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Le calcul de l'horreur comme instrument psychologique de prévention de la violence directe. Cas du Nord Kivu en RDC

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par Falk Litane PETEGOU
Université protestante d'Afrique Centrale (Cameroun ) - Master 2 en paix et développement 2012
  

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2- Facteurs économiques exogènes

a. Le leadership

La question du leadership est inextricablement liée à l?exploitation des ressources naturelles du Nord Kivu par des groupes et Etats voisins des Grands Lacs impliqués dans les violences. En effet, les ressources naturelles servent à construire une hégémonie sous régionale et réaliser par voie de conséquence le projet d'instauration de l'empire Hima-Tutsi. L?ONU dénonce la criminalisation de la guerre via l?exploitation intensive et illégale des ressources naturelles en RDC et au Nord Kivu par tous les groupes impliqués dans les conflits138. Les forces venues soutenir le régime L.D Kabila (Zimbabwe, Angola, Namibie) au même titre que les agresseurs (Rwanda, Ouganda, Burundi) sont impliquées dans les pillages massifs des ressources naturelles du Nord Kivu. Ces nouveaux prédateurs139 comme le souligne Colette Braeckman, sont en quête d?hégémonie, de pouvoir et surtout d?une intégration profonde à l?économie capitaliste.

Mais, les activités du Rwanda et de l?Ouganda sont encore plus intenses de par la proximité géographique et les alliances ethniques transfrontalières.

Les motivations économiques expliquent l?intérêt porté par ces deux pays sur le Nord Kivu. Plusieurs ONG et l?ONU notent la disparité entre les ressources limitées du Rwanda et de l?Ouganda, et leur exportation massive de la cassérite, du coltan et de l?or. Traitant du cas

138 United Nations Security Council: Report of the Panel of Experts on the illegal Exploitation of Natural Ressources and other Forms of wealth of the Democratic Republic of the Congo. United Nations, 2003

139 Braeckman, Colette, op.cit

de la cassérite, Global Witness140 explique comment le Rwanda est impliqué dans cet illégal trafique : premièrement comme premier bénéficiaire, deuxièmement comme acteur capable de sécuriser les sites miniers si possible. Le Rwanda a développé un vaste réseau d?échange avec des groupes de rebellions notamment le RCD-G qui lui fournissent les ressources naturelles à temps opportuns. Pour renchérir ce constat, le conseil de sécurité des Nations Unies141 affirme que les troupes du Rwanda et de l?Ouganda ont établis un monopole sur l?exploitation et la commercialisation des ressources minières en forçant les entrepreneurs locaux de se retirer par ce fait qu?ils desservent tout le Nord Kivu de produits importé du Rwanda, de l?Ouganda et du Burundi. Le commerce des ressources naturelles est très bénéfique au Rwanda et à l?Ouganda. Entre 1997-1999, la part du commerce international du Rwanda s?élève à 15.1 milliard de francs Rwandais, soit une croissance de 31% par rapport à l?année 1996. Dans cette méme perspective, l?exportation du coltan croit de 11.4 milliard de dollar US en 2000 à 44.5 milliards de dollar US en 2001142. L?appropriation de ces ressources naturelles et des revenus y relatifs permet alors de poser les jalons d?un empire Tutsi dans tous les Grands Lacs ; lequel dominera toutes les structures politiques et socioéconomiques de cette région

b. Le nord Kivu : un nouvel espace vital

Les questions identitaires, les ambitions politiques, l?exploitation des ressources naturelles n?explicitent que partiellement un conflit qui renvoie en dernière instance à des causes beaucoup plus profondes.

Les guerres de la région des Grands Lacs peuvent en effet s?analyser comme des violences du trop-plein. Les petits espaces du Rwanda et du Burundi, corsetés depuis la colonisation par des frontières rigides, sont pris au piège d?une nasse démographique. La forte baisse de la mortalité amorcée pendant la colonisation n?a pas été suivie par une baisse significative de la fécondité : celle-ci est encore proche de 6 enfants par femme au Rwanda, 6,8 au Burundi. Le taux de croissance approche les 3% par an conduisant à un doublement de la population en 25 ans. Or, avec près de 10 millions d?habitants au Rwanda en 2008 la densité atteint déjà 380 hab./km2, ce qui est beaucoup pour un pays rural à près de 90 %. Chaque famille paysanne ne dispose plus en moyenne que de 40 ares de terre à cultiver. Qu?en sera-t-il demain ? La

140 Global Witness, op.cit, p. 15

141 United Nations Security Council: Report of the Panel of Experts on the illegal Exploitation of Natural Ressources and other Forms of wealth of the Democratic Republic of the Congo. United Nations,2001

142 Economic Intelligence Unit: Rwanda Country Report. London, February 2002, 2002

question n?est plus seulement de savoir comment vivront une génération de 20 millions de Rwandais, mais où.

Comme les vents, les mouvements migratoires vont des hautes pressions vers les basses pressions, ici démographiques : la migration vers l?ouest, vers les terres moins peuplées du Kivu s?inscrit dans l?ordre des choses et dans le temps long. Elle n?a pas posé de problème tant qu?il y eut d?abondantes disponibilités foncières. Ce n?est plus le cas, méme si l?acuité des problèmes est inégale du fait d?une répartition différenciée des densités143: en quelques décennies, la saturation foncière a complètement changé la donne, multipliant les conflits pour la terre, dressant les autochtones contre les étrangers dans un contexte juridique confus où droits coutumiers et droit moderne incarné par l?Etat se chevauchent. Circonstance aggravante, les migrants tutsis sont principalement des éleveurs qui ont besoin de vastes étendues pour leurs troupeaux. Ils ont trouvé des conditions idéales pour leur activité dans les pâturages d?altitude, mais la constitution de grands domaines d?élevage réduit d?autant les terres de culture. La création du vaste parc national des Virunga sous l?administration belge a en outre soustrait 780 000 hectares à l?activité agro-pastorale, au coeur de la zone la plus peuplée du Nord Kivu.

En 1998, une tentative d?expansion territoriale manquée a laissé tout de méme le Rwanda pénétrer le Nord Kivu. La logique de l?expansion territoriale s?appuie sur l?idée que le Kivu constitue un espace vital pour le Rwanda. En raison des perturbations politiques dans ce pays, de la limitation de ses ressources naturelles ainsi que de la forte croissance démographique, le Nord Kivu est le lieu de refuge d?un très grand nombre de Rwandais. Trois démarches expliquent la tentative d?expansion territoriale :

· Les revendications du Président Bizimungu en 1996, portant sur certaines parties du Nord Kivu qui selon lui auraient fait partie du Grand Rwanda ;

· La campagne médiatique des diplomates Rwandais autour de l?espace territoriale du Grand Rwanda, en Belgique, avec carte à l?appui. Selon eux, le colonisateur aurait amputé au Rwanda certains territoires qui se trouvent actuellement au Kivu ;

143 Nicolaï, Henri : La répartition et la densité de la population au Kivu. Académie Royale des Sciences

d?Outre-mer, Classe des Sciences naturelles et médicales, Mémoire Nouvelle série Tome 24, fasc. 2, Bruxelles, 1998.


· L?idée d?une conférence de Berlin II pour obtenir une redéfinition des frontières étatiques conformément à ses revendications.

Les déclarations des instances internationales et régionales sur les principes de la souveraineté du Congo et de rejet de toute idée de révision des frontières des Etat-Nations en Afrique, n?ont pas permis au Rwanda de persister dans la logique de l?expansion territoriale. Mais, les faits établissent que les Kivu et précisément le Nord Kivu sont la seconde nation des Rwandais. Dès lors, la pression externe exercée par le Rwanda constitue un obstacle à la paix et par ricochet facteur de perpétuation de la violence directe au Nord Kivu.

Prégnants sur les plans politique, économique, social et humain, les facteurs de la violence directe y ont causé de dégâts incommensurables.

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