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à‰ducation, pauvreté et limitation du nombre de mandats présidentiels. Cas du Bénin et du Burkina Faso

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par Christian Jean-Noël BATIOBO
Insitut de Recherche Empirique en Economie Politique (IREEP) - Master en Economie Publique et Statistique Appliquée 2010
  

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1.3. Revue de littérature

Dans cette partie, nous définissons les concepts clefs c'est-à-dire l'alternance, la pauvreté et l'éducation, ensuite nous présentons un certain nombre de travaux relatifs à la question de l'alternance démocratique.

Ø Définition des concepts

Alternance et limitation du nombre de mandats présidentiels

Plusieurs auteurs ont tenté de donner une définition de l'alternance démocratique. L'alternance est « la permutation de deux partis ou de deux coalitions au pouvoir et dans l'opposition. En fait, dans le respect du régime en vigueur, elle opère un changement de rôle entre des forces politiques situées dans l'opposition, qu'une élection au suffrage universel fait accéder au pouvoir et d'autres forces politiques qui y renoncent provisoirement pour entrer dans l'opposition » (Quemonne, 2000). L'alternance n'est donc pas seulement le remplacement d'un individu par un autre à la tête d'un État mais bien plus. Il s'agit d'un changement beaucoup plus vaste qui s'étend au parti au pouvoir. Selon FALL (1977), l'alternance démocratique se définit comme « la faculté juridiquement organisée pour des partis politiques ayant des projets de société différents de se succéder au pouvoir par le jeu des règles démocratiques de dévolution et d'exercice du pouvoir fondé sur la souveraineté du peuple ».

L'alternance est considérée comme un critère de consolidation de la démocratie. Ainsi selon Aristote3(*), la démocratie est la faculté pour tout citoyen d'être tour à tour gouverné et gouvernant. Selon Samuel HUNTINGTON, une démocratie peut être considérée comme consolidée si elle a connu deux alternances au pouvoir à partir des premières élections libres (double turnover test). Tandis que selon le test générationnel ou de longévité, une démocratie est consolidée lorsqu'elle a fonctionné sur une vingtaine d'années et est passée par des élections régulières et libres même si elle n'a pas connu d'alternance. (CGD) L'importance de l'alternance est telle que Popper en fait le rapport principal sous lequel se distingue la démocratie de la tyrannie. Toutefois il existe des démocraties sans alternances. Ce phénomène est observé dans des pays comme la Suisse.

Le lien entre la limitation du nombre de mandats présidentiels et l'alternance démocratique n'est pas direct. Cependant, la limitation des mandats présidentiels favorise la circulation des élites à défaut de l'alternance démocratique (A. Loada, 2003 ; T. HOLO, 2009) plus particulièrement en Afrique. Selon certains analystes, la limitation des mandats a favorisé l'alternance démocratique dans plusieurs pays notamment au Ghana en 2000 (A. Loada, 2003) et au Bénin. En effet, selon certains observateurs, l'ex-président béninois Mathieu Kérékou serait réélu s'il n'y avait pas de limitation du nombre de mandats. Selon le Pr. Théodore HOLO (2009), la limitation du nombre de mandats présidentiel est une disposition vitale pour l'alternance démocratique.

Pauvreté

La pauvreté est un concept multidimensionnel. Dans la littérature, il existe plusieurs approches de la pauvreté : l'approche monétaire et l'approche non monétaire. Dans la suite, nous allons développer ces deux approches.

La pauvreté monétaire peut se définir comme l'insuffisance de ressource financière permettant à un individu de subvenir à ses besoins fondamentaux (se nourrir, se loger, se soigner, se vêtir, s'éduquer). Ce type de pauvreté est mesuré grâce à un seuil de pauvreté. Lorsque le revenu de l'individu se situe en dessous de ce seuil alors il est considéré comme pauvre. Cette approche est celle des welfariste ou utilitariste. La Banque mondiale, par exemple, utilise couramment cette approche dans ces différentes études. L'approche monétaire de la pauvreté a montré plusieurs limites ce qui a conduit à l'adoption d'une nouvelle approche qu'est l'approche non monétaire de la pauvreté.

L'approche non monétaire est une approche qui est apparue plus récemment pour pallier aux limites que présentait l'approche monétaire. Il existe l'approche par les besoins fondamentaux mais aussi l'approche par les capabilités insufflée par l'économiste Amartya SEN. L'approche par les besoins fondamentaux s'appuie sur l'accès à la nourriture, aux soins de santé, à l'éducation, au logement, etc. les individus sont donc classés en fonction de leur accessibilité aux différents biens et services de base. Quant à l'approche par les capabilités, elle stipule que l'élaboration des institutions et des politiques sociales, ainsi que l'évaluation du bien-être, de l'inégalité, de la pauvreté et de la justice sociale, devraient se baser sur l'étendue des « capabilités » des personnes, c'est-à-dire l'étendue de leur liberté réelle d'accomplir certains « fonctionnements ». Ces fonctionnements sont les choses qu'elles parviennent à réaliser, par exemple lire, écrire, avoir un travail, être politiquement actif, être respecté des autres, être en bonne santé physique et mentale, avoir reçu une bonne éducation et une bonne formation, être en sécurité, avoir un toit, faire partie d'une communauté, etc. Pour le dire autrement, une capabilité est un fonctionnement potentiel ou réalisable, et l'ensemble des fonctionnements particuliers que quelqu'un a la possibilité réelle de réaliser représente son « ensemble-capabilité », ou sa « capabilité » tout court, c'est-à-dire sa liberté réelle. (Farvaque et al, 2005)

Dans le cadre de notre étude, nous utiliserons l'approche par les besoins de bases.

Éducation

Le dictionnaire Petit Larousse définit l'éducation comme l'ensemble des connaissances intellectuelles, des acquisitions morales d'un individu.

L'éducation est un droit reconnu dans la déclaration universelle des droits de l'homme. Ainsi chaque individu a droit à une éducation.

L'éducation est un concept multidimensionnel qui regroupe aussi bien l'aspect scientifique, moral, social, technique, médical, religieux et aussi politique. On distingue en général deux sortes d'éducation : l'éducation formelle et l'éducation non formelle. L'éducation formelle renvoie à ce que l'on désigne habituellement et le plus spontanément lorsque l'on parle d'éducation. Il s'agit de la formation qui nous est dispensée dans un cadre officiel et reconnu. L'éducation formelle est donc l'éducation prise en charge par le système scolaire et l'ensemble des composantes qui le constituent depuis la maternelle jusqu'à l'enseignement supérieur.

L'éducation non-formelle propose quant à elle un temps de formation et d'apprentissage clairement désigné comme tel, sans que pour autant celui-ci ne conduise à une validation finale sous la forme d'un examen destiné à évaluer ce qui a été appris. Cette absence d'évaluation finale correspond à l'état d'esprit dans lequel elle est dispensée. En effet, basée sur la seule liberté de ceux qui y participent, elle cherche à faire prévaloir l'esprit d'initiative chez le participant, qui est placé sur un pied d'égalité avec celui qui apprend. Autonomie, esprit d'initiative, démocratie, échange, tels sont les maîtres mots de l'éducation nonformelle, qui propose, sur un format ouvert, d'apprendre des choses par le biais de dispositifs qui permettent une participation active de tous. Ce mode d'éducation est généralement administré aux personnes ayant dépassées l'âge normal d'être scolarisé dans le système formel.

Pour ce qui concerne notre étude nous considèrerons l'éducation comme le fait d'avoir reçu un enseignement qui a débouché sur l'obtention de plusieurs diplômes à divers degrés.

Ø L'alternance démocratique en Afrique : que dit la littérature ?

Les causes du manque d'alternance démocratique ont fait l'objet de plusieurs analyses dans de nombreux pays africains. Ces études ont révélées plusieurs raisons pouvant être à la base d'absence ou d'existence d'alternance démocratique. Cependant nous limiterons dans cette partie à quelques unes des raisons évoquées dans les différentes analyses. Il s'agira de la fragmentation des partis de l'opposition, de l'utilisation de la violence et l'existence d'un parti ultra dominant.

Fragmentation des partis de l'opposition

Parmi les raisons avancées, on constate que la forte fragmentation politique des partis de l'opposition revient dans la plupart de la littérature. Ainsi selon le Centre pour la Gouvernance Démocratique au Burkina Faso, le maintien de l'actuel chef d'État burkinabè à la tête du pays s'expliquerait en partie par l'extrême fragmentation de l'opposition burkinabè. En effet, il existe au Burkina

Faso plus d'une centaine de partis. De même au Sénégal, l'hégémonie du Parti Socialiste manifesté par la présidence de Léopold Sédar Senghor et ensuite par celle d'Abdou Diouf depuis les indépendances jusqu'en l'an 2000 s'expliquerait en partie par la fragmentation politique. Selon M.-C. Diop et al., « le déracinement du baobab » (pour exprimer la perte de l' élection présidentielle de 2000 par le Parti Socialiste (PS) d'Abdou Diouf au profit du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) d'Abdoulaye Wade) serait dû d'une part au fait que

l'opposition sénégalaise a pu surmonté la fragmentation qui la caractérisait pour tisser des alliances fortes avec le PDS et d'autres part par la fragmentation qui a commencé à frapper le PS avec le départ de Djibo Kâ et de Moustapha Niasse.

Violence

Au Zimbabwe, avant l'avènement récent du gouvernement d'union nationale, le pouvoir de Mugabe se basait en partie sur ses milices appuyées par l'armée qui semaient la terreur chez les opposants, les journalistes indépendants, les juges et même les populations pour se maintenir au pouvoir. Ainsi dans un sondage « sortie des urnes » réalisé durant les élections législatives, le professeur Johnson4(*) a établi que la violence a eu pour effet de déplacer au moins

12 % des voix de sympathisants du MDC (principal parti d'opposition) vers la Zanu-PF (parti au pouvoir), un résultat corroboré par une question de recoupement dans le sondage d'octobre 2000. Ce phénomène était concentré dans les zones les plus affectées par l'occupation des fermes et les sévices infligés aux ouvriers agricoles, les intéressés espérant ainsi mettre un terme immédiat aux violences en cédant aux menaces des pseudo-vétérans. Sans ce transfert de voix lié à la violence, la Zanu-PF aurait perdu la majorité au Parlement. (Compagnon, 2001)

Parti ultra dominant

Dans de nombreux pays africains, l'absence d'alternance a été due en partie à la domination d'un parti politique sur la scène politique. Ces partis regorgeaient à elle seule d'immenses moyens financiers et matériels. On peut citer l'exemple de la Côte d'Ivoire avec le PDCI (Parti Démocratique de Côte d'Ivoire), du Sénégal avec le PS (Parti Socialiste), du Burkina Faso avec le CDP (Congrès pour la Démocratie et le Progrès). Au Burkina Faso en particulier, le paysage politique est marqué par la domination du parti au pouvoir. Ce parti a été fondé le 5 février 1996, par la fusion de 13 partis politiques qui partagent l'idéal de la social-démocratie. Ainsi, depuis la restauration du multipartisme au début des années 90, le Burkina Faso a organisé trois élections présidentielles (1991, 1998, 2005), quatre élections législatives (1992, 1997, 2002, 2007), trois municipales (1995, 2000, 2006). A l'exception notable des législatives de 2002, elles ont toutes été remportées par le même parti, et à chaque fois, à la suite d'un raz-de-marée électoral. (CGD)

Autres facteurs

En plus des facteurs explicatifs que nous venons de parcourir, il existe dans la littérature d'autres facteurs explicatifs. Parmi ceux-ci on peut recenser le clientélisme électoral qui sévit dans plusieurs pays, les fraudes électorales, le vote ethnique ou communautaire, les accointances entre le parti majoritaire et les autorités religieuses ou traditionnelles. Cette liste n'est pas exhaustive mais elle regroupe l'essentiel des facteurs explicatifs retrouvés dans la littérature.

* 3 Cité dans un rapport de la Conférence sur les défis de l'alternance en Afrique : Vers l'enracinement de la culture démocratique.

* 4 R. W. Johnson, Zimbabwe : the Hard Road to Democracy, HSF, juin 2000, pp. 15-17

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille