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La genèse d'un projet de renouvellement urbain. Le cas du bas Chantenay à  Nantes

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par Philippe LASSALE
Université Rennes 2 - Institut d'aménagement et d'urbanisme de Rennes - Master MOUI (Maà®trise d'ouvrage urbaine et immobilière) 2012
  

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Ménager une ville sensible

En tant que philosophe de l'urbain, Thierry Paquot développe également sa vision de la transformation de la ville sous un oeil sensible de sociologue. Il considère la phase de conception d'un projet comme étant cruciale pour bien faire la ville, et recommande aux (a)ménageurs d' « observer le site, tenir compte des usages temporels du lieu, questionner les riverains et les passants, enquêter sur ce qui fait défaut, élaborer plusieurs propositions qui seront soumises à la critique publique, éviter le standard, choisir les matériaux, les couleurs, les plantations, l'éclairage, le mobilier selon ce qui existe et ce qui est à proximité, pour marquer la rupture ou au contraire se fondre dans l'existant, offrir des possibilités de détournement, de surprises, d'étonnement, et assurer le bien-être ». Il conclue en annonçant que c'est parce qu'un lieu est hospitalier qu'il devient urbain.

Ces propos vont dans le sens de la tendance à recruter des équipes de maîtrise d'oeuvre qui présentent des compétences multiples, et intègrent une analyse ou tout du moins une approche sensible d'un point de vue sociologique. Or s'il a été exigé des équipes concourant à l'appel d'offre de maîtrise d'oeuvre urbaine du Bas Chantenay des compétences diverses, en urbanisme, paysagisme, VRD, communication et concertation, il n'a pas été demandé de compétences en analyse sociologique. Et dans les candidatures reçues, il semblerait que très peu d'équipes ont développé cette approche. C'est un sujet qui nous paraît important, au vu de la complexité du site et de la diversité de ses riverains (habitants, ouvriers, employés, chefs d'entreprises, commerçants), qui mériterait d'être intégré dans les phases de négociations qui se dérouleront d'ici fin 2012.

Favoriser une maîtrise d'usage

S'il faut prendre en compte les personnes vivant dans le quartier et y travaillant, il faut donc aussi appréhender ses usages. La ville peut en effet être considérée comme un organisme vivant, et ses usages sont polyfonctionnels. Ainsi par leurs observations de la vie citadine dans trois villes, Tokyo, Manille et New York, les sociologues regroupés par Hidetoshi Kato (1978) remarquent que l'animation dépend des heures du jour, des jours de la semaine, mais qu'elle s'avère toujours polyfonctionnelle : on y discute, on y mange, on y traite des affaires, on s'y donne rendez-vous, on y dort, on y lit, bref elle est un territoire à la fois personnel et collectif, privé et public, un morceau de chez soi et un monde à part entière. Edward Hall (1971) publiera également en ce sens, et constatera que les individus

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originaires de cultures différentes « habitent des mondes sensoriels différents » sans que les urbanistes et architectes ne s'en rendent compte.

Pour le professionnel, à la manière de Thierry Paquot, Kato recommande déjà de ménager, et non pas d'aménager, ces lieux urbains en tenant compte de la variété de leurs usages selon le temps. Il estime que pour bien faire, il faudrait réaliser des cartographies temporelles qui renseigneraient sur le comment-faire, et éviteraient des aménagements disgracieux, anodins, ou sans qualité et standardisés.

En guise de réponse à cette approche de la maîtrise d'usage, prenons l'exemple bien connu de la politique de (réa)ménagement des îlots barcelonais. Un des objectifs est de reconstituer une vie urbaine à travers la constitution d'espaces publics au coeur des ilots. On cherche ainsi à créer des parcs régulièrement, qui soient accessibles à pied, mais on reconstitue également des îlots entièrement multifonctionnels, qui vivent à toute heure du jour. A ce titre, le travail réalisé sur l'îlot Fort Pienc est exemplaire : dessiné par l'architecte catalan Josep Llinas et livré en 2003, il regroupe en un même lieu, autour d'une place aménagée, hébergement pour personnes âgées à un angle, supermarché en sous-sol, marché partiellement couvert, école maternelle, jeux pour enfants, bibliothèque et café aux étages supérieurs. S'y croisent donc la totalité du spectre des âges, depuis les personnes âgées qui s'installent sur les bancs, les parents qui emmènent leurs enfants, font leurs courses, les étudiants qui se rendent à la bibliothèque, et les riverains qui se rendent au marché le week-end ou au café. Bel exemple de polyfonctionnalité, en un seul et même endroit.

Ilot Fort Pienc, vue depuis la bibliothèque à l'étage. Google images (2012).

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon