WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Dégradation des ligneux pérennes dans le bassin versant de Houdouvou (extrême-nord Cameroun)


par Maxime DJAFNGA DABIDJOUM
Université de Maroua - Master 2021
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Conclusion

La désertification, aboutissement final d'un processus dans lequel interviennent une trop forte pression démographique, la destruction des zones écologiquement fragiles, la dégradation par le surpâturage, la surexploitation et le déboisement. La dégradation des ligneux pérennes a donc des conséquences environnementales comme la raréfaction du nombre des ligneux, l'extension des zones dégradées et l'accentuation du phénomène d'érosion. Au niveau anthropique, les conséquences s'observent au niveau de la baisse de la productivité agricole, au niveau de la raréfaction des ligneux utilisés dans la cuisson des aliments, au niveau du bois disponible pour la construction des habitats et la pharmacopée. De plus, la raréfaction du pâturage affecte grandement les éleveurs de bétail. Cependant, des solutions sont mise en place par les populations locale, l'Etat et les institutions pour résoudre le problème de raréfaction des ligneux pérennes.

132

Chapitre 4. Stratégies de gestions, de pérennisations et perspectives

Introduction

La dégradation spatio-temporelle des ligneux pérennes à des effets considérables sur l'environnement et les activités humaines. Face à cette situation, la recherche des moyens de pérennisation est la condition sine qua none pour amortir les effets de la dégradation de cette ressource indispensable à la survie des hommes en générale et des habitants de la localité de Houdouvou en particulier. Pour ce faire, des stratégies ont été développé localement par les populations riveraines dans l'optique de freiner la raréfaction des ligneux pérennes. Aussi, les institutions étatique et privée interviennent dans la promotion et la protection des ligneux pérennes. Ce chapitre se propose ainsi de de mettre en relief les différentes stratégies existantes dans la localité, de les évaluer et de proposer des moyens pour une meilleure gestion des ligneux pérennes.

4.1. Gestion locale et paysanne des ligneux pérennes

Plusieurs moyens sont développés par les populations locale dans le sens de la protection, de la promotion et de la préservation des ligneux pérennes. La mise en place de ces moyens passe par une prise de conscience. Ainsi, le principal moyen est la mise en sol des plants.

4.1.1. Plantation des arbres

Le principal moyen utilisé par les populations de localité de Houdouvou pour assurer une utilisation durable des ligneux pérennes consiste à planter de nouveaux plants. Les enquêtes de terrain ont été menées pour voir la proportion des personnes qui ont au moins une fois planté un arbre depuis qu'elles sont dans la localité. Les résultats de cette enquête sont représentés dans la figure suivante.

Nombre des individus

40

80

70

60

50

30

20

10

0

Oui Non

Personnes ayant une fois planté un arbre

133

Source : Enquête de terrain, juillet 2021

Figure 45. Etat des personnes ayant une fois planté un arbre

La figure ci-dessus montre le nombre des personnes ayant une fois mis sur terre une plante dans la localité de Houdouvou. Les enquêtes de terrain ont permis de monter qu'une bonne proportion de personnes ont déjà planté des arbres. Ainsi, sur 120 personnes enquêtés, 75 ont déjà planté des arbres et 45 ne l'ont pas encore fait. Ces arbres sont plantés dans les lieux d'habitations, en bordure de routes, dans les écoles, dans les champs et dans les zones de reboisements. La photo suivante montre une plante qui a été mis en sol par les riverains.

Long: 10°38'21»N Lat: 14°10'13»E Al: 420.2m

Source : Djafnga, 2021

Photo 9. Jeune plant d'Acacia raddiana planté.

134

Cette photo montre une plante d'acacia raddiana planté dans la localité par les populations riveraines. On observe ainsi que des moyens sont mis en place pour compenser le déficit des ligneux pérennes.

En dehors des jeunes plants plantés, d'autres moyens sont mis en place par les populations pour assurer la protection des ligneux pérennes.

4.1.2. Mesure de pérennisation

Les enquêtes de terrain ont permis de mettre en relief quatre principales mesure mise en place par les individus pour assurer la durabilité des ligneux pérennes. Ces mesures vont de l'entretien des arbres, de la limitation des zones de cultures à la plantation des arbres et à la limitation des coupes. La figure 46 représente ces principales mesures.

Mesure de pérennisation

Entretenir les arbres Limiter les zones de cultures Planter les arbres Limiter les coupes

 
 
 
 

0 10 20 30 40 50

Infividus

Source : Enquête de terrain, juillet 2021

Figure 46. Mesures de pérennisation

La principale mesure utilisée par la population consiste en la limitation de la coupe des arbres pérennes. La deuxième mesure consiste à planter les arbres, la troisième à entretenir ces arbres et la quatrième consiste à limiter les zones de cultures. Ainsi, sur 120 personnes enquêtés, 45 personnes limitent les coupes d'arbres, 39 optent pour planter les arbres, 25 personnes pour l'entretient des arbres et seulement 9 personnes pour la limitation des zones de cultures.

135

4.2. Gestion étatique et institutionnelle des ligneux pérennes.

La gestion des ligneux pérennes dans la localité de Houdouvou est assurée par l'Etat à travers ses démembrements et par des institutions.

4.2.1. Gestion étatique des ligneux pérennes

La gestion étatique des ligneux pérennes dans la localité de Houdouvou passe par la sensibilisation et le contrôle des ligneux pérennes, par l'existence des moyens d'accès aux ligneux, par l'existence et le renforcement des législations forestière et par l'augmentation des zones de reboisement.

? Existence des restrictions judiciaires

Au niveau départemental du Ministère des forêts et de la faune, la stratégie de pérennisation adoptée est principalement centrée sur le contrôle et la régulation des ressources ligneuses. Des lois sont mise en place dans ce sens. Des enquêtes de terrains ont été menées pour évaluer le niveau de connaissance de ces restrictions par les populations riveraines. La figure montre la proportion des personnes ayant conscience de l'existence des mesures pénale.

Non

15%

85%

Oui

Oui Non

Source : Enquête de terrain, juillet 2021

Figure 47. Connaissance de loi sur les ligneux

La figure ci-dessus montre la proportion des riverains qui savent que des lois existent dans le cadre de la protection des ligneux. Ainsi, les personnes qui savent que ces lois existent représentent 85% tandis que les personnes qui ignorent l'existence de

136

ces lois représentent 15%. Ce graphique montre ainsi qu'une bonne majorité de la population sait qu'elle n'a pas le droit de couper les arbres comme elles veulent. Les entretiens menés avec les autorités des eaux et forêts ont permis de faire ressortir les moyens utilisé dans la préservation des ligneux pérennes. (Encadré 3)

Encadré 3. Moyens de gestion des eaux et forêts

Les populations n'ont pas le droit de couper abusivement les ligneux. Elles peuvent élaguer les arbres, mais pas de manière abusive. Elles doivent être assistées de professionnel pour ne pas modifier le champ de gravité de l'arbre. Il y a aussi des périodes bien déterminé pour élaguer les arbres. C'est en saison sèche qu'on élague. S'ils sont élagués en saison pluvieuse, ces arbres ont une grande probabilité de mourir dans quatre ou cinq ans. Il est autorisé de couper les arbres mais, il faut au préalable se procuré des documents. Il faut un but précis, soit pour faire un champ ou pour bâtir une maison. Concernant les champs, sauf les tiges d'avenir sont autorisés à être coupé.

Agent 1

Pour couper un arbre, il faut se procuré des documents. Cependant, il faut planter un autre arbre à la place et le suivre. Il n'est pas question de planter un arbre et de la laisser sans surveillance. Les agents passent chaque fois pour s'assurer de la suivie et de l'évolution de l'arbre. Si on trouve une personne en train d'élagué un arbre frais sans autorisation, on la pénalise directement. Pour avoir une autorisation, il faut bien spécifier l'usage qu'on veut faire de cet arbre avant d'avoir une autorisation.

Agent 2

L'encadré ci-dessus montre les différents moyens utilisés par les agents des eaux et forêts pour la gestion des ligneux pérennes. Ces agents sont situés dans des points stratégiques du secteur. L'agent N°1 est situé à la limite entre la ville de Maroua et le canton de Kalliao. L'agent 2 est situé à la sortie de Houdouvou. Ces agents interviennent dans les contrôles à l'entrée (photo 10) et à la sortie des points stratégiques du canton.

Long: 14° 13'40» Lat: 10°35'50» Al: 4432, 3 m

137

Source : Djafnga, 2021

Photo 10. Agent de contrôle

La ci-dessus montre un agent des eaux et forêts en exercice de ces fonctions à la sortie du canton de Kalliao. Il contrôle ainsi les quantités de bois qui sortent de la localité. Houdouvou étant un lieu par excellence d'approvisionnement de la ville de Maroua en bois, ces agents sont chargés de réguler le degré d'exploitation des ligneux pérennes.

Par ailleurs, des enquêtes ont été menées auprès des populations pour voir les principaux moyens d'accès aux ressources ligneuses. Il faut ainsi avoir des autorisations de la commune ou des autorités des eaux et forêts. La figure 48 représente les principaux moyens d'accès aux ligneux pérennes.

60

50 40 30 20 10 0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Autorisation de la Autorisation des eaux et Sans autorisation

commune forêts

138

Source : Enquête de terrain, juillet 2021

Figure 48. Moyen d'accès aux ligneux

Les enquêtes de terrains ont permis de faire ressortir les principaux moyens d'accès aux ligneux pérennes. Sur 120 personnes enquêtés, 51 personnes accèdent aux ligneux sans autorisations, 48 personnes se procurent des autorisations des autorités des eaux et forêts et 21 personnes se dirigent vers la commune. On remarque ainsi que la majorité des personnes cherchent des autorisations avant d'avoir accès aux ligneux pérennes.

? Extension des zones de reboisement

Des moyens ont été mis en place pour créer et étendre les zones de reboisements dans la localité. Les agents de l'environnement ont mis en place la zone de reboisement à travers le projet sahel vert depuis 2013. Ainsi, le premier site de reboisement à vue le jour en 2013, le deuxième site en 2014. Au total 5 sites de 1250 ha ont vu le jour. La zone est constituée des espèces naturelles et des espèces plantées (planche photographique 10). Depuis l'ajout de ces nouvelles espèces, la zone est considérée comme zone de reboisement.

D'un point de vue opérationnel, le Gouvernement du Cameroun a pendant les années 1970/80 initié et mis en oeuvre un vaste programme de reboisement dénommé « Opération Sahel vert », le but étant de maitriser l'avancée du désert, de sensibiliser et d'éduquer les populations à des gestes citoyens de préservation environnementale. Sa mise en oeuvre a cependant souffert des conséquences de la crise économique qu'a

139

connue le pays à partir de 1987. Cette opération a été relancée dans la région de l'Extrême-Nord en 2008 par le Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP) à travers des activités de reboisement financées par le budget d'investissement public de l'Etat du Cameroun (BIP). Cette relance s'inscrivait dans la mise en application du PAN/LCD (2006) dans le cadre du respect de l'engagement du Cameroun vis-à-vis de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.

Long: 10°30'11»N Lat: 14°10'10»E Al: 520.2m Photo A : Espèces pérennes reboisé

A

Long: 10°3031»N Lat: 14°10'23»E Al: 460.6m Photo B : Espèces non plantée dans la zone de reboisement

B

Source : Djafnga, 2021

Planche photographique 10. Formations végétales d'alignements

La planche photographique ci-dessus montre les différents types d'espèces pérennes qui se trouvent dans la zone de reboisement. On observe sur la photo A une plante (Azadirachta indica) qui a été planté sous l'initiative du projet sahel-vert dans la zone de reboisement. La photo B par contre montre une espèce pérenne qui a poussée de manière naturelle sans intervention humaine. Cette planche montre ainsi les actions menés dans l'optique d'assurer une meilleure durée des ligneux pérennes.

140

En, effet, l'élaboration et la mise en oeuvre des Projets doivent s'arrimer aux cadres internationaux de validation des résultats par l'harmonisation des indicateurs pertinents. La réactualisation du Document de référence du Projet « Opération Sahel vert » vise donc à prendre en compte les dynamiques en cours susceptibles d'impacter la mise en oeuvre efficiente des stratégies opérationnelles de lutte contre la désertification et la dégradation des sols dans la zone soudano-sahélienne.

Le rôle croissant de la diversité des acteurs de la lutte contre la DDTS invite à redéfinir le cadre réglementaire et juridique de leurs interventions en vue de veiller à la préservation des intérêts des communautés bénéficiaires. Le développement de nouveaux mécanismes et dispositifs internationaux de préservation environnementale implique à un niveau supérieur, des instances supra nationales dans les politiques publiques. L'élaboration et la mise en oeuvre des Projets doivent s'arrimer aux cadres internationaux de validation des résultats par l'harmonisation des indicateurs pertinents. La réactualisation du Document de référence du Projet « Opération Sahel vert » vise donc à prendre en compte les dynamiques en cours susceptibles d'impacter la mise en oeuvre efficiente des stratégies opérationnelles de lutte contre la désertification et la dégradation des sols dans la zone soudano-sahélienne.

La méthodologie adoptée pour cette réactualisation s'articule en cinq points:

- une revue documentaire conséquente sur les différents domaines liés à la dégradation des terres au Cameroun et aux Projets « Sahel vert » et « Aménagement du Bassin Versant de la Bénoué » ;

- les entretiens avec les acteurs-clés du processus de lutte contre la désertification ;

- l'analyse des données géoréférencées existantes (données SIG, Cartes, bases de données, etc.) ;

- l'organisation des missions de terrain en vue de confronter la réalité aux données géoréférencées existantes pour une orientation judicieuse des interventions futures de l'Etat et de ses partenaires ;

- l'organisation de deux ateliers de validation du document réactualisé.

141

A travers le présent document, le Gouvernement de la République réitère sa ferme volonté d'oeuvrer durablement à la restauration des terres dans les zones affectées par la désertification en luttant contre la dégradation des terres et en contribuant à l'augmentation de la fertilité des sols. Ce but s'inscrit dans l'objectif global de lutte contre la pauvreté et dont la vision est définie dans le Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE).

4.2.2. Gestion institutionnelle des ligneux pérennes

Des institutions interviennent sur la nécessité de la protection des ligneux pérennes à travers des campagnes de sensibilisations et des mesures d'accompagnements.

? Sensibilisation et contrôle des ligneux pérennes

L'action de sensibilisation de la population est avant toute chose l'appel à la prise de connaissance à la participation du reboisement mais surtout à la protection des espèces ligneuses dans la localité. Les riverains pour le besoin de bois d'énergie, champs agricole et jardin détruisent les arbres. Pour limiter cette destruction, les agents de l'état et des ONG interviennent dans la sensibilisation sur la nécessité de préserver les ligneux pérennes. Des enquêtes ont été mené pour voir le niveau des personnes qui ont été une fois sensibilisé sur la préservation des ligneux. Figure 49.

120

100

80

60

40

20

Npmnre de personnes

0

Oui Non

Sensibilisation

Source : Enquête de terrain, juillet 2021

Figure 49. Personnes sensibilisées

142

La figure ci-dessus montre le nombre personnes qui ont été sensibilisé par un organe sur l'importance de la préservation des ligneux pérennes. Ainsi, sur 120 personnes enquêtées, 96 personnes ont été sensibilisées et 24 n'ont pas été sensibilisées. Ce graphique montre une proportion assez importante du niveau de gestion. Ces sensibilisations ont été faites par des ONG, des GIC, des autorités des eaux et forêts, des autorités traditionnelles et la commune. Figure 50.

23%

33%

17%

17%

10%

Communes ONG

GIC

Autorité tra

Eaux et forêts

ditionnelle

Source : Enquête de terrain, juillet 2021

Figure 50. Agents de sensibilisation et d'accompagnement

La figure ci-dessus montre les différents agents qui interviennent dans la sensibilisation dans la localité de Houdouvou. Les autorités traditionnelles viennent en première position avec 33%, la commune avec 23%, Les agents des eaux et forêts et les GIC avec 17 % chacun et enfin les ONG avec 10%. On remarque ainsi que des institutions interviennent aussi dans la protection des ligneux. Ces agents interviennent avec des moyens d'accompagnement et de suivis. On y retrouve entre autre la distribution des plants, le contrôle des ressources ligneuses et la distribution des foyers améliorés. Figure 51.

90

80

70

60

50

40

30

20

Nombre de personnes

10

0

Distribution de plants Agent de contrôle Distribution de foyers

améliorés

Mesures d'accompagnements

143

Source : Enquête de terrain, juillet 2021

Figure 51. Mesures d'accompagnements

La figure ci-dessus montre les différentes mesures mise en place pour assurer la préservation des ligneux pérennes. La première mesure est la distribution des plants avec 65 %, la deuxième mesure est le contrôle et le suivie avec 22,5 % et la troisième mesure est la distribution des foyers améliorés avec 12,5 %. On remarque ainsi que la principale mesure utilisée est la distribution des plans.

Une grande majorité de la population à bénéficier de ces mesures comme le montre la figure 52.

 
 
 
 

Bénéficiaires d'un accompagnement

Non

Oui

 
 
 
 

0 20 40 60 80 100

Nombre des individus

 
 

Source : Enquête de terrain, juillet 2021

Figure 52. Bénéficiaires d'une mesure d'accompagnement

144

Les enquêtes de terrains ont permis de montrer que 75,5 % des personnes enquêtées ont bénéficié des mesures d'accompagnements et seulement 27,5 % des personnes n'ont pas bénéficié des mesures d'accompagnements.

4.3. Evaluation des stratégies utilisées

? Apport considérable dans la protection des ligneux pérennes

La protection, la gestion et la conservation des ligneux pérennes est la condition sine qua none pour favoriser une vie à long terme des arbres dans la localité de Houdouvou. C'est dans cette optique que des stratégies ont été mise en place au niveau locale, institutionnel et étatique. Le niveau d'applicabilité de ces mesures est appréciable tant au niveau local qu'au niveau institutionnel et étatique.

Au niveau locale, il faut relever de prime abord un niveau important de prise de conscience des populations en ce qui concerne les valeurs écologiques et socio-économiques des ligneux pérennes car sur 120 personnes enquêtés, 72,5% des personnes savent que la dégradation des ligneux pérennes à des effets néfastes. De plus, une grande proportion des riverains intervient dans la plantation des ligneux pérennes dans la localité. De plus, la majorité d'elles se procurent une autorisation (40%) avant d'avoir accès aux ressources pérennes.

Au niveau institutionnel, on note une implication au travers des projets de sensibilisation, de gestion, de suivi et de distribution des plants. Ainsi, on note la présence des Organisations Non Gouvernementale (ONG) et des Groupements d'Initiative Commune (GIC) qui oeuvrent de manière considérable car sur 120 personnes enquêtées, 80% ont déjà été sensibilisées dans la protection des ligneux.

Au niveau étatique, la gestion des ligneux est plus poussée car on relève une réelle implication des agents de contrôles des eaux et forêts, des gardiens de la zone de reboisement, des autorités traditionnelles, de la commune et du projet de reboisement sahel vert. En effets, les agents des eaux et forêts sont présents dans le village, dans les lieux d'exploitations abusive des ligneux et dans les principales entrées de la localité malgré les réticences rencontrées sur le terrain. Les autorités traditionnelles jouent un rôle considérable dans la sensibilisation et l'octroi des autorisations pour couper un

145

arbre. Elles sont souvent les auxiliaires entre les autorités institutionnelles et les riverains. Les gardiens de la réserve sont quant à eux les boucliers qui permettent aux ligneux de la zone de reboisement de ne pas sombrer drastiquement dans la dégradation car malgré les retards de paie, ils continuent de garder la zone. Avec 1250 hectares de zones reboisées, le projet Sahel vert à permit de maintenir une bonne diversité et densité floristique dans la localité.

? Limite des stratégies utilisées

L'Arbre en tant qu'être vivant à un rôle écologique indéniable, mais dès lors qu'il se situe au coeur d'un milieu à forte extension urbaine et démographique, cela peut également lui conférer de multiples fonctions socio-économiques. Dans le contexte de paupérisation accrue des riverains de la localité de Houdouvou, l'adoption de ce principe est encore incertaine, d'où la vulnérabilité permanente des essences pérennes face aux multiples conséquences d'une gestion peu étudiée.

Mis à part la nécessité d'avoir recours à des méthodes d'intervention mieux conçues et plus appropriées, on voit aussi que les incitations à planter faites par les pouvoirs publics présentent un caractère trop ponctuel sans se projeter dans un contexte de durabilité, ce qui les rend souvent inefficaces. En effet, il faut relever un délaissement dans la protection des ligneux pérennes dans la zone de reboisement dans la mesures ou les gardiens ne reçoivent pratiquement plus ce qui est fixé dans le cahier de charge du projet. La recherche permanente du profit individuel prime sur le bien être individuel et la conséquence directe est la dégradation des ligneux. De même, l'amour de l'argent pousse les autorités de contrôles des ligneux à délivrer des permis d'exploitation d'une semaine pour une maudite somme de 200f et d'un mois pour une somme de 500F. A cette allure, le phénomène de déforestation risquerait de se pointer bien tôt.

Malgré l'implication considérable des riverains dans la gestion des ligneux pérennes, on note une bonne part qui coupe encore les arbres de manière irrégulière car 42, 7% de la population accède sans autorisation aux ligneux.

Néanmoins, une véritable durabilité des arbres pérennes requiert avant tout l'implication de la population elle-même. Une interrelation doit s'établir entre ces deux

146

entités de telle sorte que les apports issus des essences soient effectifs pour les habitants qui, parallèlement, pourront alors être disposés à en devenir les principaux gestionnaires.

Ainsi, c'est en favorisant le développement d'un sentiment d'appropriation chez les citadins que les arbres pérennes pourront vivre plus longtemps dans la localité, et en même temps, il reste indispensable de promouvoir des actions sur le long terme, basées sur la mise en relation des trois volets de développement durable pour faire valoir le statut du patrimoine arboré pérenne. Des lois doivent ainsi être renforcées, des stratégies revues, améliorer et préconiser pour une meilleure pérennisation des ligneux.

4.4. Renforcement de la législation forestière et perspectives

Les textes de lois en matière des ressources sont un maillon important dans la protection des ligneux pérennes. D'autres mesures doivent y être ajoutés afin d'assurer une meilleure gestion des ligneux pérennes

4.4.1. Renforcement de la législation forestière

Les politiques de gestion concourent à l'amélioration des conditions d'utilisations des ressources forestières ligneuses. Elles s'appuient sur les réalités socioculturelles, technoscientifiques et économiques. Le recul et la disparition de même que la dégradation du massif ligneux est due à l'absence d'une bonne gestion, le non-respect et application sécuritaire, le faible appui institutionnel, la non budgétisation (financement) et matériels, les actions anthropiques perpétuent la dégradation de la ressource pérenne et constituent un obstacle pour la gestion et conservation durable du couvert ligneux. Pour ce fait, il nécessite une politique règlementaire juridique et un appui institutionnel afin que les ligneux pérennes soient protégée et conservée.

o Au Cameroun, c'est la Loi n°96/12 du 05 août 1996 portant loi cadre relative à la gestion de l'environnement qui la réglemente. Dans son article 4, paragraphe d, elle donne une définition du développement durable comme étant « le mode de développement qui vise à satisfaire les besoins de développement des générations présentes sans compromettre les capacités des générations futures à répondre aux leurs ».

o La loi forestière de 1994 ne parle, quant à elle, que de protection des forêts, charge qui incombe à l'État. C'est d'ailleurs cette gestion centralisée des

147

ressources qui pose problème, car elle n'intègre pas toutes les parties prenantes. Avec l'avancée remarquable du processus REDD+ au Cameroun dans les années 2012 et 2013 et le souci d'engager la société civile et les populations locales dans la gestion durable des forêts, le Cameroun et bien d'autres pays de la sous-région se sont engagés dans les processus de réforme des lois. Cette dernière vise à améliorer le cadre réglementaire pour une gestion durable des ressources. Le pays a donc engagé depuis peu le processus de révision de sa loi forestière datant de 1994, avec pour défis d'assurer la pleine participation de tous les acteurs et d'intégrer les enjeux émergents liés à la gestion des ressources forestières et fauniques (UICN, 2014). Ainsi, la gestion concertée des ressources impliquant la participation effective des populations locales est le gage d'une gouvernance environnementale améliorée.

Les différentes reformes en matières de lois relatives à la protection de l'environnement ont commencés depuis 1994 et subissent des modifications jusqu'à nos jours. Le tableau suivant donne le récapitulatif des différentes réformes.

Tableau 21. Texte de lois sur la protection de la nature au Cameroun

PERIODE

TEXTES D'APPLICATION

1995

-Décret N° 95/466/PM du 20 juillet 1995 fixant les modalités d'application du régime de la faune

 

-2. Décret N° 95 / 531/PM du 23 août 1995 fixant les modalités d'application du régime des forêts (MINEF)

1996

3. Décret N° 96/642/PM du 17 septembre 1996 Fixant l'assiette et les modalités de recouvrement des droits de redevances et taxes relatifs à l'activité forestière

1998

4. Décret N° 98 /345 de la 21/12/98 portante organisation du Ministère de l'environnement et des forêts

1999

5. Décret N° 99/781/PM du 13 octobre 1999 fixant les modalités d'application de l'article 71(1) nouveau de la loi n°94 /01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts de la faune et de la pêche ;

 

148

2002

6. Arrêté N°0222/A/MINEF du 25 mai 2002 portant procédures d'élaboration, d'approbation, de suivi et de contrôle de la mise en oeuvre des Plans d'Aménagement des Forêts de production du domaine forestier permanent

2006

7. Instruction N° 1/MINEP/CAB du 19 avril 2006 prescrivant la lutte contre l'exploitation illégale des ressources naturelles

2008

8. Arrêté N° 0315/MINEF fixant les critères de présélection et les procédures de choix des soumissionnaires des titres d'exploitation forestière

 

9. Arrêté N° 0518/MINEF/CAB fixant les modalités

d'attribution en priorité aux communautés villageoises
riveraines de toutes forêts susceptibles d'être érigée en forêts communautaires

 

Source : Gilles Herbert FOTSO. Université de Douala - Master 2 Recherche 2012 adapté par Djafnga

La multitude de ces réformes administratives montre la volonté du gouvernement camerounais de protéger son patrimoine naturel. On remarque ainsi que le premier décret avait pour but de fixer les modalités d'application du régime de la faune et des forêts alors que le décret de 2008 entre plus en détail car il fixe les critères de présélection et les procédures de choix des soumissionnaires des titres d'exploitation forestière et les modalités d'attribution en priorité aux communautés villageoises riveraines de toute forêts susceptibles d'être érigée en forêts communautaires. On voit ainsi la nécessité d'impliquée les populations locales dans la promotion et la gestion des forêts communautaires.

Les politiques sectorielles relatives à la conservation de la biodiversité et au développement durable élaborées au Cameroun incluent principalement le régime des forêts et de la faune (contenu dans la loi n° 94/01 du 20 janvier 1994) et ses divers décrets d'application, dont les objectifs comprennent :

- La protection du patrimoine forestier et faunique de la nation en participant à la conservation de l'environnement et à la préservation de la biodiversité de façon durable, ainsi qu'en renouvelant les ressources forestières et fauniques grâce à une meilleure gestion ;

149

- L'approvisionnement régulier en produits forestiers et fauniques de façon durable pour les générations présentes et futures ;

- La participation des populations rurales, des partenaires et des parties prenantes à la mise en oeuvre, notamment par le biais de la propriété des forêts communautaires.

La mise en place de ces lois permet de limiter la dégradation des ligneux pérennes. Toutefois, il faut allier ces lois avec d'autres mesures plus intégrante afin de mettre sur pied un système solide et plus innovateur dans le domaine de la protection des ligneux pérennes. Les perspectives sont ainsi proposées dans cette optique.

4.4.2. Perspective pour une gestion durable des ligneux pérennes

Pour assurer une gestion plus efficiente et plus efficace des ligneux pérennes, des stratégies doivent être revues et adoptées au niveau de tous les acteurs (populations, institutions, Etat). Ces stratégies doivent être orientées dans plusieurs sens. Il faut ainsi :

1' Une gestion intégrée des ligneux pérennes : Elle consiste à adopter une vision globale et multifonctionnelle des ligneux pérennes. Elle recherche des voies possibles qui soient à la fois écologiquement durable, socialement équitable et économiquement viable. En effet, la recherche d'une gestion ligneuse écologiquement durable consiste à toujours mieux comprendre et utiliser les forces de la nature à l'oeuvre. Ce critère requiert que toutes les décisions concernant l'aménagement soient fondées sur une compréhension actualisée et profonde des fonctions écologiques des ligneux.

1' Une gouvernance plus transparente et équitable : La bonne gouvernance et la transparence sont des préalables à une lutte efficace contre la pauvreté et à une gestion durable des ligneux pérennes dans la localité de Houdouvou. Les faiblesses et insuffisances du dispositif institutionnel apparaissent aujourd'hui comme un des principaux écueils à une bonne gouvernance. En effet, la volonté politique du gouvernement, la participation effective des populations, la prise de conscience du secteur privé, comme aussi l'engagement de la communauté internationale, sont autant nécessaires pour rompre le cercle vicieux où la pauvreté est à la fois cause et effet de la dégradation de l'environnement en

150

générale et des ligneux pérennes en particulier. Une bonne gouvernance dépend des acteurs locaux et des groupes d'intérêt : il faut qu'ils jouent leur propre rôle et se respectent les uns les autres.

? Une réduction de la vulnérabilité des forêts des terres arides aux événements naturels défavorables : Les forêts des terres arides sont exposées à plusieurs difficultés et dangers naturels : les inondations, la sécheresse, les tempêtes de vent, les précipitations irrégulières, le stress hydrique, etc. En raison de la pression démographique sans cesse croissante, la demande est aujourd'hui supérieure à la production forestière dans les zones arides. La mise en valeur des forêts dans les zones arides doit donc envisager l'adoption de mécanismes visant à diminuer la vulnérabilité des forêts à ces facteurs.

? Une participation des communautés à la surveillance et à la prévention des menaces pesant sur la santé des forêts : Les institutions responsables de la protection des forêts doivent collaborer avec d'autres parties prenantes, tels que les bûcherons, les producteurs de charbon de bois, les agriculteurs, les groupes de chasseurs et les éleveurs, pour prévenir et maîtriser les maladies, les incendies et autres menaces susceptibles de mettre en danger les forêts des terres arides. Les populations susceptibles de prêter leur concours doivent être clairement identifiées et des points focaux fiables doivent être désignés, encouragés à entretenir un contact avec le département des forêts et bénéficier de courtes formations en complément d'autres activités ;

? Une application d'une approche adaptative de gestion forestière : L'adaptation au changement climatique nécessite d'adopter une approche de gestion souple, réactive et préventive. La vigilance et la surveillance sont indispensables pour déceler les effets du changement climatique sur les écosystèmes forestiers et pour appliquer une gestion adaptative. Des systèmes de surveillance fondés sur les conditions locales doivent être établis dans les zones forestières de vaste superficie.

? Promouvoir les ressources forestières d'importance socio-économique : Les forêts ne sont pas seulement une source de subsistance pour les populations rurales ; elles sont également de plus en plus souvent une source de produits pour

151

les populations urbaines, qui sont tributaires de la production des zones rurales à proximité des villes. La gestion forestière doit faciliter l'accès aux nombreux avantages que procurent les forêts et contribuer à leur durabilité ;

? Etablir un cadre juridique, politique et institutionnel favorable à la gestion durable des forêts : Etablir et appliquer de bonnes pratiques de gestion forestière représente un grand défi dans la localité de Houdouvou. La pauvreté tend à encourager les populations à adopter des stratégies plus simples pour survivre. Les nouvelles règles sont appliquées durant une certaine période, mais sont ensuite peu à peu oubliées lorsque l'élan disparaît. La seule solution consiste à examiner et à réviser en permanence les lois, les réglementations et les engagements, ce qui est un outil très important pour assurer le fonctionnement et le suivi des programmes de gestion. Les obstacles linguistiques doivent être surmontés ; pour cela, les administrations forestières et les ONG doivent améliorer la communication avec les communautés locales en les aidant à comprendre les documents et les procédures de base, en les expliquant, en les commentant et en les traduisant dans les principales langues locales.

? Utilisation de la méthode PLASA : La Méthode PLASA repose sur 5 théories et utilise comme ingrédients les matériaux disponibles dans la nature (cailloux, pierres, gravier, sable, fumier, compost, eau). La première phase est le captage de la frange capillaire. Elle est suivi la mise en place de trou en forme d'entonnoir inversé et de l'épandage des terres riches et humide. Les dernières phases concernent le revêtement et la prise en charge. La méthode PLASA (Planter Sans Arrosage) détaillée dans la les étapes suivantes :

Etape 1 : Capter la frange capillaire : La frange capillaire est en géologie la zone de transition une zone saturée et une zone non saturée. A ce niveau, l'opération consiste à un trou qui atteint le niveau de cette frange capillaire afin que le jeune plant puisse bénéficier du système naturel d'arrosage. Son influence s'observe généralement à partir de 15 à 20 cm au fur et à mesure qu'on s'éloigne de la fin de la saison des pluies (novembre à avril) et selon la nature du sol (sols latéritiques, argileux, sablonneux...). Ce niveau se reconnait par une sensation de fraîcheur au toucher de la terre qui sort du fond du trou.

152

Etape 2 : Faire un trou adéquat : Pour faire un bon trou, il doit être en forme d'entonnoir renversé afin de réduire l'action des rayons solaires sur la frange capillaire ; car un trou à large ouverture accueille plus de rayons solaires qu'un trou à ouverture modérée.

Etape 3 : améliorer la qualité du terreau : A ce niveau, l'opération consiste à trouver une terre bénéfique à la plante car une terre riche en éléments nutritifs (matière organique, compost, fumier etc...) constitue une « alimentation riche et équilibrée » pour une croissance normale et une bonne santé de la plante.

Etape 4 : Poser un revêtement à double fonction : Le revêtement est posé sur les parois supérieures du trou et au pied du plant afin de réduire le processus de dessèchement dû à l'effet des rayons solaires et au vent. On utilise à ce niveau pierres, cailloux et graviers comme matériaux de revêtement eu égard aux caractéristiques protectrices que renferment ces matériaux.

En outre ce revêtement crée un environnement peu attractif aux termites comparativement au paillage dont l'inconvénient est de favoriser la prolifération des termites.

Etape 5 : L'arrosage et la protection : Cette étape est la dernière de la méthode PLASA. La Méthode PLASA fait de la frange capillaire la source principale d'alimentation en eau. Cependant, dès l'apparition des signes de déshydratation du plant (feuilles fanées le matin, craquantes avec perte d'éclat). L'arrosage se fait, lentement, longuement afin de réussir l'infiltration de l'eau sous le plant.

La Méthode PLASA enregistre des gains en économie d'eau et de temps : 1 litre d'eau par semaine par plant, une fréquence d'arrosage allant de : 1 fois par semaine à 1 fois les 15 jours, 1 fois le mois, et, souvent à 0 arrosage durant la saison sèche.

La mise en place de cette méthode dans la localité de Tchéré serait d'une importance remarquable, car les populations ne vont plus se peiner pour arroser à chaque fois les plants et les plants auront des meilleures conditions pour se développer.

La prise en compte de toutes ces stratégies pourrait endiguer ou freiner la dégradation spatio-temporelle des ligneux pérennes dans la localité de Houdouvou. Une gestion participative et un développement durable impulsé par la base est une condition nécessaire à la pérennisation des ligneux pérennes.

153

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite