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Le calcul de l'horreur comme instrument psychologique de prévention de la violence directe. Cas du Nord Kivu en RDC

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par Falk Litane PETEGOU
Université protestante d'Afrique Centrale (Cameroun ) - Master 2 en paix et développement 2012
  

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B- Le domaine économique

Aussi bien que les facteurs politiques, les facteurs économiques permettent d?appréhender la violence directe au Nord Kivu. En effet, pauvreté, gestion des ressources naturelles et questions liées au leadership aident à comprendre l?escalade permanente des méso conflits dans cette région. La pauvreté initie l?implosion de la violence et, les ressources naturelles l?entretiennent et apporte une autre dimension aux conflits. Le conflit passe ainsi du stade méso au macro conflit avec une prégnance des méga conflits, ici, essentiellement due par les luttes entre ethnies.

1- Facteurs économiques endogènes

a. La pauvreté

Le chômage, le sous emploi, les conditions de vie désastreuses sont dues par la pauvreté. Dès lors, cette pauvreté entraine le manque d?opportunité, de là à renforcer le cycle de perpétuation de la violence.

Dans son administration politique, Mobutu promut la Zaïrianisation ou authenticitéafricaine. Ce système, méthode de retour aux valeurs africaines traditionnelles, consistait à ne

consommer que des produits africains faits par les africains. Il intégrait aussi le système
culturel et même la pensée. Les effets de cette zaïrianisation ont été dévastateurs notamment
sur l?économie. D? après Ndikumana et Kisangani, la zaïrianisation a endommagé le secteur

privé, décrédibilisée l?Etat au plan international dérivant sur la faillite de l?économie131. Pour pallier à cette situation économique désinvolte, Mobutu se retourne vers les institutions financières internationales pour obtenir de l?aide. Les dettes sont concoctées, mais, une fraction infime est utilisée à bon escient, c?est-à-dire pour financer l?économie. Cette situation conduit à un endettement massif qui amène la RDC à appliquer les PAS dans la seconde moitié des années 1970. Mais, les effets des réformes proposées par la BM et le FMI sont insignifiants ; car l?économie continue à se détériorer. Par exemple, entre 1978 et 1988 le PIB annuel décroit de 1.2% et le taux d?inflation s?élève à 56% par an132. Le social en subit profondément le choc d?autant plus que, la pauvreté installe son nid dans les provinces de la RDC et au Nord Kivu. La pauvreté à son tour crée le manque d?opportunité qui encourage une part importante de la population et surtout les jeunes à entrer dans les milices. Ceci est une opportunité de mobilité sociale. Séverine Autessere133, reprenant les propos d?un enquêté lors de sa recherche sur les causes des violences en RDC asserte que les Mayi-Mayi ont très faim pour respecter certaines valeurs. L?appartenance à une milice donne à ses membres un sentiment de reconnaissance, de respect et la considération d?être distincts de la masse. L?appartenance à une milice permet aux groupes jadis marginalisés tels que les jeunes d?avoir une ascension sociale, de se positionner à des endroits qui leur étaient refusés. Dès lors, ils n?ont aucun intérêt à ce que la paix revienne ; la guerre étant un moyen d?atteinte d?une position sociale respectable et lucrative. Autessere affirme à Ce titre «many Mayi-Mayi chiefs knew that, should peace return to the Congo, they would lose their status as all-, kinglike leaders and become once again mere soldiers-often ill-trained and illiterate. This was one of their main motivations for refusing to be integrated into army»134.

Il y?a donc lieu de constater que la guerre et l?enrôlement dans l?activité belligérante constitue un moyen efficace d?émergence sociale et de lutte contre la pauvreté pour la plupart des populations intégrés dans les milices. Avec le poids des guerres, les infrastructures économiques et de développement sont détruites. Les terres s?amenuisent et l?emploi se raréfie. Il est vrai, l?on note quelques projets de développement au Nord Kivu, mais, ils sont beaucoup plus focalisés sur l?aspect humanitaire de la reconstruction post conflit. Dans ce contexte, l?enrôlement au sein des milices devient une activité génératrice de revenus. L?insécurité et la violence dans cette perspective sont donc retracées à partir de la pauvreté

131 Ndikumana, Leonce and Kisangani Emizet: The Economics of Civil War: the case of Democratic Republic of Congo in Political Economy Research Institute, number 63, 2003, p.18

132 Id, p.19

133 Autessere, Séverine : Local violence,National Peace ?Postwar « settlement » in the eastern D.RCongo(2003- 2006) in African Studies Review, volume 49,number 3?December 2006),p.13

134 Id, p.13

b. Les ressources naturelles

Nous le soulignions plus haut, le Nord Kivu est une zone riche en Cassérite, Coltan et Or. L?étude du positionnement des groupes armés décèle une forte activité de ceux-ci et des conflits majeurs dans les zones dotées des potentialités en ressources naturelles.

Les ressources naturelles constituent des facteurs de violence directe en trois principaux éléments. Premièrement, les acteurs nationaux se battent entre eux aussi bien que contre les groupes étrangers pour le contrôle des sites miniers. C?est le cas des FDLR et des Mayi-Mayi. Dans les sites miniers du Nord Kivu, les combats sont permanents135. Deuxièmement, l?exploitation illicite des ressources naturelles permet à tous les groupes armés de financer leurs efforts de guerre, qui entraine les conflits. Troisièmement, le contrôle des sites miniers par les groupes armés cause des violences massives sur les populations locales. Dans l?un de ses rapports, Global Witness relève des violations des Droits de l?Homme et du Droit International dans les mines du Nord Kivu. Il écrit à ce titre que tous les groupes armés sont impliqués dans les violences contre les civiles et que ces abus sont « integrally linked to natural ressources...as they were employed as methods by which to gain control either over resource-rich areas or over the ability to exploit them »136.

Plusieurs canaux permettent aux groupes armés de financer leurs activités. Le premier mode de financement de la guerre c?est la taxation directe par laquelle l?armée nationale et/ou les rebelles extraient les ressources naturelles en utilisant les soldats et la force du travail civile. La taxation aussi en l?obtention d?une taxe soit financière ou en ressource naturelle sur la production des creuseurs. A ce titre, entre janvier et octobre 2000, le coltan exporté à travers les comptoirs contrôlés par le RCD-G avoisine 6.7 millions de dollars US137. Ces groupes belligérants financent également la guerre par l?expropriation, la confiscation des ressources naturelles et toute autre forme de richesse. L?expropriation est effectuée soit directement dans les mines ou à travers la construction des barrages le long des routes d?acheminement des ressources naturelles extraites. Plusieurs barrages peuvent etre constitués entre des puits de mines et les comptoirs commerciaux. Par moment, lorsque la production s?avère insatisfaisante, les rebelles vont dans les villages pour s?approvisionner en main d?oeuvre ceci par la force, les sévisses corporelles ou les arrestations massives.

135 Global Witness: La paix sous tensions, dangereux et illicite commerce de la casserite dans l'est de la RDC, juin 2005, p.4, 8,16

136 Id, p.10

137 International Peace Information Service: Supporting the war Economy in the DRC :Europeans Companies and the Coltan Trade» , an IPIS Report, January 2002, 2002, p.12

Toutefois, la prédation des ressources naturelles alimente au plan interne la violence directe au Nord Kivu. Stephen Jackson relève qu?environ 72.000 kg de tantalite sont expédié une fois tous les 10 jours vers le marché international dont Londres, Amsterdam et Bruxelles constituent les destinations principales. Le rythme et la fréquence de l?exploitation des ressources naturelles ainsi que la géostratégie du positionnement des groupes armés prouvent tous que, les richesses naturelles ont une part importante dans la criminalisation de la guerre au Nord Kivu.

Aussi bien cette question des ressources naturelles se pose comme facteur interne, elle peut également être évoquée comme facteur externe de la violence directe. Mais, la différence en est qu?au plan externe, les questions idéologiques constituent de façon officieuse le mobile d?appropriation des ressources naturelles.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus