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Dynamique familiale et gestion de l'environnement en chefferie de Ngweshe. une analyse praxéo-interdiscursive

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par Pierre BAKENGA SHAFALI
Université Officielle de Bukavu - Doctorat en Sociologie 2012
  

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4.6. Aspects politico-administratifs

La chefferie est dirigée par le Mwami en collaboration avec les seize chefs des groupements. Comme entité décentralisée, elle exécute les ordres émanant du Ministère de l'intérieur et décentralisation tant au niveau provincial que national.

4.7. Aspects généalogiques dans l'administration de la chefferie

A travers un tableau, nous reprendrons la succession des bami tels qu'ils se sont succédé depuis les origines jusqu'à nos jours. On apprend, de par un mythe, qu'une reine mère du nom de Namuhoye avait mis au monde huit enfants. Ce sont : Kabale, Narhana, Kalunzi, Naburhinyi, Lubobolo, Nnaninja, Kadusi-Ngombe et Nyibunga (la seule fille du groupe). On ne connaît pas celui qui fut son mari, ni ses parents, ni l'époque à laquelle elle a vécu, ni ses contemporains, ni le lieu précis de sa demeure bien que le mythe précise l'actuel territoire de Mwenga. Partis de Luindi, dans l'actuelle Chefferie des Basile, ces enfants se dispersèrent et chacun forma sa dynastie. La dynastie du Bushi provient de l'aîné Kabale dont un des fils se révolta et forma la dynastie de Ngweshe.

Tableau n° 14 : Généalogie des bami de Ngweshe

Année

Nom du Mwami

Epouse (s)

Enfants

 

Kagweshe Bagweshe

M' Nakaya

Muhive, Bugabo et Nakwezi (fille)

1697

Muhive

M'Chokola, M'Niganda

Kwibuka

1700

Kwibuka

M'Mude, M'Chocha, M'Ntambirhi, M'Bahizi, M'Bushengwa

Kaserere, Birali, Kalangiro, Kayumpa, Muzuka, Chishanjaga, Mushengezi, Nfumba

 

Kaserere

M'Bushengwa, M'Ntambirhi

Weza, Lunjwire, Cibibi, Kirherero, Nchuranganya, Nshasi, Kahu, Cishanjaga

1740

Weza Ier

M'Malibwe, M'Bugarha, M'Wansinda

Bicinga, Muyangwa, Mwaga, Murhandikire, Miga, Mpango, Murhole, Ndeko, Bihinda, Cidurha- Mazi, Zagabe, Ntabana, Nanzobe (F)

1766

Bicinga

M'Mugula, M'Nalwindi

Chirimwentale, Chizihira, Irenge, Bagweshe Barhahera, Maramuke (F), Nanzobe (F)

 

Chirimwentale

M'Chibangu, M'Kahunzi- Kasigwa

Chirhahongerwa, Kwibuka, Chihonzi

 

Chirhahongerwa

M'Naluganda, M'Nabushi Makombe Namwigamba, M'Baderha, M'Mugwa, M'Nyalembe, M'Kahunza.

Rugenge, Nyangezi Kasole Lukula, Masonga, Bingane, Ruhoya, Kasaza, Nkinzo, Rusengo, Lubarhuza, Chiherano Engombe, Chiruzi.

1863-1887

Rugenge

M'Musiwa, M'Nfizi, M'Bwanishi, M'Cishanjaga, M'Munandi

Lushamba, Rubenga, Namukama, Machumu, Makungu, Murhesa, Mutijima, Muchiga, Mutuzi, Cirimwami, Nduru, Kahwijima.

Mort en 1886

Lushamba

M'Kasholero Nakaliza, M'MuyangwaI M'MuyangwaII M'Rugina, M'Chibogo, M'Mutebuka.

Lirangwe, Ntonde, Karhibula, Bizimana, Cinegena, Mulimba, Muliri, Kalunga

1888

Lirangwe

M'Ciragira-Niganda Nakese, M'Bihinda, Mugenye M'Ciroyi ca Mushengezi

Ruhongeka, Lulanga, Bahirwe, Muhyahya, Cirezi, Namunene.

1891

Ruhongeka Matabaro

M' Karholero Elisabeth, M'Ntogosa, M'Kasha, M'Cibibi, Njimbi M'Mutalemba, M'Chiraba, M'Nakalonge, M'Lukula lwa Kahu, M'Rudahindwa

Mafundwe, Lwanwa, Kasigula, Rutega, Vuningoma, Charangoma, Kamwami, Bamanyirwe, Ntabikunzi, Ntangano, Chitunga, Chikalasha-Balagizi, Bashige, Mushengezi.

1913-1937

Mafundwe Weza II

M'Rudahindwa, M'Kasha, M'Namushiha, M'Muganga, M'Nyampumba

Muhigirwa, Mutaga, Byumanine, Nvanamirihyo, Bachiganze, Kurhengamuzimu, Lwambirhe

1937

Muhigirwa

M'Mugaruka Astride, M'Bugarha bwa Wasinda, M'Makungu, M'Malekera.

Ndatabaye Pierre, Bigirinama Herman, Mamimami, Nyakasane Juvenal, Namunyere Benedicta(F), Cizigire Philomène, Mbonwa Willermine, Ntakwinja

1933

Ndatabaye Pierre Weza III né en 1930.

M'Bshizi Lusiko, M'Ndegesi, M'Rudahindwa, M'Katindigiri, Elite

Mubalama Safari Claude, Patrick, Abraham, Mitima Erindangabo Kurhengamuzimu, Aganze Moise, Sara, Roxane Ayagirwe, Paola, Philomène Ashokole, Pamela, Annuciata, Atukuzwe Naweza

Source: Ces données émanent d'Alphonse Ntawigena mwene Cishunjwa, elles proviennent d'une compilation de données offertes par Paul Masson, Burume Lwigulira et d'autres sources orales.

Interprétation.

On peut constater à travers cette généalogie que les familles des bami de Ngweshe sont des familles polygynes. À moyenne chaque mwami aurait épousé cinq femmes. Un autre constat est que les filles sont médiocrement inventoriées. Sur environs 106 enfants garçons, dans quinze successions royales, on a seulement pris en considération 14 filles. On se trouve, ici, dans une culture du type hébraïque où seuls les garçons étaient pris en compte dans la progéniture, la succession familiale et le patrimoine familiaux.

Cette considération de la femme n'est pas propre aux seules familles royales, mais c'est un élément culturel pour toutes les familles de la chefferie. Elle a des répercussions négatives sur l'épanouissement de la femme, sur l'héritage familial (où la fille n'est pas du tout prise en compte) et sur le recouvrement de ses droits dans le milieu. Bien qu'à ce jour la situation tend vers une certaine atténuation, on retiendra qu'aucun homme ne se trouve heureux de ne n'avoir engendré que des filles. Pourtant, les parents gagnent plus par leurs filles que par leurs garçons. Des interventions matérielles et financières proviennent régulièrement de la fille mariée vers ses parents, sans laisser en compte les valeurs dotales qui ne sont pas de moindre valeur. Il y a cependant des avancées : dans certains cas, une fille peut hériter les biens de son père et ceci lorsque la famille n'est composée que des filles seulement, alors qu'auparavant, les filles nées d'une famille sans garçon étaient amenées, après la mort de leur père, à la cour du roi où elles étaient considérées comme des simples servantes.

Cette innovation dans la considération de la fille au niveau familial relève du contact que nous avons eu avec l'Occident et plus spécialement l'Eglise et l'Ecole. La famille, en fait, a été transformée par la scolarisation92(*) et la religion. En effet, l'on peut se poser la question de savoir que serait devenue la famille sans ces aspects scolaire et religieux. L'école et la religion ont balisé le gouffre d'ignorance et d'animisme dans lequel était plongée la famille de Ngweshe. De ce fait, la dynamique familiale repose essentiellement sur ces deux aspects bien que d'autres entrent en compte.

En effet, pour François de Singly, « le capital dominant aujourd'hui est le capital scolaire : la société est régie par un mode de production à composante scolaire. Le titre scolaire cesse d'être un attribut statutaire pour devenir un véritable droit d'entrée. L'école et le corps, le groupe social que l'école produit en apparence ex nihilo et à partir de propriétés, elles aussi liées à la famille, prennent la place de la famille et de la parenté, la cooptation des condisciples sur base des solidarités d'école et de corps jouant le rôle qui revenait auparavant au népotisme et aux alliances matrimoniales »93(*).

Abondant dans le même sens que cet auteur, nous reconnaissons que la Famille, l'Ecole, l'Eglise, la Société sont les principales instances de la socialisation. C'est à travers ces instances que se développent des formes de parenté qu'elle soit génitale, volontaire ou sociale, c'est-à-dire, selon qu'on est lié par le sang, selon qu'on se choisit et qu'on s'accepte mutuellement ou alors que l'on se retrouve ensemble partageant un même espace vital et même professionnel. La famille et l'école forment l'homme et ce dernier se réalise à travers ces deux systèmes sociaux, lesquels forgent, déterminent et assurent l'individu.

Conclusion partielle

Ce chapitre a été celui de la présentation de notre cadre expérimental et qui a abordé les aspects liés aux milieux physique, socioculturel, économique et politique de la chefferie de Ngweshe et qui a brièvement démontré que la dynamique familiale dont il est question dans cette étude relève essentiellement des apports de la famille elle-même, de l'école et de l'Eglise. Ce chapitre présente la chefferie de Ngweshe comme une véritable société : la chefferie dispose des éléments matériels : un territoire de 1599 Km2 et une population de plus ou moins 601306 habitants.

La chefferie dispose aussi des éléments formels tels que la relation, l'activité, la conscience collective et un système des conduites sociales ou l'institutionnalité.

En effet, c'est à travers la relation que les acteurs sociaux tissent des liens de diverses sortes. Le concept d'environnement social, peu développé dans cette thèse, provient exactement de relations entretenues entre différents peuples vivant sur des territoires voisins ou environnants. Ainsi, Ngweshe comme entité sociale, politique et administrative dispose d'autres environnements sociaux, politiques et administratifs. C'est par exemple, les chefferies environnantes de Kaziba, Burhinyi, Luhwinja, Basile, Kabare, Nindja, la ville de Bukavu... L'environnement urbain influe considérablement sur les comportements des individus au sein de la chefferie. Bukavu joue un rôle important dans le vécu quotidien des habitants de son hinterland. Un environnement social peut être hostile ou favorable, agonistique ou irénique, de tendance belliqueuse ou pacifique. Autant l'on doit s'adapter à l'environnement physique, autant l'on devrait s'adapter à l'environnement social, mais ce dernier n'offre pas toujours beaucoup d'opportunités d'adaptation, car deux peuples peuvent se rejeter mutuellement ou développer des tensions en leur sein du fait de ne pas se convenir sur certains aspects.

L'activité confère à l'entité son identité patrimoniale. Un peuple ne développe son historicité que de par et avec son travail.

Quant à la conscience collective, elle apparaît comme le ciment relationnel au sein d'une communauté. Elle tire ses origines dans le niveau de socialisation et d'intégration sociales. Plus la socialisation et l'intégration sociales sont fortes, manifestes, plus la conscience collective est élevée. Enfin, toute société fonctionne sur base des règles et principes qui réglementent les conduites sociales. Ainsi, la famille, le mariage, la langue, la dot, la religion sont institutions au sein de notre univers en étude, de véritables corps des règles auxquelles les individus sociaux se référent pour, penser et agir.

Après un tel parcours, il importe d'identifier les ressources dont dispose la chefferie, lesquelles constituent le patrimoine des familles et dont elles doivent se servir pour leur émergence socio- économique.

* 92 F. DE SINGLY, Sociologie de la famille contemporaine, 3ème édition refondue, Paris,    Armand Colin, 2007, p. 90.

* 93 Idem, p. 94.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote