes n'est pas continu. Cela semble indiquer que la fécondité des adolescentes ne baisse pas toujours avec l'amélioration du niveau d'éducation.

b) Age à la puberté

La puberté correspond à la maturation des organes génitaux (caractères sexuels primaires) et l'apparition de particularités spécifiques au sexe (caractères sexuels secondaires). Ces transformations mettent plusieurs années à s'accomplir. L'âge du début des modifications morphologiques et le rythme de développement varient d'un enfant à l'autre. Ces changements physiques se produisent en général durant une période de cinq ans, mais peuvent durer de 18 mois à peine jusqu'à six ans. Aussi, un groupe de jeunes filles de 14 ans peut comporter celles qui ont encore l'air d'être des enfants et d'autres qui ont des corps de femmes adultes.

La puberté apparaît de plus en plus précocement ; les filles deviennent pubères entre 8 et 13 ans et ont leurs règles plus jeunes. Cette évolution est surtout due à l'amélioration de la santé et de la nutrition. Toutefois, d'autres facteurs influencent l'âge de la puberté, qu'ils soient génétiques (avance pubertaire chez la mère), socio-économiques, nutritionnels, ou liés à l'activité physique. D'autres encore ont une influence plus aléatoire : poids corporel, relation masse grasse/masse maigre30(*).

Tout comme le développement biologique, la maturité affective et le développement cognitif varient beaucoup chez les adolescentes du même âge. Bien qu'elles commencent à pouvoir penser abstraitement et à établir des projets d'avenir, les adolescentes atteignent leur maturité sexuelle avant d'atteindre la maturité affective ou sociale, ou l'indépendance économique. En outre, le contexte dans lequel se situent ces mutations d'adolescence, ainsi que les pressions sociales et les coûts psychologiques associés à la continence; tout ceci expose différemment les adolescentes aux risques d'entrée en vie sexuelle et à la maternité précoce. Selon Kuate-Deffo (1998), « l'âge à la puberté agit sur les autres éléments de la vie reproductive à l'adolescence par plusieurs voies, dont la durée de la période de reproduction (surtout en influençant l'âge au mariage et à la première maternité), la sous-fertilité et les avortements spontanés. [Et] les travaux anthropologiques suggèrent que les femmes précocement pubères affichent des intervalles entre naissances plus courtes et une fécondité totale plus élevée ». Aussi, dans une étude sur la maternité à l'adolescence au Cameroun, cet auteur conclut que « l'âge à la puberté est un prédictif robuste des événements reproductifs majeurs subséquents et les effets de l'âge à la puberté paraissent varier significativement entre les pubères précoces (avant 14 ans) et les tardives. En particulier, les pubères précoces qui ont eu leurs premiers rapports sexuels ou contracté leur premier mariage à l'adolescence sont d'au moins 20,0% moins susceptibles de vivre leur première maternité prémaritale ou postmaritale avant 20 ans, respectivement ».

c) Connaissance de la contraception

Dans la mesure où l'information conditionne les comportements, la connaissance des méthodes contraceptives est un prérequis pour leur utilisation. De nombreuses études montrent que souvent les adolescentes africaines manquent d'informations correctes sur la fécondité et contraception. De même que les adolescentes ont des attitudes négatives à l'égard de la contraception suite à certains préjugés d'ordre culturel ou en rapport avec des renseignements erronés qu'elles reçoivent (UNFPA, 1997).

d) Connaissance du cycle ovulatoire

Le cycle ovulatoire (ou cycle menstruel) peut être défini comme l'ensemble de phénomènes périodiques rythmés par les règles c'est-à-dire par l'écoulement sanguin qui se produit chaque mois, lors de la menstruation chez la femme ; il comporte chacune des périodes entre le début des règles et les règles suivantes. La longueur normale du cycle est de 25 à 35 jours et l'ovulation qui détermine la période de fertilité de la femme a lieu, en général, entre le 12ème et le 16ème jour ; cette longueur varie d'une femme à une autre voire chez la même femme, ce qui rend son observation assez caduque. Mais, l'observation du cycle ovulatoire constitue le moyen le plus naturel de se prévenir contre les grossesses non désirées. Au Congo où la continence périodique constitue la méthode contraceptive la plus connue (92,1% des femmes de 15-49 ans et 93,2% chez celles en union), 59,8% d'adolescentes sexuellement actives ont déclaré avoir déjà pratiqué cette méthode à un moment quelconque de leur vie. Cependant, l'efficacité de l'utilisation de la continence périodique dépend largement de la connaissance par les adolescentes de la période de fertilité au cours du cycle menstruel.

En effet, dans un contexte de faible pratique contraceptive due essentiellement aux barrières culturelles comme dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, la maîtrise du cycle menstruel par les femmes, notamment par les adolescentes encore célibataires mais sexuellement actives, peut constituer un moyen assez efficace pour réduire le risque de maternité précoce. La maîtrise du cycle permet, en effet, à l'adolescente de négocier le moment le plus indiqué pour elle d'avoir des rapports sexuels et de s'abstenir pendant la période d'ovulation. En France, par exemple, dès le milieu du 18ème siècle les couples ont su contrôler le nombre des naissances et l'intervalle entre chaque naissance par des moyens comme le coït interrompu, l'abstinence ou l'allaitement prolongé et cela avait entraîné une baisse de la descendance finale variant de 13 à 26% selon les régions : ceci a été qualifié de « première révolution contraceptive »31(*).

Selon les EDS effectuées dans certains pays d'Afrique et d'Amérique latine, entre 20% et 60% environ des femmes de moins de 20 ans qui étaient enceintes déclaraient que leur grossesse avait été mal programmée ou n'était pas souhaitée. Cependant, malgré que la connaissance du cycle ovulatoire soit saisie dans les EDS, cet indicateur n'est pas souvent pris en compte dans la plupart d'études portant sur les facteurs de la maternité précoce en Afrique. Or dans un contexte de forte scolarisation comme pour le Congo, la connaissance ou la maîtrise du cycle menstruel devrait constituer l'une des caractéristiques essentielles des adolescentes du fait qu'elle traduit, d'une part, la manière dont une adolescente contrôle sa sexualité et sa fécondité et, d'autre part, le degré de considération que les programmes scolaires portent sur les questions relatives à la santé sexuelle et reproductive des jeunes/adolescents. Nous introduisons ainsi dans cette étude cet indicateur que nous estimons important et moins empreint de valeurs culturelles. Mais qui peut permettre, par ailleurs, de mesurer l'influence de l'environnement institutionnel sur les caractéristiques de l'adolescente par conséquent sur son comportement sexuel et sa fécondité, ceci afin d'estimer en quelque sorte la contribution de l'éducation formelle à la fécondité précoce.

* 30 La masse maigre représente tous les tissus à l'exception du tissu adipeux, elle renferme donc la masse osseuse et la masse musculaire.

* 31 Catherine ROLLET, 2003, Introduction à la démographie, NATHAN/VUEF, 2èmè édition, Paris, France

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