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Le bien être des salariés comme levier de performance dans une entreprise mutualiste (Macif)

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par Grégory Blanchard
EM Lyon - Certification 2014
  

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2.2.2 Un frein culturel français

Le raisonnement de Thomas Philippon41, étayé par des études d'opinions complètes et une approche statistique rigoureuse du sujet, livre une analyse intéressante :« S'il y a bien en France une crise de la valeur travail, elle n'est pas celle que l'on croit. Il n'y a pas de disparition du désir de travailler. Contrairement aux idées reçues, les Français accordent plutôt plus d'importance au travail que la plupart des Européens, et ils sont parmi les premiers à enseigner à leurs enfants à travailler dur. (...) S'il y a d'un côté un désir de travailler, et de l'autre une volonté d'entreprendre, comment se fait-il qu'il y ait une crise du travail ? Que l'on interroge les patrons ou les ouvriers, les managers ou les employés, on arrive au même constat: la France est le pays développé où la part des gens satisfaits de leur travail est la plus faible. »42

La crise du travail en France est « une crise non pas du désir individuel de travailler, mais de la capacité à travailler ensemble. En effet, la France est le pays développé où les relations de travail sont les plus mauvaises à la fois du point de vue des dirigeants d'entreprises et du point de vue des employés », la véritable exception française selon l'auteur.

De la répression des syndicats au phénomène bureaucratique, en passant par le paternalisme, la France se distingue des autres pays car la majeure partie de ses entreprises conservent un « management familial » quand la plupart des pays comme l'Allemagne et les Etats-Unis voient leurs entrepreneurs partageant « la direction des entreprises avec les managers qu'ils avaient eux-mêmes recrutés. »

Par ailleurs, les élites de l'Etat sont redistribuées aux directions des entreprises (12% des entreprises cotées à Paris, mais 65% de la capitalisation boursière, étude CREST 2006) et la promotion interne managériale est faible. D'où une rupture de la communication entre management et subordonnés, teintée d'une méfiance mutuelle et d'une suspicion de favoritisme, et un manque de délégation. A la question du Global Competition Review « Dans quelles mesures êtes-vous désireux de déléguer votre autorité ? », la France se retrouve en queue de peloton avec le Portugal, la Grèce et l'Italie. Or le manque de liberté de décision est,

41 Thomas Philippon, diplômé de l'Ecole Polytechnique M.A. in Physics (1994-1997), puis du DELTA-EHESS Master in Economics (1998) et enfin du MIT Ph.D. in Economics (June 2003) est l'auteur du livre "Le Capitalisme d'Héritiers ou la crise française du travail".

42 billet de Pierre Bilger du 19/03/2007

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Le bien être des salariés comme levier de performance dans une entreprise mutualiste (Macif)

du point de vue des salariés, LA cause principale d'insatisfaction en termes d'épanouissement au travail.

Par ailleurs, on peut relever le basculement, en 30 ans, d'une valeur travail à une valeur exclusivement financière, phénomène que la crise n'a finalement pas encore réussi à remettre en cause, malgré l'opportunité qu'elle présentait à cet égard.

Mais un autre facteur réside dans une forme de gouvernance à la française très hiérarchisée, très codifiée, presque monarchique, qui éloigne toujours plus les responsables, du terrain, de l'écoute et de la réalité opérationnelle, à chaque échelon franchi. L'entreprise française (et à travers elle les managers eux-mêmes), très attachée aux diplômes et aux titres, confond encore trop souvent une position sur un organigramme et le métier de manager. Et trop souvent encore se fait l'amalgame de l'autoritarisme et du management. L'autoritarisme, contre productif à long terme et parfois même à court terme, venant toujours tenter de compenser un manque de savoir-faire relationnel. A voir l'organigramme de la Macif et le nombre de strates hiérarchiques notamment, il est à craindre que ces éléments soient transposables et expliquent en partie un certain nombre de phénomènes évoqués précédemment au sein de l'entreprise.

D'une façon plus générale, les jeunes générations de collaborateurs sont beaucoup moins prêtes à respecter une hiérarchie ayant pour seule justification l'organigramme. La « loi interne» de l'entreprise ne leur suffit pas à reconnaître la légitimité d'une hiérarchie amenée alors à trouver d'autres codes de communication que l'autorité.

De plus, dans bien des cas, la crise vient renforcer les mécanismes de crispation, là où l'on aurait au contraire besoin d'ouverture à davantage de dimension humaine pour rebondir. La bonne nouvelle est que, si des dysfonctionnements sont partiellement explicables par des us culturels, l'évolution est possible, comme on a pu le constater dans un certain nombre d'entreprises évoquées précédemment.

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