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Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe.

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par Joseph APOLO MSAMBYA
Université Officielle de Bukavu - Licence en Relations Internationales 2010
  

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§3. Les idées politiques du XXIème siècle

Si à l'après première guerre mondiale ont succédé le fascisme et le nazisme, si l'après deuxième guerre mondiale a donné naissance à l'antagonisme Est-Ouest, l'après-guerre froide, quant à elle, accouche d'un monde incertain, voire dangereux. Le monde a basculé dans une nouvelle ère des idées, de nouveaux mots, porteurs des nouvelles visions du monde se sont imposés. Avec ces mots (tiers-monde, commerce international, néo-libéralisme, déclin des États, réseaux, finance mondiale, gouvernance mondiale, crise financière ou économique, les pays du Nord et du Sud, pays émergents...), surgit une nouvelle carte du monde, avec ses nouveaux centres de gravité et rapports de force64.

Le XXIe siècle est envahi par les idées de globalisation et du fanatisme fondamentaliste et derrière elles, la démocratie, l'économie libérale de marché imposées à tous et qui ne suffisent pas pour stabiliser la donne internationale aujourd'hui, la culture, la science et la religion65.

La globalisation est, certes, une tendance objective et, dans une grande mesure, irréversible, résultant des progrès de la technique, en particulier celle des communications. Elle ne résulte pas d'une conspiration occulte et mérite encore moins d'être transfigurée en l'impérialisme. Mais il reste qu'elle correspond à une certaine idéologie, celle du libéralisme, à une certaine politique économique, celle du libre-échange, et à un certain nombre d'idées fortes, comme le déclin des États. En outre, elle est évidemment encouragée et utilisée par la seule puissance globale, les États-Unis, dont la position assure, même si elle n'y vise pas consciemment, que la globalisation charrie inévitablement ses modèles culturels, et qui, de surcroît, associe dans son discours les progrès de la globalisation, ceux du capitalisme, de la démocratie et de la paix. Sur le plan théorique, Francis Fukuyama attribue la « fin de l'histoire » à la fois au triomphe idéologique de la démocratie libérale sur les idéologies concurrentes et aux conséquences inévitables de la science moderne66. C'est pour cela même que, pour remédier les problèmes liés à la globalisation ou mondialisation, l'on a forgé le concept de gouvernance qui repose sur l'idée de mettre en place un nouveau système de régulation

64 Jean-François DORTIER, « La nouvelle carte des idées » in Sciences humaines, n°222, janvier 2011, pp.6-7.

65 Diur KATOND et al, Histoire des relations internationales, Kinshasa, Editions Sirius, 2008, p.129.

66 F. FUKUYAMA, cité par Pierre HASSNER, Op. Cit., p.695.

internationale dépassant l'action des seuls États pour peser collectivement sur l'avenir du monde en assurant la paix et en développant la coopération entre les peuples67.

Aussi de façon générale, le mouvement de sécularisation et de désenchantement du monde se poursuit plus vigoureusement au double niveau de l'influence des Églises et d'une vision du monde offrant, d'une part, une orientation stable et cohérente68, mais aussi d'autre part, en revanche, les croyances religieuses jouent un rôle politique ambigu mais essentiel dans trois cas de figures. Premièrement, celui des pays non chrétiens qui sont le théâtre d'une lutte intérieure dont l'enjeu est la définition laïque ou religieuse de leur identité (cas de l'Israël où l'affrontement entre religieux et laïcs est de plus en plus direct et brutal ; de l'Inde, dont la conception laïque de l'unité héritée de NEHRU est mise à mal par le nationalisme hindouiste). Deuxièmement, celui des sectes, dont la prolifération, la croissance et la diffusion internationales sont le phénomène le plus frappant des dernières décennies. Dans ce second cas, la religion se moque des frontières, comme en témoigne le succès des pentecôtistes en Amérique latine ou de la secte japonaise Aoum en Russie. Le troisième cas est celui de l'islam où le spectre de la révolution islamique a remplacé celui du communisme69.

Ce qui est certain, c'est que nous assistons non pas à un conflit global de civilisations comme le croit Samuel HUNTINGTON ou à de nouvelles croisades entre des coalitions fondées sur leur appartenance aux grandes religions. Les affrontements religieux augmentent malgré la déchristianisation et le déclin de l'islamisme, mais ils se déroulent entre musulmans et chrétiens dans des pays asiatiques ou africains (cas des conflits entre coptes et musulmans en Égypte, chrétiens et musulmans au Nigeria), de l»Indonésie au Soudan70, entre hindouistes et musulmans laïcs en Inde, entre nationalistes laïcs et religieux en Israël.

Finalement, les deux idéologies émergentes et concurrentes, aujourd'hui, sont celles du communautarisme et celle des droits de l'homme. Les deux idéologies encouragent la coopération entre les États-nations tout en promouvant les valeurs universelles, les États étant ainsi invités à encourager la coopération pour résoudre ensemble les multiples problèmes qui rongent la planète terre. L'individu et le groupe vécu sur le modèle familial, à un bout, la

67 Robert KOLB, « L'idée de gouvernance et sa première incarnation : la société des Nations » in Questions internationales, n°43, mai - juin 2010, p.10.

68 P. Michel, cité par Pierre HASSNER, Op. Cit., p.697.

69 E. GELLNER, cité par Pierre HASSNER, « Le rôle des idées dans les relations internationales » in Politique étrangère 3-4/2000, p.698.

70 « Les points chauds du conflit entre islam et christianisme » in Le monde, 6 juillet 2000.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 36

globalisation socio-économique et l'universalisme moral, à l'autre, ont donc fait irruption au premier plan et réveillé les États de leur sommeil diplomatico-stratégique. Certes, ce que perdent les États est moins souvent gagné par des institutions internationales ou transnationales que par des groupes organisés dont les intérêts sont au moins aussi particuliers que ceux des nations. Il n'empêche que l'idée d'intervention ou d'ingérence contre l'inhumanité ou pour les droits de l'homme monte en puissance, et cela malgré les déconvenues parallèles de l'humanitaire d'État et de l'angélisme sans frontières.

Ainsi, après avoir fait ressortir les idées majeures ayant caractérisé chaque période de l'histoire dans ce premier chapitre, notre démarche consiste maintenant, dans le second chapitre, à donner une esquisse sur les notions de révolutions en relations internationales.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 37

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