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Dynamique familiale et gestion de l'environnement en chefferie de Ngweshe. une analyse praxéo-interdiscursive

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par Pierre BAKENGA SHAFALI
Université Officielle de Bukavu - Doctorat en Sociologie 2012
  

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1.2.1. Famille et socianalyse.

Dans la définition du concept « famille », Jean- Etienne et ses collaborateurs reprennent l'acception que l'ethnologue Robert Murdock avait proposée en 1949 : «  la famille est un groupe social caractérisé par la résidence en commun et la coopération d'adultes de deux sexes et des enfants qu'ils ont engendrés ou adoptés ».47(*)

Selon ces auteurs, la famille suppose donc l'union d'adultes de deux sexes opposés et, de ce point de vue, on peut opposer deux types de mariages : la polygamie et la monogamie. Cette première désigne, selon ces auteurs, toutes les formes d'union impliquant plus de deux conjoints. On distingue ainsi la polygynie (qui correspond à la situation où un homme épouse plusieurs femmes) de la polyandrie (qui est le cas symétrique où une femme serait épouse, à la fois, à plusieurs maris). Si la polyandrie est devenue un phénomène rare à ce jour, la polygynie serait aussi sous une allure décroissante officiellement, mais beaucoup d'unions libres existent clandestinement surtout dans les milieux urbains.

Pour Emile Durkheim, il existe une monogamie de fait assez répandue dans certaines sociétés primitives pour des raisons économiques et la monogamie de droit qui correspond à la situation des pays occidentaux contemporains dans lesquels il est juridiquement interdit de se marier simultanément avec plusieurs personnes.

Les formes de famille se différencient également en fonction du nombre des générations présentes sous un même toit. On peut ainsi opposer la famille étendue qui regroupe plusieurs générations (ascendants, descendants, collatéraux) et la famille restreinte appelée aussi famille conjugale qui ne comprend que les parents et leurs enfants non encore mariés.

Talcott Parsons a développé dans les années 1990 la thèse de la nucléarisation de la famille. Il explique que le développement de la société industrielle suppose, de manière concomitante, la généralisation du modèle de la famille nucléaire caractérisée par le domicile séparé et la rupture des liens entre enfants mariés et la parentèle.

De ce point de vue, et pour cet auteur, le développement de la famille nucléaire répondrait ainsi aux exigences de mobilité que requiert les sociétés industrielles. La famille, quelle que soit sa taille traduit des liens de parenté et constitue une forme des « cité ».

Luc Boltanski distingue six sortes de cités :

- Dans la « la cité domestique », inspirée par un écrit de Bossuet, le lien entre les êtres est conçu sur le modèle du lien de parenté. L'intéressé de ces liens s'exprime en termes de proximité, et leur contenu est celui de relations de dépendance et de protection existant dans une famille, une lignée, une maison. Bossuet assimilait le roi à un père se sacrifiant pour ses sujets. Aujourd'hui, on en trouve l'expression dans les discours qui désignent les gens importants comme des chefs, des patrons, ou encore des parents. Les positions sont acquises par recommandation et les relations entretenues par des cadeaux et des invitations.

- Dans la « cité civique », inspirée par le Contrat social de Rousseau, les êtres sont liés entre eux par la notion d'intérêt général. Les relations sont caractérisées par la légalité et la représentativité. Dans cette « cité », les personnes sont grandes lorsqu'elles agissent en vue du bien commun. Un bon exemple est celui des délégués syndicaux, dont la légitimité est fondée sur le respect des procédures de désignation et le dévouement au collectif des travailleurs.

- La «  cité industrielle » est celle de l'efficacité. De Saint-Simon aux manuels de management, le discours industriel est dominé par les impératifs de productivité, d'organisation et de programmation de l'avenir. Dans cette cité, ce qui compte est d'être un expert, de mettre en oeuvre des méthodes, et d'utiliser des outils opérationnels. Les choses doivent y être organisées, mesurables, fonctionnelles, standardisées, reproductives.

- La « cité marchande », définie par Adam Smith, est celle où le lien social est assuré par la convoitise partagée envers des biens rares. La « grandeur » des personnes dépend de leur capacité à s'assurer la possession de biens désirés par les autres. Dans un monde marchand, les êtres qui importent sont les acheteurs et les vendeurs. Ils sont grands quand ils sont riches. Leurs qualités principales sont l'opportunisme, la liberté d'action, et la distance émotionnelle. Les relations sont dominées par la rivalité et les obligations d'affaires.

- La « cité  de l'opinion », inspirée par la description que fait Hobbes de l'honneur, est celle où la position de chacun dépend de l'opinion exprimée par les autres. Dans cette « cité » - version moderne- les gens importants seront ces personnalités connues, les leaders d'opinion, les journalistes. Leur valeur est celle de la reconnaissance publique. Ils manipulent des messages, et le contenu des relations est fait d'influence, d'identification et de séduction.

- La « cité inspirée », tirée des écrits de saint Augustin sur la grâce, désigne un monde où les personnes se situent par rapport à des valeurs des autres. La sainteté, le génie relèvent de ce domaine, mais aussi la créativité, le sens artistique, l'imagination. Les avant-gardes politiques, les innovations, les originaux, voire les désespérés, se situent dans cette grandeur.48(*)

La famille, en tant que groupe social, peut se retrouver à travers tous les différents   « mondes » ou «  cités », mais en même temps l'on reconnaîtra que les différents animateurs de différentes cités proviennent ou vivent principalement dans des familles. La notion de « cité », bien qu'importante ne peut pas nous éloigner des autres caractéristiques que revêt la famille, de ses fonctions traditionnelles, ni de la distinction qui existe entre elle et d'autres groupes qui lui sont assimilés tels que le ménage, la parenté, etc.

Schéma n° 2. Famille, ménage et parenté

Famille au sens étroit :

ensemble des Groupe ;

Famille au sens personnes apparentées et domestique, Ménage 

large : Parenté : coresidant ensemble de personnes

ensemble des personnes corésidant

qu'elles corésident ou non

Source : Nicole Pinet, citée par Jean-Etienne, Dictionnaire de sociologie, p. 125.

La famille, comme institution sociale, dispose de diverses fonctions :

1° la fonction économique

Cette fonction renferme en son sein des sous-fonctions praxéologique productive, la sous-fonction de consommation et de réalisation et la sous-fonction d'accumulation ou patrimoniale.

- La sous-fonction praxéologique productive : Cette fonction résulte de tout l'arsenal des activités de type formel et informel qu'exerce toute famille à travers son travail. Toute famille doit produire rationnellement au risque d'être pathologique envers elle- même et envers le groupe au sein duquel elle vit et d'autres groupes environnants.

- La sous-fonction de consommation et de réalisation

C'est une fonction importante car c'est grâce à elle que toute famille vit, subsiste et se maintient. Elle consomme ce qu'elle a produit, elle se refait et se vivifie, se réalise à travers cette fonction. Mais alors que consommerait-elle si elle n'a pas produit, comment se réaliserait-elle ? Il va sans dire que la fonction de consommation et de réalisation est dépendante de celle praxéologique et productive qui se situe en amont et l'autre en aval. Lorsqu'il y a inadéquation entre les deux fonctions, la famille devient déséquilibrée, elle plonge dans des insatisfactions permanentes, elle se met en face des demandes accrues et inassouvies. Elle produit des agents nuisibles à la communauté et dans certains cas à la famille qui les a produits. Il s'affiche une débâcle sociale au niveau de la famille.

- La sous-fonction d'accumulation ou patrimoniale

A travers cette fonction, la famille accumule des ressources, des biens meubles, immeubles et financiers. Elle concerne les biens ou le reliquat, le reste des biens gardés après la consommation. C'est un processus d'épargne continuelle, d'abnégation et de sacrifices qui assure à la famille la capacité patrimoniale ou cumulative. La grandeur d'une famille repose, en fait, sur sa capacité d'accumuler honnêtement des biens. Elle résulte de sa capacité de travail, de bonne et rationnelle gestion et d'abandon de tout caractère de prodigalité.

- La fonction relationnelle ou du capital social

Les relations entretenues par la famille avec d'autres familles constituent pour elle un capital important. On le voit, par exemple, lors des cérémonies de mariages, des cas de maladies et des funérailles. Une famille ayant joué convenablement cette sous-fonction s'acquitte plus aisément de ces problèmes. On assiste alors à des contributions importantes, à son endroit, en argent, en bétail, en denrées alimentaires, en tenues vestimentaires moins qu'on le ne réalise pour les pauvres.

Facilement, la communauté se cotise plus pour une famille X et moins pour une famille Y, les deux vivant ensemble, bien souvent selon que la famille X dispose de plus de biens que la famille Y. Pourquoi s'acharne-t-on à intervenir plus pour l'une de ces famille et beaucoup moins pour l'autre ? Vraisemblablement, c'est en vertu de ce que cette famille a produit en termes de capital matériel lequel a créé et solidifié le capital relationnel.

* 47 PILO KAMARAGI et BAKENGA SHAFALI, « Facteurs pathologisants et instances de    dépathologisation sociale dans la ville de Bukavu » in UJUVI, n° 18 vol., ISP Bunia, mars    2008, pp. 86-87.

* 48 BOLTANSKI cité par P. CABIN et J.-F DORTIER, (sous dir.), La sociologie. Histoire et    idées. Les fondateurs, les grands courants les nouvelles sociologies, Auxerre Cedex,    Editons Sciences humaines, 2000, pp.308-309.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon