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La genèse d'un projet de renouvellement urbain. Le cas du bas Chantenay à  Nantes

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par Philippe LASSALE
Université Rennes 2 - Institut d'aménagement et d'urbanisme de Rennes - Master MOUI (Maà®trise d'ouvrage urbaine et immobilière) 2012
  

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Intégrer la notion de temporalité du projet

Reprenons les écrits de Thierry Paquot dans son ouvrage « L'espace public » (2009), dans lequel il développe une approche sociale, ou sociétale, de cet espace qui fait la ville. Il considère que le traitement des lieux urbains connaît depuis une vingtaine d'année une indéniable avancée, tant sur la qualité des matériaux employés que par la recherche esthétique et l'attention portée aux habitants. Ainsi il reprend l'exemple de Barcelone, qui depuis 1992 a entamé un travail de réorganisation de sa voirie afin de faciliter systématiquement les déplacements pédestres et la cohabitation entre véhicules et piétons, avec un mobilier urbain novateur, des revêtements harmonieux, une signalétique

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redessinée, un éclairage public efficient, etc. Il considère que depuis cette date, les lieux urbains naissent d'un travail minutieux, et font l'objet, progressivement, non plus d'aménagements, mais de ménagements. Cette notion de ménagement est à nos yeux essentielle dans le travail d'un urbaniste aujourd'hui, qui ne peut plus se contenter de donner des réponses franches à chacune des problématiques qui lui sont posées. C'est ce qui rend le travail de choix d'une équipe passionnant : chercher, parmi les multiples réponses proposées, les équipes qui ne proposent pas des solutions à tout, mais qui admettent, avec une certaine forme de modestie, qu'un projet est par essence incomplet, en mouvement, fait de petites touches, de retouches, d'ajustements.

Ainsi on retrouve des intentions qui se traduisent par des « plan-guide », « scénarios multiples », qui affirment haut et fort leur incomplétude et leur souplesse, et qui sonnent juste vis-à-vis de ce que nous ambitionnons. Il a été dit, dans la note de synthèse fournie avec l'AAPC, qu'il s'agissait de « mettre en mouvement une véritable transformation du quartier, en s'appropriant ses contraintes urbaines de maillage, d'emprise de bâti, de noeuds de transport et d'accès au fleuve pour en faire ressortir les atouts », et qu' « à l'image du travail mené sur l'île de Nantes ces dernières années, le Bas Chantenay doit entrer dans une phase de renouveau, afin de prolonger la démarche de faire une ville qui se renouvelle en innovant. » Nous l'abordions donc dans notre présentation des enjeux, et en effet, le plan-guide élaboré par Alexandre Chemetoff en 2000 pour piloter la transformation de l'Ile de Nantes pourrait être un exemple à suivre. Laurent Devisme (2009) dira de cet outil qu'il est considéré par les élus nantais comme un exemple achevé d'une démarche d'urbanisme durable. Il explicitera son propos en affirmant qu'à travers ce plan-guide, et à l'opposé de l'urbanisme fonctionnel des années 1960, c'est ici l'existant qui anime le projet, en affirmant des principes forts selon lesquels il faut chercher à conserver la diversité sans faire table rase du passé et à assumer et accepter l'héritage du site.

Bruno Fortier parlera de la méthode employée sur l'Ile de Nantes dans sa note d'intention. Il expliquera « qu'elle est à nos yeux la bonne mais mérite quelques inflexions : (...) plus qu'en retenant un unique grand dessin, c'est en imaginant des scénarios et une construction progressive qu'il faut très probablement avancer. Il ajoutera vouloir développer une « succession de projets (...) basée sur des situations très diverses (...) que le travail à venir sera peut-être d'ordonner, mais avec pas mal de prudence et en imaginant une grammaire de projets ».

Pranlas-Descours, lui, abordera cette anticipation du temps long dans le projet, en proposant un plan-guide dans lequel il considère la notion de temps comme un « élément de constitution des espaces ». Il propose de créer en permanence des « lieux stables », de ne pas investir la totalité du site, mais de créer des liens de continuité avec les quartiers existants. C'est, selon lui, une préoccupation qui est liée à l'observation des temps cycliques de l'urbanisation, parfois lente, et de la nécessité de construire progressivement dans le projet même des liens sociaux, tout en intégrant les conditions foncières du site.

Nicolas Michelin dira lui qu'il défend « l'idée du plan d'urbanisme ouvert, du plan guide fait sur mesure, élaboré en fonction du contexte (...). Ce plan n'est pas figé, mais propose des invariants - les choix déterminants - dans les domaines de l'infrastructure, du bâti, de la nature et du sociétal, et sa mise en oeuvre doit pouvoir s'adapter dans le temps ».

Quant à Michel Desvigne, du fait de son profil paysagiste, il propose là aussi un programme évolutif, mais en s'appuyant sur le végétal. Il imagine ainsi « un système d'accompagnement lié à libération du foncier, et envisageant un paysage à deux vitesses, l'un pérenne, construit

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dès que (...) des parcelles se libèrent, l'autre explicitement provisoire, prairies, pépinières, passages, surfaces minérales accessibles, terrains de jeux ». Il affirme ainsi proposer, « au lieu d'un plan d'aménagement rigide, une stratégie d'infiltration, un processus d'occupation évolutive, en utilisant la fragmentation du territoire pour y glisser jardins et promenades ».

De la même manière, l'équipe de Devillers et associés, citera Michel Corajoud pour expliciter son approche de la gestion du temps. Ce dernier, parlant de « l'art de la lenteur », dira d'un projet urbain que « les conditions du contexte métropolitain n'autorisent pas une approche globalisante, figée dans sa forme et dans le temps. Au contraire, cette configuration doit donner lieu à l'élaboration d'une stratégie d'urbanisation souple, basée sur des temporalités longues ». Et il abordera la prise en compte de l'ensemble des acteurs qui font la ville : « Le temps long implique l'incertitude, l'ouverture, le dialogue. Les temps du politique, de l'urbaniste, de l'habitant, des acteurs de l'aménagement et de l'histoire des villes sont très différents. Mais c'est le temps qui donne un sens profond à la transformation urbaine, laquelle soit s'inscrire dans une permanence ».

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus