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Participation des producteurs de cajou aux contrats de pré-collecte dans la commune de Bantè


par ADJIMOTI T. William KOTCHEKPE K. Crépin
Université d'Abomey-Calavi - Licence Professionnelle 2016
  

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E-Revue empirique

Notre objectif à ce niveau est de faire un tour global des différentes études qui ont été faites dans le domaine de l'anacarde au Bénin et dont nous avons connaissance. En effet, depuis toujours, le secteur de l'anacarde, bien qu'encore mal connu, a suscité l'intérêt de bon nombre de personnes et de structures. Un certain nombre d'étude antérieure ont enquêté sur cette question. Ainsi ; du point de vue de Tandjiékpon (2005), dans la production de noix brutes, les moyens nécessaires concernent principalement l'acquisition des semences et de plantules de qualité afin d'améliorer la production des plantations. Du fait de l'impossibilité d'accéder à ces matériels végétaux performants, les producteurs ont généralement recours à du tout-venant, à l'origine de la contre-performance des plantations. L'autre dimension des besoins concerne les moyens de suivi et de gestion des plantations, surtout à des périodes critiques de la plantation. En effet, la période précédent l'entré en floraison des anacardes au Bénin (septembre à décembre) correspond à une période d'intense activité de récolte et poste-récolte des cultures annuelles (coton, igname, maïs, sorgho, arachide) nécessitant de la main d'oeuvre

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important pour le producteur. Cette période correspond également à la période vitale de l'anacardier où il faut assurer l'entretien et la protection contre les feux sauvages. Généralement, sur les ressources propres du producteur, la priorité est donnée aux cultures annuelles pour les permettre de quitter le champ pour être sécurisées. Pour l'anacardier, soit l'entretien n'est pas assuré à bonne date pour avoir l'effet attendu sur la production, soit, il est réalisé avec l'aide des commerçants et tontiniers qui préfinancent la production dans le but de l'avoir à moindre coût à la récolte. La période de récolte couvrant les mois de janvier à mars correspond également à celle de soudure alimentaire pour le producteur, ce qui rend difficile la prise en charge des activités de récolte et poste-récolte de l'anacarde.

Aussi pour AÏVODJI et ANASSIDE (2009), généralement les intermédiaires offrent dès l'automne précédent la récolte des avances aux producteurs pour s'assurer que les produits leur seront vendus : ceci parce que les commerçants sont tenus par leurs contrats de livrer un volume de noix conformes aux attentes des exportateurs. Le prix planché d'achat aux producteurs est défini comme celui qui lui permet de couvrir au moins ses charges de production. Il est déterminé en tenant compte des coûts obtenus par l'enquête auprès des producteurs en milieu paysan pour la main d'ouvre nécessaire à la culture de l'anacarde tout en prenant en compte les diverses opérations culturales.

Pour SINGBO et al (2004), dans une étude sur la filière anacarde au Bénin, ont montré qu'à Bantè les producteurs bénéficient de l'appui technique du DEDRAS. L'appui concerne la fourniture de plants sélectionnés et la technique de semis. Ils reçoivent parfois l'appui des agents du CARDER (Secteur) sur l'entretien et la délimitation des parcelles. L'appui fourni par les agents du CARDER est souvent irrégulier et parfois inexistant dans certaines zones. Le SPV (Service Protection des Végétaux) intervient également à Bantè pour le test d'efficacité de certains produits insecticides. Aussi, certains producteurs bénéficient de crédits auprès des grossistes, des collecteurs ou de certaines structures d'exportation. Le paiement est fait lors de la récolte et en nature, c'est-à dire avec les noix de cajou. La quantité de noix donnée en contrepartie doit correspond au montant du crédit. Le prix du kilogramme, dans ce cas, est souvent inférieur au prix du marché. Au total, il faut retenir que certains producteurs sont préfinancés par les commerçants qui eux aussi reçoivent les moyens financiers des exportateurs, des banques ou des Indo-pakistanais.

Pour ELEGBE (2005) dans sa thèse, l'absence de crédits d'intrants, comme celui appliqué pour la culture de coton, est un fait dans les trois villages d'études. En revanche, il existe des

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institutions et organisations de crédits financiers dans la commune. La plus structurée et la plus sérieuse est le réseau de Caisse Locale de Crédits Agricoles Mutuels (CLCAM). La CLCAM offre des crédits de court terme à tout producteur adhérent. Le taux d'intérêt en vigueur est de 20%. En dehors de la CLCAM, trois autres sources de crédits permettent simplement d'assurer les dépenses relatives aux cérémonies et autres imprévus et ne sont pas investis dans les activités agricoles. Nous avons ensuite l'usure qui représente un véritable système de ruine des paysans ne disposants pas de moyens financiers dans le milieu. Les emprunts sont faits par les producteurs surtout pour pouvoir assurer l'entretien des plantations d'anacardiers. Après la récolte des fruits, le remboursement est effectué en herbe à travers les noix de cajou cédées en dessous de leurs valeurs réelle. Une estimation faite nous donne un taux d'intérêt s'élevant à 60%. Enfin nous avons des emprunts effectués par le producteur auprès d'un parent proche (frère, femme, soeur...). Des résultats de nos enquêtes, il ressort que seulement 16% des exploitations n'ont pas eu recours aux crédits agricoles au cours de la campagne écoulée, ce qui démontre que le crédit est indispensable aux exploitations pour pouvoir assurer les charges liées à la production agricole. Le crédit auprès de la CLCAM et des usures sont prépondérants avec respectivement 32 à 36% des exploitations. Cependant, nous devons signaler une forte proportion (36%) du recours à l'usure malgré le taux d'intérêt élevé (60%). Cela peut s'expliquer par l'image coercitive que certains paysans gardent encore des structures officielles. Le producteur se dit qu'en cas de non remboursement, il sera objet de poursuite judiciaire, pouvant même aller jusqu'à une arrestation, toute chose fortement répugnée par le paysan. Il préfère payer plus cher pour l'argent emprunté dans la communauté villageoise. Ainsi, on note l'acceptation des crédits à 60% de taux d'intérêt annuel alors qu'il existe la possibilité de prêt à 20%.

Selon ZINMONSE (2012), dans la commune de Savalou, la principale source de financement des opérations de production de l'anacarde reste le financement sur fonds propres. En effet, les résultats de l'enquête indiquent que 65, 48% des producteurs financent eux-mêmes les activités de production. Aussi, seulement 5,95% des producteurs ont fait recourt aux institutions de micro finance (CLCAM et PROMIC) pour les mêmes opérations. Cependant, 2,38% des producteurs ont décidé involontairement ou volontairement selon les contraintes (manque de financement ou faible rendement) de ne pas investir dans leur champ d'anacardiers. Les producteurs justifient leur désintéressement au financement par les conditions d'octroi de crédits (délai de remboursement et garantie) qu'ils trouvent très contraignantes en générale et plus particulièrement la quasi inexistence de crédits pour le financement de certaines cultures dont l'anacarde. Et pour certains responsables d'IMF, même

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si l'objectif premier des IMF est d'offrir des services financiers de proximité aux populations à la base, notamment à la population rurale, il n'en demeure pas moins qu'elles doivent après tout assurer leur viabilité à travers un meilleur processus de récupération des fonds qu'elles auraient octroyés. Cet état de chose pousse de plus en plus des producteurs vers un mode de financement informel voire même d'usure. En effet, 26,19% des producteurs font recourt à "l'avance sur achat " qui est un emprunt contracté auprès d'un commerçant ou d'un particulier en guise de préfinancement et remboursable en produit bruit lors de la récolte à un taux d'intérêt de 100%. Selon ACLASSATO (2006), malgré que le taux d'intérêt au niveau des IMF soit de 26%, nettement inférieur à celui de système informel (100%), les producteurs préfèrent ce dernier. D'après lui, le taux d'intérêt de 27% est déjà le seuil de l'usure et même suicidaire. D'un autre point de vue, AMOUSSOUGA (2002) évoquera comme raison principale à ce désintéressement, l'asymétrie d'informations entre les parties en présence (les producteurs et les IMF). Au total, dans la commune de Savalou, il se pose un réel problème de financement des activités agricoles en générale et plus particulièrement de la culture de l'anacarde. Les IMF sont loin de satisfaire leur objectif premier dans ce secteur. La raison la plus plausible à cela est l'asymétrie d'informations puisque tous les producteurs ont émis la volonté de rompre ce système de financement de l'avance sur l'achat qui n'est rien d'autre que de l'usure.

Pour Chabi et Zindegla, (2009), plus de la moitié des ménages rencontrés sont confrontés au `'problème d'argent» (recourt à l'emprunt 70%). C'est la preuve que le revenu monétaire des activités agricoles et extra agricoles des ménages reste insignifiant quant à la couverture intégrale des besoins des ménages agricoles. En général, les chefs ménages qui ont un niveau intellectuel bas sont plus informés des inconvénients qui découlent du non-respect des règles de la contraction d'une dette que de ces avantages. C'est donc cette couche de producteurs qui le moins rêve faire des emprunts qui selon eux pourrait les compromettre, c'est-à-dire <<susceptible de les jeter en prison>>. Néanmoins, nombreux sont ceux qui aspirent aux méthodes de financement par emprunt (84 chefs de ménages, soit 70% de l'échantillon). Sur ces 84 chefs de ménages, 57 ont eu recourt à l'emprunt chez les amis (67,86%), 22 chez les parents (26,19%) et 5 ont fait recourt aux ONG (5,59%). Les problèmes qu'ils évoquent sont relatifs aux exigences des IMF avant l'octroi du crédit. En effet, pour minimiser l'aléa moral du côté de ses clients, l'IMF demande à ces derniers, des garantis en nature (terrain, moto, immobilier ou tout autre bien de valeur) ou des avances en espèce dans des comptes qui leurs sont ouverts à cet effet. Aussi, les taux d'intérêt élevé appliqués par certains de ces institutions renforcent la difficulté des producteurs à accéder facilement aux crédits. La

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franges de producteurs bénéficiant de ces services est souvent celle instruite (ayant reçu une formation) ou celle militant dans une association paysanne.

D'après Mohamed (2008), la campagne de commercialisation des noix de cajou est officiellement lancée en Mars de chaque année au Bénin. Mais bien avant l'ouverture de cette campagne, un grand nombre de producteurs ne disposant pas de ressources financières ont recours à des préfinancements sous forme de crédit informel auprès de certains acheteurs qui à leur tour obtiennent leur préfinancement de la part de certaines institutions financières. Les résultats des enquêtes ont montré que 13,5% des producteurs bénéficient de ces crédits informels pour entretenir leurs plantations d'anacarde ou pour répondre à des besoins pressants de santé, de scolarisation, d'alimentations, de cérémonies etc. La plupart de ces crédits avec intérêt sont octroyés entre les mois d'Août et d'Octobre et varient entre 10.000 et 50.000 FCFA. Cet état de choses entraîne une grande variabilité des prix d'achat proposés aux producteurs en début de campagne. Aussi, les acheteurs préfinancent les producteurs afin de garantir le produit. Ainsi, les producteurs qui se trouvent dans un besoin pressant d'argent pour résoudre les besoins ponctuels (cérémonies, spectacles) obtiennent un crédit avec intérêt de l'ordre de 2000F à 5000F pour un délai de trois jours au plus. Le remboursement se fait en tenant compte du prix en cours le jour de l'octroi du crédit. L'étude a révélé que 10,3% des producteurs ont recours à ce type de crédit. Cette stratégie semble à priori être meilleure à la première car elle réduit les risques. De ce fait, elle est plus favorable aux producteurs qui vendent alors à court terme leur produit mais suivant le prix du marché.

Pour Mohamed B. et al (2015). Dans un rapport sur la vente groupée des noix de cajou au Nord du Bénin pour le compte du MAEP, ont montré que, depuis une dizaine d'années, l'Union Régionale des Coopératives de Producteurs d'Anacarde de l'Atacora et de la Donga (URCPA-AD) et ses organisations membres (unions communales, coopératives villageoises) organisent la vente groupée de noix brutes. En 2012, l'union a mis en place un dispositif complémentaire de pré-collecte et de préfinancement de l'achat des noix. Le dispositif dépend encore d'un financement externe. Un fonds de roulement plus élevé permettrait d'attirer plus de membres, de collecter de plus gros volumes pour la vente groupée et d'augmenter le fonds en l'associant à un intérêt. Le succès du dispositif de pré-collecte, trois années de suite, avec un taux de remboursement de 100 %, a permis de convaincre les responsables du réseau des Caisses Locales de Crédit Agricole Mutuel (CLCAM) de l'Atacora-Donga de s'impliquer dans le dispositif de pré-collecte avec l'ouverture d'une ligne de financement de 100.000.000 FCFA pour la campagne 2014-2015.

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GNIMADI (2008), dans une étude d'identification des filières agroindustrielles prioritaires au Bénin, constate que l'anacarde est un produit d'exportation qui procure aux propriétaires des vergers d'anacarde un revenu de 45.000 à 120.000F CFA par hectare.

GAGNON (1998) a étudié la filière anacarde au Bénin. Il a montré que le marché d'écoulement de la production nationale des noix de cajou est essentiellement orienté vers l'Inde qui importe des noix brutes d'Afrique à un prix inférieur au prix des noix récoltées en Inde. Il a également montré qu'il n'existe pas d'informations précises sur les coûts des différentes opérations, ni en ce qui concerne l'installation et l'entretien d'une plantation, ni en ce qui concerne les frais de collecte et de commercialisation. Selon cet auteur, il y a une grande dispersion des données relatives aux différents intervenants de la filière et une absence de la circulation de l'information.

En fin, Aïna (1996) en étudiant la rentabilité de la production des noix de cajou au niveau paysan a reconnu les imperfections liées à la commercialisation et a préconisé, entre autres, la mise en place d'une politique adéquate de prix aux producteurs et l'identification du rôle de tous les intermédiaires de la filière.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo