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Etude socioéconomique de la pauvreté chez les communautés vivant dans les zones cacaoyeres

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par Christian René KOFFI
UFHB - Master 1 2015
  

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Section 5 :

Construction et test des outils de collectes des données

§1 : Construction et test des outils de collecte des données quantitatives

Nous avons conçu deux outils de collecte de données : les outils quantitatifs et les outils qualitatifs. Ces différents outils ont tous leurs avantages et leurs inconvénients, mais combinés, ils forment un système d'information très utile à l'élaboration d'un programme de lutte contre la pauvreté. La combinaison de l'outil statistique (questionnaire) et des outils participatifs (Focus Group, récits de vie, observation participante) s'inscrit donc dans une double perspective cognitive et opérationnelle. Elle permet incontestablement d'améliorer notre connaissance de la pauvreté en nous renseignant sur les perceptions des populations, mais elle constitue aussi un outil important qui peut contribuer de façon significative à la formulation des programmes de lutte contre la pauvreté basés sur les besoins, les problèmes ressentis et les priorités réelles des bénéficiaires. Ce qui conduit à une démarche méthodologique permettant de mieux opérationnaliser les programmes de lutte contre la pauvreté à travers une meilleure définition des problèmes et des solutions, une meilleure appréciation de la pertinence des actions et l'identification des mécanismes de mise en oeuvre les plus efficaces.

A. Construction des outils

1. Le questionnaire

La Côte-d'Ivoire a mis en place un système d'information sur la pauvreté. Ce système a constitué un instrument d'appui essentiel pour identifier les cibles et les stratégies, suivre sa mise en oeuvre et en évaluer l'impact. Les vastes enquêtes nationales qui ont été réalisées récemment et relative à la revue documentaire, fournissent une masse de données quantitatives extrêmement utiles pour apprécier le niveau et les conditions de vie de la population. En particulier, l'établissement du profil de pauvreté, la réalisation d'un schéma directeur de l'information géoréférencée et l'établissement d'une carte de la pauvreté vont considérablement renforcer la connaissance de la pauvreté et permettre de mieux cibler les programmes. Toutes ces données nous ont permis d'élaborer un questionnaire pour collecter les données quantitatives.

L'objectif de ce questionnaire sera d'identifier des informations de base sur les caractéristiques de chaque personne, y compris le lien avec le chef de ménage, l'âge, le sexe, le niveau d'instruction. Ce questionnaire permettra également de collecter, au niveau des ménages, des informations sur leurs capacités, leurs accès aux ressources, leurs perceptions ainsi que leurs représentations sur la pauvreté et leurs caractéristiques, comme la provenance principale de l'eau de boisson, le type de toilettes, le type de matériaux du sol et du toit du logement, la possession de certains biens durables, le statut d'occupation du logement, mode et voie d'acquisition du logement, le statut d'occupation de l'espace foncier, mode et voie d'acquisition de l'espace foncier, type d'investissement sur l'espace foncier, la situation d'emploi du chef de ménage, la principale source de revenu du chef de ménage, les investissements productifs du ménage, etc. Ce questionnaire sera administré au chef de ménage ou toute personne âgée de plus de 15 ans susceptible de fournir toutes les informations concernant le ménage.

Au niveau de la pauvreté monétaire, nous avons utilisé un seuil de pauvreté. Le seuil de pauvreté est défini à 1 dollar US par tête et par jour en parité du pouvoir d'achat de 1985.

Au niveau de la pauvreté liée aux conditions d'existence, le questionnaire a été construit autour de différents indicateurs de conditions de vies auxquelles nous avons associé des scores. Ces indicateurs sont fondés sur des éléments objectifs et structurels en référence à la conception de la pauvreté comme pénurie de capacité ou de vulnérabilité. Pourtant, certains sont dépendants des niveaux de revenus. Pour chaque composante, le score maximum correspond à un niveau de privation élevé tandis qu'un score nul signifie, au contraire, une absence de carence. Ces scores ont été ensuite abrégés afin de former un indicateur synthétique de condition d'existence. Les différents éléments pris en compte sont : (i) des indicateurs de condition matérielle d'existence des ménages à partir des caractéristiques de leur logement, de leur mode d'accès à diverses commodités (eau, électricité, toilette, type de combustible,..) ; il s'agit d'éléments objectifs qui sont moins soumis aux fluctuations conjoncturelles que les niveaux de dépenses ; (ii) un indicateur du niveau de capital humain appréhendé par le rapport entre le nombre d'année d'études effectivement accomplies par l'ensemble des membres du ménage sur le nombre d'années d'études possible maximum étant donnée l'âge de chacun ; (iii) un indicateur de vulnérabilité qui comptabilise le nombre de biens durables ( vélo, radio, télévision,...) possédés par ménage ; cela, peut rendre compte à la fois des possibilités de chacun de dégager un revenu (dans le cas où les biens durables sont productifs ) et de la possibilité de faire face à des difficulté financières temporaires par le biais de la vente ces biens. Notons que cet indicateur est relativement dépendant des niveaux de revenus.

Ainsi donc, un questionnaire léger a été administré 59ménages représentatives de la population du site de l'étude. Le questionnaire comporte cinq grandes composantes : les perceptions de la pauvreté, les manifestations de la pauvreté, priorités et solutions, le tissu associatif et l'accessibilité aux services sociaux de base. Ces grandes composantes couvrent les questions essentielles liées aux causes de la pauvreté, à ses manifestations, à la perception de l'évolution de la situation de la pauvreté, à la perception des niveaux de vie, aux mécanismes de lutte contre la pauvreté, à la priorité des interventions et, finalement, à leur propre situation. De plus, une des sections du questionnaire collecte de l'information sur le niveau de capital humain et physique du ménage. Cette information a permis d'imputer un niveau de vie aux ménages enquêtés et ainsi de faire la relation entre leurs perceptions et l'état réel de leurs niveaux de vie.

§2 : Construction et test des outils de collecte des données qualitatives

Jusqu'à maintenant, la principale source d'information utilisée pour la formulation des politiques de lutte contre la pauvreté demeure le profil de pauvreté. Le dernier profil ivoirien, basé sur l'ENV de 2008, est, même s'il intègre une partie plus quantitative, avant tout un portrait statistique de la pauvreté ivoirienne. Basé sur des agrégats de dépenses calculés à partir de cette enquête, ce profil permet à la fois d'estimer le niveau de pauvreté et sa distribution entre les différents groupes de la société. Ces groupes peuvent être définis selon la région de résidence, le type d'activité économique du ménage ou le genre du chef de ménage. Cette mesure de bien-être au niveau des ménages est aussi utilisée pour définir des quintiles de dépenses qui serviront de variable de classification. Ainsi, un profil de pauvreté permet d'analyser, par exemple, les taux de fréquentation scolaire ou l'état de malnutrition de la population selon le niveau de vie des différents ménages enquêtés.

Ce type d'analyse est excellent pour définir et décrire les différents groupes à être ciblés dans le cadre d'un programme de lutte contre la pauvreté. Par contre, cette approche possède deux déficiences majeures. Premièrement, elle ne nous renseigne aucunement sur les perceptions et opinions de la population quant à la définition de la pauvreté. Un profil définit la pauvreté uniquement sur la base de la consommation durant la dernière année. Par exemple, cette définition de la pauvreté ne tient pas compte de la capacité des ménages à surmonter différentes crises (vulnérabilité) ou à accroître leur consommation future. Bien qu'une définition tenant compte de la vision des individus riches ou pauvres puisse être difficile à opérationnaliser, elle aurait le mérite d'être plus près des préoccupations des gens. Une deuxième lacune majeure des analyses purement quantitatives est qu'elle ne donne aucune indication sur les façons de lutter contre la pauvreté. Elles donnent les groupes cibles à rejoindre, mais n'indique pas comment le faire. C'est précisément pour combler en partie ces lacunes qu'il est apparu nécessaire de mener une étude qualitative pour comprendre la perception et l'opinion que les populations ont de la pauvreté, de ses causes et manifestations, de ses processus, et comment elles la vivent.

Il est donc maintenant important de compléter les informations statistiques objectives par des données plus qualitatives permettant d'appréhender comment la population perçoit les situations de pauvreté. En effet, la lutte contre la pauvreté ne peut être conçue seulement à partir d'une évaluation objective des revenus et des autres indicateurs quantifiables retenus pour mesurer la pauvreté, elle doit aussi s'inspirer d'une compréhension des causes de la pauvreté des ménages et de sa dynamique dans le but de réduire la vulnérabilité des ménages. Les choix de la lutte contre la pauvreté doivent aussi tenir compte des différentes facettes du sentiment d'insatisfaction de la population face à sa pauvreté ou à celle des autres, même quand cette perception ne coïncide pas avec l'analyse objective, afin de garantir une efficacité politique à la lutte contre la pauvreté; efficacité sans laquelle la lutte ne serait pas durable.

Dans cette approche qualitative, fondée sur la perception des ménages, la plus grande rigueur méthodologique a été observée afin d'assurer la fiabilité des résultats. Cette approche qualitative a été réalisée à travers des techniques socio-anthropologiques, notamment les focus groups, l'observation et le suivi des ménages et les récits de vie. Cette approche, plus sociologique que celle de l'enquête statistique, permet d'étudier en profondeur les thèmes abordés dans l'enquête statistique, mais sur un très petit échantillon.

Nous avons adopté une démarche méthodologique basée sur une approche socio-anthropologique participative dont la caractéristique essentielle est de faire des populations les acteurs de l'analyse de leur propre situation. Il s'agit d'une forme de participation interactive, d'échange d'information et de dynamique valorisante de l'expertise et du savoir local qui doit permettre aux pauvres de donner leur perspective du phénomène de la pauvreté. Pour bien cerner la problématique en question, la conception et la conduite de l'enquête s'axeront en priorité sur les éléments suivants :

Ø Les conceptions endogènes de la pauvreté en essayant de répondre à trois questions fondamentales :

o comment les populations définissent-elles la pauvreté ?

o selon elles, quelles sont les principales causes et les déterminants ?

o comment se manifeste la pauvreté et quelles sont ses conséquences ?

Ø l'analyse des processus d'appauvrissement selon les expériences vécues des communautés ;

Ø les attitudes, les rapports et perceptions socioculturels de la pauvreté ;

Ø les stratégies réponses développées par les populations pour faire face à la pauvreté en termes de mobilité spatiale, d'innovation, d'adaptation et d'adoption, de changement des comportements et des pratiques, d'activités et d'organisation ;;

Ø les études de cas illustratrices de la pauvreté et ses processus à travers le suivi et la documentation de la situation de dix familles pauvres représentatives de la distribution spatiale et socioéconomique de la pauvreté dans la zone ;

Ø la valorisation du capital socio-institutionnel communautaire. En d'autres termes, comment faire des pauvres les acteurs et non les cibles de leur propre développement et prendre en compte le point de vue des groupes défavorisés dans la conception et l'exécution des programmes de lutte contre la pauvreté ;

Ø la mise à contribution du savoir local en tant que concept inclusif des pratiques, techniques et représentations sociales ;

Ø l'identification des pistes d'action et des meilleures pratiques de développement communautaire et les modalités de leur diffusion

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci