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La négociation de la prise en charge dans une maison de repos et de soins bruxelloise

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par Anne- Claire ORBAN
Université libre de Bruxelles - Master en anthropologie 2012
  

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3.3 Une certaine population

La plupart des résidents de la maison dépend du CPAS, n'ayant pas de revenus suffisants pour se prendre en charge (SPF 2009 : 30). Cela rejoint les observations d'Hélène Thomas (2010) qui remarque une grande proportion de classes populaires dans les maison de rep os36. Isabelle Mallon (2005), elle, précise que si les personnes de milieux aisés font plus facilement le choix de venir en maison de repos, les personnes de milieux populaires, plus attachées à leur domicile, ne prendront la décision d'entrer en établissement que par défaut, en dernier recours. Ceci ne facilite alors pas l'adaptation à la vie institutionnelle. Goffman (1968) le confirme : les reclus demanderont un plus long temps d'adaptation si il n'ont pas fait le choix d'entrer en établissement. Et de fait, d'après le directeur, ces personnes sont plus exigeantes, plus récalcitrantes aux normes, que les « payantes » comme il les appelle.

Face à cette population moins aisée, il existe dans la maison tout un système de redistribution des biens afin d'aider les résidents à recréer un cadre de vie « digne ». Des brocantes se voient organisées à intervalles réguliers où les résidents peuvent acheter, pour un prix symbolique, des vêtements, des bibelots de toute sorte, des sacs, des chaussures, etc. Les

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meubles des défunts isolés sont stockés à la cave, permettant aux nouveaux arrivants, parfois ne possédant qu'une valise de vêtements (et encore), de meubler leur chambre et de rendre le cadre de vie plus agréable et pratique. La lingerie garde également en réserve de nombreuses pièces, comme des chemises de nuit, des sous-vêtements, des pulls, à disposition des résidents. Ainsi j'ai rencontré Mme De. qui, arrivée à la maison avec les seuls habits qu'elle a pu récupérer de son ancien appartement (son manteau de fourrure et quelques pièces légères), a alors reçut une chemise de nuit de la maison et des pantoufles « d'une autre qui était morte hein ! Mais bon, moi j'm'en fous, j'en avais pas, alors j'suis bien contente ! ».

Lors de mes premières visites, comme je le développais plus haut, j'ai été choquée de la non-communication entre résidents. Selon Isabelle Mallon les maisons de repos accueillant une population aisée, connaissent une certaine sociabilité : les résidents entretiennent entre eux de nombreux « liens faibles ». De l'autre côté, dans les maisons de repos accueillant une population moins aisée, la sociabilité reste très faible. Les résidents alors évitent les relations plus profondes avec d'autres résidents, au risque de les voir devenir des « relations d'interdépendance pesantes » (2005 : 47). J'y reviendrai dans la suite du mémoire.

Encadré 2 : L'entraide (1)

Il existe néanmoins une forme d'entraide dans le groupe des résident : Mr Br. face à l'injustice que subissait son ami Mr Lef., ne recevant pas de gaufre comme les autres s'insurge ! Mme Redman, l'ergothérapeute, a répondu que « moi au moins, je prends soin de sa santé ! » Mr Lef. étant diabétique. Mme De. prit sous son aile Mme Vin., nouvelle arrivante, et la guida dans les maisons et les activités ; Mr K. fait les courses pour l'un ou l'autre résident immobilisé ; Mr Le. se charge de transmettre directement chez la chef de service les demandes de l'un ou l'autre de ses voisins ; etc.

D'un côté donc, on assiste à une redistribution des biens, un partage collectif mais de l'autre à des rapports sociaux de non-engagement, de non-participation. D'un côté, les résidents sont dépendants des personnes décédées ; de l'autre, totalement indépendants des vivants. Ceci peut être considéré comme une caractéristique des maisons publiques.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry