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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC.

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par Hermann Blondel AJOULIGA DJOUFACK
Université de Dschang - Master 2 2016
  

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III.1.3. Notion d'efficience et généralités sur les modèles de frontière

Le secteur privé et le secteur public présentent de nombreuses similitudes. Ils produisent tous deux des biens et des services, en étant soumis à des contraintes de gestion de leurs ressources financières, techniques et humaines. Cependant, la nature des objectifs poursuivis dans les deux secteurs est différente : dans le secteur privé, l'objectif de rentabilité économique est inhérent à un projet d'entreprise qui doit s'autofinancer pour s'inscrire dans la durée. Il est au coeur des attentes des actionnaires lorsque le capital des entreprises est ouvert. Dans le secteur public, le soutien financier de l'Etat et des collectivités fait passer au second plan l'objectif de rentabilité économique : la principale finalité recherchée est la satisfaction de l'intérêt général correspondant à la responsabilité d'un service public face au gouvernement et aux citoyens. Dans ce sens, si les dépenses sociales de santé sont nécessaires pour un

9Selon François Perroux (1990), « le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rend apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global.»

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 19

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

accroissement potentiel du niveau de vie des populations, leur efficience en est une autre non moins importante - si non plus importante que les autorités doivent promouvoir.

III.1.3.1. Clarification du concept d'efficience

De façon générale, l'efficience est un concept qui mesure la productivité d'un facteur ou d'une unité de production. C'est le rapport entre ce qui est réalisé et les moyens mis en oeuvre (capacité à produire le maximum avec le minimum d'efforts ou de dépenses). Elle indique à quel point une organisation utilise à bien ses ressources pour produire des biens et des services et correspond à l'écart entre la production maximale autorisée compte tenu des inputs consommés et la production réalisée avec la même quantité d'inputs (Boussemart, 1994). C'est donc un concept axé sur les ressources (intrants ou inputs), les biens et services (extrants ou outputs) et le rythme auquel on utilise les intrants pour produire ou offrir les extrants (productivité).

L'économie étant une science d'allocation des ressources, l'efficience économique ou efficience productive traduit la possibilité de produire une quantité maximale à partir d'un input donné. Elle est mesurée à partir de la relation entre la production observée et la production maximale suite à l'utilisation de l'input en question. On dira donc que les dépenses publiques de santé sont efficientes si l'Etat ne peut produire, une fois que la frontière d'efficience10 (frontière de production) est atteinte, un niveau d'output plus élevé que l'output efficient en réduisant les dépenses engagées. Autrement dit, si pour un niveau de dépenses l'Etat ne peut améliorer ses résultats de santé sans toutefois augmenter son niveau de dépenses. Ainsi l'efficience ne représente qu'une dimension du rendement d'un programme ou d'une opération du gouvernement. Elle se distingue d'une part de l'économie qui indique la manière d'obtenir des ressources en quantité suffisante et de qualité satisfaisante au moindre coût ; d'autre part de l'efficacité, c'est-à-dire est la capacité d'une personne, d'un groupe ou d'un système à parvenir à ses fins, à ses objectifs (ou à ceux qu'on lui a fixés). Donc, être efficace, revient à produire à l'échéance prévue, les résultats escomptés et réaliser les objectifs fixés, lesquels objectifs peuvent être définis en termes de quantité, mais aussi de qualité, de rapidité, de coûts, de rentabilité, etc. L'efficience fait plus appel à la productivité des facteurs et s'appréhende dans le même sens de l'efficacité technique ou productive ; c'est le résultat d'une meilleure productivité dans l'entreprise issue d'un arbitrage judicieux de la combinaison des facteurs limités dont elle dispose. Par ailleurs la notion d'efficience économique diffère de la notion d'efficacité sociale ou collective. Le concept d'efficience dans sa dimension économique n'est relatif qu'à un seul agent économique (producteur) alors que celui d'efficacité sociale ou collective est relatif à l'ensemble de l'économie qui inclut producteurs et consommateurs. Elle est atteinte lorsqu'il est impossible d'accroître l'utilité d'un agent économique sans détériorer celle d'un autre. On parle alors d'optimum de Pareto ou optimum de premier rang. Pour définir ce concept d'efficience économique, Farell (1957) la décompose en efficience allocative et efficience

10 La frontière d'efficience ou frontière de production est le lieu géométrique de combinaison d'inputs permettant d'obtenir un niveau maximal d'output. Elle matérialise les meilleures pratiques et l'écart de chaque observation par rapport à cette frontière représente son degré d'inefficience.

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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

technique qui, selon Daniela Borodak (2007) se décompose à son tour en efficience d'échelle et en efficience technique pure.

III.1.3.1.1. Efficience technique et efficience allocative

L'efficience technique ou efficience physique indique dans quelle mesure une institution utilise de manière optimale les ressources physiques à disposition pour un niveau donné de résultat. Elle concerne la capacité à éviter le gaspillage (Daniela Borodak, 2007). Un gouvernement est donc déclaré techniquement efficient si, pour les niveaux de dépenses publiques utilisés et d'outputs produits, il lui est impossible d'augmenter la quantité d'un output sans augmenter la quantité de dépenses ou de réduire la quantité d'un autre output, ou réciproquement de réduire la quantité d'inputs sans réduire la quantité d'outputs. On suppose donc à travers cette définition que l'ensemble des gouvernements ont accès au même niveau de dépenses, et que seuls ceux qui produisent le maximum sont considérés techniquement efficients. L'utilisation de la notion d'efficience technique permet de mesurer l'écart existant entre le niveau de dépenses publiques injectées pour chaque administration, et un niveau considéré comme optimal déterminé en tenant compte des administrations les plus performantes. Plusieurs institutions seront comparées les unes aux autres et, à partir de l'ensemble des observations, il sera possible d'établir une frontière d'efficience . Les établissements situés sur cette frontière seront considérés comme techniquement efficients. L'inefficience technique correspond donc à une production insuffisante par rapport à ce qui est techniquement possible avec un niveau d'inputs donné (ou réciproquement une quantité d'inputs supérieur au nécessaire pour un niveau d'outputs donné).

L'efficience allocative ou efficience-prix provient de la capacité à combiner les inputs et les outputs dans les proportions optimales, compte tenu des prix donnés sur le marché. L'efficience allocative fait donc intervenir la notion des prix des facteurs de production ; et se réfère à la capacité de l'entreprise de choisir pour un niveau de production la combinaison d'inputs qui minimise le coût. Théoriquement, un processus de production sera dit allocativement efficace si le taux marginal de substitution (TMS) qui est le rapport des productivités marginales entre chaque paire de facteurs est égal à la proportion des prix de ces derniers. Ainsi, Toute erreur dans ce programme entraîne une inefficacité allocative. Dans ce cas, la firme sur ou sous-utilise des facteurs par rapport à d'autres, ce qui rend la production plus coûteuse que celle qui utilise les facteurs dans les proportions optimales. Ainsi, l'efficience allocative consisterait donc à choisir entre différentes combinaison techniquement efficientes celle qui est optimale en termes de coût (prix moindre pour le même résultat).

Pour illustrer graphiquement ces concepts d'efficience, Farrell représente une fonction de production à deux facteurs de la forme Y= f(X1 ; X2), où Y représente l'output et (X1 ; X2) les deux facteurs considérés. Dans sa représentation, il suppose que les

rendements d'échelle sont constants, ce qui donne la forme unitaire de la fonction [f (J ~ ; J ~ ) = 1] représentée à la figure (3.1).

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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

Sur la figure (3.1), la courbe QQ' désigne l'isoquant et représente le lieu géométrique de l'ensemble des possibilités de production ; c'est le lieu géométrique de combinaison des vecteurs ressources qui sont techniquement efficaces pour un output donné : c'est la frontière de production ou frontière d'efficience. Tout point situé sur cette frontière est techniquement efficient ; S et S' par exemple sont techniquement efficients car ils utilisent des quantités minimales des deux facteurs pour produire la quantité unitaire de produit. Par contre tout point situé à l'intérieur de l'isoquant c'est-à-dire à sa droite est techniquement inefficient (P par exemple) car il engage une quantité élevé de facteurs pour produire juste une quantité unitaire de produit. Géométriquement, l'inefficience technique au point P est représentée par le segment SP. L'inefficience technique renvoie donc à une utilisation excessive d'input.

Selon Farrell, géométriquement l'efficience technique (ET) au point P est donnée

OS

par le rapport ETp= OP . S étant le point de la frontière qui possède les mêmes proportions

d'inputs que P. La notion d'efficacité technique est donc comprise entre 0 et 1 (OS?OP). Ainsi tous les points situés sur la frontière d'efficience QQ' ont un score d'efficience technique égale à 1. Toutefois, bien qu'ils soient techniquement efficaces ils ne le sont pas allocativement.

Figure 3.1 : Efficience technique et efficience allocative

Q

P

A

S

R

S'

Q'

O A

Source : Farrell,1957

x2

Y

x1

Y

Théoriquement, une combinaison de facteurs est dite allocativement efficace si le taux marginal de substitution est égal au rapport des prix des facteurs. La droite AA' représente graphiquement ce rapport des prix, et la courbe QQ' le lieu géométrique des rapports des productivités marginales. Ainsi le point S' déterminé par la tangente de l'isocoût AA' à l'soquant QQ' est allocativement efficace. R étant la projection de P sur S

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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

sur AA', l'efficacité allocative (EA) de Pet S est déterminée par le rapport EAp=OROS . Tout

comme l'efficience technique, l'efficience allocative est comprise entre 0 et 1 (0?EAi?1). RS représente la réduction de coût si la production correspondait au point S'. Tous les points situés sur l'isocoût sont donc allocativement efficients mais ne sont pas tous faisables (techniquement efficients).

Le produit de l'efficience technique (ET) et de l'efficience allocative (EA) est appelé selon Farrell (1957) efficience économique (EE) ou efficience totale (ETT) :

EE = ETT= ET x EA.

Cet efficience économique est obtenue au point S' (S' étant techniquement et allocativement efficace). L'efficience économique au point P est égale au produit de :

ET x EA = OSx OR= OR

p p OP OS OP .

Par conséquent le point P n'est ni techniquement ni allocativement efficient. S bien qu'il soit techniquement efficient est allocativement inefficient. P et S ont la même inefficience allocative. Le point R bien qu'étant allocativement efficient est techniquement inefficient.

III.1.3.1.2. Efficience d'échelle et efficience technique pure

L'efficience d'échelle représente l'écart existant entre les performances constatées et celles qui seraient obtenues dans une situation d'équilibre concurrentiel de long terme où le profit est nul, c'est-à-dire par rapport à une situation de rendement d'échelle constants. Une institution est dite inefficiente d'échelle si sa situation initiale est caractérisée par des rendements d'échelle croissants ou décroissants. L'efficience d'échelle cherche donc à déterminer dans quelle mesure une institution fonctionne avec des rendements d'échelle croissants ou décroissants ; permettant ainsi de définir la taille optimale d'un établissement.

Il y'a rendement d'échelle croissant lorsque la production varie de façon plus importante que la variation des facteurs de production utilisés ; en d'autres termes, la production d'une unité supplémentaire s'accompagne d'une baisse de coût unitaire : on parle d'économie d'échelle.

Les rendements d'échelle décroissants désignent l'augmentation moins que proportionnelle de la production consécutive à l'augmentation des facteurs de production. En d'autres termes, le coût marginal augmente ; autrement dit, plus on produit et plus il devient coûteux de produire une unité supplémentaire : c'est la déséconomie d'échelle.

L'efficience technique pure reflète la capacité d'une institution à optimiser (maximiser) sa production pour un niveau donné d'intrants et, symétriquement à minimiser ses consommations en ressources pour un niveau donné de production. Elle reflète l'organisation du travail à l'intérieur de l'unité de production : l'habileté d'organiser, de motiver et de surveiller efficacement les employés et les superviseurs ou encore l'habileté d'éviter les erreurs et les mauvaises décisions (Daniela Borodak, 2007). Ces aspects de

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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

l'efficience sont classés sous la rubrique «efficience- X11». Par conséquent, la mesure de l'efficience technique pure est indépendante des prix des produit et des intrants.

Pour illustrer ces deux types d'efficience, Coelli et al, (1998) représente dans un repère, une fonction de production à un seul facteur (figure 3.2).

Figure 3.2 : Efficience technique pure et efficience d'échelle

Output : Y

Rendements d'échelle constants Rendements d'échelle variables

H M N

A

0

B

XH XM XN Input: X

Source : Coelli et al. (1998).

La courbe en trait discontinu sur la figure (3.2) traduit l'effet du progrès technique correspondant au déplacement de la courbe (frontière) vers le haut. La firme N n'étant pas sur la frontière d'efficience, est techniquement inefficiente. Cette inefficience technique provient de deux sources : inefficience d'échelle et inefficience technique pure. L'efficience

11 La théorie de l'efficience X a été développée par Leibenstein (1966) pour prendre en compte le fait que certaines inefficacités organisationnelles ne résultent pas d'un défaut d'allocation des facteurs de production. C'est le cas notamment des inefficacités liées à la motivation du personnel ou à une mauvaise organisation de l'entreprise. Des entreprises disposant de la même composition de main-d'oeuvre (facteur travail) et de la même technologie (facteur capital) peuvent parvenir à des performances inégales. Il existerait ainsi un facteur X, différent des facteurs de production traditionnels (travail et capital) qui explique l'efficience ou l'inefficience des firmes. Les travaux de Leibenstein sur la théorie de l'efficience X étaient initialement appliqués à l'analyse du sous-développement et n'établissaient pas de lien formel entre l'inefficience X et les organisations publiques. C'est dans un article ultérieur (Leibenstein, 1978) que l'auteur dégage un certain nombre de facteurs qui seraient source d'inefficience X dans les organisations publiques et qui, par conséquent, pouvaient implicitement justifier certaines politiques entreprises par l'État. Ces facteurs sont liés à la structure organisationnelle fortement bureaucratisée des organisations publiques, et aux comportements stratégiques des agents publics.

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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

technique pure correspond au rapport

XM ; l'efficience d'échelle au rapport

XN

XH. Le produit XM

XH

.

XN

de ces deux efficiences correspond à l'efficience technique totale au point N, soit

Puisque la mesure de l'efficience se fait par rapport à une frontière d'efficience, l'estimation de cette frontière constitue donc une étape centrale dans toute analyse d'efficience (Boussemart, 1994).

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams