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Le calcul de l'horreur comme instrument psychologique de prévention de la violence directe. Cas du Nord Kivu en RDC

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par Falk Litane PETEGOU
Université protestante d'Afrique Centrale (Cameroun ) - Master 2 en paix et développement 2012
  

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CHAPITRE I : LA VIOLENCE DIRECTE AU NORD KIVU

La violence directe à des structures. Etant donné qu?elle obéit à un schème de faits et de représentations, elle peut titre décomposée afin de mieux titre cernée. Les structures ici concernent donc le développement, mieux la genèse de la violence directe (I) ainsi que les impacts et/ou effets de cette violence au plan interne et externe (II).

I- La genèse de la violence directe

La violence directe qui se pose comme obstacle à la paix au Nord Kivu trouve essor dans les domaines politique (A) et économique (B) internes et externes.

A- Le domaine politique

La colonisation Belge a favorisé les conflits internes, les instabilités politiques dans les Grands Lacs les ont accélérés et leur ont donné une dimension internationale ; ajouté à cela, l?action de l?élite dans la gestion de la chose publique n?a fait que phagocyter des tensions internes existant déjà surtout sous la forme du foncier et de l?identité nationale Congolaise.

1- Facteurs politiques exogènes

Les facteurs politiques exogènes concernent essentiellement la politique coloniale Belge et les problèmes accentués et nés au Nord Kivu avec l?assaut des réfugiés et rebelles rwandais, Burundais et Ougandais autour des années 1994.

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Lorsque nous nous inspirons des faits historiques dans le processus de construction de la violence directe au Nord Kivu, l?administration sous la colonisation Belge reste un fait saillant. En effet, si la violence a escaladé au Nord Kivu, c?est en partie lié à l?intervention de la Belgique dans la gestion des ethnicités et de l?éducation.

i)- La manipulation des identités ethniques

Dans sa politique coloniale, la Belgique, selon que le jeu lui était favorable, a créée des tensions entre les groupes ethniques. Ces tensions seront le socle des barbaries liées aux multiples scènes de violence s?observant au Nord Kivu.

En effet, selon une théorie des invasions successives préconisée par l?explorateur John Speke en 1863 dans le cadre du mythe hamitique, les administrateurs coloniaux Belges classèrent la population en Hamite, Bantou et Pygmée.

Selon des distinctions caricaturales, les Hamites dont les représentants seraient les Tutsis furent considérés comme une race de géants aux allures aristocratiques. Tandis que, les Bantous représentés par les Hutus étaient décris comme des gens trapus aux cheveux crépus et au nez épaté. De leur côté, les Pygmées représentés par les Twa sont qualifiés de « grotesques petites créatures »111 vouées à la disparition tel que le souligne Gahama. Cette critériologie de classification conduisit aux jugements moraux sur les ethnies. Par exemple, les Tutsis étaient considérés comme des gens intelligents, ayant des aptitudes de commandement, tandis que les Hutus étaient considérés comme des gens moins intelligents.

Autour des années 1930, des premiers signes de clivages s?observent entre Hutus et Tutsis, lorsque dans son administration, la Belgique décide de s?appuyer sur les Tutsis en destituant toutes les autorités traditionnelles Hutus. Aussi, dans cette même période, les écoles construites pour former les auxiliaires d?administration accueillent en majorité les Tutsi. De là, cette élite grandit en se nourrissant du mythe hamitique. Mais, autour de 1950, le discours opère un retournement. Les Tutsi n?étaient plus dans le plan d?action Belge. Ils étaient dès lors qualifiés de mauvais, d?envahisseurs venus coloniser les Hutus. A ce moment, les Hutus furent la priorité de la Belgique notamment dans la mise en ouvre de sa politique coloniale. Pour renforcer l?idée de haine, la Belgique construis dans l?imaginaire Hutu l?idée de victimes des exactions des Tutsi féodaux112. Dès lors, les tensions inter Hutu-Tutsi qui s?enchaînent au Nord Kivu dans les années 1960, 1990 et 2000, ainsi que les génocides Hutu-Tutsi dans toute la région des grands Lacs sont comprises sous ce prisme.

La gestion des ethnicités par l?administrateur colonial favorisait la haine interethnique selon le principe classique de diviser pour mieux régner. Cette gestion a aussi eu d?autres paramètres notamment dans la politique de l?éducation.

111 Gahama, op.cit p104

112 Id p.105

ii)- la politique de l'éducation

Dans toute la RDC en générale et au Nord Kivu particulièrement, la Belgique a défavorisé l?éclosion d?une élite intellectuelle. Comme l?asserte Pondi, « l'enseignement dispensé au Congo excluait systématiquement toute formation d'une élite »113. Les administrateurs coloniaux avaient à cette période créée un système d?éducation pyramidale. Ils y avaient édifié un enseignement primaire très largement diffusé, un enseignement secondaire très réduit et, « orienté vers des domaines de formation professionnelles tel que relieurs pour bibliothèque... »114. Tandis que, le sommet de la pyramide était presque inexistant. La manifestation en est que, sous la colonisation Belge, la RDC n?a connue qu?un seul universitaire, Thomas Kanza115. La raison en était que le colon Belge croyait former des agitateurs si les noirs accédaient à l?éducation. C?est pourquoi il institua le paternalisme, bien plus que les systèmes français et anglais où, quelqu?en soit la situation, les noirs devaient respect, docilité, reconnaissance et collaboration loyale au colon.

La résultante de cette absence d?élite intellectuelle s?observe en premier au lendemain de l?indépendance, où la RDC vit un chao suite à la fragmentation du pouvoir qui fait passer le nombre de province de 6 à 21. Pourtant, la classe politique congolaise était médiocre à cause du manque de formation dans le domaine de l?administration publique. Aussi, suite aux meurtres de Léopold ville le 06 juillet 1960 qui ont mis sur le Caro quelques Belges, l?appareil administratif essentiellement dirigé par ceux-ci se vide. « Sur les 8200 fonctionnaires Belges présents au Congo avant le 30 juin 1960, on n'en dénombrait que 1600 au mois d'aoit de la meme année ». L?appareil administratif étant vidé, il fallait le reconstituer le plus vite possible avec le personnel disponible, lequel ne jouissait pas toujours d?une formation adéquate.

Dans une perspective chronologique et historique, la violence directe au Nord Kivu remonte donc à cette gouvernabilité désastreuse des ethnies et de l?éducation. La sous scolarisation et les irrédentismes identitaires voire ethniques qui se posent comme frein inconditionnel au développement pluridimensionnel de cette région de la RDC, s?observent et s?analysent sous cet angle. Toutefois, d?autres facteurs tels que les violences politiques dans les Etats voisins fournissent des informations supplémentaires sur la question.

113 Pondi, op.cit p.11

114 Ibid

115 Ibid

b. Les instabilités politiques dans les Grands Lacs

Les Grands Lacs africains sont empreints à des séries de violence depuis les années 1960 c?est-à-dire après l?acquisition des indépendances des Etats de cette région. De par la proximité géographique, les alliances ethniques transfrontalières, le Nord Kivu subit le contre coup de ces violences. Essentiellement, Les instabilités politiques au Burundi, en Ouganda et au Rwanda autour des années 1994 accélèrent la violence directe au Nord Kivu. C?est dans cette perspective que Pamphile Sebahara pense que la paix et la stabilité restent fragiles à cause entre autre de la présence de groupes armés étranger et de milices ainsi que de soupçon des troupes étrangères sur le territoire de la RDC116.

En juin 1993, des élections présidentielles et législatives se déroulent au Burundi « dans des conditions exemplaires et elles aboutissent à une alternance politique délicate mais impeccable »117. A l?issu de ces élections, Melchior Ndadaye est élu avec 2/3 de voix, ravivant ainsi la victoire à l?ancien président Buyoya.

Dans la nuit du 20-21 octobre 1993, un coup d?Etat mené par le 11è bataillon blindé éclate et, le président Melchior Ndadaye (Hutu) est assassiné. Débute alors une vaste opération de massacres, un génocide interethnique entre Hutu et Tutsi. Ce génocide crée un vide juridique, administratif et politique au Burundi entraînant les populations à se réfugier en majorité vers le Rwanda et le Nord Kivu. Les problèmes qui naîtront avec les réfugiés Burundais au Nord Kivu seront liés à la gestion des ressources naturelles, à l?accès aux biens et services ainsi qu?à la constitution des jeux d?alliance interethnique.

L?Ouganda quant à elle fait face à des tensions internes dès le début des années 1980, qui s?accentuent autour des années 1995. En effet, plusieurs groupes rebelles sont en combats en Ouganda. Tout d?abord, le LRA depuis 1986 lorsque Museveni prend le pouvoir. Le LRA voudrait replacer l?ancien gouvernement sous la base des 10 commandements divins118. A partir de 1995, le WNBF basé au Nord Kivu commence les combats pour faire revenir le régime de Idi Amin au pouvoir. Il s?associe à l?ADF basé sur le même territoire pour intensifier ses attaques contre le gouvernement Ougandais. Ces groupes de rebelles, repliés vers le territoire du Nord Kivu lance des raids permanents contre leur gouvernement central. Dans ce cas, ce gouvernement qui ne prétend pas abandonner son contrôle politique réagit par

116 Sebahara, Pamphile : la conférence internationale sur les Grands Lacs, enjeux et impacts sur la paix et le développement en RDC. GRIP, 2006/2

117 Chrétien, Jean Pierre et Mukuri, Melchior : Burundi, la fracture identitaire, logiques de violence et certitudes « ethniques ». Karthala, Paris, 2002, p.17

118 Bercovitch, op.cit. p.106

des contre attaques armées, et vas jusqu?à la base de ces groupes de rebellions pour les traquer. Ces offensives participent alors à l?instabilité au Nord Kivu.

Bien plus, dans la perspective des instabilités dans les Grands Lacs, le génocide Rwandais est un événement profond qui tourbillonnera la paix au Kivu. Cette influence du génocide Rwandais sur la paix au Nord Kivu se résume en 3 principaux éléments : l?assaut des réfugiés, l?intensification des conflits internes et l?interventionnisme du gouvernement Rwandais.

Le génocide Rwandais a entraîné plus d?un million de réfugiés Hutu et Tutsi dans les Kivus et principalement au Nord Kivu. Ces réfugiés étaient essentiellement constitués de civils, d?ex FAR et d?Interahamwe119 taxés d?avoir commis le génocide. En plus de la pression démographique, ces Rwandophones ont accru les tensions internes existantes au Nord Kivu. Avant le génocide de 1994 au Rwanda, un conflit opposait déjà, comme les Banyarwanda120, d?un côté, et, de l?autre, les Nande, les Hunde et Nyanga au Nord-Kivu. Mais, « avec l'arrivée massive dans cette province des réfugiés rwandais encadrés par les milices hutu extrémistes Interahamwe et des éléments des FAR, les alliances locales changèrent de nature : dans le Masisi, par exemple, Tutsi et Hunde combattirent en commun contre les Hutu congolais et rwandais (ex-FAR et Interahamwe) »121. Vers mai 1996, presque tous les Tutsi de Masisi avaient pu trouver refuge au Rwanda où dominait maintenant le FPR, à l?exception de 2 000 déplacés122 cantonnés dans deux localités du Nord-Kivu, Kichanga et Mokoto. Le 12 mai, la dernière fut attaquée par les milices rwandaises et les ex-FAR qui y tuèrent une centaine de Tutsi. Un fait aussi important à noter est que les réfugiés rwandais (sous le contrôle des ex-FAR et des Interahamwe) avaient formé une alliance avec les Hutu congolais pour combattre contre les autres ethnies du Masisi. C?est ainsi que les Hunde et Nyanga étaient aussi victimes des attaques hutu et certains ont dû se réfugier au Rwanda. Bien plus, la formation des alliances locales entre Hutu et Nande, Tutsi et Nyanga ou entre Hutu et

119

Les Interahamwe constituent la plus importante des milices rwandaises créées dès 1992 par le président Rwandais Juvénal Habyarimana. Interahamwe signifie « ceux qui combattent ensemble » en Kinyarwanda. Ces milices sont responsables de la plupart des massacres pendant le génocide de 1994. Lorsque l?APR prend le pouvoir au Rwanda, les interahamwe se refugient pour la plupart au Nord Kivu où ils continuent leurs exactions. Ceux-ci recrutent civiles rwandais et congolais. Ils forment l?armée de libération du Rwanda et se retrouvent plus tard dans les FDLR.

120 Ce mot de la langue Swahili désigne les populations d?origine rwandaise à savoir les Hutu et les Tutsi.

121 Rusamira, op.cit p.7

122 Reyntjens, Filip (dir.) : L'Afrique des Grands Lacs : annuaire 1999-2000. L?Harmattan, Paris, 2000, p.7 cité par Rusamira op.cit

Hunde a fait naître des milices revendiquant des droits congolais officiellement123. C?est dans cette perspective que, le gouvernement central Rwandais dans une innovation de guerre préventive, mènera des opérations militaires contre la RDC sous prétexte de traquer les réfugiés Hutu et Interahamwe qui constituent une menace contre son régime. Aussi, le Rwanda soutient que, la zone du Nord Kivu fait partie intégrante de son territoire. Sa mission en RDC et au Nord Kivu est donc double : traquer les génocidaires Hutu et récupérer son territoire à la RDC. Ceci débouchera sur le soutien aux factions de rébellion à travers la fourniture d?armes et d?autres logistiques et moyens de guerre pour combattre le gouvernement congolais. Et, le fait le plus marquant reste, l?appui voire la construction de l?AFDL qui défiera les 32 ans de règne de Mobutu Sesse Seko en 1997.

Les instabilités politiques dans les Grands Lacs ont favorisé les violences par le processus de « diffusion »124 au Nord Kivu des tensions propres aux Etats de cette région. Les rebellions des pays voisins utilisent ce territoire comme base de leur insurrection. Ajouté à cela, les liens d?ethnicité entre peuples des pays de cette région africaine par le processus des alliances accentuent la violence directe au Nord Kivu. De là, présent sur ce territoire des revendications et autres protestations vont naître ; protestations visant l?acquisition de droits et autres avantages, ce qui entretient le cycle de la violence.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci