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Le statut et les droits de la femme dans la pensée de John Stuart Mill

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par Camille Lepoutre
Université Paris 2 Pantheon Assas - Master 2 Recherche Philosophie du droit et droit politique 2017
  

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Chapitre 2 : Les dénonciations « propres » à John Stuart Mill

Les critiques effectuées par l'auteur, sans l'aide avérée de son épouse, sont en réalité du même ordre. On y retrouve des considérations très pragmatiques relatives aux violences dans le mariage (Section 1) mais aussi des questions précises qui trouvent leur place à la fois dans la presse écrite et dans l'oeuvre intellectuelle de Mill (Section 2).

Section 1 : La poursuite de la dénonciation des violences conjugales

A la période où John Stuart Mill et Harriet Taylor rédigent deux éditoriaux communs sur le thème de la brutalité dans le mariage, celui-ci rédige également un article seul sur le sujet. Ainsi, le 31 mai 1850 paraît « The law of assault »232 dans le Morning Chronicle. Dans cet écrit, Mill reprend les divers constats et critiques développés dans le cadre d'études de cas individuels. Le texte se veut ici bref et percutant mais on observe malgré tout un retour à une étude plus théorique et générale du

230 Stuart Mill (J.), Collected works, Newspaper writings Part. IV n°400

231 Stuart Mill (J.), Collected works, Newspaper writings Part. IV n°400. Notes précédent l'article.

232 Stuart Mill (J.), « The law of assault », Morning Chronicle, 31 mai 1850 in John Stuart Mill et Harriet Taylor : Écrits sur l'égalité des sexes p.125

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phénomène. Mill le reconnaît lui-même, ces éléments ont déjà été abordés à travers le thème des « agressions physiques individuelles ». Il s'agit ici de « faire part [au lecteur] de certaines réflexions supplémentaires sur le problème »233.

L'auteur revient par exemple sur la question de la qualification des faits commis. Pour lui, le mari violent envers son épouse devrait être jugé pour meurtre en cas de décès de cette dernière, et non pour homicide involontaire. Il cite, comme preuve, le célèbre juriste Blackstone selon lequel « si un individu a l'intention de commettre un forfait et tue sa victime involontairement, cet acte constitue un meurtre »234. John Stuart Mill en appelle ainsi à l'idéal de justice pour implorer, d'une certaine façon, les tribunaux à se montrer plus sévères et à prendre des sanctions exemplaires contre les époux tyranniques.

De plus, le philosophe décrit un mécanisme important dans le fonctionnement efficace de la justice. A l'heure actuelle, selon lui, les peines envers les époux seraient trop faibles. En effet, même si celui-ci est par exemple condamné à un enfermement temporaire ; rien n'est fait pour l'empêcher ensuite d'entrer en contact avec son épouse. Au contraire, il est admis qu'il est rétabli dans sa position de domination. Cela est, pour Mill, un frein à la justice en raison des « conséquences dont les victimes feront l'objet si elles se plaignent »235. Mill conclut par la proposition d'une « petite loi » qui permettrait à l'épouse, en cas de violences du fait du mari, d'être « libérée de l'obligation de vivre avec son oppresseur »236.

Quelques années plus tard, John Stuart Mill va, une fois encore, d'exprimer son opinion sur la brutalité de l'époux envers son épouse. Il le fait, cette fois, à propos d'une affaire particulière dans laquelle un époux avait tenté d'égorger sa femme. Dans une sorte de lettre ouverte, publiée le 8 novembre 1954 dans le Morning post, Mill s'insurge encore une fois de la sanction minime appliquée au mari alors même que le fils avait été témoin de la scène. L'on retrouve ici le même argument que celui développé précédemment. Les victimes ne sont pas protégées par la justice, de sorte qu'elles finissent, par défiance, par empêcher son bon fonctionnement.

Au-delà des thèmes développés à maintes reprises dans la presse écrite, avec ou sans son épouse ; John Stuart Mill va s'attacher à émettre des critiques que l'on retrouvait déjà parfois dans

233 Ibid

234 Stuart Mill (J.), « The law of assault », op.cit. p.127

235 Stuart Mill (J.), « The law of assault », op.cit. p.129

236 Stuart Mill (J.), « The law of assault », op.cit. p.130

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des écrits précédents ou que l'on retrouvera dans des essais plus tardifs et plus développés.

Section 2 : Des critiques présentes dans les essais comme dans les articles de John Stuart Mill

Une des questions pertinentes posées par Mill à la fois dans la presse écrite et dans d'autres de ses écrits est celle de la dissolution du mariage, autrement dit du divorce. Cette question, il l'aborde dans un article « Stability of society »237 paru le 17 août 1850 dans le journal Leader. Nous ne nous étendrons pas davantage sur ce sujet déjà développé dans la première partie de notre étude. Notons toutefois que cet éditorial a été rédigé selon une approche particulière consistant à démontrer que le droit au divorce des hommes comme des femmes n'aurait aucune conséquence tragique sur la stabilité des foyers et de la société en général.

Enfin, une autre problématique tout à fait spéciale est traitée par John Stuart Mill dans De la liberté mais également dans un article du Daily News du 31 juillet 1858. Toujours sous forme de lettre ouverte, l'auteur dénonce ici la procédure utilisée par les tribunaux pour déclarer une personne atteinte de démence et la faire enfermer en asile. Il fait ainsi la comparaison entre ce cas et celui d'un criminel. Ce dernier a un droit de défense, et sa sentence devra être prononcé par un jury. A l'inverse, la personne présumée folle pourra être déclarée telle, sur demande de personnes de son entourage et après avis de deux membres seulement du corps médical ; et ce sans besoin de faire appel à un jury.

Pour Mill, cette différence de traitement est tout à fait injuste et amène, en pratique, aux pires excès. Cette procédure est d'ailleurs devenue, selon lui, [traduction] « le moyen le plus facile de se débarrasser des épouses réfractaires ou de les maîtriser »238. Le même constat est présenté dans De la liberté à propos des commissions « de lunatico »239. Le philosophe y décrit le phénomène consistant à faire déclarer une personne démente afin de lui retirer ses droits, sa propriété, et cætera ; sous prétexte que son comportement s'écarterait un temps soit peu de la norme sociale. Or, ici encore selon Mill, ces accusations visent « les hommes - et plus encore les femmes - »240.

Mill affiche le but de cet article dès le début : attirer l'attention du public sur cette question. Il le conclut, une fois n'est pas coutume, par la nécessité et l'urgence croissante de voir ce problème

237 Stuart Mill (J.), « Stability of society », Leader, 17 août 1850 in John Stuart Mill et Harriet Taylor : Écrits sur l'égalité des sexes p.131

238 Stuart Mill (J.), Collected works, Newspaper writings Part. IV op.cit. n°407

239 Stuart Mill (J.), « De la liberté », op.cit. p.166

240 Ibid

saisi par les « réformateurs »241 au Parlement mais aussi en dehors.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius