WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'optimisation de l'accès au financement court terme et de la gestion du compte courant au sein des PME au Cameroun.

( Télécharger le fichier original )
par Bello ALIOU ADAMOU
KEDGE BUSINESS SCHOOL-FRANCE  - Mastère MSC en Management Financier et Organisationnel 2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

III-3-2- L'asymétrie d'information et le non-respect de la réglementation

Pour les raisons déjà évoquées plus haut, le marché financier camerounais, à l'instar de ceux de la plupart des pays pauvres, sont sujets à de graves asymétries d'information exploitées au maximum par les banques. Il faut dire que les banques camerounaises sont regroupées au sein d'une association de type professionnel (l'APECCAM). Et cette asymétrie d'information est aggravée par le non-respect des dispositions règlementaires tant communautaires que nationales par les banques.

Par exemple, suite aux recommandations de la COBAC et en vue d'améliorer le taux de bancarisation dans la zone CEMAC, le Ministre des Finances du Cameroun a signé un texte portant « services bancaires minimum garanti » (Annexe II) qui rendent les services de base tels que la tenue de compte et les consultations de solde gratuits, tout en supprimant certains frais exorbitants. Les banques, dans leur ensemble, soit n'appliquent pas ces dispositions pour certaines, soit ont créé d'autres frais (« commissions de mouvement », frais divers, etc.) et que les clients ignorent (cf. Rapport COBAC 2012).

En outre, dans l'application des taux maxima des coûts de transfert à faible montant, la plupart des banques ont fixé des montants plancher (entre 5000FCFA et 10 000FCFA) ; et le coût, ramené au montant de la transaction, dépasse le taux maximum fixé (Rapport COBAC 2012):

Figure 5:Tableau Surcoût transferts. Source : nous-même

 

Taux maxima fixé par la
BEAC

Taux appliqués au finish (prise en
compte des coûts minima
instaurés par les banques) (1)

Ecarts ou surcoûts

Transfert zone
CEMAC

0,25% (2)

0,93%

0,68%

Transfert hors zone CEMAC

0,50% (2)

3,95%

3,45%

(1)Calculés par la COBAC (cf. Rapport COBAC 2012).

(2)Réglementation des changes (Règlement n°02/00/CEMAC/UMAC/CM du 29 avril 2000)

Thèse MSc Finance : « L'optimisation de l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au sein des PME au Cameroun »,
ALIOU ADAMOU BELLO, KEDGE BS, MAI 2015.

42

S'agissant de la règlementation CEMAC sur le taux usuraire (article 3 du Règlement N°02/CEMAC/UMAC/CM du 20/10/2012 portant définition et répression de l'usure dans la CEMAC : un taux est dit usuraire lorsqu'il « excède de plus de 33% le TEG moyen au cours du semestre précédent »; elle est systématiquement et largement enfreinte dans le cadre des « tontines » (où circulent tout de même selon les chiffres du Ministère des Finances, 190 milliards de FCFA). En effet, il n'est pas rare d'y appliquer des taux de 30%. Or, si le TEG s'établit autour de 7,3% pour le Cameroun en 2012, le seuil usuraire sera en 2013, selon la règlementation citée, de [7,3*(1,33)]% = 9,71% !

La COBAC, suite à son enquête sur les conditions de banque réalisée en 2011, avait également :

« -Exhorté les Autorités monétaires à prendre des mesures en vue d'assurer la mobilité bancaire et faciliter l'accès aux services financiers par le plus grand nombre. A cet égard, l'adoption, à l'instar du Cameroun, par les autres pays de la CEMAC d'un texte fixant le service bancaire minimum garanti a été jugée nécessaire ;

-Examiné, sous la houlette du Comité Régional de Normalisation Financière (CORENOFI), les modalités d'application des dates de valeur au regard de la modernisation des systèmes et moyens de paiement dans la CEMAC ;

-invité les banques à appliquer une tarification « juste et raisonnable » sur les opérations transitant par la plate-forme SYSTAC et SYGMA ;

-Accru la lisibilité, la transparence et la comparabilité des tarifs bancaires par l'adoption, au plus tard le 31 décembre 2011, des dénominations communes et uniques de l'ensemble des tarifs bancaires sur la base d'une liste standard à proposer ainsi que de leurs modalités de publication et de présentation ; cette action devait s'intégrer dans le cadre plus général de la protection des consommateurs à mettre en place au niveau de la CEMAC sous une forme à définir ;

- Demandé aux banques de tout mettre en oeuvre pour que l'ensemble des éléments relatifs aux coûts du crédit soient aisément identifiables pour la détermination fiable du TEG ;

Thèse MSc Finance : « L'optimisation de l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au sein des PME au Cameroun »,
ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.

43

- Attiré en particulier l'attention des banques sur la nécessité de clarifier le contenu des packages qu'elles offrent à la clientèle. A cet effet, les composantes des packages devraient être explicitement listées dans les plaquettes des conditions de banque et leur mise en place soumise à un contrat dûment signé par le titulaire du compte ;

- Invité toutes les banques de la CEMAC à respecter scrupuleusement la tarification des opérations de change et de transferts ;

- Appelé les Etats, à l'instar du Cameroun, à mettre en application effective le Règlement n°00/02/CEMAC/UMAC/ relatif au calcul du Taux Effectif Global (TEG). »

(COBAC, «Architecture de la tarification des services bancaires 2011-2012-CEMAC », 2013).

Ces exhortations sont restées sans succès puisque par exemple les frais des opérations SYSTAC/SYGMA continuent d'être assez exorbitants car les coûts, même des opérations bancaires de compensation et de virement dans le système automatique de règlement et de compensation (SYSTAC/SYGMA) sont trop élevés au vu des charges unitaires y relatives supportées par les banques. En effet, les treize banques ordinaires du Cameroun sont « participant direct » au système de paiement CEMAC (SYSTAC et SYGMA) c'est-à-dire le système de télé-compensation et de règlement interbancaire, supervisé par la BEAC, la banque centrale. Les deux systèmes SYSTAC/SYGMA sont payants par opération et selon la période de la journée à laquelle l'opération est initiée. Les factures sont envoyées mensuellement à chaque participant par la BEAC. Ces frais par opération et quelle que soit la période de la journée ne dépassent pas 2000 F CFA (pour SYGMA) et même 700F CFA pour SYSTAC. Or les mêmes opérations peuvent être facturées aux clients des banques jusqu'à 30.000FCFA ! (voir chapitre 4, IV-1-3, PP52-53 et Annexe 4). Soit une marge de 28.000FCFA par opération ! Pratiquement toutes les banques de la place financière pratiquent cet « écrémage ».

Les entreprises, à cause à la fois du faible ancrage de la culture financière mais aussi du rapport de force (n'obtient pas du crédit qui veut !) en faveur des banques, ont peu de choix.

Thèse MSc Finance : « L'optimisation de l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au sein des PME au Cameroun »,
ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.

44

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault