WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Enjeux et défis de la déontologie de la presse en République Démocratique du Congo


par Manasse Ntumba
Université de Kinshasa  - Licencié  2021
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CONCLUSION

Dans ce chapitre il a été question de définir les différents concepts utilisés dans le cadre notre recherche, nous avons aussi explicité le cadre théorique. Le chapitre a eu deux section, dans la première section nous avons définis les concepts tel que : journalisme, déontologie, régulation et autorégulation. Dans la deuxième section nous avons parlé de la théorie de la déontologie de l'information, nous avons démontré dans quelle mesure cette théorie est le socle de notre travail.

20

CHAPITRE II. PAYSAGE MÉDIATIQUE CONGOLAIS

INTRODUCTION

Dans ce chapitre nous allons parler de la situation des médias congolais sous les

différents régimes politiques.

A savoir:

i' La presse coloniale de 1880-1960 ;

i' La presse pendant l'Ière République de 1960-1965 ;

i' La presse pendant la deuxieme republique de 1965-1996 ;

i' La presse pendant Le temps des Kabila (Père et Fils) de 1997- 2019 ;

i' La situation de la presse congolaise sous FATSHI de 2019 a nos jours.

SECTION I. LA PRESSE COLONIALE : UNE PRESSE DES COMMUNAUTES

Les débuts de la presse au Congo belge se situent autour des années 1900. En 1936 on répertoriait soixante-douze périodiques, non compris les quotidiens. La colonie accordait une importance capitale à son image et à celle de la Belgique à l'étranger. L'Office de l'information et des relations publiques pour le Congo et le Ruanda-Urundi organisait aux frais de la colonie, des voyages et séjours pour des journalistes recommandés par les Ambassades et Consulats belges à l'étranger. En échange, des reportages favorables à l'oeuvre "civilisatrice" de la Belgique étaient écrits dans de grands journaux et agences de presse étrangers. Cette politique valait aussi pour les journalistes belges.

La presse coloniale est l'oeuvre d'hommes et de femmes qui "laissant derrière eux une Europe éventrée par cinq ans de guerre, avaient largué le passé pour se lancer à l'assaut d'une autre vie : repartir à zéro, c'est tonique à trente ans, quand on dispose d'autant de volonté que d'enthousiasme"44. Ce n'était pas des fonctionnaires mais des

44GILBERT MUBANGI BET'UKANY, Le parcours de la presse congolaise et le rôle de l'oralité comme relais de l'information en Afrique. Dans Les Enjeux de l'information et de la communication, revue, 2007, p. 3

21

entrepreneurs. Cependant, cette presse est à l'image de la politique coloniale. Dès le départ, elle est née de la volonté de quelques uns de répondre aux nécessités d'information ou de défense des groupes européens et non pour des raisons de politique indigène45. Le public de cette presse étant la communauté blanche, c'est au Katanga, où vivait une population européenne internationale, qu'elle s'est beaucoup développée. Dans cette riche province, certains journaux paraissaient même en anglais. L'importance qu'a eue la presse au Congo belge, est liée au fait que le Congo devenait au fil des années, une sorte de colonie de peuplement. Les Belges établis au Congo ont fait souche allant jusqu'à afficher une certaine autonomie vis-à-vis de la métropole. C'est dans ce contexte de business et de politique que la presse coloniale a construit sa santé économique et son indépendance. Mais, malgré une politique éducative coloniale exemplaire, la majorité de la population congolaise est restée analphabète. La parution et la consommation des journaux étaient une affaire des mindele (les Blancs). Seule la presse "missionnaire", publiée en langues africaines, était entièrement destinée à la population locale. Comme le note Charles François (ancien collaborateur à "La Presse Africaine" un hebdomadaire paraissant au Kivu (RDC) dans les années 50), pour les colonisateurs belges, "les Congolais étaient l'objet de ce que feu le Président Nixon appelait benevolent neglect. On les supposait raisonnablement contents de leur sort qui, certainement, s'améliorait peu à peu sur le plan matériel. Pour le reste, les coloniaux, belges et étrangers, s'occupaient de leurs affaires administratives, industrielles ou commerciales et, nouveaux Romains, s'imaginaient disposer de cinq siècles pour transmettre les secrets et bénéfices de la "vraie civilisation" aux nouveaux "Gaulois". (...) Pendant ce temps, se formait rapidement une nouvelle classe congolaise. Comme n'importe quelle génération de jeunes, livrés à l'inattention de parents très occupés et distraits, ils en étaient réduits à s'éduquer eux-

45GILBERT MUBANGI BET'UKANY, op.cit., 4

47 Ibid., pp.5-6

22

mêmes et entre eux. La presse, en particulier, les a ignorés jusqu'aux premiers grondements de l'explosion anti-coloniale46."

Après la deuxième guerre mondiale, les choses vont changer. On assiste à la naissance de journaux tenus et écrits par des Congolais. La guerre a engendré une prise de conscience sur certaines idées telles que : identité, territoire, lutte, souveraineté, liberté. Ce contexte d'après guerre poussera les autorités politiques coloniales à légiférer sur la presse. Le décret du 6 août 1922 du Gouverneur général du Congo, pris en application de l'ordonnance-loi du 5 mars 1922, relative à la presse, limite très fort la liberté d'expression et fait du Congo un ghetto sur le plan de l'information. Craignant que la presse étrangère n'incite les populations congolaises à se rebeller contre le système colonial, les autorités coloniales belges vont soumettre son introduction dans le pays à une législation contraignante. L'article 4 du décret de 1922 est explicite: seront punies des mêmes peines l'introduction, la mise en vente, la distribution ou l'exposition d'écrits, dessins, gravures, peintures, emblèmes ou images susceptibles de porter atteinte au respect dû à l'autorité belge Bulletin Officiel du Congo Belge (1922),47Suite à ce décret, les rapports entre les Africains et les autorités politiques coloniales vont se détériorer. Les journaux tenus par les Congolais n'acceptent plus les règles du jeu dictées par la législation coloniale. La presse des Congolais va se radicaliser en soutenant les revendications des populations indigènes, la prise de conscience du fait colonial et la nécessité de lutter pour obtenir l'indépendance.

A l'approche de 1960, les événements politiques se bousculent et se précipitent. Les journaux édités par les Congolais deviennent de plus en plus militants, une véritable arme politique qui tire à boulets rouges sur l'administration coloniale et la Belgique. Dans ce contexte, les politiciens congolais vont jouer un rôle important dans la presse. En effet, Lumumba l'a compris très tôt, il devint correspondant de presse de La Croix du Congo et

4646GILBERT MUBANGI BET'UKANY, op.cit.

23

de La Voix du Congolais publiées à Léopoldville, la capitale. IL entreprit d'écrire aussi pour le compte de L'Afrique et Le Monde édité à Bruxelles ; en 1955 il devint l'éditeur responsable de L'Echo Postal, organe trimestriel de l'Amicale des Postiers. En 1959-1960, il dota son parti politique de trois organes de combat : Indépendance (Léopoldville), Uhuru (Stanleyville), Tabalayi (Luluabourg). En 1947, Justin Bomboko créa Mbandaka ; Joseph Ileo Fonda Conscience africaine en 1953. A son retour d'exil au Ghana, Patrice Lumumba lança Indépendance en 1958. Quant à Mobutu, le colonel Marlière de la Force publique lui confia la rédaction du journal de l'armée. Plus tard, on le retrouvera "à L'Avenir colonial belge, qui deviendra L'Avenir, où il écrit dans les pages consacrées aux actualités africaines"48. Pour toutes ces raisons, la presse fera l'objet d'une surveillance toute particulière de la part de l'autorité coloniale. Le climat devint de plus en plus tendu à l'approche de l'indépendance. La majorité des Belges détenteurs de journaux au Congo décidèrent de retourner en Belgique après avoir vendu leurs titres. Ainsi, l'aventure belge au Congo se solda par le sauve-qui-peut généraliser de 1960. Mais certains d'entre eux, comme l'équipe de La Presse africaine, de Max et Marie-Madeleine Arnold, et Georges Hensenne du Stanleyvillois préférèrent rester quelque temps encore après l'indépendance avant de se résoudre à partir eux aussi. Marie-Madeleine Arnold résume bien le sentiment qui les animait : "nous avions choisi notre place au cimetière fleuri qui surplombe le lac. Nous n'y reposerons jamais, mais quelque chose de nous-mêmes est resté là: un battement de coeur, un goût de miel, un goût de sel49."

48G. MUBANGI, op.cit., p.8

4949GILBERT MUBANGI BET'UKANY, op.cit.,

24

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein