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Dynamique familiale et gestion de l'environnement en chefferie de Ngweshe. une analyse praxéo-interdiscursive

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par Pierre BAKENGA SHAFALI
Université Officielle de Bukavu - Doctorat en Sociologie 2012
  

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4.5. Aspects économiques

Trois secteurs économiques prédominent au sein de la chefferie de Ngweshe. Il s'agit principalement de l'agriculture, l'élevage et le petit commerce.

1°. Par rapport à l'agriculture : il y a deux formes d'exploitation agricole : vivrière et        industrielle :

- Agriculture vivrière 

Les cultures vivrières les plus manifestes, par ordre d'importance, sont le bananier, le manioc, , la patate douce, le haricot, le maïs, le sorgho, les légumes, l'igname, la colocase, le soja, la canne à sucre, l'arachide, la pomme de terre, le petit pois, les cultures maraichères. La culture de ces denrées se fait au village autour des cases tandis que les cultures maraichères se font dans les marais. Avec l'explosion démographique, l'espace cultivable s'est rétréci et les habitants ont recouru à l'exploitation des marais (des espaces marécageux et non habités et le plus souvent appartenant à des chefs coutumiers ou au mwami). Le tableau ci-dessous illustre l'exploitation marécageuse à Ngweshe :

Tableau n° 13 : Marais exploitées par les paysans de Ngweshe

Marais

Groupement

ou village

Superficie en hectares

Nombre d'exploitants

Moyenne superficie exploitée par pers. (en ares).

01.

Nyalugana

Ciherano/Lurhala

914

5 877

15

02

Nyamubanda

Karhongo

1 050

4 322

24

03

Chisheke

Walungu

496

2 316

21

04

Cidorho

Burhale/Mulamba

1 276. 7

2 167

58

05

Kanyantende

Karhongo

555

1 750

28

06

Mirhumba

Mulamba

162

816

12

07

Cibabo

Nyangezi

5

500

01

08

Kalangwe

Mulamba/Burhale

2

168

01

09

Nyabunkungu

Nduba

3.5

115

03

10

Ishakishe

Ibona/Izege

14

121

11

11

Kamirandaku

Mulamba

7.8

71

10

12

Misheke

Mulamba

6

52

11

13

Bunkungu

Lurhala/Boya

5

43

11

14

Chihando

Mulamba

5

43

11

15

Kaboza

Mulamba

5

38

13

16

Kashenge

Burhale

3.5

34

10

17

Chama

Ibona/Izege

2

22

09

18

Cigogo

Kaniola

2

19

10

19

Nakanywera

Burhale

2

15

13

20

Buliri

Mulamba

1.5

14

10

 

Total

20

4 518

18 701

24

Source : Rapport du Comité inter marais du Bushi en 2010.

Commentaire :

Ces marais relevant de l'environnement de Ngweshe sont, à travers ce tableau, rangés par ordre des membres exploitant ces marais. Ces espaces représentent au total 4 518 hectares et sont exploités par 18701 personnes, ce qui donne une moyenne de 24 ares par exploitant. Il est sans nul doute que la personne qui exploite un espace au sein du marais travaille au compte d'une famille ou un ménage. Or, au sein de l'entité, la taille moyenne de la famille est de huit personnes ; ce qui revient à dire que seuls 24 ares de terres sont disponibles au ménage pour produire des vivres tels que le haricot, le mais, le manioc et cela pour nourrir plus de huit personnes, soit trois mètres carrés de terres cultivables au profit d'une personne au sein d'une famille. Cet espace est manifestement insuffisant pour nourrir un individu au cours de toute une année, et, ceci est un des facteurs de la malnutrition observée au sein de la chefferie chez les femmes et les enfants.

- Agriculture industrielle

Les cultures les plus répandues sont essentiellement le thé, le quinquina, le bois. Les sociétés qui, à ce jour, sont encore opérationnelles sont : Pharmakina, Irabata, Plantations Gombo, Cibeke. Il y a des particuliers qui excellent dans les mêmes cultures mais beaucoup plus dans le quinquina que dans le thé.

2°. Par rapport à l'élevage : il faut faire remarquer que c'est la vache qui prédomine et constitue pour le mushi l'élevage de prestige. D'autres bêtes domestiques sont la chèvre, le mouton, le cochon, le lapin, le cobaye, etc. Il y aussi parmi la volaille, la poule, le canard, le pigeon, etc.

3°. Commerce

L'insuffisance des terres cultivables a plongé la population dans des activités de fortune. L'on vend de petites choses par ci par là. De ces activités de vente à la sauvette sont nées de centres commerciaux et des marchés. Les centres commerciaux les plus connus sont ; Walungu, Burhuza, Mugogo, Kamanyola, Munya/Nyangezi, Mashango/Burhale, Tubimbi, Madaka/Mushinga, Kaniola, Nzibira/Kaniola.

Quant aux marchés, on en trouve au moins un dans chaque groupement. On peut donc citer les suivants : les marchés de Mudwanga à Walungu, Mugogo à Lurhala, Munya, Lulimpene, Mushenyi et Rucananga à Nyangezi, Musiru à Irongo, Kamanyola à Kamanyola, Mushagasha, Kankinda, Kashebeyi et Luntukulu à Mulamba, Cembeke à Kaniola, Tubimbi à Tubimbi, Burhuza à Burhale, Kalole à Nduba, Kashunju à Lubona, Kajaga à Izege, Cidorhi à Kamisimbi, Kakono à Luchiga, Kalongo , Katudu, Cembeke et Nzibira à Kaniola, Irango à Chiherano, Kasheke à Ikoma.

Outre ces marchés, il faut faire observer qu'il y a d'énormes interactions commerciales entre Ngweshe et la ville de Bukavu dont elle n'est du tout pas éloignée sauf pour les groupements de Mulamba, Tubimbi, Mushinga, Luchiga ( distancés environ de 60 Kms). Le commerce se fait aussi dans les territoires à exploitation minière, notamment dans les territoires de Mwenga et Shabunda. Les Bashi approvisionnent en produits de première nécessité ces territoires enclavés.

Il faut faire remarquer que 40 % de la population masculine jeune de Ngweshe est dissimulée à la recherche de l'or, le coltan et la cassitérite, au sein de ces deux territoires précités. Bon nombre des familles sont privées pendant de longs mois de leurs pères de famille. Ce commerce entre le Bushi avec les territoires frontaliers a provoqué une assimilation des cultures entre les peuples Barega et Bashi mais aussi une instabilité au sein des familles de Ngweshe pour deux raisons majeures.

La première consiste en cette absence très prolongée de père qui peut aller au - delà de trois ans. Certains en ont fait cinq ans et plus. Pendant ces absences, certaines épouses ont fait des enfants hors mariage, d'autres se sont purement prostituées, les enfants n'ont pas été bénéficiaires d'une éducation équilibrée. Du coté des époux absents, certains reviennent avec d'autres femmes épousées en Urega, d'autres n'amènent que des enfants qu'ils ont engendrés avec les femmes rega.

La deuxième consiste en ce problème d'intégration sociale dans cette recomposition familiale brusque. Comment intégrer cet enfant dont la mère est restée à Shabunda (ou dans un autre terroir) dans la nouvelle famille où il ne connaît et n'est connu que du père ou la femme rega amenée dans la communauté Bashi, dans un nouveau mode de vie diamétralement opposé au mode de vie du territoire d'origine ? Encore fautil dire qu'une fois l'enfant ou la femme déposée, celui qui les a amenés ne reste pas avec eux, il reprend son voyage et ne revient pas aussitôt. Tous les problèmes émanant de ces « intrusions familiales » ne sont réglés que superficiellement étant donné l'absence de l'acteur principal : le père de la famille. Et même lorsqu'il est sur place, le problème d'intégrer les nouveaux individus ne lui est pas toujours facile.

Ce système migratoire a abouti aux phénomènes tels que la « sorcellerie », les enfants de la rue et dans la rue, l'abandon de famille, la perte de confiance dans le foyer, la méfiance, la désintégration sociale, etc.

En outre, l'on se souviendra qu'aux législatives de 2006, le Territoire de Walungu avait cinq sièges aux Parlement national de la RDC et Provincial du Sud-Kivu contre trois sièges pour le Territoire voisin de Mwenga et un seul siège pour le Territoire de Shabunda. En 2011, pour des élections consécutives, Walungu et Mwenga étaient ex- quo avec quatre sièges alors que Shabunda montait en force avec un siège de plus qu'en 2006. Cet aspect et bien d'autres démontrent que le Territoire de Walungu ne fait que se vider de sa population à travers un exode urbain très prononcé et un autre exode orienté vers les carrés miniers. Il faudra du temps pour pallier de tels phénomènes d'exode au sein de la chefferie.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams