WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Justice constitutionnelle en France et démocratie

( Télécharger le fichier original )
par Jean- Baptiste KLEBERSON
Université de Bretagne occidentale de France - Master 2 en droit public 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

§ 2. L'affaiblissement du Parlement

Selon la conception française de la démocratie relatée plus haut, conception formée dès 1789, le Parlement porte en lui la représentation nationale. Conséquemment, il est au-dessus de toutes les autres instituions indépendamment de la nature de celles-ci. Cette logique démocratique fondera, comme déjà expliqué, quatre (4) républiques. La cinquième république symbolise avec fracas la fin de ce visage de la démocratie. Le professeur Pierre Brunet, résumant la fin du parlementarisme français affirme non sans humour :

« La souveraine d'hier fut enterrée dans le cercueil de la Constitution de 1958 sur lequel le Conseil constitutionnel vient déposer un obiter dictum »

L'institution chargée de maintenir le parlement dans le cadre strict de ses attributions constitutionnelles limitativement énumérées est le Conseil constitutionnel. Pour répéter les mots du feu François Luchaire, éminent constitutionnaliste et constituant en 1958, l'on peut

49 D ROUSSEAU, op.cit., p.24

Kléberson JEAN BAPTISTE 36

L'apparente antinomie entre la justice constitutionnelle et la démocratie

affirmer que le Conseil constitutionnel a comme fonction principale « de surveiller parlement » (A)50. Paradoxalement, la surveillance des prérogatives parlementaires a impliqué le renforcement du gouvernement sur tous les plans (B).

A. La surveillance du parlement assurée par le Conseil constitutionnel

Croyant comme Kelsen, le père du normativisme, que la théorie de l'autolimitation parlementaire est un leurre, les constituants de 1958 ont donné naissance à une instance juridictionnelle pour protéger la constitution contre les éventuels errements et empiètements du parlement en flagrante contravention avec la tradition et la culture politique française. Miche Debré, garde des Sceaux du gouvernement de Gaulle, déclara que « la constitution a créé une arme contre la déviation parlementaire ». Ainsi prend fin la hiérarchisation des trois (3) pouvoirs publics et corrélativement l'hégémonie parlementaire léguée par la révolution. La doctrine politique et constitutionnaliste retient le concept de « rationalisation parlementaire » pour qualifier ce retournement de situation. L'antiparlementarisme de la Charte fondamentale de 1958 peut être décelé dans plusieurs de ses dispositions. L'article 34 de la constitution, à titre d'exemple, prend le soin d'énumérer les uns après les autres les domaines sur lesquels le parlement peut légiférer. Conséquemment, il a été laissé un large champ normatif au profit de l'autorité réglementaire. Organe exclusivement chargé au début de sa création de veiller à la répartition verticale des pouvoirs, le Conseil se trouve de fait comme un contrepouvoir en face des assemblées parlementaires conformément à l'esprit et à la lettre de la constitution en vigueur. Du fait de la pesanteur des croyances et du mythe représentatif, le Conseil a été très vite dénoncé par certains comme un frein à la démocratie ou comme une institution aux antipodes des canons de la démocratie.

La fin de la souveraineté parlementaire et la délimitation des compétences du législateur traduisent l'échec de la démocratie représentative ou tout au moins de sa dénaturation orchestrée sciemment. Se rendant compte des travers du parlementarisme, les dirigeants de la 5ème république ont rompu avec la théorie de confusion de l'identité des gouvernés avec celle des parlementaires. En dépit de l'investiture populaire de ces derniers, leur volonté redevient subordonnée à l'interprétation que fait le Conseil des normes constitutionnelles. A partir de 1971, année de l'émancipation du conseil, la juridictionnalisation de la déclaration des droits de l'homme et du préambule de la constitution de 1946 a considérablement élargi les normes de référence à partir desquelles le Conseil constitutionnel contient l'activité législative dans ses limites. Qui plus est, le Conseil constitutionnel, sous le fondement de l'alinéa premier de l'article 61 de la constitution, examine la constitutionnalité des règlements intérieurs des assemblées parlementaires ce qui, selon certains analystes, constituerait une violation de

50 Voir F. LUCHAIRE, « Le juge constitutionnel en France et aux Etats-Unis. Etude comparée », 1ère édition, Paris, Economica, 2002

Kléberson JEAN BAPTISTE 37

L'apparente antinomie entre la justice constitutionnelle et la démocratie

l'autonomie du parlement. A ceux qui objectent que le Conseil constitutionnel consacre ainsi un rejet de la démocratie, les Sages répondent que la constitution, symbolisant le contrat social, est la règle de droit suprême.

En effet à partir de 1958, le parlement n'est plus l'incarnation de la souveraineté nationale. Il constitue comme le l'exécutif et le judicaire un pouvoir constitué qui doit être contrebalancé par les autres puisque seul « le pouvoir peut arrêter le pouvoir ». Cette délimitation du pouvoir du législateur n'a pas créé de vide juridique dans l'appareil normatif français. Cela est dû au fait que les domaines ravis au parlement ont été placés sous l'égide d'autres autorité normatives. Grâce ainsi à l'accentuation de la décentralisation consacrée le principe constitutionnel de libre administration des collectivités locales, les élus locaux ont pu bénéficier également d'un espace normatif pour administrer les entités infra- étatiques. Cependant, le véritable bénéficiaire de l'embrigadement du législateur assuré par le Conseil constitutionnel demeure le pouvoir exécutif dans sa dimension bicéphale. Plus précisément, la réduction du domaine législatif a eu comme pendant l'élargissement du domaine réglementaire du gouvernement.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"