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Enjeux et défis de la déontologie de la presse en République Démocratique du Congo


par Manasse Ntumba
Université de Kinshasa  - Licencié  2021
  

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SECTION II. LA PRESSE PENDANT LA 1 ERE REPUBLIQUE

Les cinq premières années d'indépendance du Congo sont connues pour leur bégaiement généralisé dû à l'impréparation et à l'amateurisme de ses dirigeants. Et comme on pouvait s'y attendre, il en résulta une grande confusion sur le plan politique, économique et social. La presse congolaise militante et nationaliste, née à la suite des événements politiques de 1959, déterminée et unie face à l'autorité coloniale, se retrouva fragilisée, divisée, tribalisée, politisée à outrance. A l'aube de l'indépendance, la jeune presse est ainsi jetée en pâture aux plus offrants. Les politiciens et certains groupes de pression s'en emparèrent pour leur propagande. Chaque groupement politique avait son ou ses titres de presse : Notre Congo pour l'Alliance des Bakongo (Abako), Le Congo Libre pour le Parti de l'Interfédérale, Solidarité Africaine pour le Parti Socialiste Africain (PSA), Emancipation pour le Parti du Peuple-Action-Socialiste et L'Indépendance pour le Mouvement National Congolais (MNC), etc. Cette situation engendra des mesures arbitraires de l'autorité politique : favoritisme pour certains, interdictions et arrestations pour d'autres. Redoutant le pouvoir de la presse, le tout nouveau pouvoir congolais a réagi de la même manière que l'autorité coloniale. L'Arrêté ministériel de Patrice Lumumba du 11 août 1960 relatif aux mesures exceptionnelles, en cas de troubles graves, en matière de liberté de la presse n'est rien d'autre qu'une copie conforme du Décret du Gouverneur Général du Congo du 6 août 1922, qu'il a décrié en son temps. Les Congolais commencèrent à se demander s'ils avaient bien fait de renvoyer Tintin en Belgique.

SECTION III. LA PRESSE PENDANT LA DEUXIÈME RÉPUBLIQUE : UNE PRESSE AU REGIME DU POUVOIR

Depuis l'indépendance de la RDC, dans le cadre de la presse écrite, plusieurs journaux de l'époque coloniale passèrent avec des fortunes diverses ; la presse foisonne dans l'effervescence de la fin du colonialisme. Après le 24 novembre 1965, date marquant la prise du pouvoir par Mobutu, la personnalisation du pouvoir accompagne les restrictions de la liberté d'expression et le contrôle des médias transformés en instruments

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de glorification du guide de la nation et du parti unique. Dans la foulée comprenant sans doute la puissance des médias encore inexistant qui dote le pays en novembre 1966 d'une chaîne de télévision publique qui deviendra hélas d'un outil de la propagande d'une efficacité rare.50

Quatre vingt fois plus étendue que la Belgique, la RDC est cependant insuffisamment couverte en matière de radiodiffusion et de la télévision. Apparemment les diverses stations de la radio diffusion et de la télévision nationale (RTNC) sont installées pour la plupart avant 1960 par le pouvoir colonial.51

A partir de 1970, le président Mobutu oriente la politique du Congo dont il venait de changer le nom en Zaïre, vers le système communiste radical. C'est ainsi qu'après les élections de 1970, une série des décisions inspirées par la doctrine de l'authenticité en 1971, l'année1972 fut déclarée une année de nettoyage et de radicalisation.52 Durant cette période Mobutu prend des mesures très astreignantes contre la presse et la Somme à travailler pour le triomphe de son idéologie politique.

Mobutu fit alors des médias, un instrument d'orientation nationale. En fait selon la formulation de Sakombi Inongo thuriféraire du Mobutisme qui dirigeait ce département, « le peuple n'a pas besoins d'être informé mais d'être orienté. » le règne de la pensée unique venait de naître. La presse étant bâillonnée, il est interdit de caricaturer Mobutu.53

A propos de l'installation et de la création des chaînes de radio et de télévision, il est important de souligner les appuis des coopérations allemandes et françaises ; ces appuis ont permis la création d'une école de niveau universitaire en 1973 (ISTI) et d'un

50 M. KABEYA P.E., Regard sur la presse congolaise du Congo belge à celui de Kabila sans oublier le Zaïre de Mobutu, Paris, éd. L'Harmattan, 2003, p. 14.

51 TSHIONZA MATA, T.G., Les médias au Zaïre, s'aligner ou se libérer, Paris, éd. L'Harmattan, 1996, p. 22.

52L. DE SAINT MOULIN, Panorama de l'histoire contemporaine, Kinshasa, éd. CECC, 1983, p. 173. 53 KABEYA, op. cit., p. 14.

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studio école la voix du zaïre, pour la formation des producteurs et techniciens audiovisuels de niveau intermédiaire54

Le répertoire des médias audiovisuels était très réduit par le fait qu'à cette époque les privés n'étaient permis d'investir dans le domaine de la presse. IL n'existait donc que la RTNC, la voix du Zaïre à l'époque. Et ce n'est qu'à partir de 1988 qu'une certaine liberté de la presse va commencer à s'annoncer.

Parmi les problèmes majeurs que connaissent les médias en RDC, il y a les problèmes financiers, managériaux, professionnels et déontologiques. En ce qui concerne les problèmes financiers, les médias de la deuxième République étaient suffisamment bien alimentés car le gouvernement était une vache laitière pour les médias. Parmi les travailleurs qui vivaient dans des conditions meilleures au Zaïre, les professionnels des médias y étaient aussi comptés entre les trois premiers. La procuration d'un véhicule par une entreprise de presse était une question de volonté seulement.

Face au problème professionnel, le journalisme n'était plus un métier des libertés, mais de contrainte. Parce que corrompu par le pouvoir, les journalistes se sont trouvés dans une dette morale ; ainsi ils ne pouvaient donner des informations qui accuseraient la mauvaise gestion du pouvoir. Ils ne pouvaient pas non plus s'empêche à mentir le public, si cela contribuera à attirer la sympathie du public envers le pouvoir de Mobutu. Ainsi donc, face à cette réalité, il faut dire que du point de vue de la forme, la production journalistique était faite avec professionnalisme. Mais du point de vu le fond, il est honnête d'avouer qu'il existait de presse libérale au Zaïre.

Signalons que les patrons des médias au Zaïre étaient d'abord des cadres du MPR, chargés de la mobilisation. Ils étaient nommés par le président de la République et furent les premières personnes à étouffer la liberté des journalistes. La déontologie fut Celle dictée par ceux-ci qui sauvegardaient tout le cadre juridique en matière des médias. Ce sont des mouchards du pouvoir.

54 TSHIONZA, M. G., op. cit., p. 23.

55 P. MABIALA M. N., « La longue transition politique en RDC (1990-2006) : Aspect positif et vicissitudes » in La RDC : une démocratie au bout du fusil. Kinshasa, FKA, 2006, p. 31.

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La libération des médias, à partir du 24 avril 1990, a permis de créer de nouveaux journaux et des stations privées de radio et de télévision. En fin, la communauté Internationale a soutenu l'opposition pour la rendre capable de tenir tête à Mobutu, à l'affaiblir et à le déstabiliser et ainsi en faire un monument de l'histoire.55

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci