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Peche et conservation du poisson par les populations de Nziou et de Londji I dans la region du sud Cameroun: une analyse anthropologique des choix et finalités des savoir-faire des pecheurs


par Moise Mvetumbo
Universite de Yaounde 1 - Master en anthropologie 2013
  

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II-1-Facteurs endogènes

Parmi les facteurs qui sont endogènes à la vie socioculturelle des populations de Nziou et de Londji I, figurent la place prépondérante des ressources halieutiques dans leur alimentation, les mariages interethniques, le faible intérêt accordé aux rites relatifs à l'activité de pêche...

II-1-1-Place du poisson dans la médecine et l'alimentation des populations de Nziou et de Londji I

Les poissons jouent de multiples rôles dans le quotidien des populations. Sur le plan médicinal, ils peuvent remplir des fonctions significatives dans le processus de quête de santé, ceci en fonction de la spécificité des espèces et de la nature de la maladie dont souffre le patient. A ce sujet les informateurs notamment les ressortissants Popo du Benin nous ont expliqué que le poisson communément appelé tétrodon (Tétraondon biocellatus) loin de la saveur, du goût qu'il procure aux consommateurs, est un poisson plein de vertus médicinales. En effet, lorsque qu'il est capturé, la peau est séparée de la chair au retour dans les ménages. La poudre obtenue de la peau séchée mélangée à de l'huile rouge constitue un puissant remède contre la toux. Toutes les douleurs pouvant survenir au niveau de la gorge peuvent aussi être soulagées si le patient adopte le même traitement. Certains dont les noms échappent aux informations sont reconnus des populations à partir des fonctions qu'ils remplissent. C'est pourquoi, leur efficacité n'a jamais fait l'objet d'aucun doute aux personnes qui en font usage. Ainsi, en parlant des poissons aux vertus thérapeutiques, un informateur nous a révélé les propos ci-dessous:

Il y a un poisson de mer, semblable à la tortue, lorsque tu finis de le manger, tu sèches sa carapace au soleil, elle coule de l'huile. Cette huile a beaucoup de vertus médicinales. Elle est utilisée pour soigner plusieurs maladies, comme le palu ou n'importe quelle maladie. La composition dépend du mal. Si l'enfant chauffe la nuit par exemple, tu peux utiliser ce liquide pour le oindre avec. S'il y a la présence des mauvais esprits dans la maison, tu peux aussi utiliser cela et tu seras épargné. (CASSA, Pêcheur, Popo, Nziou, 20/01/201).

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Toujours dans ce même sillage, SABINOT C. (2008:94) en évoquant les thérapies faites à base du poisson, remarquait déjà que le poisson-globe, (Ephippion guttiferum) remplit de nombreuses fonctions médicales chez les Popo la Nyanga au Gabon. En effet, si les douleurs dues à une angine ou à tout autre phénomène entraînant l'obstruction de l'oesophage ou de la trachée surviennent, le patient peut prélever un morceau de la peau séchée de ce poisson, la griller au feu, la piler et la mélanger avec un peu d'huile de palme, et ingérer cette mixture afin que l'obstruction disparaisse. Aussi, certaines populations estiment que la consommation régulière du poisson salé est un stabilisateur des crises de tension. Afin de réduire la carence des espèces de poissons sollicitées dans la médecine, un ajustement des techniques d'exploitation et de conservation a constitué une nécessité pour les détenteurs de ces savoirs.

Pour ce qui est des retombés bénéfiques des ressources halieutiques dans les menus des consommateurs, certaines études révélaient déjà que dans l'alimentation de bien des populations africaines, le poisson joue un rôle de premier plan, tant par sa valeur nutritive que par sa quantité et son prix (BABA, M., 1985:1). Les populations de Nziou et de Londji I n'échappent pas à cette règle. Car, un coup d'oeil dans le répertoire culinaire des groupes ethniques majoritaires de ces villages à savoir les Batanga et les Mabi, nous donne de cerner la place prépondérante du poisson dans leur vie quotidienne.

Chez les Mabi, l'on peut noter la récurrence du «Doumbobi» (un bouillon ou sauce naturelle composée du poisson frais assaisonné du piment, du sel, du citron) , du «Doumboka» (mets de poisson constitué du poisson frais assaisonné du piment , du citron, du sel suivi de son emballage et de sa cuisson dans une marmite ou sur de la braise), du «Ndtoua » ou sauce de mango sauvage (Irvingia Gaboneesis) qui n'est autre qu'une combinaison de sauce tomate mélangée à la patte de mango sauvage et du poisson grillé, du «maban» est le poisson fumé pimenté...Chez les Batanga, plusieurs mets meublent leur menu quotidien. Au rang de ceux-ci figurent: l'«Ebanjéa» et le «Djomba» dont les modes de cuisson sont similaires respectivement à ceux du «Doumbobi» et du «Doumboka» décrit plus haut, le «N'ñukou» (sauce faite de noix, de poisson, du sel et du piment) constituent des mets les plus régulièrement consommés. Tous ont comme trait commun ou élément de base, le poisson et en majorité du poisson fraîchement capturé. Nous ne saurions oublier dans ce sillage de mentionner le poisson braisé ainsi que d'autres sauces ordinaires dont le poisson en constitue un élément indispensable.

D'une manière générale, l'on observe que le poisson constitue une denrée d'appoint, un aliment de base fortement valorisé, ce que DE GARINE I. (1979:79) reprenant JILLIFFE D. (1967) appelle «une super-nourriture culturelle». Le degré de disponibilité permanente de cette

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ressource assure une certaine stabilité des régimes alimentaires des populations concernées tandis que situation contraire est perçue comme une crise. A ce sujet, FROMENT A. (1996:41) reprenant MIRACLE M. (1961) et PAGEZY H. (1982) affirmait que: «Une raréfaction saisonnière du super-aliment le plus valorisé, comme la viande en forêt ou le poisson sur la côte, induit un sentiment de faim...» pour les populations de chacune de ces sociétés respectives. Notre séjour sur le terrain nous a permis de faire le même constat au niveau des préférences alimentaires ainsi que de leur rythme de consommation par les informateurs. En effet, la consommation moyenne des mets à base du poisson frais est de 4 fois environ par semaine en période d'abondance, contre 2 en période de vache maigre. A juste titre, afin d'assurer la disponibilité de cette denrée dans le quotidien des populations de Nziou et de Londji I, et ceci dans un contexte marqué par la pénurie et la concurrence accrue entre les différents acteurs de pêche en présence, le concours des savoir-faire nouveaux n'a pas rencontré de réticences majeures. Dans cette perspective, la fusion des techniques de diverses origines vient répondre dans une certaine mesure aux aspirations naturelles des populations de satisfaire leur besoin en aliments, car dans toutes les sociétés, «la quête alimentaire est au centre des activités de l'homme à la recherche de sa subsistance...» (DE GARINE, I., 1996:26).

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