WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Dette extérieure et fuite des capitaux au Cameroun.

( Télécharger le fichier original )
par Yann Harold NOUNAMO
Université de Yaoundé 2-SOA - Master 2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

PREMIERE PARTIE :

REVUE DE LA LITTERATURE ET EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE EXTERIEURE ET DE LA FUITE DES CAPITAUX AU CAMEROUN

INTRODUCTION A LA PREMIERE PARTIE

L'occurrence simultanée de montants élevés de dette extérieure et de fuites massive des capitaux dans les pays d'Amérique Latine au début des années 1980 a attiré l'attention des économistes durant cette période (Pastor, 1990).

En effet, suite aux conditions économiques défavorables dues à la crise de la dette des pays latino-américains, s'est suivi de volumes élevés de sorties de capitaux de la part des résidents de ces pays en direction des pays développés afin d'éviter la perte de leurs avoirs. C'est ainsi que la littérature sur la fuite des capitaux s'est développée. Bien qu'elle ne fasse pas l'unanimité, cette littérature repose essentiellement sur sa définition, la problématique de sa mesure, ses déterminants, ainsi que ses effets sur la croissance économique des pays en développement (Fofack, 2008).

Lorsqu'on s'intéresse à la dette extérieure et à la fuite des capitaux, on trouve une littérature assez fournie. Cependant, l'effort de prolonger le débat sur leurs liens reste très attendu. Il est intéressant d'examiner la relation qui existe entre la dette extérieure et la fuite des capitaux car au coeur de certains débats économiques de l'heure (cas de la Grèce par exemple).

Dans cette première partie, nous nous intéressons au préalable à la revue de la littérature aussi bien théorique qu'empirique (chapitre un). Ensuite, des analyses descriptives sont proposées afin d'observer clairement l'évolution de la dette extérieure et de la fuite des capitaux, question d'évaluer à priori l'ampleur de ce phénomène au Cameroun (chapitre deux).

Ainsi, l'objectif de cette première partie du travail est de présenter la revue de la littérature inhérente à la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux d'une part, et, d'autre part d'examiner (en nous appuyant sur des données collectées sur la période 1970 à 2010) leur évolution au Cameroun.

CHAPITRE 1 :

REVUE DE LA LITTERATURE SUR LA RELATION ENTRE LA DETTE EXTERIEURE ET LA FUITE DES CAPITAUX

La relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux a largement été débattue dans la littérature économique. Les premières réflexions remontent à Smith (1776) suite aux énormes progrès des dettes en Europe. Mais c'est avec la crise d'endettement survenue dans les pays d'Amérique latine au début des années 80 que les économistes se sont particulièrement penchés sur la question. Cette crise s'est manifestée par des fuites massives de capitaux de la part des plus riches résidents; ce qui a attiré l'attention des chercheurs qui ont proposé des méthodes de mesure de la fuite des capitaux et évaluer ses effets sur la croissance économique (Pastor, 1990).

Par la suite, dans les années 90, l'occurrence simultanée des montants élevés de dette extérieure et de fuite massive de capitaux a de nouveau suscité l'attention des chercheurs. Leurs préoccupations étaient de savoir quel est le lien entre la dette extérieure et la fuite des capitaux étant donné que la fuite des capitaux était quantitativement importante lorsque le niveau de l'endettement était élevé dans le pays étudié (Boyce, 1992 ; Ajayi, 1995).

L'objet de ce premier chapitre est de faire une revue de la littérature sur la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux. Dans la première partie, il est question de présenter une revue de la littérature théorique des effets de la dette extérieure sur la fuite des capitaux et vice versa. La deuxième partie porte sur une revue de la littérature empirique en distinguant les résultats obtenus sur des pays pris individuellement de ceux portant sur des échantillons de plusieurs pays.

1. DETTE EXTERIEURE ET FUITE DES CAPITAUX : REVUE DE LA LITTERATURE THEORIQUE

La littérature théorique sur la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux dans les pays en développement fait l'objet d'un grand nombre d'études, à cause de ses conséquences en matière de réduction de la pauvreté dans ces pays (Ndiaye, 2012).

De manière fondamentale, la théorie keynésienne admet que la dette joue un rôle précieux pour l'économie en raison de nouveaux investissements que l'endettement suscite. Par le biais de l'effet multiplicateur, elle permet d'accroître la demande globale et stimule la croissance13(*). Par conséquent, la dette extérieure, comme source de financement des investissements des pays en développement, est nécessaire.

En revanche, la théorie classique considère l'endettement public comme inutile, sinon nocive à l'économie. Considérant la conception de Smith (1776), le financement extérieur est une source d'appauvrissement pour les pays car non seulement la dette fait intervenir le paiement des intérêts, mais aussi, cela pourrait engendrer des sorties de capitaux. C'est dans ce sens que Smith (1776) affirme : « quand, à raison de la perception de ces impôts, (...) tous ou la plus grande partie de ceux qui font valoir de grands capitaux, viennent à être continuellement exposés aux visites fâcheuses et aux recherches vexatoires des collecteurs de l'impôt, cette disposition à changer de résidence se réalise bientôt par une émigration ».

Ainsi, Les classiques considèrent que les citoyens voient dans la dette extérieure une augmentation des impôts dans le futur (équivalence ricardienne14(*)), une hausse des taux d'imposition qui décourage le travail comme le précise le raisonnement développé par la courbe de Laffer15(*).

La littérature économique sur la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux dans les pays en développement a connu une attention particulière suite à la crise d'endettement survenue en Amérique latine dans les années 80. De nombreuses études, à l'instar de Boyce (1992), Hermes et Lensink (1992), Chipalkatti et Rishi (2001), Boyce et Ndikumana (2001), Beja (2006) et Fofack (2009) montrent que la fuite des capitaux est quantitativement importante lorsque le niveau de l'endettement est élevé dans le pays.

Dans cette littérature, les liens entre les deux sont analysés en utilisant un modèle de « porte financière tournante »16(*). Brièvement, ce modèle postule des liens directs et des liens indirects qui tendent à montrer que la dette extérieure et la fuite des capitaux s'engendrent mutuellement. La sous-section qui suit est consacrée à la présentation de ces deux types de liens.

1.1. LIENS DIRECTS ENTRE LA DETTE EXTERIEURE ET LA FUITE DES CAPITAUX

La relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux a beaucoup de facettes. Les auteurs comme Boyce (1992), Ajayi (1995) et Ndikumana et Boyce (2013) ont distingué quatre types de liens possibles entre les deux : la fuite des capitaux peut découler de la dette extérieure; la dette extérieure peut accélérer la fuite des capitaux; l'emprunt étranger peut être poussé par la fuite des capitaux; enfin, la fuite des capitaux peut accélérer la dette.

Ces liens sont brièvement illustrés dans le tableau suivant :

Tableau 1.1: Liens entre l'emprunt étranger et la fuite des capitaux

 

Dette à Fuite des capitaux

Fuite des capitaux à Dette

Motivation et financement

Fuite des capitaux alimentée par la dette

Emprunt étranger alimenté par la fuite des capitaux

Motivation uniquement

Fuite des capitaux induite par la dette

Emprunt étranger induit par la fuite des capitaux.

Source : Ndikumana et Boyce (2013)

Dans le premier cas, la causalité va de la dette extérieure à la fuite des capitaux. Dans un premier temps, l'augmentation de la dette extérieure provoquerait un effet d'éviction des capitaux privés (Kindleberger, 1987). Dans un deuxième temps, c'est la dette extérieure qui financerait directement la fuite des capitaux via certains mécanismes illicites (Ndikumana et Boyce, 2003 ; 2013 ; Ndiaye, 2004).

1.1.1. Fuite des capitaux induite par la dette extérieure

Dans ce cas, l'emprunt étranger conduit uniquement à la fuite des capitaux, mais ne fournit pas les capitaux (Ndikumana et Boyce, 2013). L'explication provient de l'impact anticipé de la dette. En effet, l'entrée d'argent emprunté provoque à court terme, une appréciation de la monnaie nationale. Par contre, sur le long terme, à mesure que le stock de la dette s'accumule, la perspective que le transfert net devienne négatif augmente elle aussi, induisant in fine une dépréciation de la monnaie nationale.

En plaçant ses capitaux sur des comptes offshores17(*) en monnaie forte tandis que la valeur de la monnaie locale est artificiellement gonflée, l'auteur de la fuite des capitaux se prémunit contre le risque de change. Il pourrait également engranger un bénéfice en cas de dévaluation de la monnaie.

Ce point de vue est appuyé par Conesa (1987) pour qui les décaissements importants au titre de la dette extérieure dans un pays fournit une pression à la hausse sur sa monnaie ; ce qui motive les résidents à convertir leurs avoirs en dollar avant une dévaluation attendue.

De même, l'endettement croissant peut éveiller parmi les individus fortunés la crainte qu'une augmentation d'impôts ou d'autres réglementations ne dévalorisent les actifs détenus dans le pays, ce qui les incite à placer une partie de leur argent à l'étranger (Ajayi, 1995). Par exemple, une dette publique excessive serait de nature à créer chez les investisseurs des anticipations d'une hausse explicite ou implicite de la fiscalité comme moyen pour permettre à l'Etat de payer le service de la dette. De telles anticipations aboutissent à une baisse du rendement espéré du capital après taxe, se traduisant par un découragement de l'initiative d'investir et peuvent être à l'origine de fuite de capitaux privés.

Les capitaux quittent donc un pays en réponse à des circonstances économiques qui en découlent directement attribuables à la dette extérieure.

* 13 Cité par Yapo (2002)

* 14 Cette conjecture a été énoncée en premier lieu par David Ricardo, économiste classique du XIXe siècle, puis reprise par Robert Barro en 1974. Selon cette conjecture, il y aurait, sous certaines conditions, équivalence entre l'augmentation de la dette publique aujourd'hui et l'augmentation des impôts requise demain pour le remboursement de cette dette et le paiement des intérêts. Si les agents économiques se comportent de manière rationnelle, une politique de relance (distributions de revenus financées par la dette publique) ne les poussera pas à consommer, mais plutôt à épargner, en prévision de hausses d'impôts futures.

* 15 Il revient à Laffer (1979) le mérite d'avoir tenté de théoriser ce qu'il nommait « l'allergie fiscale ». Il soutient que lorsque les prélèvements obligatoires sont déjà élevés, une augmentation de l'impôt conduirait alors à une baisse des recettes de l'État, parce que les agents économiques surtaxés seraient incités à moins travailler.

* 16 Cette expression utilisée dans la littérature sur la fuite des capitaux suggère que la dette extérieure entraine la fuite des capitaux et inversement (Boyce, 1992).

* 17 Il s'agit de places organisées par certains Etats ou certains territoires qui réservent des règles spécifiques semblables à celles des paradis fiscaux aux seules opérations internationales n'ayant aucun lien avec une activité économique au sein de leur territoire. Dans ces centres, la fiscalité est très faible, voire nulle, les formalités sont réduites au minimum et la confidentialité ou la discrétion des opérations sont assurées. Ces règles très souples permettent de réaliser des opérations financières légitimes mais ces opérations peuvent également servir à des fins de blanchiment d'argent ou de fraude fiscale.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery