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Dynamique familiale et gestion de l'environnement en chefferie de Ngweshe. une analyse praxéo-interdiscursive

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par Pierre BAKENGA SHAFALI
Université Officielle de Bukavu - Doctorat en Sociologie 2012
  

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6.7.  Pistes praxéologiques des solutions

Il sied, avant d'entrer dans le vif du sujet, de présenter brièvement les aspects recueillis sur le terrain lesquels seront suivis directement des mesures efficaces et appropriées.

a). Aspects relevant du terrain

A la lecture des passages précédents, il se dégage qu'il y a non seulement des efforts fournis au sein des ménages de Ngweshe, mais aussi des problèmes tant au niveau des familles que de l'environnement. La recrudescence de ces problèmes s'est avérée manifeste avec l'affrontement de plusieurs troupes, bandes et milices armées au sein de la chefferie de Ngweshe. Plusieurs discours se sont développés de la part des organisations qui s'étaient proposé d'éradiquer le mal. Des associations se sont créées pour demander des fonds et les gérer au compte des populations en détresse, ce qui a plus profité aux animateurs qu'aux personnes pour lesquelles les fonds avaient été sollicités. Quant aux organisations internationales, les interventions ont été axées plus dans les urgences que dans le développement durable, ce qui a créé un simulacre de statu quo.

La situation est telle que les familles ont le regard tourné à la fois vers les organisations internationales et locales. Ces dernières ne comptant que sur l'apport externe, n'entretiennent à l'endroit de la population que des discours prometteurs. Ainsi donc, localement, tout le monde espère le salut de l'extérieur, les initiatives internes sont amoindries et encore, minimes paraissent-elles, elles doivent, hélas, être soutenues par l'extérieur.

Pourtant, l'aspiration à tout changement familial qualitatif et quantitatif reste indubitablement une lutte ; lutte contre soi et contre ses conceptions antérieures mystifiées et divinisées.

Une tendance fortement répandue dans les milieux de Ngweshe incite les familles, dans la plupart des cas, à croire qu'il existe un Etre Suprême qui veille à leur destinée et qui par moment et par voie délibérative issue de sa bonne volonté et de sa bonne humeur, décide, soit de leur bonheur, soit de leur malheur. De ce fait, l'on est convaincu que l'on naît et meurt selon sa volonté, et, vraisemblablement, l'on devient riche ou pauvre, l'on réussit ou l'on échoue ; une guerre s'installe ou s'écarte selon son bon arbitre.

Selon cette conception du monde axée fondamentalement sur la volonté divine, rien ne sert à courir, à initier une quelconque stratégie de changement, car tout est prédéfini à l'avance et ce, pour chaque personne. L'esprit positif, celui qui relie, en effet, les faits aux causes, tarde à se manifester.

Outre cette conception providentialiste de la vie, il s'observe un autre phénomène à travers les familles de Ngweshe. Il s'agit de la générosité de l'Occident « ou la communauté internationale ». Sur base de cet esprit philanthropique, les familles enquêtées espèrent et fondent l'espoir de la résolution de leurs problèmes, la réduction de leur pauvreté, le financement de tous leurs projets, la construction de leurs écoles, routes, églises, hôpitaux, dispensaires, traçage des pistes routières et routes de desserte agricole, l'organisation des élections et leur validation, etc.

Donc, depuis la colonisation jusqu'à ce jour, il s'est incrusté dans la mentalité des populations de Ngweshe, l'esprit fort attentiste ; un sentiment d'abandon de soi et orienté vers Dieu, le Blanc et les ONG. Nulle n'est question de négliger les travaux qui se font sur le terrain et qui contribuent au maintien des familles de Ngweshe, nous estimons seulement qu' il paraît sur le terrain peu d'esprit d'inventivité et de créativité.

Somme toute, comme nous avons pu le constater sur le terrain, le système familial de Ngweshe s'oriente irréversiblement dans un processus en mutation : la famille connaît, en son sein, des modifications indépendantes de la volonté de ses membres et les discours développés jusqu'à ce jour semblent ne pas les rassurer. Les familles de Ngweshe, comme faits sociaux totaux, méritent des recherches méthodologiques-praxéologiques pour l'atténuation ou la nihilisation des maux qui les rongent.

En effet, d'une manière générale, et spécialement à Ngweshe, dans la quête de l'équilibre familial, la sociologie doit agir conformément à sa vocation, « celle d'exercer une fonction critique qui consiste à rendre visible ce qui ne l'est pas, à s'intéresser à ce qui en marge et émergence, à remettre en question les évidences ».127(*)

Il convient, ici, que les sociologues praxéologues de la famille, dans leurs investigations, dans les discours et la production des connaissances, s'attèlent, d'une façon quasi exhaustive, à relever les situations, les aléas, qui menacent, de loin ou de près, la famille. Dans le cas d'espèce, la famille de Ngweshe a retenu plus notre attention et nos investigations se sont orientées vers elle.

Il s'agit, certes, d'un idéalisme qui, dans une dynamique familiale, consiste non seulement à relever les causes et/ou les facteurs justifiant le déséquilibre au sein des familles, mais aussi il faudra initier des mécanismes de recherche assidue des solutions durables et d'éradication du mal.

b) Vers l'approche participo-praxéo-dynamique

Pour parer aux problèmes qui sévissent la famille de Ngweshe, tous les discours développés doivent s'orienter dans une approche praxéologique assortie de l'aspect historiciste. Il est question de répertorier les discours, les compétences au sein des familles, les réalisations et les mettre au profit de tous. Dans ce contexte, personne n'est à négliger, chacun doit être pris dans un cadre qui lui est spécifique. Tout le monde doit se mettre à l'oeuvre, développer des mécanismes et des stratégies d'autosuffisance et d'autopromotion individuelle ou collective, rejeter l'esprit attentiste et dépendantiste des ONG et autres intervenants.

Il conviendra de bâtirla vie familiale sur des compétences intellectuelles, morales positives et morales et rejeter les considérations providentialistes, théologistes et métaphysiques qui enchainent et trainent les familles aveuglement sur des voies de l'espérance miraculeuse ou du désespoir inévitable, l'une les prédisposant à une vie heureuse issue d'êtres suprêmes, l'autre les condamnant à des supplices terrestres mais qui deviendront douces dans les royaumes célestes. La vision métaphysique de la vie fait d'elle une fatalité qui sera résorbée par le bonheur céleste.

Toutes ces deux voies prônent l'immuabilité de la vie, c'est-à-dire que l'être humain ne devrait pas se tordre pour tendre vers des lendemains meilleurs, car il existe pour lui, un sort prédestiné.

A notre niveau, nous estimons qu'une vision transcendante doit être orientée vers ces conceptions immobilistes et attentistes, car notre vie ne devient, en majeure partie, que ce que nous voulons qu'elle devienne, à travers, naturellement, un contexte purement processuel, praxéologiquement et rationnellement orienté. Nous nous trouvons, ici, face à une étape, où il s'impose aux familles de Ngweshe de changer de regard, d'accueillir et écouter, mais aussi et surtout de faire manifestement montre de pragmatisme.

Cette nouvelle vision leur exigerait de se débarrasser, non plus de leurs valeurs, mais plutôt de considérations superflues, mythiques, obscurantistes, attentistes, passives, non conatives et non praxéologiques, mais plutôt de s'engager activement sur la voie de recherche de changement qualitatif et quantitatif en se défiant décidemment de discours des organisations « caritatives » qui, pour la plupart des cas n'existent que grâce à ces familles meurtries et qu'il faut, pour de raisons d' existence de ces associations, maintenir dans l'état de précarité.

C'est ainsi que nous préconisons qu'au sein de chaque famille élémentaire, chaque membre potentiellement actif s'inscrive dans le schéma de transformation autocentrée sur l'individu. Nous privilégions qu'au sein de chaque noyau de vie sociale, c'est-à-dire, la famille, qu' il s'y constitue un « corps d'études d'actions de changement » (CEAC) dont le rôle majeur sera d'identifier tout élément, indice ou discours à caractère socialement pathologique, archémique ou endormant et d'y réserver une action contraire.

Les CEAC sont, en fait, l'effet manifeste de la transmutation conscientielle de l'énergie créatrice concentrée, par et à travers laquelle la personne humaine prend conscience de son état, projette en sortir partiellement, totalement en l'améliorant. Elle initie, exécute et évalue une action productive rationnelle. Il s'agit d'une prise de conscience manifestement engagée dans la transformation du vécu quotidien à travers des actions initiées, réfléchies et réalisées sous une impulsion interne de l'individu avec d'autres membres du groupe pour donner plus de sens et plus d'importance à l'action, laquelle, de ce fait, cesse d'être individuelle pour devenir et demeurer une action sociale du fait de son envergure, de son importance sociale et de son caractère collectif.

Pour parvenir à atteindre de tels objectifs, nous avons proposé, à notre niveau, que la famille de Ngweshe (compte tenu dans la dynamique et du déséquilibre dans lesquels elle se trouve) chemine à travers l'Approche participo- praxéo-dynamique. Cette approche exige aux familles de Ngweshe particulièrement, de s'engager sur la voie du changement à travers la participation de tous ses membres à des actions concrètes, raisonnables et concertées, de se défier de tout discours qui n'incite pas à travailler rationnellement en leur faveur.

L'Approche participo-praxéo-dynamique est une nouvelle vision constructiviste de la famille et de la société. Elle est basée sur des conceptions partagées par tous et exécutées unanimement, c'est l'aspect participatif praxéologique qui entraine la dynamique transformatrice, allant du pire au bien et au mieux-être.

C'est donc un dur combat que les familles doivent mener contre elles-mêmes comme personnes sociales, contre leurs ennemis sociaux (les différents maux, les discours attentistes, paternalistes et avilissants...), contre leur propre peur (car elles doivent s'affirmer et s'assumer devant n'importe quel obstacle), et les conceptions fatalistes de la vie (celles liées à la vie et à la malédiction).

Ainsi, l'Approche participo-praxéo-dynamique recommande aux familles et à tous les producteurs des discours de rétablir l'équilibre familial à Ngweshe et de se fonder sur « le principe de l'unanimité participative rationnelle » qui se matérialise à travers six étapes :

· La constitution des noyaux d'études, de résilience et de recherche de la transcendance des phénomènes déséquilibrant la famille et son environnement

· L'identification des problèmes au niveau de chaque famille, ménage ou groupe social 

· L'appropriation du problème et la prohibition de tout aspect fatidique ou métaphysique : savoir que face au problème que connaît une personne, les solutions ne peuvent provenir que d'elle-même avec ou sans son environnement

· La définition des objectifs et des stratégies concourant à l'atténuation ou à l'éradication du problème ;

· La participation active et unanime des membres du groupe affecté par le problème à travers une démarche active et auto- évaluative

· La projection rationnelle de nouvelles actions constructivistes favorables au groupe et à l'environnement.

Le principe de l'unanimité participative rationnelle, soubassement de l'Approche Participo-Praxéo-Dynamique (APPD) est une dynamique globalisante qui intègre tous les membres de la famille ou du groupe social dans la recherche rationnelle des voies et moyens de transcender ses faiblesses, recouvrer ses valeurs, rechercher la quintessence des discours et de se parfaire. Cette approche repose sur le principe de la transmutation créatrice de l'énergie conscientielle concentrée : c'est une phase au cours de laquelle, la population prend conscience du problème ; initie un schéma de voie de sortie, lequel schéma, une fois approuvé, est mis au courant de tous  pour être retenu et réalisé comme priorité à court terme.

* 127 HURTUBISE, R., et alii, L'intervention dessine les familles : régulation, uniformisation      en promotion du pluralisme. Apprentissage et socialisation, s.l, s.éd. 1996, p.7.

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