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La formation initiale des professeurs du post-primaire et du secondaire. Les enjeux pour un enseignement-apprentissage de qualité.


par Sansan Didier Da
Ecole Normale Supérieure/Université Norbert Zongo - Certificat d'aptitude inspectorat enseignement secondaire 2018
  

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I.2. l'intérêt de l'étude

Nous avons opté de réfléchir sur l'utilité et l'importance de la formation initiale des professeurs de français du post-primaire pour des raisons d'ordre personnel et pédagogique

Autant l'homme a été guidé dès ses premiers pas, autant nous sommes convaincu qu'il doit être guidé et initié dans sa vie professionnelle. C'est après avoir été conseiller pédagogique que nous-nous sommes rendu compte des maladresses que nous commettions dans le processus d'enseignement-apprentissage lorsque nous étions professeur de français.

Aussi, dans le cadre des visites de classe, avons-nous souvent été témoin des difficultés liées à la pratique de classe auxquelles sont confrontés les enseignants n'ayant pas bénéficié de formation initiale. Cette situation nous a interpellé au point qu'il était difficile pour nous de passer sous silence cet épineux problème de formation initiale des professeurs de français. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous avons décidé de poser le problème afin d'attirer l'attention des décideurs pour améliorer la qualité des apprentissages.

La langue française au Burkina Faso, en plus d'être une langue enseignée est la langue d'enseignement des autres disciplines, elle est aussi la langue de l'administration publique et privée et le trait d'union entre les différentes communautés dans un contexte multi-ethnique. Le français est la langue de communication avec le monde extérieur. Au regard de la place importante qu'occupe le français il apparait légitime de s'interroger sur son apprentissage dans le contexte scolaire. Au Burkina Faso, maitriser la langue française est un grand atout car elle est un moyen d'accès à l'emploi et de promotion sociale.

Former au métier de professeur de français, nous parait nécessaire si nous voulons des travailleurs et des cadres compétents à même de propulser le développement du pays. Former un professeur de français, c'est participer à former et instruire des centaines voire des milliers d'élèves. Dans le triangle didactique, le rôle de l'enseignant est primordial en ce sens qu'il doit conduire les apprenants à la découverte du savoir et à son acquisition. En Français, le traitement didactique vise en général le développement de l'aptitude à la production et à la compréhension du langage. Toute chose qui nécessite une formation. Ce rôle est difficile à tenir si le professeur n'a été formé à son métier. C'est pourquoi, nous pensons que de la qualité de l'enseignement-apprentissage du français, et partant de la qualité de notre système éducatif, dépend de l'effectivité de la formation initiale professionnelle des professeurs de français.

En effet, L'éducation est selon la Loi 013/98/AN du 17 Juillet 2007 portant Loi d'orientation de l'éducation, « l'ensemble des activités visant à développer chez l'être humain, l'ensemble de ses potentialités physiques, intellectuelles, morales, spirituelles, psychologiques et sociales, en vue d'assurer sa socialisation, son autonomie, son épanouissement et sa participation au d développement économique, social et culturel ». En se fondant sur cette définition et sur les attentes, il est évident que l'éducation est une entreprise complexe dans la mesure où il s'agit de façonner les Hommes. Au Burkina Faso comme ailleurs, cette oeuvre éducative est dévolue aux enseignants à travers l'école. Le système éducatif burkinabé est confronté à de nombreux problèmes qui sont entre autres la baisse du niveau tant décrié de nos jours, les échecs scolaires, l'insuffisance de l'offre éducative, le manque de formation initiale des enseignants. En effet dans la Politique sous-sectorielle des enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique 2010-2025 sur l'efficacité interne et externe du système éducatif, il est clairement mentionné qu' « Au Burkina, le système éducatif connaît des problèmes de qualité à tous les niveaux et cela, en termes de ressources humaines, d'infrastructures, d'équipements, de matériel didactique, d'approches pédagogiques et de formation du personnel »

Du précepteur de jadis à l'enseignant d'aujourd'hui, de la vocation pour l'enseignement au métier d'enseignant, ces évolutions montrent que l'éducation a toujours été une préoccupation pour les hommes, et son efficacité, une quête permanente. Au Burkina-Faso, l'existence des écoles de formations des enseignants témoigne d'une vision de professionnalisation du métier d'enseignant, de la recherche de la qualité et de l'efficacité du système éducatif. En effet, depuis 1986, la formation du personnel enseignant du post-primaire et du secondaire a été assumé par l'Institut des Sciences de l'Éducation (INSE), devenue ENS-K en 1996 avec entre autres missions « d'assurer la formation professionnelle initiale et continue des personnels d'enseignement, d'encadrement, d'administration et de gestion de l'éducation »3(*). L'Institut Des Sciences (IDS) créé en 2007 assure la formation initiale des professeurs du post-primaire dans les disciplines scientifiques. La création de ces écoles et instituts montre qu'il est important d'être initié et formé au métier que l'on est amené à exercer. Et comme l'a si bien dit Meirieu (1995, p.15) «Tous les enseignants doivent pouvoir bénéficier d'une formation de niveau universitaire dans la ou les disciplines qu'ils enseignent. Ils doivent également bénéficier d'une formation pédagogique [car] la maitrise d'une discipline ne confère pas systématiquement la capacité de l'enseigner ». En effet, en plus des connaissances disciplinaires, tout enseignant a besoin d'une formation pédagogique sans laquelle le processus enseignement-apprentissage ne saurait produire les résultats escomptés.

Au Burkina Faso, le déséquilibre entre l'offre éducative et la demande, la faiblesse de la capacité d'accueil des écoles de formation des professeurs, et l'insuffisance ou le manque du personnel enseignant influent négativement sur la qualité de l'enseignement-apprentissage. Pour résoudre le problème du manque d'enseignants, l'État burkinabè recrute chaque année sur concours directs des enseignants immédiatement mis à la disposition des lycées et collèges pour emploi. Depuis 2015, le Ministère en charge de la Jeunesse, de la Formation et de l'Insertion professionnelle recrute aussi des enseignants sur sélection de dossiers au profit du Ministère de l'Éducation Nationale et de l'Alphabétisation « dans l'optique de réduire le chômage des jeunes diplômés de l'enseignement supérieur et de combler le déficit d'enseignants dans l'enseignement post-primaire »4(*).

Dès lors, on constate un hiatus entre l'efficacité de l'éducation tant prônée dans la loi d'orientation de l'éducation, et les modes de recrutements et d'emplois du personnel enseignant. Cette situation aussi paradoxale soit-elle pose un sérieux problème de qualité de l'enseignement dans la mesure où des milliers d'enseignants, notamment ceux recrutés sur concours directs, rejoignent les classes sans aucune boussole pédagogique alors que le manque de moyens financiers souvent évoqués ne permet pas aux formateurs et encadreurs pédagogiques d'assurer la formation continue de ces enseignants. L'État recrute plus dans l'enseignement pour lutter contre le chômage des jeunes et combler un déficit en enseignants, que de mettre en avant la qualité de l'enseignement comme objectif principal.

Certes, le Burkina Faso est un pays aux ressources limitées, où tout semble prioritaire, mais la solution à toutes ces priorités pourrait passer par une éducation de qualité à travers la formation initiale des professeurs capables de faire face aux nouveaux défis auxquels est confrontée l'éducation. Bâtir un système éducatif performant, investir dans la formation des personnels du secteur éducatif est un gage développement.

* 3 http://www.univ-koudougou.bf/index.php/menu-etablissement/ens consulté le 2 Avril 2018 à 19h02 mn

* 4 Propos de Jean-Claude Bouda, ex- ministre de la jeunesse, de la formation et de l'insertion professionnelle in Sidwaya n°8118 du 13/03/2016 p. 5

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote