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Perception du changement climatique sur la culture de la canne à  sucre dans la cuvette de Doungou (département de Kantché, région de Zinder).

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par Anass ITTA
Université ABDOU Mounmouni de Niamey (Niger) - Master/Récherche 2016
  

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Conclusion générale

La cuvette de Doungou est caractérisée par un sol à texture argilo-limoneuse hydromorphe communément appelé « Tabo », très riche en matières organiques et en ressource en eau souterraine. La nappe phréatique ne dépasse guère 10 mètres, ce qui constitue un endroit par excellence de la production de la canne à sucre. Mais, ces dernières années le changement climatique et ses corollaires tendent à compromettre cette activité qui fait la spécificité de la commune.

Le but de cette étude est d'analyser la perception du changement climatique sur la culture de la canne à sucre ainsi que les stratégies d'adaptation développées par les paysans, afin de proposer d'autres plus efficaces pour réduire les effets négatifs du changement climatique sur cette activité.

En effet, dans la Commune Rurale de Doungou, la culture de la canne à sucre est pratiquée par des chefs de ménage dont l'âge varie entre 25 et 70 ans. La taille du ménage est généralement de 5 à plus de 21 membres. L'acquisition de terre se fait à 70% par héritage et la main d'oeuvre agricole est essentiellement familiale à hauteur de 85%.

Dans le terroir de notre étude, l'ensemble des personnes enquêtés affirment que ces dernières décennies, la saison des pluies s'installe en retard et quand elle s'installe elle ne dure qu'au maximum trois (3) mois (juillet, août, septembre) avec des quantités des pluies variables d'une année à une autre.

Par ailleurs, 91,5% des exploitants perçoivent une augmentation globale des températures actuelles comparées aux années antérieures. Quant au régime des vents, les exploitants affirment que c'est surtout en début de la saison des pluies (période de montaison de la canne à sucre) et pendant la saison sèche froide (période de maturation) que l'activité des vents est plus violente et intense ces dernières années.

L'analyse cartographique de la dynamique de l'occupation des sols montre que globalement toutes les unités d'occupation du sol ont subi un changement entre périodes 1986 et 2015, mais la zone de la production de la canne à sucre (Korama et cuvettes oasiennes) ont subi une dynamique contraire. La Korama qui occupait 1191 hectares soit 6% de la superficie globale en 1986, a perdu 392 hectares pour ne compter que 799 hectares en 2015, soit environ 4% de la superficie globale tandis que les cuvettes oasiennes qui ne comptaient que 86 hectares en 1986 soit environ 0,5% de la superficie globale ont plus que doublé leur superficie en 2015 pour atteindre 218 hectares, soit environ 1% de la superficie globale.

En effet, cela confirme la première hypothèse à savoir « le changement climatique est réel dans la zone et qu'il est perçu par la population à travers certains indicateurs ».

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L'analyse de la production annuelle en tonne de la canne à sucre de 2004 à 2014 pour l'ensemble du Département de Kantché, montre une baisse récurrente de la production de la canne à sucre qui est beaucoup plus marquée au cours des années 2005, 2010 et 2012. En effet, cette baisse de la production de la canne à sucre est aussi constatée par 80% des exploitants. Cependant, 56% de ces derniers attribuent d'abord cette baisse de production au dérèglement de la saison des pluies. En effet, à la montaison (mai, juin), période à laquelle la canne à sucre a plus besoin d'eau, les précipitations se font rares conduisant du coup un déficit hydrique à la plante. De plus, quand la pluie tombe, elle prend fin généralement au cours du mois de septembre, période par excellence de la maturité de la canne à sucre. Cette perturbation du cycle végétatif de la canne à sucre liée au dérèglement de la saison des pluies conduit à la production de canne avec de petits entre-noeuds et moins sucrée appelée « gounji » ou canne courte.

Ensuite, 20% des exploitants affirment que dans certains sites notamment les bas-fonds, c'est surtout les grandes averses du mois d'août qui submergent et dévastent les champs de canne à sucre. Cette situation oblige les paysans à une récolte précoce où à l'abandon total de leurs champs. Par contre, 12% des exploitants associent cette baisse de production à une baisse des précipitations observées ces dernières années. En fin, 10% des exploitants attribuent la baisse de la production à la forte chaleur surtout du mois de Mai et Juin qui crée un déficit hydrique aux jeunes plants de la canne à sucre se trouvant surtout à la périphérie des jardins, où l'humidité du sol est très faible. C'est seulement 2% des exploitants qui disent que la baisse de la production est liée aux vents violents de la saison froide qui viennent déshydrater ou écraser la canne à sucre en pleine maturité.

Cette analyse de la production de la canne à sucre confirmée par les constats des exploitants permet de dire que la baisse récurrente de la production de la canne à sucre est liée aux variations de certaines variables climatiques. Ce qui confirme la deuxième hypothèse à savoir « la baisse de la production de la canne à sucre est liée aux variations des certaines variables climatiques ».

Afin d'optimiser et maintenir la production à un niveau satisfaisant dans un contexte de changement climatique, les producteurs locaux ont développé diverses stratégies d'adaptation : l'association des cultures, l'irrigation de complément, le remblayage, la diguette et le buttage. Ces résultats confirment la troisième hypothèse à savoir « les producteurs locaux développent des stratégies d'adaptation pour faire face aux effets néfastes du changement climatique sur la culture de la canne à sucre ». La variation de la pluviométrie et de la température ces dernières décennies a aussi entrainé la disparition de trois (3) variétés

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de la canne à sucre : « Farar Kara » ou canne de couleur blanchâtre, « Kara » ou canne de couleur verte et « Va Tambu » qui est une canne de même couleur que la canne violette mais dont le diamètre est inférieure à celui de cette dernière. Aujourd'hui, « Kantoma » ou canne violette demeure la seule espèce cultivée dans la commune comme en témoignent 93,3% des exploitants.

De nos jours, avec le changement climatique en cours, 79,7% des exploitants ont compris la nécessité de remplacer la canne à sucre (très exigeante en eau et à cycle long), par des espèces à cycle court et qui s'adaptent mieux au contexte climatique actuel. Ainsi, 62% d'exploitants affirment qu'ils ont abandonné l'activité de la canne à sucre au profit de la culture du poivron et 20% pour la pomme de terre. Cependant, 18% des exploitants sont nostalgiques à cette activité car selon eux, aucune plante ne peut remplacer la canne à sucre. Ces résultats confirment la quatrième hypothèse à savoir « avec le changement climatique en cours, certaines variétés de la canne à sucre sont menacées de disparition et l'activité de la canne à sucre tend à être abandonnée »

Cette étude qui a porté sur la perception du changement climatique sur la culture de la canne à sucre dans la cuvette de Doungou, présente sans nul doute des limites. Cependant, une échelle plus grande qui prendra en compte plusieurs sites de production permettra de faire une appréciation beaucoup plus globale de ce phénomène. C'est pourquoi, nous proposons pour les recherches futures d'élargir ce travail à l'échelle régionale autour de la thématique suivante : « la canne à sucre face au changement climatique dans la vallée de la Korama, région de Zinder ».

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus