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Déplacement des populations des zones en conflits et accès à  l'état civil. Cas des enfants réfugiés centrafricains dans la région de l'est-Cameroun.


par Théodore ENAMA AYISSI
Université catholique de Louvain - Master en Sciences de la Population et du Développement, Option Développement 2019
  

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A. Les causes internes des crises Centrafricaines

Pays d'Afrique centrale, la République centrafricaine est un pays en voie de développement. Géographiquement entouré du Cameroun à l'ouest, le Tchad au nord, le Soudan et le Soudan du Sud à l'est, la République démocratique du Congo et le Congo au sud, la Centrafrique est

23 De Clermont Jean-Arnold, « Surmonter la crise en Centrafrique », Études, 2015/2 (février), p. 7-17. URL : https://www.cairn.info/revue-etudes-2015-2-page-7.htm

24 Crisis Group, République Centrafricaine : anatomie d'un Etat fantôme, n°13, février 2012, p.3.

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détentrice d'importantes ressources naturelles, à l'instar du diamant, de l'eau (il a un fort potentiel hydroélectrique), des forêts, de l'or et des minerais25. Mais tout ceci reste très mal ou peu exploité et ne profite guère à toute la population qui est estimée à 5 475 135 habitants en 2018. Plus alarmant encore, en Centrafrique pas moins de « 2,3 millions d'enfants sont touchés par le conflit. Près de 10 000 auraient été recrutés par des groupes armés (...) et plus de 430 d'entre eux sont tués et mutilés chaque année 26». Cependant d'où provient de façon endogène ce paradoxe lié aux instabilités sur un territoire hautement riche en ressources naturelles ?

En effet la RCA comme beaucoup d'autres pays d'Afrique subsaharienne n'échappe pas à « la faillite du modèle étatique postcolonial, à laquelle s'est ajoutée la dévalorisation de l'Etat par l'idéologie libérale, (qui) ont conduit à des fractionnements territoriaux et à une montée en puissance de factions s'appuyant sur des identités claniques, ethniques ou religieuses » (Hugon, 2006 :36). Cette pratique qui a de façon endogène entrainé le pays dans le gouffre se manifeste dans les faits par la logique où « chaque fois qu'il y a un changement de régime, on assiste à un mouvement de population dans les deux sens. Les anciens réfugiés retournent chez eux et les nouveaux arrivent de crainte d'être persécutés par les nouveaux maîtres des lieux » (Bigombe, 1999 : 234). Il va donc de soi que chaque fois qu'il y a un nouveau Chef d'Etat, celui-ci s'arrange à satisfaire d'abord ses intérêts égoïstes et ceux des siens. Orchestrant dans les faits et actes de décisions un regard contraire de la devise du pays. Ainsi, des concepts de « Unité-Dignité-Travail » constituant la devise Centrafricaine, on passe plutôt aux concepts de « Division-Indignité-Oisiveté ». Ce qui a pour effet direct un climat d'injustices, d'inégalité de chances et de frustrations chroniques depuis des décennies dans le pays.

La division remplace l'Unité en ce sens que les transitions de pouvoirs d'un leader à l'autre sont la résultante de coups d'Etat. Ce qui génère une haine tenace entre les peuples. Une parfaite illustration a été effective entre les tribus Kaba et celles Yokoma lors de la perte de pouvoir de André Kolinga. En effet le départ de Kolinga confirme l'arrivée au pouvoir de Ange Félix Patassé. Le premier étant originaire de la tribu Yokoma a tôt fait d'ériger les siens à tous les privilèges

25 https://www.populationdata.net/pays/republique-centrafricaine/ Consulté le 14/10/2019 à 16h25.

26 LOUBIERE Thomas, Le Monde, « Six clés pour comprendre le conflit en République Centrafricaine », publié le 05 décembre 2013, mis à jour le 14 mai 2014, consulté le 6 Avril 2019. URL : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/12/05/republique-centrafricaine-le-conflit-en-six-points35265261693212.html.

du pays. Malheur les en ont pris avec l'arrivée au pouvoir de Ange Félix Patassé qui lui était originaire de la tribu Kaba. Et comme en RCA la République vient après la communauté, les partisans de Ange Félix Patassé en ont été érigés en détenteur de pouvoir et n'ont pas hésité à rendre aux Yokomas tous les abus subis durant le règne de André Kolinga. C'est dans ce sillage que l'on a aperçu les villages Yokomas se faire brûler ainsi que de nombreux massacres au sein des populations devenues ennemis putschistes. C'est ce qui est par ailleurs la principale cause de la fracture entre le Nord et le Sud Centrafricain27.

L'indignité quant à elle s'impose au détriment de la dignité humaine. En effet les crises centrafricaines ont la particularité d'imposer une arène où la vie humaine cesse d'avoir du sens. Le jeu des lois est régulé par les détenteurs du pouvoir. Mieux, ce sont les détenteurs de pouvoirs qui font la loi. Et comme la plupart du temps l'ascension au pouvoir est une dérivée de coups d'Etat, prester dans les services militaires devient un insigne de noblesse. Et même lorsqu'on est démocratiquement élu comme l'a été Ange Félix Patassé, la règle est la même. C'est ainsi par exemple que Ange Félix Patassé à son arrivée au pouvoir va prendre sur lui de garantir sa sécurité en remplaçant la milice de la garde présidentielle essentiellement constituée de Yokoma par les Kabas originaires du septentrion. Ce qui fera jaillir de nombreux abus de pouvoir et exactions sur les civils. On retient d'ailleurs de l'armée en RCA qu'elle « est à l'origine de beaucoup de massacres, de pillages, tortures, viols de la population civile28 ».

Par ailleurs, « l'emploi est un impératif pour l'ancrage de la cohésion sociale. Il constitue un facteur déterminant pour une paix durable. La pauvreté endémique, entretenue par le déficit de formation, le chômage et le sous-emploi, constitue un immense défi à relever », a dit le Président Touadéra29. « L'une des voies d'une paix durable en RCA, c'est celle d'avoir les moyens d'améliorer la productivité ainsi que la capacité de créer emplois et richesses. Pour la RCA, la bataille pour la promotion de l'emploi et du travail décent au service de la paix et de la résilience constitue un défi quotidien. En dépit des difficultés que traverse mon pays, je viens

27 Sophie ESCOFFIER, Emeline FERRIER Mia Marie OLSEN, Miranda SHUSTERMAN, Monika NORKUTE, Nature et formes de la violence, causes du conflit en République Centrafricaine, Grenoble, février 2014. http://www.irenees.net/bdf_fiche-bibliographie-25_fr.html

28 https://www.hrw.org/fr/report/2007/09/14/etat-danarchie/rebellions-et-exactions-contre-la-population-civile consulté le 21 octobre 2019 à 14h49.

29 https://news.un.org/fr/story/2018/06/1016161 RCA : l'emploi, un enjeu majeur de consolidation de la paix, déclare le Président Touadéra au Sommet de l'OIT. Consulté le 21 octobre 2019 à 15h07.

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ici vous dire notre détermination à surmonter les obstacles dressés sur le chemin de la paix », va-t-il conclure.

Ces déclarations du président Centrafricain au sommet de l'OIT traduisent parfaitement le malaise qui règne en RCA. En effet malgré un potentiel immense en ressources naturelles, le pays reste un des plus pauvres de la planète. Incapable de former sa jeunesse. Pire encore de trouver des emplois à celle-ci. C'est la débrouillardise et l'oisiveté qui accaparent la jeunesse dans sa majorité. Avec la faillite de l'Etat et la mal gouvernance, la Centrafrique est dans l'incapacité de déployer des politiques publiques susceptibles de garantir le bien-être de la population. En bref, en dehors de Bangui la capitale politique du pays, l'Etat est absent. Les jeunes sont ainsi livrés à eux-mêmes et constituent une proie facile pour l'enrôlement dans les groupes rebelles.

S'il n'y a pas de doute qu'« Il ne faut pas être un expert en politique pour discerner que la cause première, évidente, de la crise dramatique que traverse la RCA depuis deux ans, n'est que le prolongement d'une crise permanente qui n'a fait que s'accentuer. (Que) c'est la crise de la mal-gouvernance, à vrai dire de la non-gouvernance 30», il est également à noter que les influences de l'ancienne métropole qu'est la France et les pays voisins constituent un encrage très significatif.

B. Causes externes de la crise Centrafricaine

L'Etat Centrafricain n'est pas le seul responsable de ses diverses crises. Sans tourner autour du pot, la France est l'acteur indéniable qui agit sans scrupule dans la vie de l'Etat Centrafricain. En effet, en tant que ex-métropole, la France utilise la RCA comme une zone stratégique dans sa prédation industrielle en Afrique. D'ailleurs, la position géographique de la Centrafrique au centre du continent Africain lui vaut d'être pour la France un lieu stratégique révélant des objectifs traditionnels de la politique Française en Afrique. Aux ingérences françaises, s'ajoutent aussi les implications de certains pays voisins à l'instar du Soudan, du Tchad, de la RDC et du Congo. Ces pays sont les principaux pourvoyeurs de rebelles qui contribuent dans les champs d'opérations des divers coups d'Etats qu'a traversé la Centrafrique jusqu'ici.

30 DE CLERMONT Jean-Arnold, « Surmonter la crise en Centrafrique », Études, 2015/2 (février), p. 7-17. URL : https://www.cairn.info/revue-etudes-2015-2-page-7.htm

En effet, pour comprendre les influences extérieures des causes des différentes crises centrafricaines, il faut remonter dans le temps et l'histoire de ce pays. C'est dans ce sens qu'on retient que la RCA n'a toujours pas été un acquis facile pour la France mais, ses multiples résistances face à la colonie n'ont presque jamais été un succès. Barthélémy Boganda, homme d'église Centrafricaine est une figure phare du combat contre le colonat français. Mais pour un bref temps car, le 29 mars 1959, il est mystérieusement décédé suite à un accident d'avion31. Depuis lors, la RCA n'a plus connu de dirigeants capables de faire une opposition d'idées avec la France. Par la suite, principalement lors de l'obtention de l'indépendance du pays, il est succédé par David Dacko, son cousin. Le règne de Dacko ne va pas faire long feu car, il est renversé par le « putsch de la Saint-Sylvestre » au bénéfice d'un autre cousin éloigné, le colonel Jean-Bedel Bokassa.

Toutefois, David Dacko va revenir au pouvoir en 1979 grâce à la volonté française. « David Dacko, fortement marqué par une illégitimité permanente et accusé d'usurpation par ses ennemies, a vraisemblablement approuvé le « putsch par consentement mutuel » du 1er septembre 1981 à travers lequel le général André Kolinga prend les rênes du pouvoir 32».

Ces expériences de transitions politiques en RCA sont en effet inscrites comme des normes dans la vie politique de ce pays. Et ce ne sont pas les dirigeants Centrafricains à l'instar de Ange Félix Patassé, François Bozizé, ex-chef d'état-major des FACA, à la tête d'une coalition rebelle appelée « les Libérateurs » ; ou encore Michel Am Nondroko Djotodja, chef de la Séléka, curieuse rébellion qui font exception du « drame humanitaire et humain dont la saignée semble apaisée avec l'investiture de Faustin Archange Touadéra, intervenue le 30 mars 2016 33».

A ces implications françaises, s'étoffent les implications de certains Etats voisins dans les causes et l'entretien des crises Centrafricaines. Dans la liste desdits Etats, le Tchad y joue un rôle moteur. En effet, la prise de pouvoir par François Bozizé en 200334, l'a été grâce au soutien de

31 Tamekamta A. Z., « Centrafrique : pourquoi en est-on arrivé là et quelle paix au-delà de Djotodjia et de la MISCA ? », Note d'Analyses Politiques, n0 14, Thinking Africa (Abidjan), 23 janvier 2014, consultable sur http://www.thinkingafrica.org/V2/wpcontent/uploads/2014/01/TANAP14-centrafrique.pdf

32 Idem.

33 TAMEKAMTA, Alphonse Zozime, « Le Cameroun face aux réfugiés centrafricains: Comprendre la crise migratoire et les résiliences subséquentes », Note d'analyses Sociopolitiques, n°01, 01 avril 2018, CARPADD, Montréal. URL : https://www.carpadd.com/publications/note-danalyses-sociopo/

34 TAMEKAMTA Alphonse Zozime, « Gouvernance, rebellions armées et déficit sécuritaire en RCA: Comprendre les crises centrafricaines (2003-2013) », Notes d'analyses du GRIP (Bruxelles), 22 février 2013, consultable sur http/ www.grip.org/fr/node/821.

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N'Djamena. Dans le même sillage, la Séléka a bénéficié du soutien militaire du Tchad en mars 2013. Le second rôle est joué par des groupes rebelles pluriels qui écument les périphéries territoriales du Soudan et de la RDC35. Massivement recrutés depuis une décennie, ceux-ci, plus aguerris, composent les principales fractions combattantes et tirent le meilleur profit de l'exploitation illicite des richesses du pays36 (diamants, or, bois, espèces animales protégées etc.). Les soupçons de présence des gisements de pétrole à Gordil et Boromata, localités frontalières du Tchad et du Soudan, berceau de la rébellion Séléka, dont la prospection est assurée par la China National Petroleum Corporation (CNPC), constitue un indicateur non négligeable des alliances officieuses qui se nouent en RCA37.

De ce qui précède, il se dégage un mal-être au sein des populations civiles. Principales victimes des intérêts étrangers et de certains acteurs politiques locaux. Face à cela, le recours aux déplacements forcés reste une option très sollicitée du fait qu'elle est susceptible de mieux garantir la vie. Et une des diverses destinations approuvées par les populations civiles Centrafricaines est le Cameroun. Pays dont ils s'emploient à rejoindre par l'emprunt de nombreuses trajectoires afin de bénéficier d'un statut de réfugiés.

35 TAMEKAMTA Alphonse Zozime., « Centrafrique: pourquoi en est-on arrivé là et quelle paix au-delà de Djotodjia et de la MISCA ? », Note d'Analyses Politiques, n0 14, Thinking Africa (Abidjan), 23 janvier 2014, consultable sur http://www.thinkingafrica.org/V2/wpcontent/uploads/2014/01/TANAP14-centrafrique.pdf

36 Selon http://terangaweb. com/la-centrafrique-face-a-la-malediction-du-diamant 311 784 carats exportés en 2009

37 http://www.humanite.fr/monde/republique-centrafricaine-les-enjeux-petroliers-d-555172. Consulté le 06/11/2019 à 17h07.

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V. CHAPITRE II : ÉTAT DES LIEUX SUR LES TRAJECTOIRES EMPRUNTÉES DES CENTRAFRICAINS VERS LE CAMEROUN ET DÉTERMINATION DU STATUT DE REFUGIÉS

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Comme précédemment évoquées, les crises centrafricaines ont entrainé le non-respect des droits de l'homme et sont une des principales raisons ayant poussé les populations centrafricaines à quitter le pays pour se réfugier au Cameroun. C'est dire que la raison fondamentale de leur déplacement est la quête de paix et de sécurité. C'est une catégorie de personnes qui incarnent une vulnérabilité sociale. Leurs enjeux premiers sont portés vers une quête de mieux être. Ce sont des familles en déplacement pour une espérance.

Dans ces dynamiques Centrafricaines pour le Cameroun, beaucoup d'enfants y sont et font face aux trajectoires de déplacement empruntés (I). D'aucuns avec leurs parents et d'autres pas. Lorsque les réfugiés centrafricains réussissent l'exploit de traverser la porosité des frontières, il faut également qu'ils puissent jouir de reconnaissance au Cameroun afin de bénéficier du statut de réfugiés (II).

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VI. LES TRAJECTOIRES EMPRUNTÉES PAR LES REFUGIÉS CENTRAFRICAINS VERS LE CAMEROUN

Les populations Centrafricaines en générale et particulièrement celles du Nord sont la principale cible d'exactions des sudistes depuis l'indépendance du pays. Cet état de faits est souvent soutenu par les différents leaders politiques s'étant déjà succédés au pouvoir. Ainsi, en quête d'un mieux-être, ces populations traversent la frontière camerounaise pendant les conflits pour atteindre les régions de l'Est, de l'Adamaoua et du Nord Cameroun.

Pour concrétiser leurs déplacements vers le Cameroun, les réfugiés souvent en bloc de familles pour certains, font recours à divers moyens de déplacements. Bien évidemment, conformément aux capacités financières et relationnelles de chacun. En plus des capacités financières, la distance à parcourir pour atteindre le Cameroun est également une raison importante.

C'est dans ce sillage que certains Centrafricains peuvent se donner le prestige d'atteindre le Cameroun par avions. Mais cette catégorie de réfugiés Centrafricains se déplacent vers le Cameroun pour la protection de leurs avoirs. Et, souvent, choisit où résider. La plupart d'entre-elle, vit dans les grandes agglomérations. Leurs enfants, bien que réfugiés, n'expérimentent pas les mêmes difficultés que d'autres. Du coup, pour notre étude, cette catégorie de réfugiés de nous n'intéressera pas. Surtout que dans une certaine classification, on pourrait les assimiler à des « migrants forcés ». La spécificité des « migrants forcés » est qu'ils « fuient la violence menaçant leur sécurité ou bien quittent un environnement dont les ressources ne sont plus suffisantes pour assurer leur survie : leur mouvement est une migration dans le sens où ils gardent une certaine capacité d'initiative aussi réduite soit- elle 38».

D'autres Centrafricains par contre, et en majorité, qu'on assimilerait à des « déplacés » migrent vers le Cameroun en camions militaires, cars de transport et même souvent à pieds. Ce périple très triste est largement contraire de celui dédié aux « migrants forcés » dont la mobilité forcée fait référence à un mouvement dont ils ont « un choix aussi faible soit-il quant au temps du départ, - même s'il y a nécessité quasi absolue de partir - et à la destination, les déplacés

38 Véronique Lassailly-Jacob, Migrants malgré eux, Une proposition de typologie, in

https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers4/010017907.pdf consulté le 28/12/2019 à 20h24.

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subissent un déplacement sous la pression d'une contrainte implacable sur laquelle ils n'ont aucune prise 39».

En réalité, les Centrafricains « pauvres » fuyant les multiples conflits ayant considérablement dégradé la situation sécuritaire du pays, n'ont souvent pas assez de choix face au moyen de transport qui s'offrent à eux. C'est ainsi que certains ayant dans leurs rangs femmes et enfants, parcourent à pieds et de façon stratégique dans la nuit afin d'éviter une quelconque rencontre avec leurs protagonistes40. Lesdits protagonistes qui n'ont pour sacro principe le non-respect des droits de l'Homme car, vecteurs de « violence physique (coups, tortures etc.), violences et crimes sexuels, prélèvement illégal des taxes, disparitions forcées, détentions arbitraires, confiscation et pillage des biens privés, enrôlement des enfants par les milices, etc41. »

L'objectif principal des victimes dans cette perspective est de traverser la frontière, et se mettre à l'abris. Mais quoi qu'il en soit,

« les trajectoires migratoires des Centrafricains traduisent, dans une certaine mesure traduisent l'aisance matérielle de certains acteurs individuels (dignitaires et autres affidés au régime) à réagir promptement face au péril grave. Mais aussi, la détermination et l'empressement collectif (pauvres et riches) à trouver un abri par craintes avec raison d'être persécutés 42».

L'abris dont il est question dans ce cas se trouve au Cameroun. Pays situé dans une zone marquée le plus souvent par des conflits (multiples conflits tchadiens, dictature en Guinée

39 Véronique Lassailly-Jacob, Migrants malgré eux, Une proposition de typologie, in

https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleinstextes/divers4/010017907.pdf consulté le 28/12/2019 à 20h24.

40 Informations obtenues auprès d'un parent réfugié Centrafricain lors des enquêtes.

41 https://www.carpadd.com/le-cameroun-face-aux-refugies-centrafricains-comprendre-la-crise-migratoire-et-les-resiliences-subsequentes/ Consulté le 28/11/2019 à 11h33.

42 Gabriel PELLO, Migration transfrontalière et droits économiques et sociaux, Une lecture des prémices d'un conflit entre migrants et populations locales dans la ville de Bertoua, 2015, http://www.irenees.net/bdffiche-analyse-1088fr.html

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Équatoriale, guerre du Biafra au Nigeria, conflits centrafricains), et qui traverse également certaines turbulences. Malgré ces turbulences, les frontières camerounaises sont toujours restées ouvertes aux différentes populations en détresse, qu'il s'agisse de Nigérians, Équato-guinéens, Tchadiens, Rwandais, Congolais, ou autres. Ainsi, sa population réfugiée n'a cessé d'augmenter. Elle est estimée en 2010 à environ 100 000 personnes, dont 14 000 réfugiés et demandeurs d'asile résidant dans des zones urbaines, et 80 900 Centrafricains vivants dans les régions de l'Adamaoua et de l'Est [UNHCR, 201143].

43 Cité par Pierre Kamdem, « Scolarisation et vulnérabilité : les enfants réfugiés centrafricains dans la région de l'Est-Cameroun », Espace populations sociétés [En ligne], 2016/3 | 2017, mis en ligne le 31 janvier 2017, consulté le 29 novembre 2019. URL : http://journals.openedition.org/eps/7019 ; DOI : 10.4000/eps.7019

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Source : Pierre KAMDEM, Matthieu LEE, Université de Poitiers, 2016.

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Sur la carte ci-dessus, on observe clairement les flux des réfugiés Centrafricains. Ceux-ci démontrent par leur traversée facile de la frontière qu'en réalité, celle-ci (frontière) n'a aucun effet. Plus encore, les choix des réfugiés Centrafricains sur les destinations de la région de l'Est et de l'Adamaoua, principalement Bertoua et Garoua-Boulai tiennent de ce que dans ces parties du Cameroun, on trouve des groupes ethniques existant à la fois aussi en RCA. Ainsi, bien que partant d'un pays étranger, les Centrafricains se rendent vers où leurs us et coutumes y sont majoritairement partagés. C'est également ce qui justifie une présence accrue des réfugiés Centrafricains vivant hors camps. Mais encore faudrait-il se conformer à la réglementation car, l'octroi de cette qualité et de statut répond à un certain nombre de lois et organes habilités.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus