Introduction
L'une des fonctions régaliennes de tout État est
d'assurer la sécurité des personnes et des biens (MOSER &
MCILWAINE, 2004). Jusque dans les années 1990, la sécurité
s'entendait et se concevait uniquement dans le sens de la
sécurité de l'État (PNUD, 2016). La notion de
sécurité, qui naguère était focalisée sur
les menaces militaires, s'est élargie pour englober un large spectre de
menaces non militaires, (Fernand AMOUSSOU, 2016). Elle se résumait alors
essentiellement à la sécurité nationale, entendue
sécurité territoriale (PNUD, 2016). L'État était
ainsi au centre de la question sécuritaire. Cette doctrine, dominante
à l'époque, se fondait sur le principe que seul l'État
peut assurer la protection contre les menaces extérieures et
intérieures. Elle supposait en outre que si la sécurité de
l'État était assurée, alors celle des individus qui
vivaient à l'intérieur de ses frontières l'était
également (PNUD, 2016).
En revanche, l'insécurité est
présentée comme une préoccupation majeure en partie parce
qu'elle génère des comportements et attitudes qui nuisent au
vivre-ensemble et à la qualité de vie des personnes (Nordin
LAZREG, 2016). Les crimes et délits apparaissent comme l'une des menaces
à la qualité de vie ainsi qu'une barrière au
développement des nations (MOSER & MCILWAINE, 2004). Selon d'autres
chercheurs, le sentiment d'insécurité parmi la population a un
impact direct sur les comportements et leurs attitudes. Ils démontrent
que la peur conduit à un repli sur soi ou sur la famille, à une
dégradation de la confiance interpersonnelle, à une diminution de
la solidarité, à une baisse de la tolérance et du respect
des autres (Nordin LAZREG, 2016). Le risque « d'insécurité
» est lié, d'une part à la présence d'un
événement ou aléa qui est la manifestation d'un
phénomène naturel ou anthropique, et d'autre part à
l'existence d'enjeux qui représentent l'ensemble des conséquences
ou des pertes attendues "vies humaines, blessés, dommages aux biens,
à l'activité économique, aux moyens de
2
subsistance, à l'environnement ou au patrimoine".
(UNDRO, 1979 ; UNDP/BCPR, 2004).
La répartition de la population par grands groupes
d'âges, laisse apparaître une forte proportion de la population de
15-59 ans (48,9 %), (INSAE-RGPH4, 2013). Ses jeunes qui forment la
majorité de la population urbaine vivent dans le chômage et le
sous-emploi ce qui les amène à se livrer aux infractions tels que
la cybercriminalité, l'escroquerie, le vol, le viol, etc. Cotonou,
principale ville du Bénin a connu à l'instar des autres capitales
africaines, une croissance rapide et non maîtrisée aussi bien sur
le plan spatial que sur le plan démographique (GAYE, 1993). Elle est une
des trois communes à statut particulier et demeure toujours la
première ville du Bénin avec 679 012 habitants en 2013 contre 665
100 en 2002, INSAE, (RGPH4, 2013). Dans la période actuelle,
l'insécurité s'étend à plusieurs domaines de la vie
sociale (Philippe ROBERT, 2013). La présente recherche aborde celle
liée à la délinquance. Il est certain que la
délinquance juvénile représente à l'heure actuelle
un des problèmes les plus angoissants pour nos villes (Soumaïla
YAYA, 2019). Les violences, la violation des règlements, le vandalisme,
la drogue, etc, sont là les multiples visages de ce
phénomène qui, à Cotonou, prend une connotation
particulière eu égard aux difficultés économiques
et au manque de repères auquel sont confrontés les jeunes
(Micheline AGOLI-AGBO, 1996). Cette insécurité paraît
déroutante et on peine à en comprendre ses mécanismes. Cas
elle n'est pas le simple décalque du risque auquel on se trouve
exposé ou de l'expérience que l'on a de la délinquance
à en croire (Philippe ROBERT, 2013) elle est plus qu'une énigme.
Et pour tenter de résoudre cette énigme de
l'insécurité dans la commune de Cotonou en utilisant les
techniques de la géomatique pour étudier et cartographier les
types d'insécurité que la présente recherche à son
intérêt. Notons également qu'à notre connaissance
aucune étude n'a été faite pour cartographier les types
d'insécurité dans ladite commune. D'où la
nécessité de faire des études approfondies et
actualisées sur le sujet : «Cartographie du risque
d'insécurité à Cotonou au Bénin
».
3
La présente recherche s'articule autour de trois
chapitres :
? le premier chapitre aborde la revue de littérature,
clarification des concepts, la problématique et l'approche
méthodologique ;
? le deuxième chapitre, va consister à la
détermination des facteurs géographiques, socioéconomiques
de l'insécurité et la cartographie des types
d'insécurité ;
? le troisième chapitre sera consacré à
l'élaboration des stratégies préventives et
réactives pour sécuriser la ville de Cotonou.
4
|