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Dynamique familiale et gestion de l'environnement en chefferie de Ngweshe. une analyse praxéo-interdiscursive

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par Pierre BAKENGA SHAFALI
Université Officielle de Bukavu - Doctorat en Sociologie 2012
  

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7.2.2. La grille de sondage factuel

Cette grille reposera sur un aspect très important, celui de l'agrométéorologie qui est cette nouvelle discipline qui étudie les interactions entre la plante, le sol et l'atmosphère. L'agrométéorologie est, du point de vue des chercheurs, « l'étude scientifique de l'interaction entre les phénomènes atmosphériques et l'ensemble des facteurs de la production agricole ». Cette approche trouve un prolongement opérationnel pour autant que l'information ainsi créée réponde à des besoins réels de la profession agricole, et qu'elle lui parvienne rapidement, avant son échéance de validité.

On distingue, à cet égard, trois types différents d'informations agrométéorologiques : le court terme (de un à cinq jours), le moyen terme (de quinze jours à deux mois) et le long terme, (d'un an ou plus). De telles informations doivent satisfaire aux demandes exprimées par la profession agricole : prévision des conditions météorologiques pour la réalisation des travaux agricoles, prévision du risque de gel, prévision des risques de développement de certaines maladies liées au climat, suivi du bilan hydrique des sols, suivi des sommes de températures en liaison avec le calendrier de développement des plantes ; études agroclimatiques diverses pour le choix des cultures, des variétés et des régions d'implantation les mieux appropriées en fonction de leurs exigences écoclimatiques, etc.138(*)

Les données agrométéorologiques sont indispensables pour maîtriser l'environnement, la sécurité alimentaire, l'harmonie sociale et démographique.

Ainsi, du point de vue de la dégradation, on peut noter ce qui suit ;

· le dénivellement des montagnes et des collines par les érosions, ce qui provoque un délavage du sol

· les inondations des marais ayant pour conséquence leur sous-exploitation et leur improductivité

· la déforestation et le déboisement à grande échelle auront des conséquences sur l'aspect climatique et celui de l'habitat

· les rivières en crues qui débordent de leurs lits détruisent les cultures et influent négativement sur la récolte

· les eaux des pluies peu canalisées inondent les vallées, détruisent les étangs piscoles et salissent les sources d'eau propre à la consommation des habitants

· les feux des brousses sont une conséquence sur l'infertilité du sol mais un moyen de trouver du fourrage pour les animaux domestiques

· le manque d'antiérosifs et de jachère contribue à la réduction sensible des sols arables 

· les briqueteries installées dans les marais réduisent aussi bien les terres cultivables que et les boisements installés aux alentours : c'est le cas des marais de Nyamubanda et Kaliginya en groupement de Nyangezi, Cisheke à Walungu, Nacirwi à Lubona, Ibere à Burhale, Nalugana à Ciherano en Groupement de Lurhala, etc.

Tous ces aspects, liés à la dégradation naturelle et/ou humaine de l'environnement, présentent à la fois des impacts positifs et négatifs :

a). Aspects négatifs

- Diminution spectaculaire des produits des cultures et d'élevages. En effet, au sein de la Chefferie de Ngweshe, les aliments de base ont toujours été le manioc et la patate douce. Trois facteurs ont contribué à la rareté de ces denrées depuis 1994 :

Ø l'exiguïté et l'infertilité des lopins des sols cultivés par différents ménages

Ø les destructions culturales par la mosaïque du manioc à travers toute la chefferie, et

Ø la main d'oeuvre essentiellement féminine dans une production familiale et dans un contexte purement féminin incluant peu d'hommes

Pour se nourrir, les populations s'approvisionnent en farine de manioc et /ou du maïs à partir de la ville de Bukavu qui, elle-même est alimentée de par son hinterland d'Idjwi, Kalehe et par la ville rwandaise de Cyangugu proche de la ville de Bukavu. Il va sans dire que tant que le pouvoir d'achat sera faible, quelle que soit la quantité d'offre des denrées alimentaires, la santé du paysan sera précaire pour le simple fait qu'il ne saura jamais se procurer à manger et manger à sa faim. Parmi les grands défis à relever pour les dirigeants de la chefferie, il y a essentiellement celui de procurer à la population à manger parce que tout le reste de la vie en dépend. Il faut donc revaloriser la terre, relancer la culture du manioc ou d'autres cultures similaires et redonner ainsi au paysan sa joie de vivre.

Il faut rappeler que la diminution de la production du manioc dans la région a eu des implications négatives sur d'autres cultures telles que la banane qui, au lieu de servir à la production de la boisson est consommée comme aliment. Il en est de même pour le haricot dont la récolte prématurée ne permet plus au paysan d'avoir une réserve en semences pour les saisons culturales à venir. Et l'on trouve ainsi qu'à certains moments, le paysan cultive mais ne sème pas faute de semences de haricot. Le bananier, lui en tant que culture pérenne ne cause pas de problème de semence, mais son entretien est exigeant. Les avis des gens divergent quant à la consommation de la banane comme aliment et comme boisson:

Pour certains, à tendance nutritionniste, certes, la consommation de la banane comme aliment et non comme boisson est plus rentable pour le corps humain. La banane a plus de nutriments que le manioc qui dispose de beaucoup d'amidon et dont une consommation abusive et exagérée peut provoquer diverses maladies, à l'exemple du diabète.

D'autres, à tendance plus traditionnaliste, estiment que la consommation de la banane par la cuisine réduit la production de la boisson locale appelée « kasigsi ». Or, c'est par cette boisson locale que les individus tissent leurs liens ; organisent les fêtes de mariages, de naissances, de baptêmes ; se détendent et se divertissent, organisent les deuils ; évitent des problèmes dans leurs foyers, etc. Les boissons étrangères ou usinées telles que la bière Primus produite par la Bralima / Bukavu et vendue dans le milieu et bien d'autres boissons, ne sont pas à la bourse de tout le monde.

· La recrudescence des maladies d'origine hydrique

D'entrée de jeu, nous affirmons que la santé du paysan de Ngweshe, en général, est dans un état de précarité pour la simple raison qu'il mange mal et insuffisamment. Cette précarité affecte beaucoup plus les enfants en âge d'école primaire et les beaucoup plus encore les femmes enceintes. Cette situation a été encore plus exacerbée par la destruction de l'environnement et plus précisément par le déblayage des pentes surplombant les sources d'eaux potables, ce qui a conduit à la recrudescence des maladies d'origine hydrique : choléra, verminose, billarhiziose, etc.

· Cas de dérèglements sociaux dans les carrières aurifères : dans ces carrières, on enregistre beaucoup de cas d'escroquerie, détournement, dettes, prostitution, esprit de lucre pour les femmes, utilisation d'enfants et de femmes à des travaux difficiles et à haut risque tels que les descentes dans des filons à pentes raides, et obscurs. Il y a des cas d'accidents meurtriers observé lors des écroulements des sols qui ensevelissent de personnes, souvent difficiles à dénombre ou identifier. Les carrières de Nyamadama à Luntukulu, Mukungwe en groupement de Mushinga, Nyamurhali à Lubona, Kanyangwi et Kaji, en groupement de Burhale, étaient les plus dangereuses.

· Abandon de l'agriculture au profit du « creusage de l'or » dans les villages environnants les carrières aurifères ;

· Maladies contagieuses liées à la promiscuité sociale ; à la consommation sexuelle, immorale, abusive et effrénée.

b) Aspects positifs

Si l'exploitation de l'or et de la cassitérite a eu des impacts négatifs aussi bien sur l'environnement que sur le social, il serait inouï de ne voir ce phénomène que sur ce seul aspect négatif. On doit, à tout prix, lui reconnaître certains points positifs sur le vécu des habitants :

· L'amélioration du revenu familial à travers les matières exploitées et vendues

· L'émergence d'un petit commerce régulier et rentable, avec écoulement facile des produits au sein de ces petits carrés miniers

· Quelques changements culturels, issus des emprunts culturels, dans les villages environnant les carrières en exploitation. (mode vestimentaire, échanges linguistiques, mariage exogamique, hétérogénéité tribales dans les carrières minières, etc).

* 138 E. CHOISNEL et E. CLOPPET, Agrométéorologie, in Encyclopaedia Universalis, 2011.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille