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Une exploration du phénomène de mimétisme dans le processus décisionnel du consommateur

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par Tarak BOUAZIZ
IHEC Carthage - Mastère de recherche en marketing 2014
  

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Section 3 : Discussion des résultats

Après avoir présenté les résultats de notre recherche, il convient maintenant de discuter les résultats de nos deux méthodes.

1) L'entretien individuel

Dans les entretiens individuels on a remarqué que l'acte d'achat par mimétisme ou encore par l'imitation inconsciente des comportements d'achats des autres dans un magasin se trouve à la quatrième place, mais après approfondissement ce même acte d'achat passe à la deuxième place, ce qui prouve le côté inconscient du phénomène, nos résultats sont donc soutenus par ceux de Dijksterhuis et al. (2005) qui précisent que la plupart des achats que nous faisons dans un supermarché sont inconscients ou en étant distraits et que les gens ajustent leurs

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Chapitre IV : Résultats de la recherche

comportements en fonction de l'environnement social dans lequel ils sont, sans même être conscients de leurs actions. On est entouré de stimuli qui nous incitent, provisoirement, à changer notre comportement pour satisfaire un besoin momentané ; seul un nombre limité de nos choix est basé sur un processus informationnel conscient.

Notre recherche a aussi montré que les consommateurs n'ont aucun problème entre eux, et que le fait d'être mimé par un autre consommateur instaure une confiance et un bien être chez l'individu mimé, nos résultats sont donc soutenus par ceux de Tanner et al. (2007) qui ont trouvé que mimer automatiquement le comportement de consommation de l'autre peut influencer le choix des produits, la préférence des produits et les sentiments envers l'autre personne.

2) L`observation

2.1. Le profil de l'observé

Parmi nos 31 individus observés on trouve 19 hommes qui ont procédé par mimétisme dans leurs actes d'achat, on peut supposer que les hommes sont plus automatiques et spontanés dans leurs décisions que les femmes qui cachaient leurs réactions face aux autres individus et qui attendaient le départ du client pour se diriger vers le produit et le prendre.

2.2. Accompagné/seul et le temps passé dans l'allée

La recherche a montré que lorsque l'individu est seul, il a tendance à s'aligner avec les autres et choisir ce qu'ils choisissent, ceci peut être dû au fait que l'individu n'a aucun repère vers qui se tourner et qu'il se sent perdu et abandonné lors de son passage dans une surface de vente remplie de nouvelle rencontre pour lui.

On a remarqué que les individus ont passé une moyenne de 70 seconde dans l'allée avant d'aboutir à une décision d'achat basée sur le choix des autres, alors que pour Hoyer (1984) un individu seul passera en moyenne 13 seconde dans l'allée avant d'aboutir à une décision d'achat. De ce récit, il résulte que les individus seuls et qui passent plus que la moitié du temps moyen dans une allée, sont hésitants et sont plus susceptibles de mimer l'autre pour une décision d'achat.

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2.3. Comportement verbal des individus

On remarque que les individus qui avaient adopté un comportement verbal étaient accompagnés donc ils avaient la possibilité d'interagir avec leur pairs, cependant, certains à l'instar de l'individu 21 (F, 20aine et accompagnée) qui avait parlé spontanément après s'être rendu compte que le chocolat était noir et qu'il ne fait pas partie de ses préférences en terme de goût, on peut conclure ici que la fluidité du geste de notre complice et sa fermeté ont fait que la personne derrière elle est directement allée prendre le même produit d'une façon automatique sans même réfléchir.

L'individu 24 (F, 20aine et accompagnée), malgré qu'elle ait une liste et que le produit choisi par notre complice ne faisait pas partie de sa liste, elle le prend quand même. Notre complice qui est le modèle a séduit le client qui est le sujet et a crée l'envie de prendre l'objet de séduction. On rejoint l'idée de Girard (1961) qui stipule que le désir est triangulaire et nécessite l'interaction de trois acteurs (le modèle, le sujet et l'objet).

L'individu 31 (IT, 50aine et accompagné), en voyant notre complice prendre un yaourt à boire, a demandé à sa femme s'il pouvait en prendre lui aussi, ce geste est instantané et sans réflexion au préalable, le geste de notre complice a crée un désir instantané chez le client.

A travers ces exemples on peut conclure, conformément aux travaux de Tanner et al. (2007), que le mimétisme semble être un acte automatique et inconscient. C'est ce que Chartrand et Bargh (1999) appellent « the chameleon effect » l?effet caméléon.

2.4. Comportement non verbal

La plupart des individus observés avaient adopté un comportement méfiant en regardant ce que l'autre fait ou en reculant pour mieux observer, et à chaque fois notre complice avait suscité l'intérêt du produit pris. On peut remarquer dans la figure 6 l'arrêt instantané des deux individus pour observer notre complice et la mimer. On peut conclure que le rôle des autres est de guider, conseiller inconsciemment et instaurer la confiance dans le choix des autres.

Rares sont ceux qui demandent de l'aide aux autre, sur nos 31 sujets aucun n'a demandé de l'aide malgré leur présence dans un magasin rempli de personnels et de clients, ils ont préféré observer, ceci peut être expliqué par le fait que les individus ne veulent pas montrer leurs faiblesses et ignorances face aux autres, leur estime de soi et confiance en soi seront touchées, ainsi qu'ils aimeraient garder une image positive de ce que pense l'autre d'eux.

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2.5. Espace personnel

La notion d'espace est très importante pour les individus, la plupart de nos sujets étaient éloignés suffisamment pour ne pas entrer dans l'espace personnel qui varie entre 45 cm et 1 m 25 cm, même lorsque notre complice avait pour ordre de violer cet espace personnel, le sujet se retirait toujours en reculant pour laisser place à notre complice, on a remarqué qu'en reculant l'individu se protège et fait semblant qu'il soit occupé par autre chose et dès que le complice s'en aille, le sujet revient vers le rayon et commence à examiner ce qu'a choisi notre complice.

3) Témoignage des complices

Après avoir participé à l'étude, nous avons demandé à nos deux complices de nous écrire un petit paragraphe dans lequel elles nous feront part de leurs expériences vécues et de leurs sentiments durant l'observation, dans ce cas on parle de récit de vie, « le récit de vie consiste, pour un narrateur, à raconter à une autre personne un épisode de son expérience vécue (Bertaux, 2003) » cité dans Burrick (2010). Les résultats sont pertinents du fait que nos deux complices avaient eux un sentiment de pouvoir et de bien être.

Témoignage complice 1 :

« Faire partie de cette recherche me rend plus engagée et intéressée par le processus décisionnel des consommateurs.

De surcroit en observant leurs actes mimétiques j'ai pu découvrir comment et à quel point les consommateurs sont paresseux lors de la prise de décision d'achat d'un produit. Je me suis dit peut être qu'ils miment que lorsque le produit est nouveau dans le marché ou lorsqu'ils ignorent complètement la marque ou le goût. En revanche lorsque j'ai suivi les sujets dans cette expérience je voyais toujours qu'à chaque fois que je prenne l'initiative de choisir un produit leurs réactions étaient de prendre immédiatement voir inconsciemment le même produit que j'ai pris et là j'ai compris que les gens veulent toujours suivre quelqu'un qui a l'air confiant et qui ne met pas de temps à réfléchir devant le rayon, on dirait qu'ils attendent tous quelqu'un pour le mimer.

En réalité, j'ai l'impression que je les ai manipulés surtout qu'ils sont dans une situation vulnérable. En quelque sorte c'est un peu méchant mais et on peut dire

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Chapitre IV : Résultats de la recherche

que c'est le contraire si on le prend autrement et là je veux dire que je les avais aidés à se décider en un peu de temps et à prendre le produit pour passer à autre chose.

J'ai eu plus de confiance en moi en me voyant comme modèle à suivre ou comme une référence pour ces gens... »

Témoignage complice 2 :

« L'expérience de complice dans cette étude m'est très bizarre. Je sentais un tas d'émotions : d'abord en me rappelant des faits j'ai eu énormément pitié des gens qui m'ont mimé aveuglement et qui ont directement pris le même produit que j'ai pris avec la même quantité voir plus. Et là je me suis directement posée la question suivante : « Pourquoi les gens ne réfléchissent pas avant d'acheter et pourquoi ils sont si manipulables ? ». En revanche si je réfléchis au sujet autrement, je trouve qu'au contraire je ne les avais pas manipulés mais je les avais tout simplement aidés à sortir de leur hésitation et dépasser leur indécision vue qu'ils passaient de longs moments à regarder les produits dans un même rayon sans pouvoir se décider, et une fois que je me dirige directement vers le rayon adéquat et je prends le produits avec beaucoup de confiance et sans la moindre hésitation, les sujets me suivent inconsciemment et là je me suis dit que peut être ces gens pensent que je suis une habituée du produit et je suis connaisseuse et que certainement ce produit me plait vue que je l'ai pris en une fraction de seconde sans trop réfléchir ou sans m'attarder sur les autres marques.

Finalement je sentais que jétais utile puisque j'ai aidé ces gens à surmonter leurs hésitations mais en même temps j'ai senti que je suis manipulatrice parce qu'à la fin de chaque vacation je remets tout ce que j'ai pris aux rayons».

Conclusion :

Plus le groupe hésitant est grand et plus on se permet de faire les mêmes gestes que la personne à notre côté, et plus le temps de choix augmente ; dès la présence de l'élément perturbateur qui est le médiateur, l'individu a tendance à refouler sa peur par un regard aigu et attentif. Cette nouvelle personne n'appartient pas au groupe du fait qu'elle n'est pas dans un état d'hésitation ou de confusion, elle semble être ferme et décisive dans ses choix ce qui

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menace l'autre personne anxieuse d'où les notions de désir et de rivalité comme l'indique Girard (1961). Quand un client observe plus d'une personne entrain de prendre le même produit, une rassurance se crée chez elle et une confiance se forge.

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Conclusion générale

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