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Les types de médiations de l'œuvre révélés par la gestualisation du corps-signifiant du visiteur. Pour une ethnographie de l'expérience de visite

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par Audrey PEREZ
Université Pierre Mendès France, Grenoble II  - Master 2 recherche en médiation, art et culture 2012
  

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V. Analyse des images liées à l'atmosphère globale de l'exposition

Seuls 3 visiteurs ont restitué de façon iconographique leur ressenti global de l'exposition comme s'ils faisaient un bilan, une synthèse émotionnelle de leur expérience de visite (Annexe 75 p. 61). Sable (visiteur n° 6), Nuages de poussière (n° 7) et Globe (n° 8) retracent en quelque sorte l'empreinte laissée par l'exposition chez ces visiteurs.

En effet, il semblerait que ces images reflètent assez bien la problématique que nous propose Lina au travers d'un questionnement autour du devenir-Homme. Ainsi, du point de vue de la production de ses images (collectées au cours des trois derniers entretiens), je peux me demander si de façon implicite je n'aurais pas inconsciemment orienté progressivement le cadre de l'interaction vers ce mouvement de synthèse.

Il est tout de même important de rappeler que cette étude n'entend pas enfermer la gestualisation du visiteur dans une simple production illustrative du récit.

Cependant, cela me permet d'essayer d'envisager le récit comme un des mouvements inhérents à l'activité de visite, au même titre que la production d'images qui m'a permis de mettre en évidence les différentes étapes de la construction du sens (Annexe 7 p. 21).

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En ce qui concerne les modalités énonciatives inhérentes à la production iconique et socioculturelle de ces images, je pourrais tout d'abord remarquer que les visiteurs n° 6 - Kevin et n° 1 - Fatma ont fait appel à des référents artistiques, comme Roger Odin136 a pu le souligner. Le mode artistique « dans sa forme pleine, est l'établissement d'une relation obligée entre les caractéristiques de l'Objet et un énonciateur désigné par un nom propre. Le mouvement qui relie Objet et nom propre s'effectue dans les deux sens: du nom propre vers l'Objet ou de l'Objet au nom propre. Dans les deux cas, c'est le nom propre qui est au coeur de la relation à l'Art. (...) Le mode artistique apparaît de la sorte comme reposant essentiellement sur un processus énonciatif (l'étiquetage ou l'énonciation d'un nom propre) et sur des processus discursifs137. »

Ainsi, Pompidou - Fassbinder, Pollock, La terre est bleue comme une orange, ont été choisis en faisant référence au domaine artistique. Il est intéressant de voir, à cette étape, la façon dont peut intervenir l'ancrage socio-culturel. En effet, ces deux visiteurs ont suivi pendant leur scolarité, des études de graphisme et d'histoire de l'art.

En ce qui concerne une modalité de rapprochement que nous pourrions qualifier de culturel, j'ai appris au cours de mes entretiens que deux de ces visiteurs, le visiteur n° 1 - Fatma et le visiteur n° 5 - Hédia, étaient de nationalité tunisienne.

Ces deux femmes ont toutes deux retranscrit de façon iconographique certaines des oeuvres, à travers la représentation d'un store fermé de garage: Rusty - Shetter (visiteur n° 1) et Rideau de fer (n° 5). Cependant, cette proximité visuelle ne s'est pas matérialisée à partir des deux mêmes oeuvres dans cette exposition.

L'une faisant référence à l'installation Océan Pacifique (visiteur n°1), et l'autre à l'environnement Trame (n° 5).

En outre, malgré l'analogie visuelle de ces deux images, il semble que cela ne se réfère pas à la même émotion face à l'oeuvre. L'une, perçue de façon positive (visiteur n°1) se réfère à une codification liée à l'appréciation esthétique de l'installation Océan Pacifique; quant à l'autre, elle serait davantage liée à la perception d'une zone d'insécurité et d'un rejet face à l'environnement Trame (visiteur n°5).

136 Roger Odin, Les espaces de communication, introduction à la sémio--pragmatique, PUG, Grenoble, 2011, p. 74.

137 Ibid., p. 75.

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Concernant un rapprochement que nous pourrions qualifier de géographique, la persistance de la « mer » semble avoir été beaucoup plus présente chez les visiteurs ayant eu dans leur vie un contact régulier et un souvenir affectif avec celle-ci. C'est le cas de Mer de brouillard (visiteur n° 4) et de Jetée (n° 3) qui ont toutes deux fait référence à la côte bretonne. Ce qui est assez pertinent, sachant qu'ils sont tous deux originaires de Bretagne, qu'ils vivent en couple et ont effectué leur visite de l'exposition l'un après l'autre.

Finalement à la lueur de cette analyse, j'ai pu constater un certain nombre de rapprochements inhérents aux différents contextes de productions de ces images au cours de la visite de ces 8 visiteurs. Cette ethno-photographie m'a permis de mettre en évidence la variété des propositions interprétatives que j'ai pu observée à travers différents types d'émotions, par la production de différents gestes, de différents récits de visites, ainsi que différentes modalités mémorielles et culturelles révélant la richesse et la diversité des formes d'appropriation et de négociation de chacune des oeuvres présentées dans cette exposition.

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