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La réintégration du Maroc à  l'Union Africaine

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par Manne SORY
Université Africaine de Technologie et de Management  - Licence Professionnelle  2017
  

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Section II : Un Maroc en quête de suprématie

Le royaume du Maroc a quitté les rangs de l'OUA (actuel UA), depuis un peu plus de trois décennies. Aujourd'hui, il ne fait aucun doute que le retour du royaume

67 Nadia Lamlili, enjeux : le choix de l'Afrique et ses conséquences, Jeune Afrique, n°2963-2964 du 22 octobre 2017.

68 RASD, Wikipédia [en ligne], [dernière modification le 01-08-2017], [consulté le 19-09-2017],

disponible à l'adresse : https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique arabe sahraouie-
d%C3%A9mocratique

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chérifien dans les rangs de l'UA n'est pas un hasard. Il s'agit là d'une décision stratégique à un moment où, les grandes puissances du continent et les protagonistes du royaume marocain semblent être affaiblie d'une manière ou d'une autre par des situations internes chacun de leur pays. Le retour du Maroc à l'UA répond donc à une stratégie payante puisqu'au Maghreb, persiste un problème de leadership régional (Paragraphe I) et à l'intérieur du continent, un affaiblissement des plus grands (Paragraphe II).

Paragraphe I : Un problème de leadership sous régional

L'absence d'une entente entre les pays du Maghreb arabe représente l'une des causes de la chute de l'UMA. Si le Maroc rejoint la CEDEAO et veut s'affirmer comme une puissance en devenir, l'Algérie, son éternel rival (A) et l'Egypte même en baisse (B), se cherchent dans ce jeu.

A- L'Algérie, éternelle rivale du royaume chérifien

L'Algérie et le Maroc, tous deux Etats de l'Afrique du nord et précédemment membres de l'UMA (avant l'adhésion du Maroc à la CEDEAO) restent deux grands rivaux en quête de suprématie. Ce différend entre les deux a lieu sur fond de rivalités autour du leadership du Maghreb et qui fait donc obstacle à l'intégration régionale. D'une part si la quête de leadership se joue dans leurs compétences misées dans la sous-région et à l'intérieur du continent, des déclarations (sans fondement) et beaucoup d'autres agissements conduisent les deux au bord du précipice. En août 1994, le sommet culminant de la tolérance fut atteinte. Un incident crée la fermeture de la frontière terrestre entre le Maroc et l'Algérie69. Au sein des deux champs, chacun d'entre eux avait sa vision et son idéologie. D'un côté, une conception de la marocanité, du sentiment national qui repose sur la volonté de Dieu sur la terre, les

69 Certes, la fermeture de la frontière, fin août 1994, a été une décision unilatérale algérienne. Mais elle fut prise à la suite d'un attentat commis au Maroc dont Rabat rendit publiquement responsable son voisin, sans en avancer à l'époque de preuves convaincantes. Le choc des orgueils nationaux sur fond de lourds contentieux accumulés depuis les indépendances a fait le reste (cf. François Soudan, Algérie-Maroc désespérément borné, Jeune Afrique, n°2799 du 31 août 2014, p.19).

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morts et le sang versé transmis par hérédité, une vielle nation donc qui pendant un millénaire n'a (presque) pas connu de servitude, mais avec à sa tête un roi jeune. De l'autre côté, une république adolescente au regard de l'Histoire, au passé morcelé par les conquêtes et les occupations, née dans la lutte, avec une vision de la nationalité tout autre : celle du choix des hommes, de leur volonté et de leurs sacrifices, mais avec un chef d'Etat au crépuscule de sa longue année70. Au fil des années, des espoirs commençaient à renaître. Cinq ans plus tard, en 1999, Abdelaziz Bouteflika devient président de l'Algérie et Mohammed VI succède à son père suscitant l'espoir qu'une entente se fera entre les deux. Mais jusque-là, les positions restent figées.

Depuis le début de la rivalité entre le Maroc et l'Algérie, chacun cherche de toute évidence à supplanter son second. Ceci donc par tous les moyens et sans aucune restriction géographique. C'est-à-dire, que ce soit sur le plan continental ou sous régional, chacun veut se construire une identité stratégique au détriment de l'autre.

Sur le plan régional, la question la plus épineuse reste celui du Sahara Occidental. L'Algérie qui reste un soutien indéfectible à la RASD, considère tout comme la RASD, qu'il s'agit d'un problème de décolonisation et qu'il incombe à la communauté internationale de faire respecter les droits du peuple sahraoui. Le Maroc quant à lui, perçoit la position algérienne comme un moyen de disposer d'une débouché sur l'atlantique et de ce fait, vouloir affaiblir le Maroc sur la scène régionale. Ces points de vue opposés à tous les sujets, engendrent des conséquences non négligeables. Dans un tel climat de méfiance réciproque et de jeu à somme nul, aucune possibilité de développement régional ne peut être envisagée71. D'autre part, une telle rivalité encourage les deux pays à s'engager dans une course à l'armement. Faut-il le rappeler, le classement des pays africains selon leurs budgets militaires, laisse entendre que l'Algérie tient tête au classement avec le Maroc au 5e rang72. Et dans un classement plus récent, le Maroc s'octroie la 4e place73. Cette situation (course

70 Ibid.

71 Au vu de toutes les organisations régionales du continent, l'UMA reste la zone la moins intégré du continent avec pour cause "cet absence d'entente" entre les Etats membres.

72 Bamaba, classement des pays africains selon leurs dépenses militaires, Bamaba [en ligne], 19-092013, [consulté le 21-09-2017], disponible à l'adresse : http://bamaba.net/classement-des-pays-africains-selon-leurs-dépenses-militaires

73 Voir note de bas de page 35, p.17

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à l'armement) relève du dilemme de sécurité, référant à un Etat qui augmente sa puissance militaire pour garantir sa sécurité alors que cet armement est perçu comme une menace par un autre Etat qui renforce à son tour sa puissance militaire. Cela contribue paradoxalement à augmenter l'insécurité sous régionale, au détriment d'un développement économique74.

A l'intérieur du continent, la donne n'a presque pas changé. Mais d'une manière ou d'une autre, chacun tient son second du bout de la barbe. Du côté marocain, la conclusion d'un partenariat avec le Nigéria pour le financement d'un projet de gazoduc Nigéria-Maroc permet à ce dernier de damer le pion à l'Algérie en Afrique de l'ouest, vu que le royaume chérifien est déjà entré dans sa phase de concrétisation. D'ailleurs, en 2002, l'Algérie avait en effet négocié un projet similaire de gazoduc avec le gouvernement nigérian, mais ce dernier est resté en suspens pour des raisons de financement et de sécurité75. Le "Gazoduc Nigéria-Maroc" vient donc recaler le "Gazoduc Nigéria-Algérie". Toutefois, si le Maroc entend faire usage de sa présence au sein des institutions panafricaines pour obtenir gain de cause sur la question du Sahara Occidental, la présence de l'Algérie à la tête de la commission de paix et de sécurité de l'organisation ne risque pas de facilité les choses au Maroc.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore