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Quels outils marketing et quelles stratégies de communication employer pour transformer l'image négative des festivals de musique électronique en France ?


par Antonin Vanderriest
ECE INSEEC - BBA 2021
  

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B. L'image des rassemblements de musique électronique en France

1. La culture liée à ces évènements

Il est assez compliqué de définir une seule et même « culture » des évènements de musique électronique qui mettrait tout le monde d'accord. Par exemple, un clubber, soit quelqu'un fréquentant les boites de nuit ne se sentira pas vraiment appartenir ou partager cette culture car il ne s'y intéresse peut-être pas. Pour lui musique électronique ou autre ne fait pas réellement de différence tant qu'il s'amuse. Un festivalier en revanche se sentira beaucoup plus concerné. Bien qu'ici encore il soit difficile d'identifier une culture commune, on peut cependant observer des valeurs, voir des symboles partagés par les festivaliers. Ces dernières proviennent logiquement des free parties, bien qu'elles soient souvent moins prononcées. En effet ce sont les rave/free parties qui sont les premières à avoir fait naitre une sorte de culture autour de la musique électronique et de ses évènements, ils ne cachent d'ailleurs absolument pas s'être inspirés de la culture et du mouvement hippies. Cependant même ici, il est compliqué de parler de « culture ». Ceci est notamment dû au fait que la plupart des teufeurs (les participants des free parties) cherchent à s'émanciper des cases dans lesquelles la société les range malgré eux, ils ne veulent donc pas se ranger dans une nouvelle case même si elle leur serait plus adaptée. Il serait donc ici plus approprié de parler d'une communauté, partageant et défendant des valeurs communes, plutôt que d'une culture adaptée à tout un chacun. La free party, les festivals ou tout évènement de musique électronique ne sont pas caractérisés par une pratique liée à une catégorie sociale déterminée, mais sont des regroupements hétérogènes d'individus. De bien des façons, il serait simple de penser que les teufeurs notamment représenteraient « la culture du pauvre » et que leur étique serait caractéristique de la classe populaire. Il est cependant vrai que certaines pratiques sont mises en avant dans ces évènements, comme l'aisance, la débrouillardise et la camaraderie ainsi qu'une certaine séparation entre « eux » et « nous » étant plus ou moins imagée ou concrète selon les participants. Qu'ils s'agissent de free parties ou de festivals, il s'agit de regroupements d'individus aux trajectoires sociales variées. En outre, le but de ces évènements n'est pas de revendiquer une appartenance, mais au contraire, de faire une totale abstraction des statuts et rôles sociaux. Pour savoir d'où viennent ces valeurs, il faut s'intéresser aux débuts des free parties.

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a. Les travellers et le communautarisme

Parmi les participants à ces évènements musicaux et festifs, on constate une réelle attirance pour la vie marginale ainsi que le non-conventionnel. L'un des meilleurs moyens de s'en rendre compte est d'observer l'intérêt profond dirigé vers la figure des travellers. Pour rappel, les travellers sont ces gens qui dans l'Angleterre des années 70 et dans la continuité du mouvement hippie ont opté pour un mode de vie nomade. Ils se déplacent alors en camion, en roulotte ou en bus16. Un peu avant le début des années 90 commence à s'observer le développement d'un nomadisme propre aux musiques électroniques. Son but : voyager avec les membres de sa tribu, et surtout organiser des fêtes afin de populariser cette musique, ses fêtes et sa culture dans le monde entier17. Ces voyages sont possibles grâce à l'aménagement de leurs véhicules. Il est donc possible d'y dormir, d'y manger, mais aussi et principalement d'y faire de la musique étant donné qu'ils doivent également transporter tout le matériel musical et logistique nécessaire à l'organisation de leurs fêtes.

« Le traveller est une force d'attraction pour les amateurs de free party parce qu'il représente le modèle de vie techno poussé à son terme, mais aussi la rupture la plus complète avec le mode de vie conventionnel. En adoptant un mode de vie communautaire et nomade, il rompt avec l'individualisme et la sédentarité caractéristiques de la vie dans le monde moderne. Sa vie semble également tout entière liée aux musiques électroniques et à ses fêtes, en ce qu'il délaisse la norme du travail et l'assignation à résidence pour se consacrer au voyage, à la musique, à l'organisation de fêtes et de festivals. Enfin, parce qu'il organise des fêtes gratuites (principe de la donation), il représente également une alternative au monde capitaliste. »18

Même si ce désir d'errance est associé à la figure du traveller, il serait en fait plus juste de l'associer à l'attraction de la vie marginale et l'expérimentation de situations sociales précaires ou incertaines. En réalité, le terme d'errance est un peu plus vaste et caractérise plus une sorte de « tension vers l'ailleurs ». Elle peut s'exprimer par l'envie d'être ailleurs sur un plan

16 Delorme A. (2001), « Les News Age travellers. Une tentative d'individualisation dans la société du risque », Sociétés, n° 72, pp. 107-123

17 Grynzspan E. (1998), Bruyante techno. Réflexion sur le son de la free party, Nantes, Mélanie Séteun, pp. 24-26

18 Petiau A. (2011), « L'« âme tigrée » des musiques électroniques. Les imaginaires des jeunes et les courants musicaux », Sociétés, vol. 112, no. 2, pp. 115-122

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géographique, mais aussi sur un plan social en voulant changer son rôle ou l'ordre social institué, ou encore sur le plan de la vie quotidienne en cherchant à changer ses habitudes19.

On constate également à travers ce milieu festif électronique la marque d'un « idéal communautaire »20 perçue par ses partisans comme une alternative à l'individualisme de la société moderne. On l'observe d'abord dans l'expérimentation musicale des rave/free parties : la recherche d'expérience collective forte et d'un sentiment d'appartenance, de perte de soi dans un collectif qui se laisse aller ensemble aux sons des musiques électroniques. La création de collectifs comme les sound systems ainsi que toutes les formes qu'ils peuvent prendre représentent également la manifestation de cet idéal communautaire. Ces collectifs peuvent s'apparenter à d'autres groupes sociaux comme des bandes ou des groupes de musique, mais se différencient cependant assez facilement de ces modèles bien connus lorsqu'ils prônent la vie communautaire et la propriété collective.

Cependant, même si les travellers sont des sortes d'idoles pour les participants de free party moins investis, il n'y en a en fait que très peu qui s'engagent aussi profondément dans ce mode de vie déviant. Rejoindre ou créer un collectif peut donner lieu à un mode de vie communautaire et à l'expérimentation du nomadisme, mais pas obligatoirement. Ceux qui en font l'expérience sont en fait le plus souvent des « travellers à temps partiel », le voyage restant une expérience limitée dans le temps et le plus généralement en période estivale. Il y a en fait tout un monde entre ces deux extrémités que sont les travellers et la vie communautaire, et la simple participation aux évènements : faire partie d'un collectif, vie en colocation avec d'autres amateurs, propriété collective d'un sound system, d'un bus ou d'un camion, ou encore la pratique du nomadisme « occasionnelle » en font partis. C'est donc un engagement très fort dans les musiques électroniques qui peut donner lieu à ces expérimentations de modes de vie, qui sont alors identifiables aux expérimentations hippies des années 60 et 7021.

Pour ces travellers, et finalement pour tous les adeptes de free party, marginalité n'est ni synonyme de pauvreté, ni d'exclusion. La marginalité est ce qui pointe une différence par rapport aux normes et aux valeurs dominantes. Même si souvent elle est le fait d'individus instables ou exclus qui pour des raisons de survie ont créé des moyens économiques et adoptent des comportements sociaux atypiques pour pallier leur situation instable, la marginalité reste

19 Maffesoli M. (1997), Du nomadisme, Paris, Le Livre de Poche

20 Maffesoli M. (1993), La Contemplation du monde. Figures du style communautaire, Paris, Grasset et Fasquelle

21 Delannoy P. (1995), L'aventure hippie, Le Lézard, Paris

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attractive car elle « représente aussi l'aventure, l'envers du système des normes dominantes, une incarnation (même si celle-ci est cher payée) de la liberté, dans une société où celle-ci a très peu de place22 ». Ces « déviants sociaux » peuvent même faire office de modèle pour les « normaux23

».

Ces soucis d'apparences sont d'ailleurs chroniques dans ce milieu et auprès des « marginaux ». Dans la société actuelles le poids des apparences influence grandement les interactions sociales d'un individu, alors que dans ces évènements festifs ils expliquent pouvoir se lâcher. Ils se séparent de leur Moi socialisé et se sentent plus libres et authentiques. Une société démocratique est en partie fondée sur cette question récurrente du regard porté sur autrui, où chacun réclame reconnaissance et respect et où la discrimination est monnaie courante. « Le regard est ce qui peut donner ou briser la valeur de l'individu, lui confirmer ou lui ôter son existence sociale, l'impression d'appartenir à une « commune humanité » »24.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams