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Peche et conservation du poisson par les populations de Nziou et de Londji I dans la region du sud Cameroun: une analyse anthropologique des choix et finalités des savoir-faire des pecheurs


par Moise Mvetumbo
Universite de Yaounde 1 - Master en anthropologie 2013
  

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II-2-Facteurs exogènes

Au rang des facteurs de dynamique externe à la culture des populations locales, nous avons identifié entre autres le travail en équipe, la migration, la croissance de la demande dans lesdites localités, les projets de soutien en direction du secteur de pêche, etc....

II-2-1-Le travail collaboratif entre les différents groupes de pêcheurs

Dans le processus de transfert des savoir-faire entre les communautés en présence, le facteur d'une bonne cohabitation et des relations apaisées entre ces dernières ont joué un rôle remarquable. En effet, dans un processus dynamique, l'intimité et la proximité sociale entre les individus, apprenants et enseignants, constitue une dimension essentielle à l'apprentissage (SABINOT, C., 2008:307). La situation de collaboration entre les acteurs crée des opportunités

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d'assistance, d'entraide et par ricochet des moments d'échange d'expérience sur les spécificités des différentes techniques de pêche et de conservation existantes. A ce sujet les propos reçus d'une béninoise en constituent une illustration parfaite : «A certains moments, ma voisine d'en haut vient souvent m'aider à classer quand j'ai beaucoup de poissons. C'est comme ça qu'elle classe déjà son poisson comme nous» (CASSA ERNESTINE, Fumeuse, Popo, Nziou, le 15/01/2012).

Cette méthode, introduction béninoise fait l'unanimité au sein des populations du village Nziou. La preuve avec ce témoignage d'une fumeuse Batanga: «Ce que les femmes d'ici ont appris chez les Béninoises, c'est leur façon de disposer le poisson sur le grillage. Elles alignent bien leur poisson et ça leur permet de mettre une grande quantité de poisson parce qu'on peut facilement superposer. Avec cette méthode, on fume bien et rapidement» (EDJIDJE YVETTE, Batanga, le 10/01/2011). Elle permet ainsi aux uns et aux autres de compléter leurs savoir-faire ou de revoir tout simplement leur manière de procéder. La situation décrite dans le secteur de fumage est transposable au niveau de la pêche avec la proximité permanente des pêcheurs autochtones et migrants (Nigérians et Béninois) dans les mêmes embarcations de pêche, d'où la dissémination rapide des différents savoir-faire au sein de ces groupes de pêcheurs respectifs.

II-2-2-La migration

La migration génère la cohabitation et échange d'expériences entre les différents groupes humains qui participent dans l'exploitation des mêmes pêcheries. En évoquant la question sur les causes des changements techniques, une constante s'est dégagée en attribuant la majeure partie des innovations en matière de capture et de conservation des produits pêche à l'avènement des ressortissants ouest africains. Au rang des ces communautés à l'origine de ces savoirs nouveaux, figurent les pêcheurs béninois et nigérians. C'est ainsi que les expressions telles que «quand les Nigérians/Béninois sont arrivés», «les méthodes de fumage des Béninois», «c'est une introduction des nigérians», «ils étaient les premiers à...», sont apparues à plusieurs reprises au cours des entretiens que nous avons eus avec les informateurs autochtones ayant eu à un moment précis, des contacts permanents avec ces acteurs étrangers. A ce sujet et après observation sur le terrain, il nous est donné de remarquer que dans la panoplie des techniques utilisées dans notre zone d'étude, nombreuses sont introduites par le biais du contact interculturel entre les acteurs de ces différentes communautés.

Au niveau du fumage à titre illustratif, le classement du poisson sur les claies a connu d'énormes mutations en quelques décennies de cohabitation des communautés camerounaises et celles étrangères. Interrogée sur les origines des changements relevés dans les pratiques de fumage, une fumeuse Mabi du village Nziou fait des remarques qu'elle résume en ces termes:

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«Quand les béninois sont arrivés, nous avons vu leur façon d'arranger le poisson. Ils plient simplement et forment le rond avec leurs mains et classent sur la claie. Ça nous donne moins de travail et le fumage devient rapide. Nous avons dont vu que c'est la bonne méthode» (BINDELE MARCELLINE, Fumeuse, Mabi, Nziou, le 15/01/2012). Dans le même sillage, l'usage des fumoirs à grandes dimensions, l'usage des sources alternatives telles que: les écailles de poisson et la paille font partie du patrimoine technique exogène qui sont venues se greffer aux stratégies locales d'embellissement des produits fumés. Cette même situation est vécue dans le secteur de la pêche avec une multitude de stratégies et matériels de pêche à l'instar de la technique de sondage, la technique d'emprisonnement, la pêche long séjour, l'introduction de la motorisation.

La dissémination rapide de ces techniques engendrée par une coexistence pacifique entre les acteurs de pêche originaires des cultures différentes, a significativement impacté les connaissances utilisées dans les pêcheries de Nziou et de Londji I. Chose normale puisqu' «en règle générale, la proximité des cultures quel qu'en soit le degré, joue comme un facteur positif qui facilite grandement l'acculturation» (ABOU, S., 1981:53) dont l'influence sur la dynamique des cultures est non négligeable. C'est à juste titre que les migrants contribuent par leurs méthodes de travail à la résolution de certaines contraintes existentielles dans les zones d'accueil (NEISHEIM, I. et al., 2006) comme c'est le cas dans les villages Nziou et Londji I. Car, outre leurs conséquences sur le fonctionnement des unités de pêche, ces acteurs ont une influence significative sur la diffusion de la technologie et les savoir-faire (CHABOUD, C. et CHARLEDSO, M., 1991).

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