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Le conte et l'éducation chez les Lokpa du Bénin

( Télécharger le fichier original )
par Akéouli Nouhoum BAOUM
Université d'Abomey- Calavi (Bénin ) - Maà®trise en lettres modernes 2010
  

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2.4.3 Le respect des anciens

Le respect est un « sentiment qui porte à accorder à quelqu'un une considération admirative, en raison de la valeur qu'on lui reconnaît, et à se conduire envers lui avec réserve et retenue, par une contrainte acceptée121. » Celui à qui la considération est accordée, c'est l'ancien. Par ancien, il faut entendre personne âgée. Le respect envers les personnes âgées est une obligation, un devoir dans la communauté Lokpa où l'âge joue un rôle très important. Ce respect passe par la prise en considération de conseils, de l'avis des personnes âgées car ils jouissent de l'expérience acquise au fil des années passées sur terre. D'ailleurs « En Afrique, quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle122. » nous dit Amadou Hampâté Bâ. Garants des traditions, donc de la mémoire des peuples, les personnes âgées bénéficient ainsi du prestige que leur offrent leurs âges avancés. C'est un phénomène qu'on observe dans presque toutes les sociétés du monde, mais surtout en Afrique. L'âge loin d'être un handicap devient ainsi un atout, un atout pour prendre la parole, un atout pour parler des problèmes du village ou de la communauté, un atout car on a assez vécu et assez vu pour raconter aux autres. Le thème du respect des anciens a été un thème crucial dans la littérature africaine écrite. C'est un sujet qui est assez vaste, car les anciens, il y en a partout : dans le vécu quotidien, dans la vie économique et en politique. « Plus précisément, la politique, au sens de Politeia, renvoie à la constitution et concerne donc la structure et le fonctionnement (méthodique, théorique et pratique) d'une communauté, d'une société, d'un groupe social. La politique porte sur les actions, l'équilibre, le développement interne ou externe de cette société, ses rapports internes et ses rapports à d'autres ensembles. La politique est donc principalement ce qui a trait au collectif, à une somme d'individualités et/ou de multiplicités. C'est dans cette optique que les études politiques ou la science politique s'élargissent à tous les domaines d'une société123. » Les personnes âgées sont priées à jouer un rôle capital dans la gestion des affaires de leur village, symbole d'une patrie. Ecarter les anciens mène à une mauvaise gestion, à une déstabilisation de l'équilibre social car « c'est au bout de la vieille corde qu'on tisse la nouvelle124. » Deux contes du corpus abordent ce sujet : le conte n°2 et le conte n°7.

Le conte n°2 intitulé "L'aventurier" traite du thème sous la forme de la considération des
conseils prodigués par les anciens. Pour mieux voir comment le thème y est traité, voyons

121 Dictionnaire Le Grand Robert de la langue française, consulté sur le site : http://gr.bvdep.com/version1/gr.asp le 08/03/2011

122 http://fr.wikipedia.org/wiki/Amadou_Hamp%C3%A2t%C3%A9_B%C3%A2

123 Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Politique. Consulté le 09/03/2011

124 Ahmadou KOUROUMA, En attendant le vote des bêtes sauvages, p21

d'abord comment se présente la structure du conte. La structure ne peut pas tout dire sur le conte, nous prévient Claude LEVI-STRAUSS125 en ces termes : « En matière de tradition orale, la morphologie est stérile, à moins que l'observation ethnologique, directe ou indirecte, ne vienne la féconder ». Néanmoins elle constitue un premier pas dans la compréhension du conte. Le conte n°2 est un conte de type cyclique. C'est-à-dire :

- Manque = le jeune a une femme enceinte et manque de moyens pour subvenir aux

besoins de sa petite famille

- Amélioration = il part en exode pour combler ce manque.

- Manque comblé = il trouve du travail et gagne après beaucoup d'effort trois chameaux.

- Détérioration = alors qu'il rentre, il rencontre un vieillard avec qui il échange ses trois chameaux contre trois conseils.

- Nouveau manque = le jeune homme a donné ses trois chameaux et rentre les mains vides comme il était parti.

- Amélioration = il rencontre des Peuls, applique les deux premiers conseils du vieillard et évite la morsure du serpent qui tue le Peul, et la noyade qui emporte la femme du Peul.

- Manque comblé = il hérite du bétail et de l'argent du Peul. Il rentre applique le troisième conseil en restant calme puis découvre que le jeune homme qu'il croyait être l'amant de sa femme était en réalité son fils.

Comme pour donner raison à Claude LEVI-STRAUSS, cette structure que nous venons de dresser ne nous apprend pas grand-chose sinon que le héros est rentré chez lui après de rudes épreuves surmontées. Où se situe le respect aux personnes âgées ? Que nous permet-il de déterminer l'importance des conseils des anciens ? Pour répondre à ces questions retournons au texte. Essayons de voir et de comprendre les actions des actants, des personnages ou protagonistes du conte.

 
 
 
 
 
 
 

74

Destinateur
Jeune homme

 
 
 

Objet

La richesse pour sa
famille

 

Destinataire

Le jeune homme et sa
famille

 
 
 
 
 

Adjuvant
Le vieillard

 

Sujet
Le jeune homme

 

Opposant
Le serpent, le fleuve

Figure 3 : Schéma actanciel du conte n°2 selon le modèle de Greimas

Le schéma parait ambigu. Si le Destinataire, le Destinateur, l'objet, le sujet sont sans polémique, l'adjuvant et l'opposant semblent prêter à confusion. Pourquoi le serpent et le fleuve ne sont-ils pas adjuvant, bien que l'un et l'autre d'une manière ou d'dune autre ont servi le héros. Le serpent n'a-t-il pas mordu et tué le Peul ? Le fleuve n'a-t-il pas emporté la femme du Peul ? Ces deux évènements n'ont-ils pas fait du jeune homme l'héritier des richesses du couple peul ? La réponse est oui. Mais pourquoi ne pas alors les classer comme étant adjuvant dans le schéma actanciel du conte? De même le vieillard aussi méritait d'être classé comme opposant. N'a-t-il pas pris au héros les trois chameaux acquis après des années de rudes efforts contre trois conseils qui apparemment n'aideront le jeune à rien résoudre dans sa famille ?

La raison est toute simple : le serpent et le fleuve n'ont pas aidé le héros. Ce qui en réalité a aidé le héros, ce sont les conseils du vieillard. Ces conseils ont permis au héros d'éviter le danger. Serait-il resté à l'ombre pour boire, il aurait été mordu par le serpent. Aurait-il traversé la rivière avant la femme Peul, il se serait noyé. Le fleuve, tout comme le serpent n'allait pas faire de distinction. Ce sont les conseils, donc le vieillard, qui lui ont rendu la vie sauve.

Le héros a eu ces conseils grâce à son comportement exemplaire: son obéissance, sa gentillesse, sa considération pour les personnes âgées. Il a pu montrer son respect envers les personnes âgées en donnant, contre les conseils, ses trois chameaux, le fruit des années de labeur. L'épreuve pour parler comme Propp en vue de l'obtention de l'auxiliaire magique (les trois conseils) a été cruelle, illogique. Comment donner chameau pour un conseil ? En plus des conseils pour quoi faire ? D'ailleurs n'a-t-il pas pensé « Quelles sortes de conseils celui-ci

veut me donner126? » Et pourtant il donne ses trois chameaux. Cette épreuve, très peu sont ceux qui la réussiraient. Qui serait prêt à jeter toute sa vie par la fenêtre pour un conseil, aussi précieux soit-il ? Seule la foi en quelqu'un ou en quelque chose pousserait à faire ce sacrifice. Le héros a été éprouvé, testé. Et il a réussi l'épreuve. Il a perdu trois chameaux et il a gagné un troupeau de boeufs et beaucoup d'argent. A travers l'épreuve puis le résultat des trois conseils, le conteur confirme juste qu'un vieillard assis voit plus loin qu'un jeune homme perché au sommet d'un arbre.

Le vieillard ne peut donc pas être opposant car les trois chameaux qu'il a pris au jeune participent à la logique de l'épreuve en vue d'obtenir l'auxiliaire magique, c'est-à-dire, les trois conseils : « Si tu veux te reposer, ne te repose pas à l'ombre, reposes-toi au soleil. Si tu vois un fleuve, ne le traverse pas. Laisse des gens le faire, puis traverse. Si tu retrouves un problème à la maison, ne pose pas de questions. Si tu y restes, tu comprendras. » Ces trois conseils et les trois situations répondant à ces conseils rencontrées par le héros donne au vieillard une personnalité sacrée. Il se comporte ici comme un devin, comme Dieu lui-même qui a le contrôle sur toutes les actions humaines. Son apparition dans le conte laisse croire qu'il peut aussi s'agir d'un génie, d'un ange, d'un diable. Car les Lokpa, comme la plupart des peuples d'Afrique, croient à l'intervention des êtres surnaturels dans le vécu quotidien des hommes. Et ces êtres d'un autre monde viennent dans notre société, déguisés en vieillard ou en personnes marginales, pour nous éprouver, donner leur aide à ceux d'entre nous qui la méritent, et punir ceux qui sont passibles d'être punis : les méchants, les impolis, les injustes, les égoïstes, les orgueilleux etc.

Les trois conseils ont aidé le héros. S'il avait refusé d'écouter le vieillard, il aurait échappé à la morsure du serpent, mais aurait-il pu échapper à la noyade ? Aurait-il pu éviter une dispute inutile entre lui et sa femme à propos de son propre enfant qu'il croyait être l'amant de sa femme ? Aurait-il pu éviter ce scandale ? Il est difficile de répondre par l'affirmative. Mais les indices montrent que nous pourrions répondre négativement à ces questions. Le vieillard a par ses conseils aidé et sauvé la vie du jeune homme. C'est ce que le conteur a bien voulu montrer. L'importance, la nécessité d'écouter et de prendre en considération les conseils et les remarques des ainés, est ainsi démontrée.

Le premier conte a placé le vieillard dans la société en tant que guide, conseiller et a insisté sur les relations interhumaines. Le second place la question du vieillard dans la gestion des affaires de la cité donc en politique. Ce conte fait la promotion du respect des ainés mais en même temps fait la satire des démagogues politiques.

126 Corpus, conte n°2, syntagme 18

En effet, la politique démagogique a toujours eu pour premier pas le renversement de tous les anciens, qui pourraient avoir une idée critique grâce à l'expérience accumulée pendant des années. Les anciens ou la vielle classe, posent toujours problème au démagogue. Le premier geste, le premier réflexe du démagogue est donc d'anéantir, de rendre sous silence cette classe pour pouvoir asseoir son autorité. Le conteur nous met donc en garde contre tout changement qui fait table rase du passé. Il nous déconseille le tissage d'une nouvelle corde qui ne prend pas appui sur l'ancienne. Prendre appui ne veut pas dire répéter les mêmes erreurs que celles qui ont empêché l'ancienne corde de résister, mais plutôt de bien prendre en considération ces erreurs et de les corriger pour avoir une corde de meilleure résistante, de qualité supérieure. Le seul qui peut faire échec au plan démagogique d'un dictateur, c'est donc le sage, dont la vieille génération en est la représentation.

Le conteur met dans ce conte, comme dans une pièce de théâtre, un démagogue en scène. Sa démagogie échoue grâce à un ancien, ou plutôt grâce aux conseils de l'ancien. Voyons comment le conteur s'y prend pour montrer l'importance des anciens.

Le roi veut s'assurer le pouvoir absolu. Pour y parvenir il faut se débarrasser des vieux. Cette volonté, nous pouvons ainsi schématiser : Pouvoir absolu du roi = Village sans anciens. Mais ce but ne sera pas atteint grâce à l'intervention d'un ancien qui délivre ainsi la jeunesse du plan diabolique du démagogue. L'étude du conte en deux étapes nous permettra de mieux comprendre la stratégie du conteur.

La première étape est celle qui raconte la stratégie du roi pour se débarrasser des sages. Elle se présente sous la forme d'une manipulation. Pour mieux comprendre cette partie, essayons de l'étudier en profondeur. La manipulation se présente sous la forme d'un piège. Le piège lui-même formulé sous la forme d'une promesse de changement du statut de la dupe, c'est-àdire la jeunesse. Le récit du conte s'ouvre sur cette promesse. Du syntagme 01 au syntagme 12, le roi convainc la jeunesse du fait qu'on ne peut pas avoir de changement tant que ceux qui représentent la négation de ce changement existent ; qu'on ne peut pas moderniser le village, symbole de la patrie, sans faire table rase de tous les indices de la tradition. Cette manipulation, appuyée par la promesse d'un avenir meilleur, incite la dupe (les jeunes), les piégés, les jeunes à tuer leurs parents.

Le syntagme 13 nous montre que le roi a atteint son objectif puisqu'à l'unisson tous les jeunes crient : « C'est vrai. C'est vrai. C'est vrai. C'est vrai. » Et la suite reste macabre. Voyons ensemble comment a opéré la manipulation du despote. Greimas nous apprend que toute manipulation appelle à l'action. L'action dans le conte consiste pour cette jeunesse manipulée à assassiner chacun son père. La motivation, l'envie de changement promis et l'argent

distribué par le roi sont une motivation suffisante pour certains qui sont passés à l'acte. Mais un jeune résiste ne pouvant tuer un père, son père à qui il doit la vie. Il refuse de tuer malgré son désir de changement. Mais le roi croit avoir atteint son objectif.

Schématisons cette partie par un schéma narratif canonique pour mieux observer.

Manipulation
Le piège du roi aux jeunes,
mensonges despotiques.

Compétence
Envie de changement,
détermination à éliminer les
anciens. Mais devoir et envie
de respecter les liens du sang.

Action
Le roi veut que les jeunes tuent
les vieux pour que la jeunesse
règne et développe le village.
(Pouvoir absolu =Mort des vieux)

Performance
Assassinat de tous les vieux par
les jeunes. Mais un jeune
épargne son père.

Sanction
Leçon à la jeunesse qui
apprend qu'elle ne peut pas
se passer des anciens.

Figure 4 : Schéma narratif canonique du conte n°7 selon le modèle de Greimas

La manipulation est l'oeuvre du roi. C'est lui le manipulateur, le commanditaire du meurtre des anciens. Le manipulateur a le statut de destinateur dans le modèle actanciel du même auteur. Il est aussi le seul destinataire, même s'il fait croire le contraire à la jeunesse. Les jeunes sont les manipulés ou les sujets manipulés. Ils ont le statut justement de sujet, de héros destiné à accomplir l'action : tuer leurs parents. Ils sont convaincus que le village se développera mieux sans les anciens et que le roi veut le développement du village. A quoi renvoie cette manipulation dans la société de nos jours ? Elle peut, en effet, s'identifier à plusieurs faits sociaux et la figure du manipulateur ou du celle du manipulé peut changer en fonction du fait social.

Si le manipulateur prend la figure du père d'une famille, le manipulé est, soit les enfants à qui le manipulateur dicte la conduite à tenir, soit la mère de famille influencée par son époux. Les rôles dans une famille peuvent changer où c'est l'enfant qui est manipulateur, ou la mère. Les autres membres de la famille font ainsi office de manipulés.

De même le manipulateur peut être, comme dans notre conte, un acteur politique. Les manipulés seront dans ce cas les populations, le peuple. Elle se manifestera donc, la manipulation, sous forme de promesses au peuple pour accéder au pouvoir. Des promesses de campagne électorales qui ne seront jamais respectées en cas de victoire. Elle sera aussi les coups bas, l'intoxication, les accusations fallacieuses du manipulateur à l'encontre de ses

adversaires. Le roi, dans le conte, accusant les anciens d'être responsables du non développement usent de cette rhétorique. Il divise pour pouvoir régner.

L'action consiste à éliminer tous les anciens du village qui constituent, selon le démagogue, un frein pour le règne des jeunes, et pour le développement. L'action est l'équivalent de l'objet de la quête du héros donc des jeunes. Les jeunes assassinent leurs parents car le manipulateur les en a convaincus.

Par compétence, il faut lire cette soif de changement, cette envie de prendre enfin le pouvoir chez les jeunes. Une prise de pouvoir qui ne saurait se faire avec les anciens. Les traditions sont ici ainsi directement critiquées condamnées. Tuer les vieux, c'est aussi se débarrasser des jougs de la tradition, qui dans certaines cultures, surtout en Afrique, n'offrent pas assez de chances aux jeunes. Le manipulateur attise et réveille cette flamme dormante, cette volonté de s'épanouir, de changer les choses quitte à tuer ses propres parents, quitte à passer à l'action. La compétence pose pourtant une question : les jeunes sont-ils capables de tuer leurs parents ? En ont-ils les moyens (capacité) ? La réponse à cette question vient de la performance.

La performance se traduit par l'assassinat effectif de tous les vieillards par les jeunes guidés par leur soif de changement. Mais comme pour nous apprendre que les liens de sang sont de loin supérieurs à toute soif de changement, un jeune épargne son père. Un acte que le conteur a voulu pour la suite du conte certainement car la sanction a été sévère.

La sanction, rétribution, récompense après services rendus, n'a pas été le changement souhaité. Elle se traduit par la désillusion et la trahison, qui sont très flagrantes. Au lieu que le pouvoir revienne à la jeunesse, le roi le garde pour lui tout seul. La sanction est la représentation de l'illusion de la jeunesse, du peuple, bref des manipulés. C'est l'instant où la démagogie est découverte. Mais c'est le moment où les manipulés sont punis pour leur aveuglement, pour leur naïveté ; l'instant de la mise à nu du piège ; le moment du traditionnel "si je savais". La sanction se traduit dans le conte par l'épreuve absurde, symbole du pouvoir absolu, qui consiste à « tresser un panier servant à puiser l'eau ». Cette épreuve ouvre la voie à la sanction. Celle-ci, la sanction, s'étend de cette épreuve jusqu'à la fin du conte (syntagme 38 à 66). Elle donne l'occasion à la jeunesse de comprendre l'utilité des ainés. C'est cette épreuve qui a permis aux manipulés de comprendre où les menait le roi.

C'est pour dénouer cette épreuve absurde, pour laquelle les jeunes semblent incapables de donner une réponse adéquate, que le seul vieux, adversaire du roi dans sa chasse au pouvoir absolu, sage et grenier d'expériences utiles pour le village, intervient pour délivrer les jeunes du joug du manipulateur. Présenté comme obstacle au développement, le vieux devient une source importante indispensable à l'épanouissement des jeunes, à la libération des jeunes.

La figure de la personne âgée dans le conte prend ainsi des interprétations diverses. Au-delà de cette personne physique, réelle, vivante, concrète dans la société, la figure de la personne âgée peut aussi être interprétée comme la manifestation de la conscience du peuple, la flamme de sagesse sans laquelle toute société court à sa propre perte. Ce faisant, le conteur nous rappelle la sacralité de la personne âgée.

Le personnage de la personne âgée joue le rôle d'adjuvant comme dans le conte précédent si nous considérons la jeunesse comme sujet, héros. Il ne prend pas le devant des choses. Mais il est la source de sagesse, du savoir qui permet la mise en oeuvre d'un bon développement, d'une bonne société débarrassée de ses tars dont le roi est ici le symbole, la représentation et au-delà de la représentation, la manifestation. L'intervention du vieux personnage a permis à la jeunesse de déjouer le piège du roi. Cette intervention permet aux jeunes de faire échec à la manipulation du roi.

Les jeunes qui ont tué leurs parents représentent cette société vulnérable, car elle est sans repères, sans exemples. La preuve, tous ont cru à cette folie du roi et ont tressé un panier.

Le roi à qui nous avons tout le long de notre développent attribué le rôle de bourreau, de la tyrannie a aussi par son action permis aux jeunes d'apprendre qu'ils ne peuvent pas construire leur pays sans les anciens. Rappelons que le roi a appris, certes sans le vouloir et sans l'avoir prévue, cette leçon pour la vie aux jeunes.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille