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Répercussions qualitatives et quantitatives des mutations agricoles récentes sur les systèmes d'irrigation traditionnels dans le bassin versant de la Vaigai- Periyar, Inde du sud

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par François Mialhe
Université Paris 7 Diderot - Master 2 environnement, milieux, techniques, sociétés 2006
  

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La privatisation de la ressource

La diminution des stocks d'eau et la mainmise d'une minorité de propriétaires sur les stocks disponibles ont provoqué l'émergence d'un marché de l'eau. Bien que l'activité reste informelle et qu'il n'y ait pas de données précises disponibles, le volume des transactions semble très important et devient comparable aux volumes d'autres marchés agricoles (Janakarajan, 2002). La plupart des transactions s'effectuent entre paysans d'un même ayacut afin de faciliter le transport de la ressource. Les modes de paiement varient selon les propriétaires de puits, soit en argent, soit en reversant une partie de la production. Les règles des marchés officiels s'appliquent ici selon l'offre et la demande : les prix fluctuent dans une fourchette qui peut varier selon la saison, le moment dans le cycle cultural, et la source d'approvisionnement énergétique des pompes utilisées. Des prix trop élevés décourageront les acheteurs alors que des prix trop bas ne seront pas intéressants pour le vendeur. Cette privatisation pose des questions éthiques sur le devenir de cette ressource considérée comme un bien public. Elle est aussi significative d'un changement de valeur ; c'est, en effet, l'accès à l'eau qui est aujourd'hui synonyme de prospérité, alors que pendant très longtemps, l'accès à la terre était central. La terre reste cependant le support nécessaire à la pratique de l'agriculture mais rare dans une région fortement peuplée ; elle a un prix en tant que facteur de production (Landy, 1994).

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Les facettes sociales et physiques du monde rural indien

Les opportunités de travail

Les ouvriers agricoles sont des employés saisonniers, et l'adoption des cultures de rente comme la canne à sucre a limité les opportunités de travail. Une des conséquences est l'augmentation des migrations en ville pour des emplois mieux rémunérés ou vers les industries sucrières qui tendent à se développer. Ces migrations concernent principalement les hommes durant les périodes d'inactivité agricole. Les ouvriers agricoles sont donc en situation de sous-emploi chronique et d'insécurité (Ramachandran, 2001). Le rôle des femmes tend aussi à se marginaliser. La mécanisation de certaines opérations agricoles, comme le décorticage des fruits de tamarinier, leur enlève des travaux qui leur étaient réservées dans le partage des tâches. Les cultures dans les thottam (zones irriguées par puits) créent aussi moins d'emplois que les cultures précédentes tel que le coton ou les légumes. Enfin, beaucoup n'ont de travail qu'environ six mois de l'année, ce qui engendre des situations d'angoisse et de conflits au sein même des familles.

Le maintien des inégalités

Les inégalités sociales liées au système de castes sont maintenues dans ce processus de modernisation agricole. Malgré une meilleure représentativité politique, le désavantage financier de départ s'est accru et n'a pas permis de rattraper le retard accumulé. La financiarisation de l'agriculture n'a pas été accompagnée d'une augmentation des salaires journaliers, ce qui tend à creuser l'écart de salaires entre la ville et la campagne. Les migrations résultantes de ces différences de salaire engendrent dans certains cas le départ des hommes, qui laissent leurs femmes seules au village avec les enfants. La conséquence directe de ces départs est une dégradation de la santé des femmes restées au village, qui font passer les besoins de leurs enfants avant les leurs. Il existe de manière générale des inégalités entre les castes, entre les sexes, entre les individus, entre les villages, suivant la disponibilité de ressources souterraines, et entre les villes et les villages qui sont en voie de paupérisation.

On peut ainsi s'apercevoir que les bouleversements récents du monde agricole indien n'ont pas eu d'effets bénéfiques sur l'ensemble de la population. Le développement des puits a été rendu nécessaire pour faire face à la croissance démographique et à l'insécurité de la fourniture en eau des tanks. Cependant, l'exploitation sans limite des nappes phréatiques déséquilibre le système que maintenait tant bien que mal le tank. Il semble qu'aujourd'hui, un abandon généralisé des tanks n'est pas souhaitable; mais se pose néanmoins la question de la stratégie à adopter pour le maintien de ce système d'irrigation. Il convient dès lors, à l'échelle d'un bassin versant d'abord, de comprendre comment s'organise l'irrigation par tanks, si des dynamiques générales se dégagent ou si au contraire une certaine hétérogénéité caractérise le système.

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Le bassin versant de la Vaigai-Periyar, unité régionale d'analyse spatiale et sociale des tanks

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