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Le statut et les droits de la femme dans la pensée de John Stuart Mill

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par Camille Lepoutre
Université Paris 2 Pantheon Assas - Master 2 Recherche Philosophie du droit et droit politique 2017
  

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Chapitre 1 : L'utilitarisme millien

L'utilitarisme est défini comme une « doctrine politique et morale fondée sur l'utilité »157 ou, comme employé plus tard par Bentham lui-même, sur le plus grand bonheur. Elle se décrit souvent comme visant au plus grand bonheur du plus grand nombre. Mais, selon les termes de Mill, « il faut aller beaucoup plus loin »158 pour tenter de donner une vision claire de cette philosophie.

157 Larousse en ligne

158 Stuart Mill (J.), « L'utilitarisme », Presses Universitaires de France, 1998 p.31

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John Stuart Mill consacre le chapitre II de son essai à cette question : qu'est ce que l'utilitarisme ? Il y définit ses caractéristiques, revient sur certaines critiques mais surtout, il y établit sa propre vision de l'utilitarisme. Il y défend une philosophie tournée vers une certaine idée du bonheur (Section 1) qui se veut altruiste et tournée vers le progrès (Section 2).

Section 1 : Une philosophie morale tournée vers le bonheur

« L'école qui accepte comme fondement de la morale le principe d'utilité ou du plus grand bonheur pose que les actions sont moralement bonnes dans la mesure où elles tendent à promouvoir le bonheur, moralement mauvaises dans la mesure où elles tendent à produire le contraire du bonheur. »159

Mill considère le bonheur comme constitué de deux éléments, un positif, le plaisir, un négatif, l'absence de douleur. Cette définition de l'utilitarisme en fait ressortir une première caractéristique : le conséquentialisme. En effet, se fixer le bonheur comme objectif d'une action implique un calcul sur les conséquences qu'elle engendre. Ici, nous voyons à quelle point l'utilitarisme diffère du moralisme kantien qui fait l'objet de vives critiques de la part de John Stuart Mill et ce, tout au long de l'oeuvre. Le philosophe considère que les conséquences d'un acte doivent être prises en compte et calculées par l'homme sur la base de son expérience mais aussi de l'expérience humaine en général.

La philosophie morale utilitariste se donne le bonheur pour objectif. Toutefois, selon Mill, cela ne signifie pas que, pour chaque action menée, l'homme se fixe explicitement le bonheur comme but. Il agit afin d'obtenir une chose désirable, en fonction du calcul des conséquences qu'il a déjà effectué. Or, toutes les choses, selon Mill, sont désirables car elles mènent à « une existence aussi dépourvue de souffrance que possible et aussi riche que possible de satisfactions »160. Le bonheur n'est donc pas directement visé mais constitue la « fin ultime »161 à laquelle tendent les actions humaines. Cette fin est, pour John Stuart Mill, le critère, le principe premier qui permet de dire si une action est moralement bonne ou non.

Cela mène également à un autre élément essentiel de l'utilitarisme et qui, ici encore, le différencie du moralisme kantien. Tandis que ce dernier recherche la volonté bonne, l'intention

159 Ibid

160 Stuart Mill (J.), op.cit. p.40

161 Ibid

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purement morale ; John Stuart Mill base sa philosophie morale sur l'acte. Cette spécificité a pour conséquence heureuse de limiter le jugement moral à l'acte et d'exclure la supposée bonne intention ou le supposé caractère bon ou non du champ du jugement moral. Cela permet donc de sauvegarder la liberté individuelle mais aussi d'éviter le recours abusif ou vicié à la philosophie morale.

Enfin, il convient de noter qu'un des ajouts de Mill, par rapport à Bentham, est la distinction des plaisirs selon un critère qualitatif. Pour lui, tous les plaisirs ne se valent pas, certains étant supérieurs aux autres tels que les plaisirs de l'esprit. En effet, c'est un but très valorisé par Mill que celui de cultiver son esprit, ses facultés dans une idée de progrès constant.

Section 2 : Une philosophie altruiste tournée vers l'idéal du progrès

Nous avons vu que l'utilitarisme est tourné vers la poursuite du bonheur. Mais il convient de le qualifier correctement pour éviter certains écueils faits à la morale de Bentham. Le but fixé est ici le plus grand bonheur du plus grand nombre. Comme le dit lui-même Mill, « ce critère n'est pas le plus grand bonheur de l'agent lui-même mais la plus grande somme de bonheur pour le tout »162. Ainsi, le principe de l'action n'est pas, comme certains ont pu le dénoncer à tort, la recherche individuelle et égoïste d'un maximum de plaisir mais la recherche d'un maximum de bonheur pour chaque être humain sans distinction. Une des règles fixées par l'utilitarisme est précisément d'être « aussi impartial qu'un spectateur bienveillant et désintéressé le serait » quand il s'agit de trancher « entre son propre bonheur et celui des autres »163.

Le but de l'utilitarisme est d'amener l'individu de la recherche du bonheur individuel à la recherche du bonheur général. Pour ce faire, Mill préconise de recourir à une méthode qu'il pense efficace : la théorie de l'association des idées. Ainsi, il recommande que « l'éducation et l'opinion qui ont un tel pouvoir sur le caractère humain utilisent ce pouvoir de façon à établir dans l'esprit de chaque individu une association indissoluble entre son propre bonheur et le bien du tout »164. Ici, l'on retrouve d'une certaine manière les idées milliennes liées à l'éthologie. L'éducation, au sens large, a ici pour rôle de modifier les conditions qui entourent l'être humain afin qu'un changement s'opère dans son caractère et dans ses actions.

La philosophie morale développée par John Stuart Mill a pu être qualifiée d'altruiste, en

162 Stuart Mill (J.), op.cit. p.39

163 Stuart Mill (J.), op.cit. p.50

164 Stuart Mill (J.), op.cit. p.51

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opposition, par exemple, au stoïcisme. Ce qualificatif, nous venons de l'expliquer, est dû au but qu'elle se fixe : le plus grand bonheur du plus grand nombre ou, autrement dit, « le bien du tout ». Il s'agit de la véritable définition du bonheur humain et de la condition du progrès humain et social pour Mill. C'est pourquoi il souhaite faire naître chez l'homme des sentiments et des motifs « en faveur de l'utilité générale »165. C'est en cela que consiste, pour l'auteur, le progrès social. Cet objectif est d'autant plus compréhensible lorsque l'on sait qu'un des domaines d'étude de John Stuart Mill est le milieu politique, milieu dans lequel l'impartialité et la prise en considération de l'intérêt général sont essentiels.

Un des moments importants de cet essai, hormis la description générale de l'utilitarisme, est le chapitre V (chapitre final) dédié à la relation entre la justice et l'utilité et qui se veut une réponse à de nombreuses critiques de l'utilitarisme sur cette question. Nous allons voir que la notion de justice, chez John Stuart Mill, est l'un des premiers arguments sur lesquels repose sa défense des femmes.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams