WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Dynamique familiale et gestion de l'environnement en chefferie de Ngweshe. une analyse praxéo-interdiscursive

( Télécharger le fichier original )
par Pierre BAKENGA SHAFALI
Université Officielle de Bukavu - Doctorat en Sociologie 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2° Les éléments de la praxéologie du langage

Cette sociologie s'articule autour de la praxéologie du langage qui est une théorie sociologique qui part du fait que toute production langagière (mot, phrase, discours ) est une praxis, une activité signifiante pouvant véhiculer ou non des significations-marchandises nouménales (archémiques) ; c'est-à-dire des connotations léxématiques porteuses de « plus-value discursive » propre à engendrer chez les individus ou groupes des attitudes d'aliénation ou des actions de reproduction sociale au profit du producteur discursif. Le langage dispose de dimensions syntagmatique, symbolique, paradigmatique et praxéologique telles que vues précédemment.

Pour Kambaji, il existe une double dialectique des positions discursives qu' implique la production de quatre modalités interdiscursives de classe, c'est-à-dire des possibilités de production langagières différentes et/ou contradictoires (archémiques et généléxémiques) selon que la classe dirigeante croise la classe dominée ou la classe contestataire d'une part, ou que la classe dominante entre en interaction sociale avec la classe contestataire d'autre part.

Parmi ces possibilités, Kambaji relève, pour la classe supérieure, les langages « archémiques-modernisateurs ou négociateurs », archémiques-passéistes », et pour la classe populaire, les langages « archémiques d'auto-défense », généléxémiques-affirmatifs (sous ses différentes formes revendicative, d'emprise, d'emprise décisionnelle ou réformiste) ou «  généléxémiques critique » (à ses différents niveaux de maturation conformément au tableau ci-dessous.

Tableau n° 3 : Transmutation praxéologique dans un système social

Classification

Luttes

Luttes affirmatives

Luttes critiques

Caractéristiques

Système d'actions

Nature-sens du langage généléxémique-affirmatif

Niveau de classe affirmative

Types d'actions conflictuelles

Nature-sens du langage généléxémique critique

Niveau de conscience critique

Types d'actions conflictuelles.

1. Champ d'historicité (acteurs historiques)

Langage participatif réformiste

Conscience de participation associative ou substitutive

Mouvement social

Langage alternatif

Conscience anticipatrice

Mouvement révolutionnaire

2. Synthèse institutionnel politique (acteurs politiques)

Langage d'emprise décisionnelle

Conscience de participation institutionnelle ou décisionnelle

Pressions institutionnelles politiques

Langage de blocage institutionnel

Conscience privatrice institutionnelle

Actions de blocage

3. Système organisationnel (acteurs sociaux)

Langage revendicatif

Conscience revendicative

Actions de revendication cumulative ou de participation militante

Langage de privation socio-économique et technique

Conscience privative socio-économique et technique

Actions de critique

Source : NDAY WA MANDE, op. cit, p. 27.

Commentaire ;

Ce tableau donne une classification des luttes où l'auteur distingue les luttes affirmatives de luttes critiques qui caractérisent le système d'actions selon qu'on est dans un champ d'historicité ou dans les systèmes institutionnel, politique ou organisationnel.

Pour l'auteur, le champ d'historicité est composé des acteurs historiques tandis que le système institutionnel politique est fait des acteurs politiques, alors que système organisationnel est animé par les acteurs sociaux. Dans le cadre de cette thèse et à travers la chefferie sous étude, les acteurs historiques sont les différentes personnes, au sein de la communauté, engagées dans le changement ; les acteurs politiques sont les partis politiques, les gouvernements national et provincial et toutes les institutions politiques, juridiques et administratives. Les acteurs sociaux sont toutes les organisations, associations et mouvements socioprofessionnels poursuivant une lutte dans le contexte de l'auteur.

Dans une lutte affirmative, la nature et le sens du langage généléxémique affirmatif, dans un sous -système d'action appelé champ d'historicité, ce langage est participatif réformiste, c'est-à-dire que la mobilisation du peuple se fixe pour objectif de changer l'ordre, les attitudes en vue de tendre vers un avenir meilleur. C'est par exemple, à travers des travaux communautaires tels que le « salongo » ou les patrouilles nocturnes visant à barrer les actions des malfaiteurs.

A ce niveau, la conscience dans une lutte affirmative, la participation associative devient substitutive, c'est-à-dire que l'organisation populaire se manifeste à travers de petits groupes pour intervenir dans des cas constituant une question sociale dans laquelle l'Etat n'intervient que très peu ou pas du tout.

Dans une lutte affirmative, le langage généléxémique est un langage d'emprise décisionnel, c'est-à-dire que l'Etat s'impose à travers certaines actions d'intérêt public telles que les taxes, l'enregistrement des nouveau- nés à l'Etat civil, la fermeture des maisons de tolérance et de proxénétisme, la défense de consommation des boissons fortement alcoolisées, etc. A ce niveau, la conscience populaire se traduit en une conscience de participation institutionnelle ou décisionnelle. Cette participation peut être manifeste à travers les instances telles les cours et tribunaux, le parlement, le gouvernement. Le type d'action conflictuelle se traduit par des pressions institutionnelles et politiques, c'est-à-dire par l'application rigoureuse de la loi, les normes, les règles sociales, la constitution, les décrets, les ordonnances, les arrêtés ministériels, les décisions, les édits des assemblées provinciales et autres documents officiels contraignants.

Dans le sous-système organisationnel, le langage généléxémique est revendicatif, c'est-à-dire qu'il prône le respect de droits humains à travers des faits tels que la sécurité, la liberté d'expression, le payement des salaires décents et réguliers, la lutte contre les violences faites aux femmes, la scolarisation de toutes les filles. A ce niveau, la conscience revendicative doit répondre à des objectifs et des actions communautaires exigeant à l'Etat d'honorer ses devoirs et promesses ou le remercier pour des actions réalisées. Cela peut se faire à travers des marches pacifiques, de colère ou de soutien, de grèves,... Dans ce cas, le type d'action conflictuelle est une action de revendication cumulative de participation militante et collective et de positionnement. Les individus sociaux s'engagent dans la mobilisation populaire, se portent garants dans la défense des droits humains afin de constituer en des leaders locaux, c'est la recherche du leadership local.

A l'inverse, dans le champ d'historicité de luttes critiques, la nature et le sens du langage généléxémique-critique est alternatif, c'est-à-dire que les réactions populaires peuvent être négatives ou positives. Par exemple, le boycottage de travaux communautaires ou l'implication de toute la communauté dans une action profitable à toute l'entité sociale. C'est, par exemple, l'engagement de toute une communauté dans la construction d'un pont, une école, un marché, un centre de santé, une source, ou un tracé routier...

En outre, dans un sous-système institutionnel politique, la nature et le sens du langage généléxémique-critique se manifestent à travers des blocages institutionnels, tels que la corruption, le détournement des deniers publics. Son niveau de conscience se caractérise par des privations institutionnelles et le non respect des normes établies. C'est alors que le type d'action conflictuelle peut se traduire par des actions de blocage, d'insoumission, la guerre, la haine, le tribalisme, etc.

Enfin, dans le sous-système organisationnel, le langage généléxémique critique est un langage de privation socio-économique et technique. C'est le cas, par exemple, lorsque l'Etat, pour de raison de faille ou d'incapacité, abandonne certains secteurs socio-économiques ou techniques à des initiatives des particuliers. Dès lors, le type d'action conflictuelle se traduit en une action de crise consistant à créer un état de chômage au sein de la population de par la fermeture de certaines entreprises, des grèves dues au manque des fonds nécessaires pour payer les ouvriers.

Dans un système social, il peut se produire simultanément ou à tour des rôles trois formes des discours, quel que soit le sous-système où l'on se trouve :

- Le discours généléxémique qui consiste à dire vrai, à éviter la démagogie dans le langage. On peut alors distinguer le langage généléxémique critique poussé par une classe contestataire ou un mouvement révolutionnaire, et un langage généléxémique affirmatif qui se présente sous forme de participation et de tendance à un idéal d'un bien-être social et du compromis.

- Le discours archémique est un faux discours, basé sur le langage démagogue de l'acteur ou du locuteur. Ce langage peut être archémique-modernisateur lorsqu'il incite à une action réformiste poussant à la recherche, par exemple, de la paix, l'ordre ou l'unité. Il peut être archémique passéiste lorsqu' il prône le retour vers les valeurs du passé. Dans la plupart des cas, les discours des campagnes électorales, dans nos milieux congolais, relèvent de discours archémiques à la fois réformistes et passéistes.

- Le discours pakaviliste ne prône pas le changement du système social, il est statique, il est du genre : «  laisse qu'il en soit ainsi » !

D'après Kambaji, la double dialectique des classes détermine l'action de chaque classe qui est, à la fois, la réponse à l'adversaire et orientation directe vers le modèle culturel.  Cette double dialectique produit quatre modalités interdiscursives de classe :

a. En effet, lorsque les rapports s'établissent entre une classe dirigeante et une classe défensive (dominée), le rôle de l'Etat est faible à cause des ambitions de la classe montante qui cherche à exercer directement sa domination sur l'ensemble de la société : dans ce cas, cette classe développe un langage « archémique modernisateur » poussant à une action réformiste et se fait passer pour celle qui apporte la paix , l'ordre, l'unité, la modernité... Par contre, la classe dominée peut développer un double langage : d'une part « archémique d'autodéfense » basé sur des avantages professionnels, sociaux, culturels acquis poussant à une action passive d'adaptation au courant réformateur-intégrateur, d'autre part, un langage généléxémique-affirmatif sous ses formes revendicative et décisionnelle poussant à des « actions revendicatives » ou des pressions institutionnelles limitées.

b. Dans le cas où c'est la classe dominante qui croise la classe défensive (dominée), situation correspondant à une faible référence au système d'action historique, l'Etat joue un rôle important de répression et d'intégration idéologique à travers ses instruments de domination culturelle, à savoir l'école et l'Eglise. Dans cette situation, l'Etat adopte un langage de la classe dominante, un langage archémique-passéiste, c'est-à-dire tourné vers le passé. De son coté, la classe défensive développe soit un langage archémique d'autodéfense, soit un langage généléxémique-affirmatif, sous ses formes revendicatrices et décisionnelle poussant à des actions de revendication passive ou de participation militante ou de pressions institutionnelle très limitées.

c. Quand c'est la classe dirigeante qui affronte la classe contestataire, l'action de l'Etat consiste à rejoindre les exigences du système d'action historique et les mécanismes institutionnels, à contrebalancer les conflits de classe par l'appel à la modernisation et au traitement des conflits.

Dans ce cas, l'Etat adopte un langage « archémique modernisateur et négociateur » poussant à des actions de compromis, une action visant par ailleurs à accroitre son emprise sur le champ d'historicité et sur les mécanismes institutionnels de prise de décisions. L'Etat restera animé par le langage de la classe contestataire, un langage « généléxémique-affirmatif » sous la forme réformiste poussant au compromis ou au « mouvement social ».

d. En dernier lieu, quand on est en présence d'une classe dominante et d'une classe contestataire, l'intervention étatique est animée par l'effort de la classe populaire pour contrôler le système d'action historique et conquérir le pouvoir de l'Etat. Dans ce cas, l'Etat adopte le langage « archémique-passéiste » de la classe dominante sous pression de la contestation populaire. Par contre, la classe contestataire produit un langage « généléxémique-critique » sous sa forme alternative reflétant ou poussant à un mouvement révolutionnaire, c'est-à-dire une action de classe qui est tournée vers l'avenir, combat le pouvoir et le langage de l'Etat établi et vise principalement à détruire la domination de classe pour un ordre nouveau.

Par ailleurs, elle peut, lorsque sa pression, sa force de contestation ou de mobilisation populaire n'est pas très élevée, produire un langage « généléxémique-affirmatif » sous sa forme participative reflétant ou poussant à un « mouvement social » ou au compromis55(*).

La théorie de la sociologie du discours est un soubassement à cette recherche car elle conduit à analyser les discours produits par les acteurs sociaux, leur applicabilité et leur pouvoir praxéologique à travers toutes les circonstances observées dans la dynamique familiale et le maintien de l'équilibre familial et la gestion de l'environnement à travers toute la Chefferie de Ngweshe.

Il conviendra donc, sur base de la sociologie du discours, parvenir à appréhender les discours tels qu'ils ont été produits dans le milieu, les effets qu'ils ont eu sur les auditeurs, les réactions de locuteurs et la projection de nouveaux discours en remplacement ou en affirmation de ceux ayant été jugés d'efficaces ou d'inefficaces. Une telle approche exige une appréhension du contexte dans lequel se produisent les discours et l'impact qu'ils ont eu dans la Chefferie de Ngweshe, notamment, sur les façons d'être, de penser et d'agir, sur les innovations, le changement tant qualitatif que quantitatif et le mode de comportement dans tous les domaines de la vie et de l'environnement.

* 55 NDAY WA MANDE, Critique de fondement de l'hexagone philosophique du sociologue     LONGANDJO OKITAKEKUMBA, Essai d'épistémologie praxéologique, Mémoire de     DEA en Sociologie, UNILU, juin 2003, pp. 54-56.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"