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Quels outils marketing et quelles stratégies de communication employer pour transformer l'image négative des festivals de musique électronique en France ?


par Antonin Vanderriest
ECE INSEEC - BBA 2021
  

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d. Le positionnement central et ses difficultés

Dans la majorité des cas le positionnement central reste musical. Alors, dans le but d'avoir un positionnement central fort, et donc une programmation alléchante, les programmateurs doivent réaliser une veille artistique perpétuelle sur internet et sur le terrain (concerts, autres festivals, tremplins...) pour dénicher des artistes et groupes sortant du lot car rares, nouveaux ou encore innovants. Ils devront également analyser les tendances des téléchargements et achats des musiques pour déterminer les groupes du moment, mais également faire appel à leur réseau professionnel et leur instinct pour mettre la main sur des pépites encore inconnues. Pour un programmateur, l'instinct, la négociation mais aussi le réseau sont des notions indispensables. Ce réseau professionnel gravite grandement autour des autres directeurs de festivals. Il existe en effet une certaine solidarité entre organisateurs, mais aussi avec les sociétés de production qui possèdent des catalogues de groupes tendances du moment et proposant leur touche artistique. De ce fait, tous les partis sont gagnants et on observe la création d'une fidélité, donnant lieu par la même occasion à une pérennité artistique dans le temps.

Cependant, après la complexité de la création de l'affiche, vient l'aspect financier et la question des cachets des groupes et artistes. En effet, si repérer des artistes n'est déjà pas chose facile, il faut faire les bons choix et trouver des compromis financiers. Plus une programmation aura un caractère détonnant, insolite ou rare et plus elle sera tributaire et limitée par le coût de ces artistes. Cela est dû à la constante augmentation du cachet des grands artistes, citons par exemple le groupe anglais Blur qui coutait 45000 € en 1999 et 200000 € en 2010. Dans ces situations, il faut plus qu'une âme de programmateur, il faut avoir des qualités de commerçant et de leadership. Lorsque l'anticipation et le flair artistique sont au rendez-vous, les économies

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peuvent être conséquentes. En l'espace de seulement quelques semaines, le cachet de certains artistes populaires peut passer du simple au double, il convient donc pour un organisateur de prévoir à l'avance ces évolutions de coût.

Pour un programmateur, certaines méthodes et attitudes sont obligatoires. Cependant, il leurs est aussi indispensable de trouver des valeurs sûres pour leurs affiches qui seront synonyme de réussite mais aussi parfois de non-originalité. En effet, lorsque le début des beaux jours arrive, et que les festivaliers trépignent d'impatience à l'idée de voir leurs artistes préférés sur des affiches et de prévoir leur itinéraire des festivals estivaux, ces derniers ne se montrent souvent pas très originaux entre eux en termes de têtes d'affiche. En effet, la concurrence du marché des festivals est mondiale, et pour beaucoup l'enjeu se situe sur quelques têtes d'affiches de plus en plus dures à obtenir. Que ce soit au Japon, en Espagne ou encore dans les pays de l'Est, les festivals sont régulièrement soutenus par de gros sponsors (souvent des marques d'alcool) et peuvent donc s'offrir des artistes incroyablement chers alors que même les grands festivals français (qui rappelons-le, ne peuvent pas se faire sponsoriser par des marques d'alcool) peinent beaucoup plus. Cependant quand ils y arrivent ces groupes et artistes sont un gage de sécurité car même si les gros festivals sont lourds de coûts, ces artistes permettent de le rentabiliser.

Malheureusement, ce sont ces valeurs sûres qui font courir le risque d'uniformiser les programmations. Ce qui a pour conséquence de ne pas se positionner, et de ne pas se différencier artistiquement. Par exemple, en 2009 les festivals des Eurockéennes, des Francofolies, des Vieilles Charrues, de Musilac, du Printemps de Bourges et de Paléo possédaient une dizaine de têtes d'affiche identiques. Ces programmations et leur approche artistique, bien qu'évidemment liés à l'identité artistique du festival, sont également dépendant de la taille du festival et du nombre de festivaliers attendus et donc du coût allouable aux artistes et aux ressources financières. Car en effet, les programmateurs s'accordent pour dire que les tarifs des groupes et artistes auraient augmenté d'au moins 30 à 40% depuis le début du millénaire. Ils expliquent cela par une évolution de l'offre et la demande ainsi qu'une augmentation du coût de la vie et des coûts de production. Certains programmateurs, pour contrer ces méthodes peu atypiques, tentent donc de se différencier notamment en ouvrant leur porte à des artistes méconnues, via les tremplins ainsi que les scènes annexes. Par exemple, certains festivals se caractérisent comme des ambassadeurs d'artistes émergents à l'instar du Printemps de Bourges et de son programme Les Inouïs (qui a été le premier dispositif national de repérage et de sélection de nouveaux talents artistiques), des Francofolies et de leur Chantier des Francos (qui a pour mission de découvrir les nouvelles tendances de la scène musicale française et d'accompagner les artistes au

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démarrage de leur carrière) ou encore des Trans musicales ainsi que d'autres festivals proposant des tremplins (Rock en Seine, Jazz à Vienne, Nuit de l'Erdre...).

Au milieu de cette concurrence festivalière, devenant dès lors une industrie comme la caractérise nombre de professionnels, même s'il peut parfois exister des pseudo-partenariats il devient de plus en plus difficile de créer une programmation à la fois attirante, cohérente et originale. Surtout que la concurrence est internationale, à l'image de l'Europe de l'Est où l'apparition de nouveaux festivals pullulent, et dont le meilleur exemple est celui du festival Hongrois Dziget, plus grand évènement d'Europe avec ses 400000 festivaliers quotidiens. Le libéralisme économique faisant loi, la notion d'offre et de demande ne laisse que peu d'espoir à certains festivals lorsque d'autres tels que ceux possédés par le géant mondial de l'Entertainment musical Live Nation ne peuvent qu'écraser la concurrence.

Par exemple, selon l'étude réalisée annuellement par Touslesfestivals62, sur les 100 festivals visités en 2018 quinze d'entre eux ne l'ont pas été en 2019 car ils ne respectaient plus les critères de l'étude (en termes de taille notamment). Parmi ces quinze festivals, six n'ont pas pu avoir lieu pour des raisons financières : le festival Couvre Feu, The City Trucks et le Festival Démon d'Or sont en liquidation judiciaire. Une annulation révèle très souvent une certaine précarité financière, le festival Nordik Impact a par exemple suspendu son édition 2019 pour se réadapter en 2020 (ce qui n'a évidemment pas pu avoir lieu). Fort heureusement, malgré les difficultés à créer et faire perdurer un festival en France, on observe plus de création de festival que de disparition.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille