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Répercussions qualitatives et quantitatives des mutations agricoles récentes sur les systèmes d'irrigation traditionnels dans le bassin versant de la Vaigai- Periyar, Inde du sud

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par François Mialhe
Université Paris 7 Diderot - Master 2 environnement, milieux, techniques, sociétés 2006
  

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4. Discussion

Cette partie est consacrée à la synthèse des résultats de l'étude. Les dynamiques observées permettent d'avoir une vision d'ensemble du bassin versant et une réflexion générale sur les différents problèmes et problématiques auxquels sont confrontés les paysans. La figure 33 résume, à l'aide d'un schéma, les variables en jeux et l'évolution, dans le temps, des principales composantes agricoles.

4.1 Résultats

L'irrigation par tank apparaît, au regard des résultats, assez complexe. Il convient donc, dans cette partie finale, de démêler la situation en organisant la réflexion autour de trois thèmes, énoncés sous forme de questions, et qui recoupent les principales informations données tout au long de l'étude.

4.1.1 Comment expliquer les différences observées dans l`agencement et la gestion des tanks au sein du bassin versant de la Vaigai ?

La prévalence des facteurs environnementaux

La détection des tanks, par images satellites, a démontré l'existence d'un agencement spatial particulier de ceux-ci. D'après cette information, et au regard des cartes de densités par taluk, il n'apparaît, tout d'abord, aucune corrélation spatiale évidente entre les densités de population et l'agencement particulier des tanks. On peut penser que les tanks ont répondu, du moins au début de leur histoire, à des besoins croissants en eau potable et en eau d'irrigation dans le contexte semi-aride. L'absence de corrélation, à l'heure actuelle, entre la densité de population et la densité tank, est donc un signe, parmi d'autres, de la baisse de dépendance des populations, fortement rurales, vis-à-vis de ce système de récolte des eaux. L'aisance avec laquelle il est possible de rendre l'eau disponible et accessible aux populations, à travers l'aménagement du territoire et les structures adéquates, n'est pas égale en tout point d'un territoire, et en l'occurrence d'un bassin versant. C'est un point très important, dans la mesure où elle implique une mise en perspective de l'organisation spatiale des tanks qui s'inscrirait selon deux éléments principaux, (i) le milieu naturel et (ii) les techniques mises en oeuvre par les civilisations. L'étude des zones mankalanatu et karicalkatu a montré de quelle manière l'histoire culturelle s'est trouvée sous la contrainte des potentialités du milieu naturel local. Les résultats sont qu'en l'espace de dix ans, des évolutions territoriales différentielles, nées de dynamiques sociales opposées, affectent de manière très distincte des territoires pourtant contigus. L'appréciation de ces évolutions est facilitée par l'adoption d'une vision synoptique du territoire, alors qu'elles ne sont probablement pas perçues d'une manière aussi forte, par les populations. Ces hétérogénéités environnementales caractérisent donc, en conséquence, des comportements individuels et collectifs différents. Alors que certains s'inscrivent dans une certaine continuité historique de coopération, d'autres sont, au contraire, marqués par un haut degré de versatilité, variant selon les opportunités qui se présentent.

L'eau

Tous les faits décrits précédemment sont liés à la présence ou à l'absence de l'eau, et à la manière dont elle est récoltée, stockée, prélevée, et utilisée. On a vu l'importance qu'il était convenu d'accorder à cette ressource renouvelable dans un contexte de semi-aridité. Jusqu'aux années 1970, date d'acquisition des premières images satellite MSS, l'agriculture était encore largement une agriculture de subsistance, c'est-à-dire basée sur les cultures vivrières. Progressivement, des cultures commerciales avec des besoins en eau plus

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Discussion

importants, les ont remplacées. Dans le même temps, de nouvelles variétés hybrides de riz ont été mises sur le marché, afin d'augmenter des rendements très faibles et de raccourcir les cycles de croissance. La sécurisation de ces cultures est toutefois allée de pair avec une plus grande consommation d'eau et d'intrants. Ce processus est fondamental pour comprendre les nouvelles pratiques agricoles, associées à des nouveaux besoins. On peut aussi considérer qu'il joue un rôle dans le déclin des tanks, qui ne présentent pas, intrinsèquement, les qualités requises à cette sécurisation. En effet, le système des tanks est un instrument de sécurisation alimentaire traditionnel dans un contexte démographique moins saturé qu'aujourd'hui, et dans lequel l'agriculture pluviale (millets) jouait un rôle plus important qu'aujourd'hui. L'agriculture pluviale n'a pas été l'objet des mêmes efforts que l'agriculture irriguée dans le cadre de la Révolution verte, et donc la sécurisation alimentaire en année sèche, autrefois assurée par de variétés rustiques et les cultures associées résistantes à la sècheresse, est négligée depuis 30 ans.

Compte tenu des dates d'acquisition des images postérieures à celles de 1970, il est difficile d'estimer précisément, pour une même période, la variation des stocks d'eau dans les tanks. Néanmoins, au regard des états de surface des lits des tanks, au début des années 1990 et 2000, marqués par des couvertures végétales assez importantes, il est probable que les capacités d'eau stockées par les tanks aient diminué ces dernières décennies, ce qui est confirmé par plusieurs travaux dénonçant la dégradation de ces tanks (Balasubramanian et al., 2003 ; Kajisa et al., 2004 ; Sakurai et al., 2001 ; Vaidyanathan, 2001). Toutefois, là encore, la présente étude montre une grande diversité de cas à travers le bassin versant. Ceux-ci tendent à refléter une cohérence, toutefois relative, entre l'eau disponible et les cultures pratiquées : cultures de rente ou cultures vivrières (en prenant en compte l'importance culturelle du riz). L'élément le plus frappant demeure l'inégal accès à la ressource et la répartition inégalitaire de celle-ci. Cela relève d'un problème conjoncturel, liant la multiplication des puits à la dégradation des tanks, et débouchant sur une diminution quantitative des stocks d'eau, ce qui est générateur de conflits d'usage.

Une gestion stratifiée

La gestion des tanks, à travers le bassin versant, apparaît comme symptomatique d'une gestion qui mélange bureaucratie et laisser-faire, généralement répandue dans les pays en développement et plus encore lorsqu'il s'agit des ressources renouvelables. Au final, c'est le manque de souplesse et d'articulation qui pourrait caractériser le mieux le système de gestion en place ici. En premier lieu, on peut s'interroger sur la pertinence du seuil fixé à 40 ha d'ayacuts irrigués, qui distinguent les tanks gérés par le panchayat de ceux gérés par le PWD. Ce seuil peut apparaître comme arbitraire, compte tenu de l'agencement spatial des tanks, et moralement illégitime, en raison des contributions affectées de manière disparate. Etayons toutefois la réflexion par rapport à la partition établie. Les actions du PWD se caractérisent tout d'abord, par des interventions qui manquent de continuité dans le temps et dans l'espace. Celles-ci apparaissent comme réactives à des situations avancées de dégradation, qui nécessiteraient, au contraire, des interventions proactives afin de juguler la baisse de performance des tanks, et de limiter les pertes brutes lors des années difficiles. Quant au nombre et à l'ampleur des opérations de maintenance, l'étude a montré un contraste assez net entre les system tanks et les non-system tanks, ces derniers ne bénéficiant pas d'autant d'avantages. Ceci semble expliquer une partie des différences d'états des structures et justifie la volonté étatique de relier un plus grand nombre de non-system tanks à la Vaigai (Vaidyanathan, 2001). En tout état de cause, les contributions faites par les ayacutdars apparaissent comme nécessaires, mais représentent pour ces acteurs un coût financier supplémentaire. Au niveau des panchayats, la gestion peut être qualifiée d'hétéroclite en

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Discussion

raison de la liberté d'action dont ils jouissent ; le pragmatisme pouvant laisser la place à l'excessif ou à « l'inutile ». La gestion des fonds dégagés de l'utilisation et des ventes des produits dérivés du tank est ainsi abandonnée au libre arbitre.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon