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Répercussions qualitatives et quantitatives des mutations agricoles récentes sur les systèmes d'irrigation traditionnels dans le bassin versant de la Vaigai- Periyar, Inde du sud

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par François Mialhe
Université Paris 7 Diderot - Master 2 environnement, milieux, techniques, sociétés 2006
  

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3.3.2 L'organisation de la gestion des ressources

La plupart des tanks concernés n'ont pas de personnels attitrés pour les opérations d'irrigation et de maintenance/réhabilitation (Vaidyanathan, 2001). Une grande majorité des actions réalisées sont le fruit des ayacutdars. Avant la réalisation du canal relié à la Vaigai, durant la fin des années 1950, les cultures étaient toutes des cultures pluviales et les rendements étaient très faibles. Après la connexion au canal, des changements se sont opérés, mais de manière très lente, alors que des organisations structurées se mettent lentement en place. Durant la première moitié des années 1990, le PWD a investit ici des sommes limitées comparativement aux autres system tanks du bassin versant. Les actions entreprises ont principalement concerné les structures des tanks, comme les digues et les vannes. Pour remédier à ces manquements, les organisations villageoises collectent des fonds pour engager des actions collectives auxquelles participent les ayacutdars ainsi que des ouvriers agricoles. Pour financer ces opérations, deux méthodes de collecte sont très utilisées : la première consiste à prélever une somme d'argent en rapport avec la taille du foyer, de la maisonnée, tandis que la seconde consiste à vendre des contrats d'exploitation des ressources piscicoles du tank. En début de mousson, des larves sont introduites dans les tanks et lorsque le niveau du tank atteint un seuil critique, la pêche est alors autorisée, mais uniquement pour les contractants. La plupart des contrats sont cédés sous la forme de ventes aux enchères, méthode qui favorise les plus riches. L'argent collecté est utilisé pour les réparations d'urgence du tank et pour le développement du village. Lorsque les eaux du tank tendent à se raréfier, en plus de l'utilisation des réserves souterraines, lorsque celles-ci sont disponibles (directement ou par achat), des techniques de rationnement sont mis en place afin d'optimiser les stocks disponibles. La technique employée ici consiste à irriguer les parcelles de l'ayacut les plus proches de la digue, afin de limiter au maximum les pertes dues aux infiltrations lors des écoulements dans les chenaux. Les villages sont donc en voie d'organisation, mais il est clair que les fonds dégagés ne

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suffisent pas à effectuer les opérations nécessaires ; c'est ce qu'exprime l'état général des structures, qui n'est pas parmi les meilleurs du bassin versant.

3.3.3 Les conséquences de la multiplication des puits

L'accès aux réserves souterraines a remplacé, depuis plusieurs années, l'accès à la terre dans la détermination du statut socio-économique des agriculteurs, mais il ne place toutefois pas tous les acteurs sur un pied d'égalité. La taille des parcelles, ainsi que les capitaux nécessaires aux investissements de base, sont en effet les premiers facteurs limitants de la possession d'un puits, marginalisant de fait les petits paysans. Le système d'héritage débouche sur de nombreux cas de co-propriété ; un tiers des puits du bassin versant sont exploités de cette manière (Janakarajan et al., 2002). De nombreux conflits naissent de ce mode d'exploitation, qui réunit autour d'un puits des membres d'un même village ou d'une même famille. Des accords doivent ainsi être trouvés pour le partage des frais inhérents à la maintenance des puits, et pour la gestion du temps de pompage alloué. Les conflits d'intérêts sont donc fréquents et exacerbés par la discontinuité de l'alimentation électrique, les pollutions chimiques et la baisse des niveaux piézométriques (Vaidyanathan et al., 2003). C'est cette baisse généralisée qui pousse les propriétaires de puits à s'engager dans une véritable compétition d'approfondissements de leurs puits. Ceux qui ont des moyens financiers suffisants peuvent approfondir leur puits, ou forer des puits tubés, pour accéder à la ressource. Les autres doivent s'endetter auprès de créanciers, mais sans aucune assurance de tomber sur des réserves. C'est donc un processus continu de différenciation sociale qui tend à consolider les relations de pouvoir inégalitaires. Dans ces conditions, un marché de l'eau informel reprenant les règles de marchés officiels s'est mis en place. Les prix fluctuent selon l'offre et la demande mais aussi selon la saison et le stade cultural. En raison de l'abaissement des nappes et de l'utilisation croissante de la ressource par les propriétaires de puits, ce marché informel tend néanmoins à se réduire depuis quelques années. Cela constitue un bon exemple de la théorie de Hardin, la tragédie des communs (Hardin, 1968). Selon l'auteur, la gestion de biens communaux, en particulier les ressources renouvelables, conduit inéluctablement à une surexploitation de la ressource jusqu'à sa disparition. Les profits issus de l'usage des ressources étant individualisés et les coûts étant partagés, l'intérêt de chacun est d'exploiter au maximum la ressource. La surexploitation des eaux souterraines correspond ici à cette théorie, qui défend aussi l'idée d'une privatisation de la ressource comme moyen régulateur. L'existence de règles collectives semble toutefois un compromis plus intéressant, qui ne remet pas en cause le statut commun de l'eau. Le processus évolutif de la tragédie est en tout cas bien respecté. Le stade actuel fait apparaître trois orientations possibles: la première est le laisser-faire (conduisant inexorablement à une forte diminution de la ressource), la seconde consiste en une privatisation de la ressource (ce qui est en partie déjà le cas en raison des investissements individuels et de la mise en place d'un marché), ou alors comme on l'a dit, la mise en place de règles collectives avec pour objectif une utilisation durable. Il apparaît, néanmoins, des pratiques jugées non durables, qui sont liées à la raréfaction de la ressource et à des comportements égoïstes. Un des exemples est celui des gros propriétaires qui pompent les eaux souterraines de l'ayacut avant de la transférer dans les puits situés en zones de cultures pluviales. Ceci engendre un doublement de la consommation d'énergie. C'est cette confrontation d'une rationalité individuelle, avec une rationalité collective, qui entraîne une érosion des ressources naturelles (Vaidyanathan et al., 2003). Il est pourtant avéré que les puits apportent un complément à la performance des tanks en réduisant les incertitudes sur les quantités disponibles. Dans le même temps, ils leurs sont préjudiciables à travers la réduction de la dépendance des propriétaires de puits envers les eaux du tank.

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Figure 32 - Cartes de l'occupation du sol des system tanks du Thirumangalam Main Canal

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Discussion

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway