II.2.7- Jaugeages
Le débit d'un cours d'eau est la quantité d'eau
traversant une section donnée par unité de temps. Il peut
être obtenu par plusieurs procédés de jaugeage
notamment : le jaugeage au moulinet, le jaugeage au flotteur, le jaugeage
volumétrique, le jaugeage par dilution chimique, le jaugeage à
l'aide d'ouvrages calibrés ou des formules et le jaugeage à
l'ADCP (Acoustic Doppler Current Profiler). Celui réalisé dans la
présente étude pour estimer le débit du mayo Douka Longo
s'est fait par la méthode du jaugeage à gué au micro
moulinet. Les principaux éléments d'un micro-moulinet (Fig. 15)
sont :
- Hélice du micro-moulinet avec des diamètres
allant de 25 mm à 125 mm tandis que les pas peuvent aller de 50 mm
à 100 mm ;
- Perche de jaugeage graduée utilisée pour
sonder la profondeur du cours d'eau ;
- Corps du micro-moulinet ;
- Cable de connexion ;
- Compteur d'impulsion qui donne le nombre de tours
effectués par l'hélice.
Le jaugeage à gué au micro moulinet a
été effectué à l'exutoire du cours d'eau mayo Douka
et n'a pas été possible en amont (DoukaGanaiko) car la
rivière était sèche. Cette méthode consiste
à choisir un site sur le cours d'eau qui est rectiligne et uniforme avec
un fond plat et pouvant être traversé à pied. Ensuite
tendre un câble de section graduée au-dessus du cours d'eau
à la section transversale choisie et le sécuriser en utilisant
des piquets tout en mesurant cette largeur (Fig. 16). Enfin déterminer
le nombre d'espacement et de verticale ainsi que la mesure de la profondeur le
long d'une verticale. Les données obtenues seront
dépouillées en laboratoire et donnera la valeur du débit
à l'instant de mesure. Nous rappelons ici que ces mesures ont
été faites près des échelles
limnimétriques.
Figure15 : Caisse
à micro moulinet.
Figure 16 : Jaugeage à gué au
micro moulinet.
II.3- TRAVAUX DE LABORATOIRE
Les travaux en laboratoire ont consisté à
déterminer la vitesse d'infiltration de l'eau dans le sol, le
coefficient de perméabilité à saturation, établir
le bilan hydrique et enfin, au dépouillement et traitement des
données ainsi obtenues.
II.3.1- Vitesse
d'infiltration
La vitesse d'infiltration correspond à la
quantité d'eau, par unité de temps de surface et par unité
de temps qui pénètre dans le sol. Dans le cadre de cette
étude, les vitesses d'infiltration ont été
calculées à partir de la baisse du niveau d'eau dans les trous
avec le temps comme suit :
La vitesse d'infiltration (I) à un instant donné
(Tt) est donnée par :
Où : = profondeur initiale au niveau de l'eau dans le trou ; profondeur jusqu'au niveau de l'eau dans le trou à un instant
donné et heure initiale
Les vitesses d'infiltration ont été
calculées à partir de la baisse moyenne du niveau d'eau des
quatre dernières mesures stabilisées, mesurées dans le
trou.
II.3.2- Détermination du coefficient de
perméabilité à saturation
Les données collectées sur le terrain lors des
essais de Porchet, ont été traitées par la suite à
partir du logiciel Microsoft Excel 2010. Une feuille de calcul Excel a
été préalablement programmée pour effectuer les
calculs résultant des formules empiriques développées par
Porchet suivant la loi de Darcy. La perméabilité (K) est
définie par la loi de Darcy comme le volume d'eau gravitaire traversant
une unité de section perpendiculaire à l'écoulement en une
seconde sous l'effet d'une unité de gradient hydraulique. En prenant
comme unité le m² et le m3, K est exprimé en m/s.
(1) où (1)
Avec S : surface d'infiltration en (m²) ; R : rayon du
trou (en m) ; h : hauteur d'eau dans le trou (en m) ; i : gradient hydraulique.
(2) ; en égalant les équations (1) et (2), on obtient :
La valeur de (K), s'obtient en traçant la courbe, log
(h+R/2) en fonction du temps à l'échelle semi-logarithmique
(Annexe 2). Une fois le régime stabilisé, on obtient une droite
de pente p = -2K/(2,3R). La perméabilité est obtenue par la
relation suivante :
Avec K : coefficient de perméabilité (en
m.s-1) ; R : rayon du trou (en m) ; p : pente de la droite
représentative de l'essai d'infiltration log (h + R/2) = f(t).
h = Profondeur du trou - hauteur entre le sol et l'eau.
II.3.3- Elaboration des cartes
piézométriques
L'établissement de la carte piézométrique
a pour but de déterminer les principales directions de
l'écoulement souterrain et les aires d'alimentation de la nappe. Ces
cartes schématisent d'une part les fonctions capacitives et conductrices
des réservoirs, et d'autre part le comportement hydrodynamique de
l'aquifère.
Trois méthodes sont généralement
utilisées pour le tracé des courbes d'iso valeurs (Castany, 1998)
:
- La méthode d'interpolation approximative des niveaux
piézométriques ;
- La méthode d'interpolation des triangles ;
- La méthode d'interpolation des données
piézométriques par des programmes informatiques.
Cette dernière méthode est celle qui a
été utilisée dans la présente étude car elle
est rapide et donne une meilleure interpolation. Les logiciels informatiques
qui ont été utilisés sont ArcGis10.4 et Surfer 12. Sur ces
cartes, les principales directions d'écoulement souterrain et les aires
d'alimentation sont matérialisées.
II.3.4- Estimation du débit
Les données collectées sur le terrain lors du
jaugeage à gué au micro moulinet, peuvent être
traitées soit à l'aide d'un dépouillement manuel, soit
à l'aide d'un dépouillement informatique. Cette dernière a
été utilisée dans les locaux du CRH (Centre de Recherche
Hydrologique) à l'aide du logiciel TIDHYP (Traitement Informatique des
Données Hydro Pluviométrique) pour obtenir le débit du
cours d'eau mayo Douka à l'exutoire.
II.3.5- Bilan hydrique
La connaissance plus ou moins parfaite des
éléments du bilan hydrique d'un bassin versant, est une
opération très importante en hydrologie, car elle permet
l'estimation des réserves naturelles des aquifères. Plusieurs
chercheurs ont mis au point des méthodes basées sur l'utilisation
des formules empiriques facilitant l'estimation ou le calcul du bilan hydrique.
Cependant la méthode de Thornthwaite est celle qui est plus
appropriée pour les régions tropicales. Le bilan hydrique de
Thornthwaite (1954), permet d'évaluer le déficit
d'écoulement mensuel et tient compte de la réserve du sol d'un
mois à l'autre (Réméniéras, 1972). Elle consiste
à calculer tout d'abord pour chaque mois, une évapotranspiration
potentielle (ETP), que l'on peut assimiler au pouvoir évaporant de
l'atmosphère. Cette évaporation potentielle est fonction de la
température moyenne mensuelle par rapport aux indices thermiques
mensuels (i), calculés par la formule et la durée astronomique du jour. L'évapotranspiration
potentielle est calculée par la formule suivante :
Avec T : température moyenne mensuelle ; I : indice
thermique annuel ; i : indice thermique mensuel.
L'évapotranspiration potentielle calculée sera
ainsi confrontée aux précipitations afin de déterminer
l'évapotranspiration réelle (ETR), la réserve facilement
utilisable (RFU), la variation de la réserve facilement utilisable
(?RFU), le water surplus (WS), l'écoulement total (S),
l'écoulement de surface (QS), l'écoulement souterraine (QW), le
déficit agricole (DA) et le coefficient mensuel d'humidité
(á). Le calcul de ces paramètresest effectué suivant
l'organigramme de la Figure 17. L'infiltration a été
calculée à partir de la relation ci-dessous :
I = P - (ETR + R)
Avec I : infiltration moyenne interannuelle (en mm) ; ETR :
évapotranspiration réelleinterannuelle (en mm) ; P :
précipitation moyenne interannuelle(en mm) ; R : ruissellement ou lame
d'eau ruisselée(en mm). Le ruissellement (R) peut être
calculé par deux formules :
- Tixeront-Berkallof avec la condition de P > 600 mm
R = P/ 3
..................................... (1)
- Tixeront-Berkallof modifiée par Romantchouk
(197iv)
Avec la condition de P < 600 mm
R = P/
3*(ETP)²............................ (2)
AvecETP : Evapotranspiration
potentielleen mm.
Les précipitations enregistrées dans la
région d'étude sont inférieures à 600 mm, la
formule utilisée est celle de Tixeront-Berkallof modifiée par
Romantchouk (1974) (2).
II.3.6- Cartographie des
zones favorables à l'agriculture
La méthode employée dans le cadre de cette
étude est La méthode de cartographie à index avec
pondération des critères (Point Count SystemsModels,
PCSM). Cette dernière est la plus pertinente vis-à-vis des
réalités de terrain du fait de la prise en compte de l'importance
relative de chaque critère vis-à-vis de la favorabilité du
milieu. De ce fait, elle constitue la méthode la plus reconnue et
utilisée à l'heure actuelle (Gogu et Dassargues 2000 ; Vrba et
Zaporozec 1994).Son principe consiste à la combinaison des
paramètres classifiés du milieu. Ceci en donnant un index
numérique ou une valeur à chaque paramètre. La combinaison
des cartes se fait au moyen du logiciel de traitement multicritères
(logiciel SIG). La méthode repose sur la sélection de
paramètres (ou critères) considérés comme
représentatifs pour estimer la favorabilité d'une zone à
l'agriculture. Dans le cadre de cette étude, les paramètres
retenus pour étudier la favorabilité de la zone à
l'agriculture sont :
- La distance euclidienne ou proximité au cours
d'eau : c'est la distance de chaque point du bassin versant au cours d'eau
le plus proche ;
- La densité de drainage ;
- Le niveau piézométrique.
Les calculs sont effectués dans un système
d'information géographique (SIG). Chaque paramètre est
cartographié avec une côte allant de 1 à 4. Un facteur de
pondération est ensuite appliqué aux différents
paramètres pendant le calcul. Ce facteur traduit l'importance relative
des paramètres en termes de favorabilité d'une zone à
l'agriculture.
Les différents poids attribués aux
paramètres en fonction de leur degré d'importance sont
consignés dans le tableau ci-dessous.
Tableau
10 : Poids des paramètres pris en compte
pour caractériser la favorabilité d'une zone à
l'agriculture.
Paramètres
|
Abréviations
|
Poids
|
Distance euclidienne
|
De
|
0,50
|
Densité de drainage
|
Dd
|
0,30
|
Niveau statique
|
Ns
|
0,20
|
Cotation des classes de chaque
paramètre
Tableau
11 : Cotation des classes de distance
euclidienne.
Classe (m)
|
Côte
|
Nomination
|
0-500
|
4
|
Très favorable
|
500-1300
|
3
|
Favorable
|
1300-3500
|
2
|
Moyennement Favorable
|
3500-13160
|
1
|
Faiblement favorable
|
Tableau 12 :
Cotation des classes de densité de drainage.
Classe (km/km²)
|
Côte
|
Nomination
|
0-0,16
|
1
|
Faiblement favorable
|
0,16-0,46
|
2
|
Moyennement favorable
|
0,46-0,79
|
3
|
Favorable
|
0,79-1 ,43
|
4
|
Très favorable
|
Tableau 1 :
Cotation des classes de niveau statique.
Classe (m)
|
Côte
|
Nomination
|
2-5
|
4
|
Très favorable
|
5-10
|
3
|
Favorable
|
10-15
|
2
|
Moyennement favorable
|
15-25
|
1
|
Faiblement favorable
|
En se basant sur le poids des paramètres, le calcul de
l'indice de favorabilité noté I? sera effectué avec la
calculatrice des rasters du logiciel ArcGIS selon la formule suivante :
I? soit I? = 0,50*De + 0,30*Dd + 0,20*Ns (Wj.Rj).........(1)
Avec I? : index de favorabilité global
d'une unité cartographique ;Wj : facteur de
pondération du paramètre j ; Rj : index du
paramètre j ; n : nombre de paramètres pris en
compte.
Figure17: Organigramme de calcul du bilan
hydrique selon la méthode de Thornthwaite (1954).
|