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Fécondité des adolescentes en RDC: recherche des facteurs explicatifs

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par Frédéric POUMBOU
Université de Yaoundé II - Cameroun - Diplôme d'études supérieures spécialisées en démographie 2008
  

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I.4. ASPECTS SOCIOCULTURELS DU CONGO

Dans les sociétés négro-africaines, la fécondité des adolescentes peut être qualifié de « fait social total » ; car au-delà de l'individu (ou du couple), les aspects culturels sont comme des impératifs qui conditionnent toute tentative de compréhension de ce phénomène. La fécondité est, en effet, à l'image des valeurs, croyances et représentations liées aux cultures traditionnelles auxquelles les individus s'identifient. Parmi la soixantaine d'ethnies, les Kongo sont les plus nombreux (51,5 %), suivis par les Téké (17,3 %) et les Mbochi (11,5 %). Les autres ethnies représentent 19,7 % de la population. Sur le plan religieux, le Christianisme représente 50%, suivi de l'Animisme 48% et l'Islam 2% (UNFPA, 2005a).

a) Traditions en matière de sexualité, de nuptialité et de fécondité

En matière de nuptialité, on distingue deux grands régimes matrimoniaux à savoir : le régime matrilinéaire plus répandu dans le sud, c'est-à-dire chez les Kongo ; et le régime patrilinéaire très répandu au nord, c'est-à-dire chez les Mbochi, Sangha et autres. Plusieurs aspects socioculturels se retrouvent dans ces deux régimes, notamment l'échange des femmes qui s'effectue de la même façon à travers la dot, c'est-à-dire d'une compensation matrimoniale que la famille du prétendant verse à la famille de la future épouse. Généralement, le mariage est précoce et quasi universel dans les traditions congolaises, et concerne beaucoup plus les familles que les individus. La conclusion de l'union était souvent arrangée entre les parents, sans consentement des futurs conjoints et encore moins de la jeune fille ; chez la fille cette union pouvait s'établir dès l'apparition des premiers signes pubertaires voire même avant sa naissance. Chez certains groupes ethniques7(*), un rituel de préparation permettait à la jeune fille de devenir une femme mariable c'est-à-dire mère et soumise à son époux.

Dans la plupart des traditions congolaises, l'enfant est très valorisé et représente moins une charge pour ses propres géniteurs que pour toute la grande famille. Aussi, la fécondité dans la tradition congolaise épouse ce schéma de nuptialité, car le souci majeur de la jeune fille arrivant chez son mari c'est d'avoir une grossesse et la naissance d'un enfant lui confère toute sa plénitude physique et sociale. Tout comme la meilleure chose qui doit arriver à une femme c'est le mariage, la plus pire de toute est la stérilité (ou l'infécondité). Cette dernière pouvant mener au divorce comme pour sanctionner cette insuffisance physique et sociale de la jeune fille. Contrairement à la société occidentale où la femme est désignée par le nom de son mari après mariage  « madame X»; dans la société congolaise une femme, même après le mariage, est souvent désignée par le nom de ses enfants (souvent celui du premier enfant) « la maman d'Untel ».

Cependant les différences les plus significatives entre le régime matrilinéaire et le régime patrilinéaire s'effectuent au niveau de la filiation et, dans une moindre mesure, de la sexualité. En effet, dans le régime matrilinéaire la filiation s'établit du coté de la mère c'est-à-dire que les neveux et nièces héritent de leur oncle. « Dans son aspect le plus radical, certaines coutumes considèrent les enfants comme des êtres étrangers à la famille, les pères se refusent de les nourrir au profit de leurs neveux et nièces. » (Clinique juridique de Bacongo, 2004). Dans ce régime, la sexualité prémaritale ou hors union est peu réprimandée, à cause de la relative autonomie dont jouissent les femmes ; mais les grossesses hors mariage sont moins encouragées. Par contre dans le régime patrilinéaire, la filiation s'effectue du coté du père c'est-à-dire que les pères ont pour héritiers leurs fils et, la sexualité prémaritale est assez réprimandée. Ces différences de normes devraient être déterminantes pour le comportement sexuel et procréateur chez les adolescentes.

v L'adolescente dans la société traditionnelle

Le cadre de vie immédiat de l'adolescente est la famille, qui est, souvent, élargie dans les sociétés traditionnelles congolaises. Regroupée en unité résidentielle de plusieurs petites familles ou ménages, la famille est le cadre où s'effectue l'éducation des jeunes. A l'intérieur de celle-ci l'éducation des enfants incombe à l'ensemble des adultes qui y vivent et non des seuls parents géniteurs. Les aînées doivent assurer l'éducation sociale et morale des adolescentes. En retour celles-ci doivent aux mères et aux aînées un grand respect. Ces obligations des uns à l'égard des autres concourent à assurer la cohésion au sein de la famille et de toute la communauté.

La socialisation des adolescentes ou l'apprentissage des valeurs et pratiques sociales admises se fait par des institutions sociales (comme la famille) soit dans un cadre informel. Dans la plupart des cas l'éducation sexuelle des jeunes filles se faisait de manière informelle. Comme pour les activités de production, les jeunes séparés selon le sexe. Les garçons apprennent à l'ombre des hommes, et les jeunes filles aux cotés de leurs mères celles-ci apprennent progressivement à leurs filles à prendre soin de leurs corps, de leurs parties intimes et à jouer leurs rôles d'épouse et de mère. L'importance de la progéniture dont les adolescentes découvrent la manifestation réelle à travers l'importance du nombre d'individus que compte les familles, l'importance économique, la sécurité sociale et morale que celles-ci procurent à chaque membre de la famille va avoir un impact sur elles et influencer leur comportement vis-à-vis de la fécondité.

* 7 Chez les vili et les kongo (sud Congo), par exemple, le « kikumbi » est un rituel de préparation au mariage c'est-à-dire un passage obligé pour toute fille qui voulait devenir une épouse convenable. cf. Bassouamina : « kikumbi, rite prénuptial », in Rites et coutumes de mariage au Congo, Forum public en ligne, Janvier-Juillet 2007, www.congopage.com

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