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Finitude et destinée humaines chez Maurice Blondel

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par Christophe MABOUNGOU
Université Pierre Mendès-France - Master II 2011
  

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CHAPITRE TROISIÈME

DE L'ACHÈVEMENT DE LA VOLONTÉ
À L'UNIQUE NÉCESSAIRE

Introduction

L'examen de l'expansion de la volonté ou du déploiement de son action, qui a focalisé les recherches du second chapitre, a révélé ses limites. Car la dialectique qui la caractérise est inexorablement marquée par la finitude alors qu'elle tend toujours à une infinitude. De la sorte, l'étude des conditions et des exigences déployées depuis, ayant montré successivement autant dans le milieu organique et matériel, que dans la vie sociale puis dans l'idéal de l'infini autant d'éléments constitutifs de la réalité de ce que nous devons être ou que nous voulons être. C'est au seuil de cette inachévabilité qu'apparait l'exigence et la nécessité de l'Unique nécessaire qui constitue comme pour ainsi dire l'aboutissement du raisonnement pratique.

En effet, l'Unique Nécessaire apparaît au troisième moment de la quatrième partie « au moment où se noue le conflit entre l'apparent avortement de l'action voulue et l'indestructibilité de l'action volontaire d'une part et d'autre part la manifestation de l'inévitable transcendance de l'action humaine »179(*). Et dans la pensée de Blondel, en faisant surgir cette réflexion, les preuves de existence de Dieu constituent une charnière parce que tout le domaine où se déploie l'action humaine a été inventoriée sans que le problème ne soit résolu : « impossible de s'arrêter », parce que la volonté continue de vouloir alors qu'elle semble n'avoir rien à vouloir ; « de reculer » parce que le problème reste posé ; « d'avancer seul », parce que ce qui est au delà est inaccessible180(*) . C'est donc à une option vitale , à une alternative qu'est appelée la volonté humaine. Pour cela notre propos partira donc de l'analyse de l'insuffisance de l'ordre naturel. Il examinera ensuite les trois moments par lesquels semble passer toute action volontaire et enfin l'articulation de l'option de l'Unique nécessaire à travers les différentes preuves de l'existence de Dieu telles que Blondel se les approprie pour résoudre la difficulté liée à l'insuffisance de la dialectique de la volonté.

3.1. De l'insuffisance de l'ordre naturel

Il nous semble important de rappeler que l'Action de 1893 est divisée en cinq (5) parties. De fait, on remarque que l'enchainement que l'auteur suit consiste en ceci : Par une critique du dilettantisme, la première partie démontrait qu'on ne pouvait éluder ni se soustraire à la problématique de la destinée ; La seconde partie avait pour rôle de montrer, par une critique du pessimisme, qu'on ne pouvait s'en tenir exclusivement à une solution négative, car la volonté du néant impliquait, par voie de conséquence, une contradiction. Laquelle contradiction révélait qu'il y avait "quelque chose" au delà du dilemme ; enfin la troisième partie a posé le problème de l'action avant que la quatrième ne s'attèle à la démonstration de l'achèvement de ce problème par affirmation de l'Unique Nécessaire. Or, on ne peut poser cette affirmation sans revisiter cette troisième partie qui sert comme pour ainsi dire de charnière parce que justement il pose le problème de l'insuffisance de l'ordre naturel comme il l'énonçait déjà :

« Dans mes actes, dans le monde, en moi, hors de moi, je ne sais où ni quoi, il y a quelque chose. De cette donnée consentie surgira, par une secrète initiative qui apparaîtra de plus en plus clairement, tout l'ordre sensible, scientifique, moral et social [...] Et en suivant jusqu'au bout de ses exigences l'élan du vouloir, on saura si l'action de l'homme peut être définie et bornée dans ce domaine naturel».181(*)

Mais avant tout qu'est-ce que l'ordre naturel ? À en croire H. Bouillard,182(*) l'ordre naturel désigne, dans la langue des théologiens modernes, le plus souvent l'ordre de la création y compris la relation fondamentale de la créature au Créateur ainsi que la connaissance de cette relation par la lumière naturelle de l'esprit. Blondel, dans sa Trilogie, se conformera à cet usage. Mais dans L'Action de 1893 et les autres écrit de cette époque, il s'en tient plutôt à l'usage qu'a accrédité dans la philosophie moderne le développement des sciences physiques et naturelles et qu'a consacré l'apparition du positivisme. Nous en sommes avertis dès le début de la troisième partie : « Faire entrer dans le champ de la connaissance et de la puissance humaines tout ce qui nous semble d'abord le moins accessible [...], fonder la vie individuelle ou sociale sur la Science seule, se suffire, c'est bien l'ambition de l'esprit moderne. Dans son désir de conquête universelle, il veut que le phénomène soit, et soit tel qu'il le connait et qu'il en dispose ; il admet que constater les faits et leur enchainement, c'est les expliquer complètement ; il considère comme à demi prouvée toute hypothèse qui lui permet d'éviter l'intervention de la Cause première ; la crainte de la métaphysique n'est-elle pas le commencement de la sagesse183(*) ? ». Ainsi donc s'adressant aux philosophes qui sont ses contemporains, il donne le même sens qu'eux à l'expression qu'il emploie comme eux : le terme d'ordre naturel, loin d'inclure la relation fondamentale du monde et de l'homme à la cause première, en fait systématiquement abstraction ; il désigne tout simplement le champ de l'activité humaine. Nous pouvons donc présumer que, lorsque Blondel en viendra à conclure que l'homme ne peut se borner à l'ordre naturel, il voudra dire simplement que l'homme ne peut se contenter d'exercer la domination de son savoir et de son pouvoir sur le monde. C'est ce qui transparait, d'ailleurs, dans ces termes : « Oui ou non, pour qui se borne à l'ordre naturel, y a - t-il concordance entre la volonté voulante et la volonté voulue ; et l'action qui est la synthèse de ce double vouloir trouvera-elle enfin en elle-même de quoi se suffire et se définir ? Oui ou non, la vie de l'homme se restreindra-t-elle à ce qui est de l'homme et de la nature, sans recours à rien de transcendant ? »184(*).

Il faut donc partir d'une analyse phénoménologique de l'action pour comprendre le déploiement de la volonté et ses visées. Cette démarche, pour Blondel, a comme horizon «d'analyser le contenu de l'action voulue, afin d'y voir développée toute la diversité des objets qui paraissent être des fins étrangères mais qui ne sont en réalité que des moyens pour combler l'intervalle de ce que nous sommes à ce que nous voulons »185(*). Aussi cette démarche révèle-t-elle que dans les actes de l'homme, dans le monde, dans l'homme lui-même ou hors de lui, il y a quelque chose. Ce quelque chose demeure encore une donnée indéterminée, mais de lui surgit tout l'ordre sensible, scientifique, moral et ou social. Vouloir, désirer ardemment cet ordre qui n'est que la résultante d'un autre ordre, c'est manifestement tomber dans la superstition. Qu'est-ce à dire ?

En fait, Blondel va déployer successivement les différentes sphères de l'activité humaine, justifiant chacune d'elles par l'impossibilité de s'en passer, et dépassant chacune d'elles par l'impossibilité de s'y borner. l'auteur commence par une relecture de la donnée la plus élémentaire : la sensation. Elle porte en elle, nous semble-t-il, une insuffisance, à laquelle on remédie en créant la science. Celle-ci, à son tour, suppose une activité synthétique, l'action constituante d'un sujet. Le mouvement de cette conscience fait nécessairement apparaît la liberté. Pour se maintenir et se développer, la liberté se déploie et s'incarne dans l'exécution : aux prise avec les résistances du corps et du monde, elle construit l'individualité. À son tour, l'individu cherche et obtient au dehors un complément : il veut fonder une société. C'est ainsi que le vouloir engendre la famille, la patrie, humanité. Mais l'intention de l'homme s'étend encore plus loin, elle suscite une morale impliquant l'absolu du devoir. Dès lors, le terme auquel l'action réfléchie semble éprouver le besoin de se suspendre, c'est un absolu. Or, le fait que l'homme prétende trouver sa suffisance dans l'ordre naturel et qu'il n'y réussisse pas constitue pour lui une crise et l'expose à la superstition en tentant d'achever son action et de se suffire : « C'est le phénomène de la superstition qu'il faut étudier ; le phénomène, c'est-à-dire la manifestation nécessaire d'un besoin, sous quelque forme qu'il cherche à se contenter ; la superstition, c'est-à-dire l'emploi d'un reliquat de l'activité humaine, hors du réel.»186(*) Blondel le découvre dans l'idolâtrie de la science ou de l'art, dans les pseudo-mystiques, et même dans le déisme rationaliste ou le moralisme. Pourtant aucun d'eux, on l'aveu, ne suffit à combler l'amplitude du vouloir. De ce point de vue, on peut arguer qu'en tout acte humain réside une ébauche de mysticité naissante. Et pour essayer d'achever son action et de se parfaire, l'homme tente d'absorber ce divin, de se fabriquer un dieu à sa façon et d'accaparer par sa seule force de quoi se suffire. C'est ainsi que« l'action superstitieuse consiste donc à prendre pour absolu un objet dont la finitude même marque mieux qu'il est créature de l'homme, puisque c'est l'homme qui le valorise en fixant sur lui son aspiration infinie »187(*). Celle-ci s'étend bien au-delà du culte des idoles. Blondel la relève en maintes pratiques de l'homme civilisé, en divers mysticisme. Tel est le cas de la vie domestique fondée sur des pratiques rituelles (respect, vénération, amende honorable, civilités), de la vie politique (cérémonial) liée au respect traditionnel des dévotions cérémonielles etc. De cette manière, tous les essais d'achèvement s'annulent. Car la prétention de se suffire « avorte parce que, dans ce qu'on a voulu et fait jusqu'ici, ce qui veut et ce qui agit demeure toujours supérieur à ce qui est voulu et fait188(*) ». Et Paul Archambault d'ajouter : « En vain, par une suprême démarche et une suprême illusion, l'homme tente-t-il de réaliser au dehors cet infini qui lui échappe au dedans, de s'offrir, sous la forme d'un symbole ou d'une idole, son propre besoin d'achèvement, de se fabriquer un Dieu à sa façon pour y enfermer enfin de quoi devenir suffisant. Grossière ou raffinée, matérielle ou spirituelle, naïvement idolâtrique ou parée de grands mots de la science ou du sentiment, la superstition n'arrive pas à boucler l'ordre maintenant étalé des phénomènes naturels et humains. Aliquid superest. Dans tout ce que nous avons voulu et fait jusqu'ici, il y a plus, en quelque sorte, que nous n'avons pu réussir à vouloir et à faire »189(*).

Dans cette même optique, Blondel dénonce aussi, le risque d'idolâtrie, y compris de l'idolâtrie du métaphysicien qui s'imagine que « par ses conceptions et par ses préceptes, par ses systèmes et par sa religion naturelle, il va mettre la main sur l'Être transcendant, le conquérir et le maîtriser en quelque sorte »190(*) : ce métaphysicien « n'est-il point idolâtre à sa façon ? »191(*). Néanmoins cette chute dans l'idolâtrie appelle quelque précision. Selon Bernard Sève192(*), « La clé de cette explication tient à une distinction fondamentale dans la problématique blondélienne : la distinction entre la volonté voulante et la volonté voulue. l'homme est d'abord un être agissant, un être de volonté. Mais aucune des réalisations concrètes de la volonté humaine n'est capable de la satisfaire, aucune n'épuise son ampleur initiale : « la volonté, traversant comme d'un bond toutes les apparentes satisfactions qu'elle rencontre, se retrouve, après, en face d'un vide plus insondable»193(*), mais cette volonté déçue par ses actions c'est-à-dire par ses objectifs) ne peut éprouver cette déception que parce qu'en fait elle voulait autre chose et plus que ce qu'elle peut atteindre dans le monde des phénomènes ; cette volonté voulue (volonté explicite et consciente) était mue par une volonté plus profonde et plus secrète, la volonté voulante : « quoi que la volonté ait réussi à atteindre par ses seules forces, l'action n'est point encore égalée au vouloir dont elle procède ; la volonté ne s'est pas encore voulue tout entière.»194(*) B. Sève souligne l'importance du concept "égalée", car ce concept constitue indéniablement le pivot de la dialectique de l'action.

Il s'ensuit donc que la volonté n'arrive jamais à s'égaler elle-même, à se vouloir intégralement elle-même : cette dénivellation ou disproportion intime entre elle-même nourrit l'action et la pensée, qui doivent creuser toujours plus loin pour arriver enfin à une adéquation entre soi et soi. De la sorte, l'idole, c'est l'interruption prématurée de cette dialectique : « ce reliquat de force et de volonté qui semble ne savoir à quoi s'en prendre, c'est une tentation naturelle de lui assigner un objet, un objet qui, fini et insuffisant comme les autres, n'aurait point par lui-même la capacité de recevoir l'hommage qu'on prétend lui rendre, mais qui justement, à cause de cette petitesse, satisfait au double besoin qu'a l'homme et de créer et de maîtriser son dieu.[...] ; il le prend dans la série des choses pour le mettre hors de la série195(*) ». Et B. Sève peut renchérir en montrant que « la série ne peut être épuisée, puisque la sérialité même des choses exprime l'infinité de la volonté voulante ; arracher un objet fini quelconque à la sérialité, le fétichiser, c'est vouloir (chose impossible) renoncer à l'infinité de cette volonté voulante, c'est vouloir se satisfaire de la volonté voulue. Mais l'action volontaire est indestructible : il faut d'abord reconnaître et même «avouer l'insuffisance de tout objet offert à la volonté »196(*), et donc reconnaître «la nécessité [et] le besoin d'autre chose, d'une chose au prix de laquelle le phénomène ne semble plus que néant»197(*). Pour égaler le sujet au sujet même, pour « vouloir vouloir »198(*), il va falloir affirmer l'unique nécessaire, Dieu199(*)

En conséquence, l'analyse phénoménologique, par un procédé qu'on peut qualifier de métaphysique, conduit implicitement au désir d'un au-delà qui se donne la tâche de mettre en forme l'affirmation implicite de l'absolu. Une telle affirmation ne jaillit pas d'ailleurs, mais surgit, bien entendu, du conflit entre l'insuffisance de l'ordre naturel et l'épreuve d'un besoin ultérieur, entre la volonté contredite et vaincue d'une part , et, la volonté affirmée et maintenue d'autre part. C'est cela même qui constitue ce que Maurice Blondel appelle l'expérience humaine à travers l'avortement de l'action . Donc « Il est impossible de ne pas reconnaître l'insuffisance de tout l'ordre naturel et de ne point éprouver un besoin ultérieur ; il est impossible de trouver en soi de quoi contenter ce besoin religieux. C'est nécessaire, et c'est impraticable. Voilà, toutes brutes, les conclusions du déterminisme de l'action humaine »200(*).

* 179 Blondel considère ce passage comme obligatoire et nécessaire de sorte qu'il peut écrire en note : « Impossible de s'arrêter, impossible de reculer, impossible d'avancer seul : de ce conflit qu s'élève en toute conscience humaine, jaillit forcément l'aveu de "l'unique nécessaire". qu'on sache ou non le nommer, c'est la voie où il est impossible de ne pas passer. Aussi n'est-ce pas d'en chercher une définition métaphysique qu'il s'agit ici ; il faut l'étudier, non dans la mesure où la connaissance présume de pénétrer en lui, mais dans la mesure où son action pénètre et promeut la nôtre. Il entre aussi, dans le dynamisme de la conscience : par la présence de cette pensée qui travaille sourdement les âmes, la vie volontaire revêt forcément un caractère de transcendance. Le conflit se résout donc en une alternative qui, en face des termes contradictoires du dilemme, exige une option suprême et permet seule à la volonté de se vouloir librement elle-même telle qu'elle souhaite être à jamais. » M. BLONDEL, L'Action, p.338.

* 180 Cf. C. DHOTEL, «Action et dialectique. Les preuves de Dieu dans «l'Action» de 1893», Archives de Philosophie, 26/1, Janv-mars 1963, p. 5-26.

* 181 M. BLONDEL, l'Action, p.41.

* 182 H. BOUILLARD, Blondel et le christianisme, Paris, Seuil, 1961, p. 83-84 ; Id., «Philosophie et christianisme dans la pensée de Maurice Blondel», in Le centenaire de Maurice Blondel 1861-1961 en sa Faculté des Lettres d'Aix-Marseille, Publication des Annales de la Faculté des lettres, Aix-en-Provence, Nouvelle Série n°35, 1963, p. 68-69.

* 183 Maurice BLONDEL, L'Action, p. 42.

* 184 Ibid.,p. 42.

* 185 Ibid.,p. 43.

* 186 Ibid., p. 304.

* 187 R. Vigourlay, L'Action de Maurice Blondel, p.105. Pour une étude approfondie de la problématique de la superstition dans l'Action de 1893,Voir : B. Romeyer, «L'action religieuse et sa déviation superstitieuse». Etudes Philosophiques, oct-déc.1952, p. 421-436 ; H. Bouillard, «L'intention fondamentale de Maurice Blondel et la théologie». Recherches de sciences religieuse, juil-sept,1949, p. 321-402.

* 188 M. Blondel, L'Action, p. 323.

* 189 P. ARCHAMBAULT, Vers un réalisme intégral. l'oeuvre philosophique de Maurice Blondel, Paris, Bloud&gay, 1928, p.26 (version électronique). Il cite en réalité l' Action, p. 325.

* 190 Maurice BLONDEL, L'Action, p. 314.

* 191 Ibid.

* 192 Cf. Bernard SÈVE, La question philosophique de l'existence de Dieu, Paris, PUF, 1994, p.132-136.

* 193 M. BLONDEL, L'Action, p.328.

* 194 Ibid., p. 332.

* 195 Ibid., p. 307.

* 196 Ibid., p. 334.

* 197 Ibid., p. 336.

* 198 Ibid., p. 138.

* 199 Bernard SÈVE, Op. cit., p.133-134.

* 200 Maurice BLONDEL, Op. cit., p. 319.

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