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Contact et usage des langues dans l'espace médiatique algérien: de la créativité au quotidien

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par Moussa LAHOUAM
Université Badji Mokhtar Annaba - Master FLE 2015
  

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II- Vérification de l'hypothèse

Tout lexique composant une langue, reste affecté et exposé au phénomène de l'évolution linguistique, car la société évolue et la création de nouveaux mots devient un besoin, voire une nécessité. Le locuteur algérien est aussi un créateur actif, pour cela il fait appel dans son discours, notamment lorsqu'il s'exprime dans des espaces médiatiques, à un ensemble de processus d'innovation lexicale.

Dans le cas de l'arabe dialectal, ces processus relèvent souvent d'un métissage de traits linguistiques empruntés de/à la langue française.

Cependant, cela ne peut aller sans s'interroger si ce phénomène d'emprunt qui caractérise la créativité lexicale dans l'arabe dialectal, répond nécessairement à un besoin langagier imposé par des situations de communication.

En réponse à ce questionnement, nous avons avancé une hypothèse unique. En effet, nous avons supposé dans que le recours à cette forme d'innovation lexicale, de la part de nos locuteurs, était dans le but d'adapter l'arabe dialectal aux exigences des mutations socioculturelles, socioéconomiques, et technologiques. Nous avons ajouté aussi, que ces pratiques langagières tendent à se généraliser pour toucher la société tout entière notamment lorsqu'il s'agit de communication dont le référent est local.

Notre observation des enregistrements des émissions télévisées sur lesquelles nous menons notre enquête, nous a permis de constater d'une part, que l'arabe dialectal et le français s'interpénètrent, s'influencent, se juxtaposent et donnent le nouveau lexique dans ses formes que nous avons précédement détaillées32(*). D'autre part, l'analyse des nouveaux termes et expressions que les locuteurs essayent de s'approprier et pour les réinterpréter à leur manière dans leurs interactions, révèle que ces innovations ne sont pas vraiment nécessaires pour répondre aux besoins concrets de ces situations de communication. Nous disons ceci, car il s'agit ici, comme c'est le cas de l'emprunt algérianisé, de termes qui ont des équivalents dans l'arabe dialectal. Les deux exemples qui suivent justifient notre positionnement:

Ex1: L2.10: la la votina (nous avons voté) à khouya + aou+ fatet lantikhabet belbien+ euh+ kima ikoulou naziha ou cheffafa+ oualhamdoulilah ya rabi ma sra walou+ ouhadhi bladna lazem nvotiou (que nous votions) wa anadiou el ouajeb antaana+ euh lvot (le vote) haja kanaa chakhsia koul wahed kifech kivoti (il vote)

Dans cet énoncé, nous remarquons que le mot français lvot (le vote) possède un équivalent dans l'arabe dialectal qui est: lantikhabet.

Ex2: L3.14 : voila+ hadhi hia

Dans le second exemple, nous trouvons que le mot français voila qui signifie dans ce contexte (c'est ça), trouve son équivalent dans l'arabe dialectal dans l'expression hadhi hia.

Exemples extraits de notre corpus: EchTV, Er1,S et EnTV, Er2, S1

De ce fait, nous nous pourrons qu'infirmer l'idée que nous avons avancée au début de notre hypothèse, justifiant le recours des locuteurs algériens à ce phénomène de créativité lexicale, pour des fins d'accomodations aux situations de communication auxquelles ils sont confrontés.

Quant à la question de généralisation de ces pratiques langagières, nous pensons que celles-ci relèvent beaucoup plus des représentations que des pratiques langagières.Il est donc nécessaire d'etre renseigner sur certaines données comme le niveau d'étude des sujets parlants, les langues qu'ils parlent, les diplomes obtenus ou en préparation, la situation sociale. Vu que les indices sus-cités ne sont pas contenus dans notre corpus, nous nous sommes basés dans notre analyse sur d'autres faits observables qui, donneront l'explication à cette tendance, à savoir :

1. Le recours des locuteurs, de différentes régions et dans différentes situations, aux mêmes procédés de création de lexies et l'application d'un système syntaxique unifié dans leurs énoncés.

Dans les deux exemples qui suivent, extraits de deux émissions de Sarih jidan enregistreés dans deux regions différentes, l'une à Alger et l'autre à Oran. Nous y constatons que les termes qu'utilisent les locuteurs sont prononcés de la même manière et ont la même signification:

Ex1:

L1.8: mlih le saha. Parceque koun ma necherbouch ndir haja mich mliha. Kount enavigui (je travaillais) parking, ennako ajardin ak fehem kifeh ? ou mbaad men ouraha wahed darelna parking gratuit. Dhork ma ranech nakhdmou ala rouhna bech nakoul ? nrouh nesserk !+ cha nesrek ? nesrak wahed kima ana !? tebghi nesserkek antya ?++ ma tebghich+ ? ma kenech hal, edawla ma dertelnech hal dert hal errouhi bhadha.

Ex2 :

L5.22 : inavigui (il travaille) bark

L4.23 : michi inavigui+ ikoun rajel khatarch aalah ? el bent ma ilekelhech*** el mouhim tmedha quatre millions walla cinq million*** ki tkoun mliha maa rajelha adhek houa essah

2. L'hétérogéneité des sujets parlants en ce qui concerne le sexe, l'age et les origines géographiques.

Pour le critère d'âge, nous citons, à titre d'exemple, trois énoncés tirés du 1er enregistrement de l'émission Echaab yourid réalisée à Skikda. Ces énoncés concernent respectivement: Un vieux agé d'environ 80 ans, un jeune home agé d'environ 25 ans et un homme adulte agé d'environ 45 ans.

L1.1: Ana vieux ma nakhdemch ou ma nal walou men *** + bessah ana nfouti (je voterai) nlahet ala elaman oua elistikrar+ ou rabi iaychou ou rabi itawalou fi laamor+ themantaach nesna w ouana nhareb+ ou nahani nidham hadha taychouni coudbi (coup de pied) kali rouh trawah+ mridh rouh trwah+ ki mridh anrawah nrawah+ ana aw ankaci ou kamem (quand même) +euh+ errouh alwatania foutit (j'ai voté) + ala bouteflika

L2.2 : ana ma nvotich (je ne vote pas)

L3.9 ; lvot (le vote) votina (nous avons voté) wa elhamdoulilah+ rana sahemna ala kadr el moustataa kima el aada+ouaou++ euh+ binesba la lvot (le vote) antaana jina li kataa atariq amam enas+ aou amam achkhas youridouna an yoghrikou el djazair fi euh++ barakin min edima

Ces énoncés démontrent que les trois locuteurs, malgré la différence d'age, usent d'un même lexique métissé. Cette pratique ne touche pas les hommes uniquement, les femmes de leur coté contribuent à la vulgarisation des nouveaux termes de l'arabe dialectal, comme dans l'énoncé de cette femme âgée d'environ30 ans, tiré de l'émission Sarih jidan enregistrée à Alger :

L2. 8 : ma andich aalaka maa stade+ nchouf fetélé bessah ma andich aalaka

3. L'implication de l'élite cultivée dans ces comportements langagiers.

Les locuteurs cultivés et de niveau académique sont aussi impliqués dans ces comportements langagiers. A cet égard, Chériguen, (2002: 11) soutient que: « ...Ce parler bilingue se maintient surtout chez les autochtones cultivés qui emploient des termes locaux quand le référent est une réalité locale ».

Nous disposons dans notre corpus d'énoncés formulés par les journalistes, animateurs des deux émissions, qui confirment nos propos. Il s'agit du journaliste, homme, d'Echourouk TV et de sa collègue dans la chaine d'Ennahar TV.

Ex1: J.2: votit (tu as voté)?

(Énoncé du journaliste d'Echourouk TV, 2eme séquence)

Ex2 : j.3 : icalmique (çeci te calme) hadhou !

L ??.4 : chefti rajel mahgour bezef a khti.***

J.5 : wanta wantaya bech tiviti ( éviter) hadh ella hadhouma ::

(Énoncés de la journaliste d'Ennahar TV, 2eme séquence)

Au terme de ce chapitre, on a pu remarquer que l'emprunt algérianisé demeure le phénomène dominant dans les constructions néologiques de l'arabe dialectal.

* 32 Voir notre chapitre, Procédés de créativité dans l'arabe dialectal

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