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Perception du changement climatique sur la culture de la canne à  sucre dans la cuvette de Doungou (département de Kantché, région de Zinder).

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par Anass ITTA
Université ABDOU Mounmouni de Niamey (Niger) - Master/Récherche 2016
  

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Conclusion partielle

L'analyse de l'évolution spatiale de la zone d'étude à travers des images satellitales montre que le changement climatique a touché toutes les zones de production de la canne à sucre (Korama, cuvettes oasiennes). Ce dernier se manifeste par l'assèchement de la Korama, la baisse de la nappe phréatique et la transformation de certaines cuvettes en champs des cultures pluviales. Cette baisse de la nappe phréatique conduit également à la disparition de certaines variétés de la canne à sucre, voire l'abandon progressif de cette plante très exigeante en eau au profit de certaines espèces plus adaptables au contexte climatique actuel. Cependant, pour atténuer les effets négatifs de ce phénomène sur l'activité cannière, les producteurs locaux ont développé des stratégies d'adaptation mais ces dernières présentent des limites. C'est pourquoi, des stratégies d'adaptation efficace ont été proposées pour un développement durable de cette activité mais aussi le renforcement de la résilience de la cuvette.

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Chapitre V : Résultats et Discussion

La culture de la canne à sucre est une activité qui requiert une force physique très intense, c'est ce qui fait d'elle une activité exclusivement masculine. Ce constat ressort de l'étude de ADAMOU (2013) où il affirme que 100% des exploitants sont des hommes dont 64,5% ont un âge compris entre 30 et 60 ans, et celle de Harou (2012) qui dit que seuls les hommes pratiquent la culture de contre saison et que 65% des exploitants ont moins 45 ans. Ces derniers sont similaires à nos résultats qui montrent que 100% des producteurs sont de sexe masculin et que 53% ont un âge compris entre 25 et 39ans. Ceci s'explique par le fait que la culture de la canne à sucre a une exigence énergétique.

Poursuivant son analyse ADAMOU (2013) montre que 42% des exploitants ont chacun un ménage composé de 5 à 10 personnes, ce qui est inférieur aux résultats de OUMAROU (2012) qui montrent que 19 chefs de ménages, soit 48% de l'échantillon sont polygames et ont chacun plus de 10 membres par ménage mais qui est similaire à nos résultats qui révèlent que 44% des producteurs enquêtés ont 6 à 10 personnes à charge.

Quant à l'accès à la terre, ADAMOU (2013) a trouvé les modes suivants : héritage 60%, prêt 13,13%, achat 13,33%, gage 13,13% et HAROU (2012) a trouvé : héritage 40%, achat 20%, prêt 15%, location 10%, don 7,5% et gage 7,5%. Ces derniers sont loin de nos résultats qui révèlent : héritage 70% , achat 25%, don 2 %, prêt 1%, location 1%, et gage 1%. On constate que contrairement à ces derniers, certains modes d'accès à la terre ont tendance à disparaitre du fait de la forte densité de la population dans la zone d'étude au point où : « posséder un jardin n'est pas l'apanage de tout paysan même étant autochtone ». Par contre, nos résultats se rapprochent de ceux de OUMAROU (2012) qui trouve : héritage 87% et 13% pour location avec une absence de certains modes d'accès à la terre du fait de la richesse qu'on amasse autour de la production de la canne à sucre qui a rendu les propriétaires fonciers de plus en plus individualistes au point où certaines formes d'accès à la terre ont disparus.

Concernant la main d'oeuvre, ADAMOU (2013) dit que 75,55% des paysans utilisent la main d'oeuvre familiale alors que 24,45% des exploitants font recours aux salariés et que l'entre aide n'est pas encore développée . Ceci se rapproche de nos résultats qui montrent que cette main d'oeuvre est à 85% familiale, 13,5% salariale et 1,5 % de l'entre aide. On constate alors une faiblesse voire une absence de l'entre aide ce qui veut dire que pour produire la canne à sucre, il faut disposer d'un capital humain où des moyens financiers.

Parlant du changement climatique, l'analyse de la pluviométrie dans la zone d'étude de 1981 à 2014, montre deux périodes climatiques distinctes : une période moins humide qui va de

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1981 à 1992 marquée par un déficit pluviométrique et une période humide qui va de1993 à 2012 où on assiste à un retour aux conditions climatiques plus humides.

Ces résultats sont en harmonie avec les conclusions de WAZIRI MATO et al (2012) qui constatent une alternance d'années humides et sèches pour la station de Magaria et qu'à partir de 1998, les années sont relativement humides donc on assiste à un retour aux conditions climatiques plus humides. Par contre, ABDOU BOKO (2014) et MALAM ABDOU (2014) ont fait ressortir une tendance des pluies en baisse à la station de Zinder mais elle n'est pas significative.

L'analyse des données des températures dans la zone d'étude montre une augmentation des températures moyennes d'environ 1°C. Ceci est très proche des résultats de GIEC (2007) qui prévoient une augmentation de la température de 1 à 1,5° à l'horizon 2025 pour le pays de l'Afrique subsaharienne. Pour la série des données des températures minimales, cette augmentation est de 0,72°C. Ceci corrobore les travaux de BATIONNON (2009) qui parle d'une augmentation de la température mondiale de 0,73° en un siècle. Cette augmentation de la température dans la zone d'étude est confirmée par 91,5% des exploitants qui relatent qu'ils ont perçu une augmentation globale des températures actuelles, comparées à celles des dernières années.

Sur l'intensité du vent, 91,33% des paysans interrogés affirment que pendant la saison des pluies, le vent cause en général plus des dommages sur la végétation, en particulier sur la canne à sucre qui fait la spécificité de la zone d'étude. Cette perception s'explique par le fait que pendant la saison pluvieuse, les vents forts proviennent du passage plus fréquent des phénomènes orageux. . Cette analyse concorde bien avec celle des exploitants du site des cultures irriguées de Wacha sur le régime des vents, qui fait ressortir deux périodes pendant l'année. Au cours de ces périodes, les vents se démarquent par leurs intensités et par les dégâts qu'ils engendrent sur le milieu naturel (WAZIRI MATO et al, 2012).

Par rapport aux impacts du changement climatique, nos résultats ont fait ressortir les principaux impacts suivants : la baisse de la nappe phréatique, la baisse de la production, la disparition de certaines variétés de la canne à sucre voire l'abandon progressif de l'activité cannière. La baisse de la production de la canne à sucre s'explique d'abord par le démarrage tardif et l'arrêt précoce de la saison des pluies qui viennent perturber le cycle végétatif de la canne à sucre. Ensuite, dans certains sites notamment dans les bas-fonds, c'est surtout les grandes averses du mois d'août qui submergent et dévastent par la suite la plantation de la canne à sucre. Ces résultats sont similaires aux constats de WAZIRI MATO et al (2012) qui relatent que l'ensemble des exploitants enquêtés attestent que le phénomène de l'inondation

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frappe assez souvent la partie la plus fertile, donc l'auréole centrale du bas-fond. Dans certains cas, elle empêche carrément la mise en valeur de cet espace en raison des difficultés liées à la préparation des parcelles et de l'abondance de l'eau. Nos résultats se rapprochent également des travaux d'AMOUKOU (2009), qui montrent une augmentation de la fréquence des mauvaises récoltes car, poursuit-il, pour les paysans, « il n'y'a que d'années déficitaires dans le terroir ».

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery