WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les types de médiations de l'œuvre révélés par la gestualisation du corps-signifiant du visiteur. Pour une ethnographie de l'expérience de visite

( Télécharger le fichier original )
par Audrey PEREZ
Université Pierre Mendès France, Grenoble II  - Master 2 recherche en médiation, art et culture 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II. Analyse des photographies liées à l'expérience d' Océan Pacifique:

La variété et la singularité des propositions inférentielles de ces 8 visiteurs ont été très riches concernant l'évocation de la diversité des champs culturels présents au sein des images choisies (Annexe 72 p. 59).

En effet, du point de vue des regroupements que j'ai effectués, la « perspective contemplative » semble être l'un des principaux moteurs perceptifs et émotionnels de bon nombre de ces visiteurs.

88

C'est le cas du visiteur n° 3 avec Jetée, du visiteur n° 4 avec Mer de brouillard et du visiteur n° 8 avec Coucher de soleil. Ils se sont semble-t-il, projetés dans une expérience de contemplation similaire à celle vécue devant un paysage.

Visiteur n°3 -- Isabelle: « Jetée »

« Tu vois... là, m'a-t-elle répondu, j'ai l'impression devoir une jetée! » en me montrant du doigt certains traits assez sombres de la surface du dessin mural. « On dirait la mer, avec l'horizon. Ça me plaît bien, c'est comme si j'étais devant un paysage de Penvins (station balnéaire du Morbihan) par mauvais temps, quand la côte est sombre! »

Visiteur n° 4 -- Gilles : « Mer de brouillard »

« La grande, centrale, avec un lino orange devant. Ça peut être un mélange de sable, de nuages ou de brouillard, ça a un côté reposant, apaisant. »

« Autant la première, ouais... là-bas (Océan Pacifique), oui très belle, très agréable... »

« J'y vois beaucoup de choses... le reflet de la mer, les nuages, le sable. C'est calme, c'est reposant, c'est sympa ! »

Visiteur n° 8 -- Marjorie: « Coucher de soleil »

«... Je sais pas, on pourrait imaginer de l'eau avec des rochers... avec un peu de nuages, et voilà... » Elle a mis sa main derrière le cou comme pour exprimer une gêne, et s'est mise à rire: « Ouais, je vois de l'eau avec des rochers et après l'éloignement, on voit que le tableau s'éloigne petit à petit et après, y a une barre (une portion du dessin) pour représenter le ciel et les nuages... un peu. Peut-être le coucher de soleil (...)... Pour moi, je vois des traces et après, du coup ça part dans ce sens-là... » m'a-t-elle décrit d'un geste des mains exprimant le recul et l'éloignement progressif du soleil : « Ce serait le mouvement du soleil, avec les reflets sur l'eau... voilà ! »

De façon plus abstraite et orientée vers la méditation, l'expérience du visiteur n° 6 avec « La terre est bleue comme une orange134» et Mandala, développe un rapport à l'oeuvre proche de l'intériorisation mentale de cet état de contemplation.

Visiteur n° 6 -- Kevin: « La terre est bleue comme une orange »

« Ça peut être un espace pas mal pour la méditation, parce que c'est assez reposant comme image. Le orange, c'est quelque chose qui est vachement expressif dans les couleurs chaudes: c'est la joie, c'est pas mal de choses... C'est le soleil aussi... Après, bah! » Il s'est retourné vers la série Tempête orange: « dans les chakras, je crois que ça se situe au niveau du ventre, je crois ! »

Je tiens à préciser que Mandala est une image choisie durant notre trajet en tramway, a posteriori de la visite, dans le prolongement de ma discussion à l'extérieur du VOG avec ce visiteur.

134 Paul Eluard, L'amour de la poésie, 1929.

89

La projection des images retranscrites par le visiteur n° 1 à travers Rusty Shetter, Pollock et Anouar Brahem jaquette de disque semble davantage avoir été expérimentée dans son rapport à la dynamique gestuelle du tracé et du graphisme de ce dessin mural (Océan Pacifique).

Visiteur n° 1 -- Fatma : « Rusty Shetter»

« Je sens que c'est comme des trucs peints des années 80 (référence au Kitch). C'est comme si c'était une porte de garage mise en valeur, comme des stores de garage; mais c'est beaucoup plus mis en valeur. Ça ajoute un certain charme. J'aime beaucoup ça, parce que c'est quelque chose de banal dans la vie, qui peut être très charmant. Mais pour nous, vu qu'on le voit tous les jours, on sait pas bien le regarder, disons. Pour nous (je pense qu'elle signifiait : pour les Européens), c'est juste un truc banal et vulgaire, c'estjuste qu'on le voit mal.»

Sa réflexion sur la représentation esthétique du Beau dans la Culture tunisienne semble avoir été marquée par une comparaison entre l'esthétique de la perpétuation d'une tradition artistique liée à l'artisanat, et l'esthétique de la productivité liée « aux canons » de la production artistique en France et en Europe.

Pollock et Anouar Brahem jaquette de disque: ces images ont été produites après la déambulation dans l'exposition, durant la sélection des images en regardant et en se remémorant l'expérience de l'oeuvre.

Ces deux photographies ont été choisies par le visiteur n° 1, en raison de la proximité gestuelle et graphique de ces images avec le dessin mural de l'installation Océan Pacifique.

En effet, c'est en résonance avec la facture du peintre Jackson Pollock que Fatma a cherché à retranscrire par le choix de ses photographies, le tracé laissé par le mouvement de la performance artistique du peintre (Action-Painting,1952). Dans une micro-analyse socioculturelle plus précise de ce visiteur (n°1), il semblerait que cette musique ait bercé une partie de son enfance.

En me renseignant sur ce compositeur, je me suis rendu compte que ce dernier avait fortement modifié le rôle traditionnel de l'oud (instrument de musique à cordes pincées), en le modernisant et en le confrontant aux musiques occidentales comme le jazz. Le second album, Conte de l'incroyable amour, d'Anouar Brahem fait référence à l'image de la pochette de l'album choisie par ce visiteur: cette musique se caractérise par une pratique musicale dite du « toucher contemplatif», ce qui est assez amusant au regard de l'expérience de cette oeuvre.

90

Seules les images produites par le visiteur n° 2 : Ultra-book et par le n° 7 : Fournaise destructrice, semblent se détacher de cette perspective contemplative pour laisser place à « l'expérience du spectaculaire », que nous pourrions rapprocher du segment d'expérience faisant référence à la perspective cinématographique décrite par Olivier Caïra dans son ouvrage intitulé Jeux de rôle, les forges de la fiction135.

Visiteur n° 2 - Laurence: « Ultra book »

Elle a terminé sa visite par l'interprétation d'Océan Pacifique, en disant: « Celui-là en revanche, c'est comme si j'étais au cinéma. Je sais pas pourquoi... c'est peut-être le format. C'est comme un écran d'ordinateur ! »

Visiteur n°7 Gabrielle : « Fournaise incendie »

Photographie relatant un fait d'actualité récent en Australie, où un grand-père réussit à sauver ses petits-enfants des flammes d'un incendie ravageant toute une île, en les poussant à toute vitesse vers la mer proche où ils s'accrochèrent tous sous un ponton.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe