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Information, sensibilisation et conscientisation dans la lutte contre les violences sexuelles par la commission diocésaine justice et paix à  Uvira dans le sud-Kivu.

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par MUKOKYA Morgan MUBENGWA
Université Catholique du Congo - Licence 2014
  

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2.2.3. L'impact de la guerre

Bien que le statut inférieur de la femme contribue aux violences sexuelles dans cette partie du pays, les guerres interminables dont cette région a souffert, ont plus amplifié ce phénomène. Il faut donc chercher des raisons ailleurs et nous penchons plus vers la thèse selon laquelle ces pratiques ignominieuses, ces violences de grande envergure, tirent leur origine du Rwanda et du Burundi. Elles n'ont d'autre but que l'humiliation du peuple congolais, une vengeance qui ne dit pas son nom, une arme de guerre.

En effet, au Burundi et au Rwanda, les violences sexuelles sont une monnaie courante. Le recours systématique au viol chez les milices venant de ces pays limitrophes et intervenant dans le conflit armé au Sud-Kivu en général et au Diocèse d'Uvira en particulier, s'explique par le fait que parmi les forces armées impliquées dans cette guerre se trouvaient des rwandais et des burundais.

Notons qu'au Rwanda, lors du génocide de 1994, les femmes Tutsi et Hutu, ont été victimes de violences sexuelles à grande échelle, violences perpétrées par les milices armées hutu, les soldats des Forces Armées Rwandaises ainsi que par des civils. Après la victoire du Front Patriotique Rwandais (FPR), les soldats Tutsi de l'Armée Patriotique Rwandaise (APR), ont violé des femmes Hutu, dans le but de venger les femmes Tutsi qui avaient été violées par les milices Hutu. Les témoignages s'accordent sur la brutalité avec laquelle ces violences ont été commises. Des milliers de femmes ont été violées par un ou plusieurs individus, avec des objets tels que des bâtons aiguisés ou des canons de fusils et soumises à l'esclavage sexuel. Elles étaient violées, après avoir assisté parfois à la torture et au massacre de leur famille, au saccage de leur maison, etc. Un grand nombre de femmes a été tué après avoir été violé. De la même manière au Burundi, toutes les forces combattantes, y compris l'armée burundaise, ont commis des actes de violence sexuelle sur des femmes et des jeunes filles issues de toutes les couches de la population.41(*) Ils ont ainsi importé ce qu'ils pratiquaient chez eux pendant les génocides qui se sont déroulés dans ces pays jusque sur le territoire congolais.

La République Démocratique du Congo en général et sa partie-Est en particulier, a connu depuis plus de deux décennies une longue période d'instabilité causée par des conflits armés qui s'y sont succédés. En effet, tout a commencé avec la première guerre, dite la « guerre de libération » menée par Laurent - Désiré Kabila de 1996 à 199742(*), guerre qui a abouti à la chute du Président Mobutu Sese Seko. Dans son entreprise, Kabila a été soutenu par des Etats étrangers, en l'occurrence le Rwanda et l'Ouganda. Le pouvoir de Kabila a été aussitôt ébranlé parce que ses mentors qui l'avaient porté au pouvoir, lui ont imposé une deuxième guerre, le 2 Août 1998, par le truchement d'un groupe de rebelles congolais d'origine tutsi. Ainsi, la République Démocratique du Congo fut à nouveau plongé dans un conflit armé qui impliqua non plus deux pays voisins mais cette foi-ci neuf pays africains. C'est la guerre menée par le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD).

Et malgré la signature de divers accords de paix à la base de la fin officielle de la deuxième guerre en 2003, en dépit de la mise sur pied du gouvernement de transition, qualifié de 1 + 4 qui a abouti aux élections générales de 2006, puis à celles de 2011, l'Est de la RDC, plus précisément le territoire diocésain d'Uvira, n'a pas connu de répit à cause de beaucoup de problème dont ses habitants sont victimes et aussi à cause de nombreux cas de violences sexuelles qui y sont dénombrés au jour le jour.

On ne peut passer sous silence le fait que l'occupation de cette partie du pays par le RCD a été accompagnée de nombreux abus perpétrés contre la population civile. Ainsi cette présence était d'autant plus mal digérée qu'elle était accompagnée des violations flagrantes des droits fondamentaux de la personne humaine, donnant ainsi l'impression au peuple congolais d'être victime d'une occupation étrangère. Les responsables de ce mouvement ont été accusés du pillage des ressources minières et agricoles de l'est du pays au bénéfice des Rwandais et des Burundais comme l'ont relevé plusieurs rapports élaborés par différentes organisations tant nationales qu'internationales.43(*)

Cette situation de belligérance dans la contrée favorisa l'apparition de nombreuses milices étrangères et locales en plus de celles qui existaient déjà depuis la guerre menée par Kabila. Citons entre autres les Interahamwe, les Maï- Maï tribaux, etc44(*).

Aussi, de nombreux cas de violences sexuelles et autres abus sexuels commis par des miliciens, des groupes armés, par des policiers et militaires de l'armée nationale et même par des civils, sur les filles, les femmes et même sur les hommes, ne cessent d'y être documentés45(*).

A ce jour donc, en plus de l'armée gouvernementale, on dénombre au diocèse d'Uvira une vingtaine de groupes armés et milices. Le tableau suivant le démontre clairement46(*) :

DESIGNATION

TERRITOIRE

 

1. Raïa Mutomboki

Mwenga : Kigalama, Mutunda

 

2. FDLR : groupe armé rwandais

Mwenga : Miki, Mulambozi, Luvumba

 

3. Yakutumba, Amuri, William

Fizi : Fizi, Lusuku, Bala, Sebele, Mboko, Nakiliza, Mulumba

 

4. Mayele Rashidi

Fizi : Swima

 

5. Bwasakala

Fizi : moyens plateaux des chaînes des monts Mitumba, Kabumbe

 

6. FDLR : groupe armé rwandais

Fizi : vers Misisi

 

7. Bede Rusagara

Uvira : Mutarule, Ndolera, Mulenge, Mudere

 

8. Molière

Uvira : Lemera

 

9. Fujo

Uvira : moyens plateaux des chaînes des monts Mitumba

 

10. Nyerere

Uvira : moyens plateaux des chaînes des monts Mitumba

 

11. Marambo

Uvira : moyens plateaux des chaînes des monts Mitumba

 

12. Kashogolosi

Uvira : moyens plateaux des chaînes des monts Mitumba, Makobola

 

13. Forces Nationales de Libération (FNL) : groupe armé burundais

Uvira : Kiliba

 

14. Ma-Ma Mahoro

Uvira : Bijombo

 

15. Ma-Ma Gumino, dissident de Forces de Résistance Fédéralistes (F.R.F.), chef Semahungwe

Uvira : Minembwe-Nord, Tawimbi

 

16. Ma-Ma Namushosi

Fizi : Milimba, vers Lulimba et Kitumba

 

17. Ma-Ma Biloze Bishambuke

Fizi : Milimba et moyens plateaux des chaînes des monts Mitumba

 

18. Ma-Ma Murumba

Fizi : Monda, vers Kagembe

 

19. Ma-Ma pro Kazadi

Fizi : Lulenge

 

20. Raïa Mutomboki

Fizi : Kasanya, Chakira, Kamombo

 

21. Abdul

Uvira : Lubarika

 

22. Nakiliba et Kapopo

Mwenga : Itombwe

Il ressort de ce tableau que c'est le territoire d'Uvira qui bat le record en nombre des milices et bandes armées, soit 45,4%. Vient ensuite le territoire de Fizi avec 40,9%, suivi de celui de Mwenga, soit 13,6 %. Il est à noter aussi que les groupes armés qui sévissent à Mwenga sont nés en dehors de ce territoire, l'un à Shabunda voisin - les Raïa Mutomboki- et l'autre est d'origine rwandaise - les FDLR-. Les moyens plateaux des chaînes des monts Mitumba constituent un sanctuaire des groupes armés et milices car c'est un milieu difficile d'accès. La plupart des cas de viols et violences sont imputés aux miliciens car cela se fait dans les champs, en cours de route, dans la foret et dans des endroits peu fréquentés et où ces groupes armés règnent en maître.

Nous devons toutefois noter que parfois, des civils et même des militaires de l'armée régulière, violent des femmes en se faisant passer pour des miliciens. Ils imitent parfois la façon de s'exprimer des éléments des FDLR et des FNL pour cacher leur identité.

D'après de nombreux rapports de la Commission Diocésaine Justice et Paix du Diocèse d'Uvira ainsi que de ceux d'autres organisations de défenses des droits humains, les présumés auteurs des violences sexuelles dans cette contrée se recrutent le plus souvent parmi les miliciens, les membres des bandes armées étrangères, les militaires de l'armée nationale, les policiers et même les civils. Bref, aucune catégorie de la population n'est exempte de cette pratique qui a pris des formes et typologies multiformes. Nous y reviendrons dans notre troisième chapitre en sa deuxième section, lorsque nous présenterons un tableau synthétique des violences sexuelles faites à la femme, à la jeune fille et à l'homme au diocèse d'Uvira, d'avril 2010 à avril 2013.

Le phénomène violences sexuelles étant une affaire qui concerne la société tout entière, il exige alors que tout le monde s'implique pour y apporter une réponse : le gouvernement, les ONGs de droits de l'homme, etc. C'est dans ce cadre que la législation nationale produit des lois pour réprimer cette infraction. Et face à l'ampleur qu'a prise ce phénomène, le législateur congolais a dû au fil de temps adapter les sanctions à l'encontre de ces actes infâmes.

* 41 RESEAU DES FEMMES POUR UN DEVELOPPEMENT ASSOCIATIF (RFDA), RESEAU DE FEMMES

POUR LA DEFENSE DES DROITS ET LA PAIX (RFDP) ET INTERNATIONAL ALERT (IA), Op. cit.,

p. 28.

* 42 Lire à ce sujet NDAYWEL è NZIEM, I., Nouvelle histoire du Congo. Des origines à la République Démocratique du Congo, Kinshasa, Afrique Editions, 2008, pp. 601- 604 ; MOSWA MOMBO, L., La répression des infractions se rapportant aux violences sexuelles dans le contexte de crise de la Justice congolaise : cas du viol, Université de Nantes, Diplôme Universitaire de 3ème cycle en Droits Fondamentaux, 2008, (Inédit), pp. 5-7.  ; BRAECKMAN, C., L'homme qui répare les femmes. Violences sexuelles au Congo. Le combat du docteur Mukwege, Bruxelles, André Versaille (éditeur), 2012, 156p.

* 43 NATIONS UNIES, CONSEIL DE SECURITE, Rapport du groupe d'experts sur l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses de la République du Congo, 12 Avril 2001, p. 59 ; voir aussi STEFAAN, M., et CATHERINE, A., « Guerre et pillage en République Démocratique du Congo », dans L'Afrique des Grands Lacs, Annuaire 2000-2001, sous la Direction de MARYSSE, S., et REYNTJENS, F., Centre d'Etudes de la Région des Grands Lacs, Anvers, Paris, L'Harmattan, 2001, pp. 307- 332.

* 44 Pour plus de renseignements sur le phénomène Ma-Ma, lire VLASSENROOT, K., « Violences et constitution de milices dans l'Est du Congo : le cas des Mayi-Mayi », L'Afrique des Grands Lacs, Annuaire 2001-2002, sous la direction de REYNTJENS, F., et MARYSSE, S., Centre d'Etudes de la Région des Grands Lacs d'Afrique, Anvers, Harmattan, Paris, 2003, pp. 115-152 ; LUBALA MUGISHO, E., « L'émergence d'un phénomène résistant au Sud-Kivu (1996-2000)», l'Afrique des Grands Lacs, Annuaire 1999-2000, sous la direction de REYNTJENS, F. et MARYSSE, S., Centre d'Etudes de la Région des Grands Lacs d'Afrique, Anvers, L'Harmattan, Paris, 2000, pp.188-223.

* 45 MINISTERE DU GENRE, DE LA FAMILLE ET DE L'ENFANT, Stratégie Nationale de lutte contre les Violences basées sur le Genre (SNVBG), Kinshasa, Août 2009 ; le rapport de HUMAN RIGHTS WATCH, Les soldats violent, les commandants ferment les yeux, violences sexuelles et réforme militaire en République Démocratique du Congo, New-York, 2009. MINISTERE DU GENRE, DE LA FAMILLE ET DE L'ENFANT, Ampleur des violences sexuelles et basées sur le genre rapportées en 2011 et 2012 et 1er semestre 2013, Kinshasa, 08 Octobre 2013.

* 46 Ces informations ont été recueillies auprès des présidents des sociétés civiles de Fizi, de Mwenga et d'Uvira,

le 02 Avril 2014.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore