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Le calcul de l'horreur comme instrument psychologique de prévention de la violence directe. Cas du Nord Kivu en RDC

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par Falk Litane PETEGOU
Université protestante d'Afrique Centrale (Cameroun ) - Master 2 en paix et développement 2012
  

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II. Les effets de la violence directe

La violence directe au Nord Kivu ne va pas sans effets. Les principaux impacts que nous relevons se situent aux plans économiques et sociaux (A) ainsi qu?aux plans humains et politiques (B).

A- Les impacts économiques et sociaux

1- Les impacts économiques

Le Nord Kivu était reconnu pour la fertilité de ses sols et, qualifié de grainier de la région des Grands Lacs. Mais, depuis 1990, il entre dans un cycle d?insécurité qui commence dans les territoires de Masisi et Rutshuru et, culmine avec les guerres successives de 1996 et 1998. L?agriculture en prend un coup avec les pillages et les déplacements des populations qui sont obligées de vivre dans des camps comme assistés. L?intensification des scènes de violence empêche aux fermiers et marchands de voyager à travers la région pour écouler leurs marchandises. La forte main d?oeuvre jadis attirée par les activités agricoles se trouve en voie d?abandonner pour fuir les combats entre belligérants. Dès lors, ce secteur économique connaît un déclin. Par ailleurs, la recherche des conditions de vie favorables quoique vivant dans une insécurité accrue entraîne une forte frange de la population à se diriger vers le secteur minier, susceptible de fournir des revenus à l?instant. C?est ainsi que ce secteur absorbe la ressource humaine exerçant dans le domaine de l?agriculture. Dès lors, l?extraction des ressources minières redéfini l?économie locale et détermine les avoirs des ménages. Pole institute relève que l?économie minière a fini par s?imposer comme complément à défaut d?être substitut à l?économie agricole. Ainsi, « les 2/3 des revenus du Nord Kivu dépendent

des minerais »144. L?absorption du secteur agricole dü par les minerais conduit le Nord Kivu au syndrome hollandais dans lequel tous les autres secteurs économiques sont abandonnés pour profiter de la rente minière. Aussi, le système d?offre est perturbé au Nord Kivu. Ce qui crée des tensions inflationnistes, la dépréciation de la monnaie nationale au profit du dollar. A ce titre, l?on peut relever la hausse du prix du carburant et des produits de premières nécessités. Ce cercle vicieux constitue un piège pour l?économie locale. Les impacts sociaux viennent renforcer cet état de fait.

2. Les impacts sociaux

Les impacts sociaux de la violence directe au Nord Kivu s?articulent en deux principaux schèmes : l?exacerbation des antagonismes sociaux que KÄ MANA145 appelle les identités meurtrières et les conditions de vie désastreuses des ménages.

La violence a fini par simposer aux moeurs et sa socialisation prégnante. Des années de luttes acharnées et de souffrances idiomes ont amené les diverses factions ethniques à vivre dans le cycle de la violence. L?ethnicité conditionne le vécu quotidien et explique en partie la haine qui se construit entre individus. Dès lors, porter l?étiquette Hutu, Tutsi, Nande, Hunde ou Nyanga peut être favorable ou non selon le lieu. L?étiquette ethnique explique que des groupes armés débarquent dans un village et assassinent tous ceux qu?ils rencontrent sous prétexte que ces derniers ne vivent que pour les détruire. Elle explique aussi que dans les marchés et les services de santé, les services rendus sont sujets au déclinement identitaire. L?identité examinée, le service est rendu de faveur ou non en fonction d?un potentiel lien ethnique. Des affrontements permanents sont observés entre populations, civiles ou non. La haine qui se construit se transforme aussitôt en violence vindicative et/ ou préventive tel que le souligne Gahama146. L?idée du génocide et de la victimisation est la plus présente et la plus partagée ; chaque groupe ayant pour projet primordial de se venger des exactions commises par l?autre. Les rapports sociaux sont donc essentiellement marqués par des rapports de belligérance. Ce qui entretient les conflits interpersonnels voir intergroupes et durcis tout effort de recherche de paix au Nord Kivu.

Bien plus, ces situations de crises perpétuelles et de tensions récurrentes ne vont pas sans impacts sur la nutrition, l?eau, l?assainissement voir la santé des ménages.

144 Pole Institute : les minerais de « sang » : un secteur économique criminalisé à l'est de la RD Congo, novembre 2010, p.5

145 Propos obtenus lors de l?entretien réalisé avec le Dr KÄ MANA le 18 novembre 2011 à l?Université Evangélique de Mbouo(Bandjoun).

146 Gahama, op.cit, p.109

OCHA147 relève qu?au 25 juin 2011, la province du Nord Kivu compte 571.685 déplacés internes depuis 2005. Comparé au mois de mai de la méme année où l?on notait 556.26 PDI, l?accroissement est de 2.81%. Ceci montre et explique la prédominance des violences et de leurs effets néfastes sur les populations. Ces PDI, sont confrontées à d?énormes obstacles lors de leurs multiples fuites des scènes de violences. Elles sont exposées à la famine, aux attaques par des bétes sauvages ainsi qu?à une hygiène dégradante et méme des maladies de tout bord. Quand bien même, les populations ne se retrouvent pas dans cette catégories, elles sont tout aussi confrontées aux aléas dans les domaines de l?éducation, de la santé et de la nutrition. Dans son rapport de mars 2009, le PNUD souligne qu?au Nord Kivu, très peu de ménages sont raccordés à l?électricité (4.3%) et à l?eau potable (16.6%). Il poursuit en soulignant l?insuffisance des services de santé dont 47 hôpitaux pour toute la province, 12 lits pour 100.000 habitants et 1 148médecin pour 24.030 malades. Aussi, l?assainissement n?est pas favorable. En effet, 99.8% de ménages ne disposent pas de voiries d?évacuation des ordures.

Les violences au Nord Kivu ont donc dégradé le tissu social et exacerbé la pauvreté. Car, dans cette province de la RDC, près de 3.3 millions de personnes sont pauvres. Ajouté à cela, la perte des emplois suite à la fermeture de plusieurs entreprises et des privatisations massives liées aux PAS renforce l?état de pauvreté et prédispose les populations à la guerre. Ainsi, aussi bien au plan des rapports intergroupes que sur le plan des aptitudes individuelles et/ou collectives à s?assurer une existence descente, la violence directe a foisonné la paix sociale au Nord Kivu.

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